BOURSE & FINANCES
9
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 17 AVRIL 2025
LCM du FMI Un nouveau filet de sécurité pour le Maroc
ligne de crédit agit aussi comme un facteur de confiance pour les bailleurs de fonds: «Elle permet au Maroc de consolider la confiance des bailleurs de fonds internatio- naux et de soutenir davantage les flux d’IDE, qui constituent le pilier de tout décollage économique et financier». La LCM devrait également renfor- cer la position du Royaume face aux nouvelles contraintes règle- mentaires, notamment celles liées à la directive européenne CRD VI, qui pourrait affecter la dynamique des transferts des Marocains rési- dant à l’étranger. En renforçant la liquidité du secteur bancaire, cette ligne atténue les tensions sur le marché interbancaire et limite l’exposition des établisse- ments financiers au risque lié à la dette souveraine. Elle constitue en cela un appui indirect à la stabilité du système financier, mais aussi au climat d’investissement. Par ailleurs, le FMI a salué les réformes structurelles entreprises par le Maroc, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l’investissement, de l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI, ou encore de l’adoption de la stratégie bas carbone à l’horizon 2050. Le Royaume a également respecté les critères rigoureux du FMI : position extérieure viable, accès régulier aux marchés internatio- naux, cadre monétaire crédible, stabilité de l’inflation et réserves de change confortables. Mais malgré ces fondamentaux solides, El Fakir alerte sur les vul- nérabilités persistantes. Il estime que «la restructuration de la valeur ajoutée marocaine vers des produits à forte valeur ajoutée, où l’industrie constitue la locomotive, pourrait limiter la dépendance de la croissance aux aléas clima- tiques et aux secteurs tertiaires plus vulnérables à la conjoncture internationale» . Il plaide égale- ment pour une réforme graduelle mais déterminée du régime de change, afin de renforcer la sou- veraineté financière du pays, qui «est un processus de long terme, fondé sur l’objectivité, le volon- tarisme, la confiance et l’opti- misme» . ◆
Le FMI a accordé au Maroc une ligne de crédit modulable de 4,5 milliards de dollars. Derrière ce signal de confiance, des fragilités subsistent : dépendance commerciale, pression sur les réserves de change, exposition bancaire… Par Désy M.
La LCM est un label de résilience pour toute économie bénéficiant de cet instrument financier du FMI.
D
ans un contexte économique mondial marqué par l’incertitude, le Maroc vient d’obtenir une nou- velle ligne de crédit modulable (LCM) du Fonds monétaire inter- national (FMI), d’un montant de 4,5 milliards de dollars. Cette décision, annoncée début avril, marque une évolution straté- gique dans la coopération entre le Royaume et l’institution de Bretton Woods. Ce mécanisme, activé à titre préventif, vise à renforcer la capacité de réponse du Royaume face aux chocs extérieurs, tout en envoyant un signal de crédibilité aux investisseurs internationaux. Plus qu’une aide d’urgence, cette ligne est perçue comme un ins- trument de confiance réservé aux pays aux fondamentaux macroé- conomiques solides. Ce nouveau partenariat avec le FMI s’inscrit dans une relation de long terme. Le Maroc avait
déjà bénéficié de plusieurs lignes de précaution de liquidité (LPL) depuis 2012. Mais la LCM marque un tournant, en raison des critères plus exigeants qui la conditionnent. «À cette époque, le Maroc n’était pas encore éli- gible à une LCM. Le fait qu’il le soit aujourd’hui témoigne d’un saut qualitatif» , explique Rachid El Fakir, expert en économie moné- taire. Et de préciser : «C’est un label de résilience pour toute éco- nomie bénéficiant de cet instru- ment financier du FMI». Une reconnaissance internationale des fondamen- taux économiques du Maroc En effet, selon le FMI, cette ligne a été accordée en reconnais- sance de la solidité des équilibres macroéconomiques du Maroc, de la discipline budgétaire et de la gestion rigoureuse de la poli-
tique monétaire. La LCM offre une réserve de liquidités mobilisable rapidement en cas de besoin, et ce, sans conditionnalités supplé- mentaires. Elle agit comme un filet de sécurité dans un monde où les risques exogènes sont de plus en plus fréquents, à l’image de la volatilité des prix de l’énergie, de la sécheresse persistante ou encore des tensions financières internationales. Dans le même temps, plusieurs défis pèsent sur la trajectoire éco- nomique du Royaume. Le défi- cit commercial a progressé de 22,1% à fin février 2025, attei- gnant 50,74 milliards de dirhams. Les transferts des MRE ont enre- gistré un léger repli évalué à 17,8 milliards de DH, tandis que l’expo- sition des banques marocaines à la dette publique continue de croître, accentuant les risques systémiques. Pour El Fakir, cette
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker