FNH N° 1024 ok (1)

E CONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 28 MAI 2021

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Maroc-Espagne

◆ La brouille diplomatique pourrait porter un sacré coup aux relations économiques entre les deux pays. ◆ Le Maroc initiera-t-il des représailles contre son premier partenaire commercial ? Gare à la déflagration économique !

l’aéronautique. Et cette conver- gence d’intérêts économiques milite davantage pour renforcer leur cadre de partenariat que pour se voir en concurrents. C’est dans ce cadre d’ail-

subsaharienne. Ce qui témoigne de la centralité du Maroc dans cette stratégie Horizonte África. Sauf qu’au moment où ces deux pays s’attèlent à faire redécoller leur économie respective après la crise sanitaire, cette brouille diplomatique risque de rouiller considérablement le partenariat bilatéral. L’économique ne sau- rait, en effet, faire fi du politique, surtout lorsque, en toile de fond, il y a en jeu l’intégrité territoriale du Maroc. La question est donc de savoir jusqu’où ira le Royaume et est-ce qu’il y aura des repré- sailles économiques ? Certains médias espagnols s’avancent, à cet égard, pour dire que le Maroc pourrait, par exemple, restreindre les investissements espagnols dans le Royaume dans les grands projets d’infras- tructures et de tourisme, notam- ment. De même, rappelons que l’ob- jectif du gouvernement maro- cain est de faire passer de 183 à 100 Mds de DH les impor- tations, afin de produire pour une valeur de 83 Mds de DH dans le Royaume. En gros, la production locale est désormais privilégiée lorsqu'elle peut se substituer à l’import. L’Espagne pourrait donc faire les frais de la mise en œuvre de la préférence nationale et l'encouragement des produits marocains, dans le cadre des marchés publics. L’avenir nous dira l’impact éco- nomique de cette crise diplo- matique. Mais une chose est sûre, cette dernière laissera des traces, car le Maroc ne pourra renouveler sa confiance à un partenaire qui manigance et tra- ficote derrière son dos. ◆

leurs, qu’en février 2019, le Roi Mohammed VI et le Souverain d'Espagne, le Roi Don Felipe VI, ont présidé à Rabat la cérémonie de signature de 11 accords de coopération bilatérale dans plusieurs domaines. L’objectif est de donner une nouvelle impulsion aux rela- tions de coopération maro-

Le Maroc occupe une position cen- trale dans la stra- tégie commerciale et financière pour l’Afrique, Horizonte África, mise en place par l’Espagne.

fallacieux et irrecevable traduit bien l’embarras de la diploma- tie espagnole, coupable d’un véritable geste d’inimitié envers le Maroc, et qui a naïvement cru, un moment, que sa basse manœuvre n’aurait pas d’inci- dence sur le partenariat qui lie les deux pays. Enjeux économiques Premier client et premier four- nisseur du Royaume, l’Espagne est ainsi, devant la France, le premier partenaire commercial du Maroc, quand bien même la balance est en défaveur du Royaume. Lequel accueille sur son sol près de 1.500 entre- prises à capitaux espagnols et reste également la première destination pour les investisse- ments espagnols en Afrique. Cette connexion économique étroite est liée, entre autres, à la proximité géographique, mais aussi à certaines similarités, étant tous les deux des pays à vocation touristique et agricole et très présents dans des indus- tries comme l’agroalimentaire, l’automobile, l’énergie ou encore

co-espagnoles, avec la volonté des deux Souverains de conso- lider le partenariat stratégique multidimensionnel qui lie les deux pays. La stratégie commerciale et financière pour l’Afrique, Horizonte África, mise en place par le gouvernement espa- gnol, s’inscrit dans la même veine. Son ambition : soute- nir l'internationalisation des entreprises espagnoles sur le marché africain et promouvoir une présence espagnole crois- sante et solide sur le continent. Elle s’accompagne de mesures concrètes de soutien institution- nel et financier pour contribuer à renforcer la compétitivité des exportations et des investisse- ments espagnols dans la région. Le Maroc figure à ce titre parmi les pays prioritaires identifiés. Mieux encore, à travers l’ouver- ture par la Société espagnole de financement du développe- ment (Cofides) d’une déléga- tion à Casablanca, la métropole économique devrait servir de plateforme espagnole pour cou- vrir les opérations en Afrique

C’ est de la confiance que naît la trahison. Le Maroc l’a désormais bien compris, au vu des actes posés par son « partenaire» et voisin, l’Espagne. Car cette décision d’accueillir sous une fausse identité le chef du polisario, Brahim Ghali, sans en informer le Royaume, est, disons-le, un acte de trahison qu’il sera diffi- cile d’enterrer dans la trappe de l’histoire et des relations histo- riques entre les deux pays. Mais le plus grave dans cette crise diplomatique majeure, est que l’Espagne est toujours dans un déni outrancier, n’avançant comme seule argutie que des «raisons humanitaires» pour jus- tifier son acte. Mais le paradoxe est bien là : des «raisons huma- nitaires» peuvent-elles légitimer d’accueillir en Espagne un indi- vidu qui y est poursuivi pour… crimes contre l’humanité, tout en bâillonnant la justice ? Evidemment non. Ce prétexte Par D. William

L’économique ne saurait faire fi du politique, sur- tout lorsque, en toile de fond, il y a en jeu l’intégrité territoriale du Maroc.

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