Finances News Hebdo 984

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BOURSE & FINANCES

DU 27/28/29/30/31 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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remboursé aussi vite que pos- sible avant la fin de l'année. Un objectif de stabilité des prix peut donner lieu à divers types de spécifications. De même, le calibrage de la cible d’inflation à 2% est aujourd’hui discuté par certains (Blanchard) préco- nisant de la relever, d’autres de l’abaisser (Larosière), d’autres encore de la maintenir. Au-delà de ces débats académiques, ici comme ailleurs, les stratégies des Banques centrales font l’objet de vives controverses. Il faut lire ces controverses en tenant compte des situations spécifiques. Bank Al-Maghrib est en particulier cri- tiquée pour avoir, en conformité avec sa cible de 2% d’inflation, conduit depuis quelques années une politique ultra-accommo- dante qu’elle s’emploie à justi- fier. En instillant le doute sur le bien-fondé et les finalités de la stratégie de BAM, ces critiques risquent d’affaiblir sa crédibilité et son indépendance. Une voie probablement plus utile pour désamorcer la polémique serait de clarifier la politique d’objectifs et ses incidences économiques et financières à court et à long terme. BAM devrait pouvoir dialo- guer en toute transparence avec un large éventail de parties pre- nantes. De toute manière, qu’on le veuille ou non, il serait difficile d’échap- per aujourd’hui à des pressions inflationnistes dues aux déséqui- libres de marché pour certaines productions mises à l’arrêt pen- dant le confinement. Une infla- tion peut être bénéfique si elle demeure modérée. Le risque est d’être dans une situation de déflation, c’est-à-dire une dimi- nution drastique des revenus due à un chômage de masse et une réduction des activités des indépendants, avec des consé- quences sociales inimaginables. Entre déflation et inflation, s’il faut choisir le juste milieu et intégrer dans toute prévision ou objectif, l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat, le taux de change, les équilibres extérieurs.... ◆

Bank Al-Maghrib comme toutes les Banques centrales a un mandat de stabilité des prix. Elle agit sur la liquidité bancaire, sur le taux de refinancement. Le champ du recours au financement non conventionnel est limité.

États doivent s’endetter, soit ils doivent d’une façon ou d’une autre activer la planche à billets. C’est-à-dire qu’ils doivent reven- diquer un déficit budgétaire non équilibré par un endettement. On évoque souvent le cas du gouvernement britannique qui a fait tomber un tabou, le mois dernier, en recourant au finan- cement monétaire pour financer les mesures extraordinaires de soutien à l'économie prises dans le contexte de la pandémie du Covid-19. Applaudi par certains, condamné par d’autres, ce méca- nisme limite le recours au marché obligataire et permet d'avoir les ressources, tout en rassurant le contribuable sur le fait qu'il n'aura pas trop à supporter le fardeau du

formellement écartée, expliquant que le recours au financement monétaire porterait atteinte à la crédibilité de la lutte contre l'in- flation. L’institution a finalement décidé d'augmenter son bilan à travers des rachats d'actifs, sans quoi l'économie britannique ris- quait de s'affaiblir davantage, et qu’elle ne pouvait pas atteindre son objectif d'inflation de 2%. En ce sens, le banquier central craignait plus la déflation que l'hyperinflation. Il convient aussi de mettre en perspective la taille de cette ligne de crédit au gou- vernement par rapport à la taille totale de l'économie ou du bilan. Elle est minuscule et l'argent mis à disposition est un prêt dont le gouvernement a promis qu'il sera

C’est moins l’effet volume que l’effet qualitatif qui est important.

remboursement à l'avenir. Cette disposition de création monétaire n'est pas inédite. Elle avait été utilisée pendant la crise financière de 2008. Elle va souvent de pair avec une augmentation incontrô- lée des dépenses publiques et de l'hyperinflation. Il faut néan- moins rappeler que le gouverneur de la Banque d’Angleterre l'avait

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