POLITIQUE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 AVRIL 2025
des rapports de force diplo- matiques. Si le cadre onusien repose sur le droit internatio- nal, les dynamiques politiques influencent souvent l’interpréta- tion de principes comme l’auto- détermination ou le règlement politique durable. Le soutien américain renforce la crédibilité de l’initiative marocaine d’au- tonomie, perçue comme une solution pragmatique et stabi- lisatrice. Ce signal entraîne un effet d’alignement diplomatique croissant, réduisant l’écho des positions séparatistes et margi- nalisant l’idée d’un référendum devenu irréaliste. F.N.H. : L’Afrique devient un terrain de rivalité entre puissances. Comment le Maroc, avec l’appui amé- ricain, peut-il affirmer sa position en tant que relais stratégique vers le conti- nent ? Me A.E.K.B. : Le Maroc a déjà investi les secteurs straté- giques du continent tels que la finance, l’agriculture, les infras- tructures… Il peut aujourd’hui se positionner comme un relais naturel pour les entreprises américaines cherchant à péné- trer le marché africain. Cela passe par la consolidation des zones industrielles, la création de corridors logistiques et le renforcement des partenariats dans les domaines de l’énergie, de la connectivité numérique et de l’innovation. Le soutien amé- ricain pourrait catalyser ce posi- tionnement. F.N.H. : Comment inter- prétez-vous les signaux envoyés par Washington à ses partenaires au Maghreb ? Le Maroc est- il en position de devenir un acteur central dans le nouveau jeu géopolitique mondial ? Me A.E.K.B. : Les signaux envoyés par Washington à ses partenaires maghrébins tra- duisent une volonté claire de redéfinir les priorités géopoli- tiques américaines dans la
La diplomatie économique est aujourd’hui un levier d’influence stratégique.
région. Le choix de soutenir de manière constante et affirmée la souveraineté du Maroc sur le Sahara ne relève pas d’un simple alignement diplomatique, mais d’un acte stratégique porteur de plusieurs messages. D’une part, il signale que le Maroc est perçu comme un pôle de stabilité, de modération et de prévisibilité dans une région en proie à des incertitudes mul- tiples. D’autre part, il révèle une préférence américaine pour des partenariats structurants avec des États capables de jouer un rôle pivot en Afrique et dans l’espace euro-méditerranéen. Le Maroc, fort de sa diplomatie proactive, de son positionne- ment géoéconomique transver- sal entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe, et de sa capacité à articuler sécurité, développe- ment et coopération Sud-Sud, dispose aujourd’hui des atouts nécessaires pour devenir un acteur central du nouvel échi- quier géopolitique. Sa capaci- té à anticiper les mutations, à entretenir des alliances multi- dimensionnelles et à offrir un modèle de stabilité régionale en fait un partenaire stratégique de premier plan, non seule- ment pour les États-Unis, mais également pour les puissances émergentes. La géopolitique du XXI ème siècle sera fondée sur la résilience, l’interconnexion et la diplomatie d’influence.
D’ailleurs, sur ces trois axes, le Maroc y est bien positionné.
mais il reste perfectible pour accompagner un partenariat stratégique avec les États-Unis. Pour attirer davantage d’inves- tissements, il serait judicieux de simplifier le système fiscal, notamment à travers l’instaura- tion d’un taux unique. Cela per- mettrait d’améliorer la lisibilité, la compétitivité et la stabilité du climat des affaires. Couplée à une modernisation administra- tive et à une coopération doua- nière renforcée, cette orientation offrirait au Maroc un levier solide pour tirer pleinement parti de ses relations économiques avec Washington. F.N.H. : Quels rôles pour- raient jouer les institu- tions de recherche, think tanks et universités dans le renforcement du dia- logue stratégique entre les deux pays ? Me A.E.K.B. : Une alliance solide repose sur la production du savoir, la réflexion stratégique et l’anticipation des mutations glo- bales. Les universités et centres de recherche peuvent nourrir le dialogue bilatéral à travers des travaux prospectifs, des ana- lyses croisées et des plateformes d’échange. En investissant dans cette dimension intellectuelle, le Maroc renforce non seulement sa visibilité mais aussi sa capa- cité d’influence dans l’agenda international. ◆
F.N.H. : Quel rôle la diplo- matie économique peut- elle jouer dans la consoli- dation du partenariat entre Rabat et Washington ? Me A.E.K.B. : La diplomatie économique est aujourd’hui un levier d’influence stratégique. Des accords ciblés dans des domaines prioritaires, éner- gies vertes, infrastructures intelligentes ou encore agricul- ture durable, contribueraient à ancrer cette coopération dans une perspective de long terme. Cela permettrait également au Maroc d’élargir sa participation aux chaînes de valeur mondiales, tout en offrant aux partenaires américains un environnement stable et compétitif. F.N.H. : Le cadre fiscal actuel permet-il réelle- ment au Maroc de maxi- miser les retombées éco- nomiques de ses relations avec les États-Unis ? Me A.E.K.B. : Le cadre fiscal marocain offre une base utile,
La géopolitique du XXI ème siècle reposera sur trois piliers : la résilience, l’interconnexion et la diplomatie d’influence. Sur chacun de ces axes, le Maroc y est bien positionné.
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