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ECONOMIE
DU 27/28/29/30/31 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Crise économique
◆ La baisse des activités des grandes entreprises dans le monde pourrait les inciter à rapatrier une grande partie de leurs activités vers leur pays d’origine. ◆ Le Maroc doit d’ores et déjà commencer à se préparer à ce grand chamboulement économique. La relocalisation, ce risque qui se profile L es pays du monde entier sont en train de revoir leurs modèles écono- miques afin de s’adapter aux nouvelles contraintes Par B. Chaou
Le Royaume est for- tement concerné par ce risque, notamment l’industrie automobile, l’aéronau- tique ou les services (en
imposées par la Covid-19, ce qui passera sans aucun doute par une reconsidération des relations économiques internationales. Une reconfiguration qui sera notamment menée par les grandes «locomotives» de l’offshoring et de la délocalisation. Car justement, ce sont ces types d’activités qui seront chambou- lés par la nouvelle donne éco- nomique mondiale. Les entre- prises internationales et donneurs d’ordres vivent actuellement de grandes difficultés, poussant une partie d’entre eux à réduire leurs niveaux d’activités en fermant des usines en Europe, mettant plusieurs employés au chômage. D’autres problématiques encou- ragent cette réflexion, comme par exemple la désorganisation des schémas logistiques. Ces paramètres ne restent pas sans impact sur le prix de revient. Le Maroc fortement concerné Le Royaume est fortement concer- né par ce risque, notamment sur des secteurs phares de l’écono- mie nationale comme l’industrie automobile, l’aéronautique ou les services (en particulier le secteur du service client). «Notre dépendance vis-à-vis de l’Europe, qui est actuellement en crise, ne restera pas sans impact sur notre économie. Les entre- prises qui adressaient des travaux demandeurs de main-d’œuvre ou à faible valeur ajoutée, ne vont plus le faire dans un horizon moyen
particulier le secteur du service client).
terme. Elles vont rester chez elles pour limiter les coûts et baisser le chômage en Europe qui est aujourd’hui une grande problé- matique pour les gouvernements européens» , explique Youssef Abouali, Docteur en économie. Il poursuit : «la consommation va baisser jusqu’aux produits de base. Nous pensons que pour les voitures et ce type de produits, la demande va gravement reculer» . Anticiper le risque Le Maroc doit commencer à réflé- chir à d’autres relais de crois- sance face à un éventuel rapa- triement de certaines activités des industriels européens. Une conséquence logique face à cette récession mondiale. «L’Europe est dans une réflexion profonde sur la façon avec laquelle elle sou- haite réguler ses relations avec le nouveau visage de la mondia- lisation, et revoir son calcul des coûts. Il est fort probable que nous rapatrions plusieurs sec- teurs stratégiques même si ce
sera difficile et coûteux. L’idée pour le Maroc est de se poser la question sur les moyens de se positionner sur les chantiers qui pourraient lui permettre d’être le partenaire de l’Europe dans cette nouvelle dimension. Il s’agit de l’économie verte et du digital», renchérit Michaela Dodini, chef de la section commerciale de la délé- gation de l’Union européenne à Rabat, lors d’un récent webinaire sur le sujet. Cette crise va donc profondé- ment influencer nos priorités éco- nomiques. «Nous devons nous convertir et aller vers d’autres secteurs à forte valeur ajoutée comme l’industrie pharmaceu- tique, les secteurs de la santé et l’éducation. Il faut revoir notre politique économique, encoura- ger nos entreprises à produire ce que nous importons, et miser sur les secteurs clés qui pourront relancer notre économie» , déclare Youssef Abouali. Et d’ajouter : «Il faut encourager l’auto-concen- tration, et ne plus compter sur
le secteur exportateur. Si nous avons la possibilité de créer une valeur ajoutée nationale, il faut le faire. Nous devons aussi conti- nuer à injecter les fonds en faveur des entreprises pour préserver l’acquis et les emplois». Ce changement structurel de l’économie internationale va certainement prendre du temps avant de se mettre en place, à l’aune des coûts et de réorgani- sation que cela suppose. Mais il faut d’ores et déjà commencer à se préparer à ce grand chambou- lement économique. ◆ Les entreprises qui adressaient des travaux demandeurs de main- d’œuvre ou à faible valeur ajoutée ne vont plus le faire.
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