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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 17 AVRIL 2025
culture, la sécurité alimentaire, l’énergie renouvelable ou encore la mobilité intelligente ont été large- ment valorisées. Dans le même esprit, le sommet «Africa Future Connectivity» a réuni les grands opérateurs télécoms et les leaders du cloud autour des enjeux d’infrastructure, de connec- tivité et de 5G. L’objectif a été clair: renforcer les bases matérielles de la transformation numérique du continent. Parallèlement, la cyber- sécurité s’est imposée comme un axe prioritaire. Le Cybersecurity Forum, intégré pour la première fois de manière aussi visible dans le programme, a permis d’aborder les vulnérabilités systémiques des infrastructures africaines face à la montée des cybermenaces. Les discussions ont porté sur la rési- lience, la régulation, les outils de détection et la mutualisation des compétences à l’échelle continen- tale. Un programme tremplin pour les talents numériques du Royaume Dans cette dynamique, le pro- gramme Morocco 200 a offert à 200 startups marocaines un trem- plin de visibilité inégalé. Lancée par le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, en partenariat avec l’ADD, cette initiative a permis à ces jeunes entreprises de béné- ficier d’une prise en charge à 95% pour leur participation au salon. Chaque structure a eu accès à un stand, à des bootcamps de prépa- ration et à plus de 600 rendez-vous B2B avec des investisseurs et par- tenaires internationaux. Seghrouchni a rappelé que cette initiative visait à «favoriser l’inter- nationalisation des startups maro- caines et à dynamiser leur pré- sence sur la scène technologique mondiale». Sur les 200 entreprises sélectionnées, 34 ont été fondées par des femmes. L’intelligence arti- ficielle a représenté 13% des pro- jets retenus, suivie par la logistique, la mobilité, la fintech, l’edtech, la santé et l’agritech. Certaines d’entre elles ont également par-
non seulement un levier écono- mique, mais aussi un outil d’au- tonomie stratégique. L’affluence record, la densité des échanges, la qualité des panels et la diversité des acteurs présents ont démontré que l’Afrique ne souhaite plus sim- plement rattraper son retard, mais bien tracer sa propre voie. ◆
Cette édition s’est tenue dans un contexte d’accélération globale des investissements en IA, et le Maroc a réaffirmé sa volonté de ne pas rester spectateur.
ticipé au Supernova Challenge, compétition phare du salon. Tout au long des trois jours, Gitex
Africa 2025 a proposé une immer- sion dans un continent en pleine transition, où la technologie devient
Souveraineté numérique «L’IA au Maroc n’est pas une mode, c’est un mouvement profond»
Finances News Hebdo : Les projets autour de l’IA se multiplient en Afrique. Sont-ils le signe d’une stratégie structurée vers plus d’indépendance technologique ? Badr Boussabat : La souveraineté dans l'intelligence artificielle est fondamentale. Elle commence par la créa- tion d'un écosystème solide et des entreprises ambi- tieuses. C’est ce que l’on observe au Gitex cette année: une vraie impulsion se crée, autant au Maroc que dans d’autres pays d’Afrique. F.N.H. : L’AI Act européen tente de structurer un cadre réglementaire autour de l’IA. Quel regard portez-vous sur cette volonté de régulation ? B. B. : Il n’existe pas encore de cadre mondial unifié sur l’intelligence artificielle. L’AI Act européen reste une directive, pas une loi contraignante. Il propose des lignes directrices utiles, mais aujourd’hui, aucun pays n’est juridiquement lié par un texte international encadrant strictement l’IA. F.N.H. : Quelle est aujourd’hui la place du Maroc dans l’usage et l’adoption de l’IA, notamment des outils génératifs ? B. B. : L’utilisation de l’IA au Maroc est loin d’être mar- ginale. Au contraire, on parle même du Maroc comme le deuxième pays au monde qui utilise le plus ChatGPT rap- Badr Boussabat, expert international en intelligence artificielle, revient sur les dynamiques actuelles de l’IA, entre ambitions africaines, souveraineté numérique et inclusion par la formation.
porté à sa population. Il y a une vraie curiosité, une envie de comprendre ces outils, et c’est une base solide pour une explosion de projets IA à venir. F.N.H. : Certains craignent que l’IA aggrave les inégalités. À votre avis, peut-elle au contraire être un levier d’inclusion économique ? B. B. : L’intelligence artificielle peut être un outil d’inclu- sion socioéconomique, à condition qu’on forme et qu’on accompagne. Aujourd’hui, en Afrique, on voit de plus en plus de formations accessibles et d’initiatives locales, y compris au Maroc, qui permettent aux jeunes de se for- mer gratuitement à ces outils. F.N.H. : Quelle technologie émergente vous semble aujourd’hui sous-estimée, mais porteuse d’un potentiel stratégique à moyen terme ? B. B. : Le métavers. Il a été mis de côté, mais il va revenir fort, car il représente la convergence entre IA et block- chain. L’IA est en train de le rendre plus légitime, et avec la montée d’une économie immersive, le métavers sera un réceptacle naturel de cette dynamique. ◆
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