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JEUDI 29 FÉVRIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ENSEIGNEMENT

«Il est temps aujourd’hui de compter sur le partenariat avec les éditeurs nationaux» Manuels scolaires Le département de Chakib Benmoussa semble avoir une nouvelle mission à relever et pas des moindres. Il s’agit de mener une réforme globale du marché des manuels scolaires en vue de consacrer davantage le principe de diversité, s’aligner aux approches pédagogiques innovantes, en sus d’adopter un modèle économique plus performant. Elevé au rang de priorité, ce projet devrait reposer sur une approche participative où l’ensemble des acteurs concernés tels que les éditeurs, libraires, distributeurs, seraient amenés à prendre part aux consultations. Entretien avec Camille Hoballah, président de l'Association marocaine des éditeurs.

l’édition, et nous sommes cités en exemple en comparaison à d’autres pays de notre région arabo-afri- caine. Toutefois, nous avons l’ambition d’aller encore bien plus loin en devenant un hub de l’édition et de l’impression non seulement dans cette sous-région, mais aussi pour l’Europe, à cause de notre proximité et aussi à cause de la stratégie de l’Etat de constituer sa propre flotte maritime. Nous regrettons que certains jour- naux supposés sérieux galvaudent des idées sur les éditeurs sans connaître le fond et la réalité de la conception et la distribution des manuels scolaires. Nous avons répondu dans le temps et avons expliqué et éclairci des points essentiels et le rôle social et économique que jouent les éditeurs dans ce domaine. Et ce, sans avoir bénéficié de la moindre subvention et à des prix défiant toute concur- rence. Rien à faire, les journalistes ou encore d’autres rapports insistent pour parler de monopole et de

Propos recueillis par M. Boukhari

Finances News Hebdo : Le ministère de l’Education nationale a annoncé récem- ment vouloir se concerter avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème du livre en vue d’apporter des modifica- tions au modèle des manuels scolaires, notamment en ce qui concerne les aspects économique et éducatif. Qu’en dites-vous ? Camille Hoballah : La décision du ministre de l’Education était atten- due avec impatience par les édi- teurs, était prévisible d’autant plus que depuis l’arrivée de Benmoussa, le ministère ne chôme pas. Il est vrai qu’il prend des mesures cou- rageuses, notamment en ce qui concerne l’écosystème de la chaîne du livre. A notre première rencontre où il a reçu le bureau de notre association, le ministre a exigé ora- lement, puis spécifié par écrit, que tous les manuels scolaires devaient

impérativement être imprimés au Maroc sous le label de la souve- raineté industrielle prônée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette décision a permis aux entreprises industrielles de se restructurer et d’investir en renouvelant leur parc industriel qui était en phase de devenir vétuste. L’autre grande décision est d’équi- per les classes du primaire de bibliothèques de lecture. C’est la première fois qu’un ministre intro- duit la culture et la lecture dans la classe. Cette décision a besoin de plus de concertation avec les éditeurs pour créer une véritable dynamique de créativité culturelle de la littérature enfantine au Maroc et de ne pas dépendre à 80% de la production étrangère. Notre association a bientôt 40 ans d’existence, et certains éditeurs ont plus de 60 ans d’expérience. Ce que nous voulons dire par là, c’est que l’ancien modèle n’a pas per-

mis à ces entreprises d’édition de se structurer sur le plan humain, intellectuel et pédagogique à cause d’absence de vision à long terme. Ces bonnes décisions qui tombent ainsi devraient donner un temps aux éditeurs pour leur permettre de faire des propositions au ministère afin de migrer vers une production nationale à 80% et une importation à 20%. Le Maroc a acquis une excellente expérience dans le domaine de

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