FNH N° 1080

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 13 octobre 2022 - 8 DH - N° 1080

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Politique monétaire Les Banques centrales bien embêtées

Sociétés cotées

Un second semestre à haut risque

P. 16/17/18

P. 11

Le Maroc bien parti pour sortir de la liste grise du GAFI P. 12/13 LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

«La démarche est courageuse parce qu’elle est risquée» Baisse de l’impôt sur le revenu

Conjoncture «L’économie nationale reste fragile»

Mohamed Amrani, professeur d’économie

Financement des engrais Le Groupe OCP fait bouger les lignes P. 26

● Le gouvernement a annoncé une baisse de l’impôt sur les revenus au titre des dispositions figurant dans le projet de Loi de Finances 2023. ● Entretien avec

Me Nesrine Roudane, avocate au Barreau de Casablanca.

P. 14/15

P. 20/21

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Polisario : Du séparatisme au

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terrorisme

Ça se passe au Maroc

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Ça se passe en Afrique

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Ça se passe dans le monde

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Editorial

> Bourse & Finances

Point Bourse Hebdo : Rebond technique

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Par Fatima Ouriaghli

Sociétés cotées : Un second semestre à haut risque

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Lutte contre le blanchiment et le financement du

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Croissance

terrorisme : Le Maroc bien parti pour sortir de la liste

grise du GAFI

O ctobre. Le ciel est tantôt dégagé, laissant apparaître un bleu chatoyant, presque apaisant. Tantôt, il est grisâtre, obstrué par un amoncellement de nuages, ces fameux cumulonimbus. Octobre. Les yeux sont rivés vers le ciel. Ce ciel qui n’intéresse pas que les météorologues. Bien au contraire. Il est surtout scruté par les agriculteurs. Qui lui implorent de laisser s’échap- per quelques gouttes afin d’arroser des campagnes asséchées et des champs en mal d’eau. Octobre. Les agriculteurs guettent donc la pluie. Ces précipita- tions qui vont donner le ton à une campagne agricole qui aura été largement chahutée par la météo ces dernières années. IL FAUT BEAUCOUP PRIER

Entretien avec Me Nesrine Roudane : Baisse de l’impôt

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sur le revenu, «La démarche est courageuse parce

qu’elle est risquée»

Politique monétaire : Les Banques centrales bien

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> Economie

embêtées

Financement des engrais : Le Groupe OCP fait bouger

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Stagflation, politique de relance et «Etat social»

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les lignes

CFG Bank : Plus de 80 investisseurs réunis pour la 9 ème

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Tourisme médical : Un sérieux manque à gagner pour

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Equity Conférence

le Maroc

Tourisme : Casablanca-Settat veut repenser son offre

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Entretien avec Mohamed Amrani : Conjoncture,

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«L’économie nationale a montré une certaine rési-

lience, mais elle reste fragile»

En cette première quinzaine d’octobre 2022, le ciel se montre encore capricieux, bien qu’il gratifie, de temps à autre, certaines provinces du Royaume de quelques averses orageuses. Il est certainement encore tôt pour s’inquiéter. Mais il n’est pas interdit… de rester sur ses gardes. Car ces dernières années, le Maroc a connu des épisodes de sécheresse violente. Des sécheresses de plus en plus récurrentes,

> L'univers des TPME

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Programme 212 Founders : Un financement total de 57

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MDH injectés dans les start-up

Avec la récurrence des sécheresses, la croissance est malmenée.

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nourries par les changements climatiques, et qui alimentent allègrement le déficit hydrique sévère que connaît le Royaume. Des sécheresses qui plombent surtout l’économie nationale. Et c’est la problématique majeure à laquelle est confronté le gou- vernement. La croissance reste largement tributaire de la cam- pagne agricole, donc de la pluviométrie. Et dans un contexte où il y a une récurrence des sécheresses, la croissance est malmenée, vu que le PIB non agricole n’est pas suffisamment robuste. Ce que prouvent les projections de Bank Al-Maghrib : un net ralentissement de la croissance économique cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agri- cole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. Dans pareil contexte, convenons d’une chose : malgré tout le respect que l’on voue à nos éminences grises, avec le modèle de croissance actuel du Maroc, faire des projections c’est comme jouer au loto. Il faut cocher les cases… et prier ensuite. Beaucoup prier. Car nous n’avons ni maîtrise ni emprise sur la pluie. u

> Focus Agricole

Culture du pommier : En phase avec les objectifs du

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PMV, la filière se cherche de nouveaux horizons

> Société 30 Voyance, sorcellerie : Paranormal activity > Culture 31 Critique : Shad’Eau > High-tech Smartwatch : Le marché mondial en un coup d’œil 34

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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

S OMMAIRE

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Polisario

Du séparatisme au terrorisme

N ous dénoncions tantôt les pra- tiques mafieuses du polisa- rio dans les camps de Tindouf: enrôlement d’enfants-soldats, tortures, détentions arbitraires, détournement des aides humanitaires des- tinées aux séquestrés de Tindouf, trafic illégal et vente d’armes… A cette longue liste, s’ajoute la collusion de ce groupe séparatiste armé avec le terrorisme et le crime organisé. Cela a été de nouveau dénoncé la semaine dernière à New York, devant la 4 ème commission de l’Assemblée générale de l’ONU. «La région sahélo-saharienne est une zone majeure d'activités illicites et un corridor de transit vers différentes parties du monde pour les armes légères et la drogue, où le polisario est un exemple concret de trois agendas qui se chevauchent : celui du terrorisme, du séparatisme et du crime organisé», a déploré Solomon Assor Sydney, président de l'ONG «Surry Three Faiths Forum». Selon lui, les camps de Tindouf «sont reliés à des réseaux terroristes et de trafiquants d'armes, de drogue et d'êtres humains» et

Par D. William

sont actuellement un «immense vivier de terroristes et de hors-la-loi». Cela fait maintenant des années que des ONG internationales pointent du doigt cette connivence entre le polisario et les groupes terroristes. Et pourtant, la commu- nauté internationale reste passive par rap- port aux agissements de cette organisation soutenue sans voile par l’Algérie. Une atti- tude d’autant plus étonnante que la proli- fération des groupes terroristes en Afrique reste une source d’insécurité majeure pour le Sahel et le Maghreb, mais également pour l’Occident. Al-Qaïda au Maghreb isla- mique, Daech, Boko Haram, Mujao… sont autant d’organisations fanatiques sangui- naires qui ont fait des massacres d’in- nocents une manière de légitimer leurs croyances et leur idéologie rétrograde. C’est pourquoi d’ailleurs, dans le cadre de l’opération Barkhane, la France s’était engagée en 2013 aux côtés du Mali pour lutter contre les groupes terroristes. Et même si elle a annoncé, le 17 février 2022, la ré-articulation de la force Barkhane hors du territoire malien, la France reste enga-

gée au Sahel afin de poursuivre la lutte contre les groupes armés terroristes. Mais ce combat contre le terrorisme ne doit être ni partiel ni partial. Car dès lors que le polisario sert de base-arrière à des organisations extrémistes et traficote avec elles, il doit être considéré, lui aussi, et sans aucune ambiguïté, comme un groupe ter- roriste. Un groupe terroriste qui se sert du conflit artificiel autour du Sahara marocain pour persévérer dans ses activités illicites, qui pactise avec les forces obscurantistes et qui participe activement à l’instabilité et à l’insécurité internationales. «L'idée défendue avec ferveur par le pays hôte des camps (Algérie, ndlr), d'avoir un micro-État au Maghreb est non seulement non viable, mais dangereux, et entraîne- ra toute la région dans des trajectoires d'une violence sans précédent», prévient Solomon Assor Sydney, qui appelle à la «dissolution du polisario». Voilà qui a le mérite d’être clair. Et qui tranche radica- lement avec la posture ambiguë entrete- nue par certains Etats au sujet du Sahara marocain. ◆

Dès lors que le polisario sert de base- arrière à des organisations extrémistes et traficote avec elles, il doit être considéré, comme un groupe terro- riste.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

Ç A SE PASSE AU MAROC

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L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a reçu mardi à Rabat, le prince Guillaume, Grand-Duc héritier de Luxembourg, qui a effectué une visite de travail au Maroc. L'entretien, qui s’est déroulé en présence de Franz Fayot, ministre de l'Économie du Luxembourg, et de Mohamed Ameur, ambassadeur du Royaume du Maroc en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg, a été l’occasion pour les deux parties d’exprimer leur volonté commune de poursuivre le partenariat entre les deux pays et leur aspiration à développer davantage les relations économiques et commerciales. A la tête d'une délégation d'hommes d'affaires représentant des entre- prises spécialisées opérant dans différents secteurs économiques, le prince Guillaume a eu des entretiens avec plusieurs membres du gouvernement et hauts responsables. ■ Maroc-Luxembourg : Akhannouch reçoit le prince Guillaume

Sofac acquiert l’entreprise Badeel S ofac vient d’acquérir 100% du capital de Badeel, start-up spécialisée dans la LLD (Location longue durée) et les services de mobilité. Cette opération vient compléter une première prise de partici- pation de 15% qui visait à développer les synergies entre les deux entités et qui a permis d’identifier le fort potentiel de la contribution des activités de Badeel au plan de développement de Sofac. L’acquisition de Badeel témoigne de l’engagement de Sofac à anticiper les évolutions et les mutations du mar- ché de l’offre de financement de l’automobile et de celui de la mobilité pour proposer des offres innovantes et à forte valeur ajoutée, tenant compte des attentes de ses clients, de ses par- tenaires et de ses différentes parties prenantes. Cette acquisition s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’expan- sion et de diversification de Sofac orientée vers la conquête de nouveaux marchés et le développement d’activités et de prestations innovantes qui permettent une rentabilité pérenne. Sofac poursuit ainsi sa trajectoire de croissance en renforçant sa position de leader dans la catégorie automobile, tout en investissant le segment de la LLD et de la mobilité intelligente. Elle pourra désormais proposer des offres tout compris à ses clients qui bénéficieront de tous les avantages de la LLD, tels que l’optimisation du budget, l’entretien, l’assurance et l’assis- tance. ■

Rallonge budgétaire La répartition des 12 Mds de DH annoncés par le gouvernement L ’ ouverture de crédits supplémen- taires d'un montant de 12 milliards de dirhams au cours de l'année

2022 au profit du budget général a été dictée par les répercussions d'un contexte mouvementé, marqué par les tensions infla- tionnistes, a indiqué, mardi 12 octobre, le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. Plus de 7 Mds de DH sont destinés à soutenir certains établissements et entre- prises publics, dont la situation financière a été impactée par la hausse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, en contrepartie du main- tien des prix de leurs services à leurs niveaux actuels afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens, a expliqué Lekjaa lors d'une réunion tenue par la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants. Ces crédits portent également sur un mon- tant de 2 Mds de DH pour faire face à la problématique de la viabilité financière de la Caisse marocaine des retraites, «dans l'attente de l'adoption d'une réforme glo- bale en coordination avec les partenaires économiques et sociaux», et de 2 Mds de DH pour régler les promotions pour environ 85.000 fonctionnaires dans le secteur de l'éducation nationale, gelées en 2020. Aussi, un montant de 1 Md de DH a été alloué pour couvrir les dépenses urgentes, compte tenu de l'incertitude du contexte mondial. Le ministre délégué a rappelé également la prise de décisions rapides et efficaces pour couvrir les dépenses de compensation, en ouvrant des crédits supplémentaires d'un montant de 16 Mds de DH, dans le but de

maintenir les prix de vente du gaz butane, du sucre, de la farine et du pain à leurs niveaux actuels. Il a également évoqué le règlement des promotions des fonctionnaires, gelées pen- dant deux années consécutives, en allouant environ 6 Mds de DH, ainsi que des mesures relatives au dialogue social, en termes de sa mise en œuvre dans le secteur privé à travers l'augmentation du SMIG dans les secteurs de l'industrie, du commerce et des professions libérales, et du SMAG. S'agissant du secteur public, le ministre a indiqué que les mesures comprennent le relèvement du salaire minimum à 3.500 dirhams, le relèvement du quota de pro- motion dans le grade de 33% à 36%, le règlement des dossiers admis dans le secteur de l'éducation nationale, ainsi que l'amélioration de la situation des cadres de santé. Il est également question du sou- tien exceptionnel aux professionnels du secteur du transport, la relance du secteur touristique, la lutte contre la pénurie d'eau et le paiement des arriérés de la taxe sur la valeur ajoutée. Selon Lekjaa, ces mesures ont permis de contrôler le taux d'inflation à 5,8% au cours des huit premiers mois de 2022. ■

2.508.833 C’est le nombre d’opérations de paiement en ligne durant le mois de septembre 2022, pour 843.057.914 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines et étrangères, auprès des sites des facturiers, des sites eGov et des sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +37,0% en nombre et +33,2% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

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Sénégal : Nette croissance des crédits au premier semestre

La ZLECAF lance une initiative de commerce guidé pour sept pays

Le Nigeria va mettre fin aux subven- tions pour l'essence

L e secrétariat de la zone de libre- échange continentale africaine (ZLECAF), basé à Accra au Ghana, a lancé une initiative de commerce guidé pour sept pays membres. Ces sept pays qui ont exprimé leur volonté de commen- cer dans le cadre de la ZLECAF sont la Tanzanie, la Mauritanie, le Kenya, l'Egypte, le Cameroun, le Rwanda et le Ghana. Le secrétaire général de la ZLECAF, Wamkele Mene, a déclaré qu'au moins 96 produits différents provenant des sept pays pour- raient être échangés librement dans le cadre des règles de la ZLECAF. Ces produits originaires d'Afrique bénéfi- cieront d'échanges en franchise de droits et de quotas entre les pays partenaires. ■ Ebola en Ouganda L'OMS «redoute une propaga- tion dans les pays voisins» L a réapparition de la maladie à virus Ebola fin septembre dernier en Ouganda fait craindre un retour de l’épidémie dans ce pays est-africain. Ebola a causé depuis moins d’un mois 29 décès avec plus de 60 cas signalés, une situation alarmante pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui « redoute une propaga- tion dans les pays voisins », au moment où les autorités ougandaises se veulent ras- surantes, le chef de l’Etat Yoweri Museveni affirmant que son pays a la capacité de contenir l'épidémie. « Depuis la découverte du virus, il y a eu sept épidémies de la souche Soudan : quatre en Ouganda et trois au Soudan », relève l’OMS. ■

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a confirmé son intention de supprimer les subventions pour l'essence, en présentant à Abuja un budget 2023 prévoyant une forte baisse des recettes. « La subvention de l'essence est une question récurrente et controversée du débat public dans notre pays depuis le début des années 80. Mais son impact budgétaire actuel est tel que cette politique n'est pas viable », a déclaré Buhari. Le président nigérian a présenté un budget record de 20,51 billions de nairas (47,4 milliards de dollars) pour 2023, avec des dépenses en hausse de 18,4% par rapport à cette année en termes nominaux. Mais avec une inflation de plus de 20% actuellement et prévue à 17,16% l'an prochain dans le bud- get, les dépenses devraient être stables en termes réels. ■

L a situation des établissements de crédit à fin juin 2022 a été marquée par l’orientation positive des principaux agrégats, a fait savoir le Conseil national du crédit (CNC) du Sénégal. Dans un communiqué sanctionnant sa 37 è réu- nion tenue récemment à l’agence principale de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest à Dakar, le CNC souligne que la situation des établissements de crédit à fin juin 2022 était marquée par l’orientation positive des prin- cipaux agrégats, notamment la progression en glissement annuel des crédits (+746 milliards de FCFA, +14,2%) et des dépôts et emprunts (+1.244 milliards de FCFA, +18,5%). Le document a également noté la poursuite du repli des taux brut et net des créances bancaires en souffrance, établis res- pectivement à 11,2% et 4,0%. ■

Afrique du Sud : L’ex-président

Zuma termine sa peine de prison L ’ ancien président sud-africain, Jacob Zuma, a officiel- lement terminé sa peine de 15 mois de prison qu’il avait écopée après avoir été reconnu coupable pour outrage à la Justice. La Cour constitutionnelle a condamné Zuma, en juin 2021, à la prison ferme après avoir enfreint une déci- sion l'obligeant à comparaître devant la Commission judiciaire

d'enquête sur la corruption et la capture de l'État. Incarcéré le 8 juillet 2021 dans la prison Estcourt, dans l’Est du pays, l’ancien chef d’État a cependant quitté la prison le 6 août pour « être placé sous observation médicale à l'hôpital », avant de bénéficier en septembre de la même année d’une libé- ration conditionnelle qui a suscité une vive polémique dans tout le pays. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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L'Allemagne invite le G7 à coopérer pour faire baisser les prix énergétiques

L e chômage a connu une nouvelle baisse au Royaume-Uni à 3,5% pour le trimestre achevé en août et reste à son plus bas niveau en près de 50 ans, a annoncé, mardi, l'Office national des statistiques (ONS). Toutefois, la baisse du taux de chômage traduit également la hausse du nombre de Britanniques sortis du marché du travail depuis la pandémie. Le nombre de personnes qui ne travaillent pas et ne cherchent pas de travail a conti- nué à augmenter au cours des derniers mois, a souligné le chef de l'ONS chargé des statistiques sur le marché du travail et les ménages, David Freeman. Le taux d'inactivité économique a augmenté pour atteindre 21,7% entre juin et août, a-t-il relevé, notant que les personnes inactives en raison d'une maladie de longue durée atteignent un niveau record de près de 2,5 millions. ■ Le chômage poursuit sa baisse au Royaume-Uni

L e chancelier allemand, Olaf Scholz, a invité, mardi, les pays industriels composant le G7 à prendre des mesures communes pour faire baisser les prix de l'énergie qui enregistrent des records depuis le début de la guerre en Ukraine. « Nous avons besoin d'un processus négocié dans lequel les prix baissent à nouveau à un niveau raisonnable », a indiqué le chef de l'exécutif, devant des indus- triels allemands réunis en congrès. Les prix des matières premières

fossiles, du gaz, du pétrole et de l'électricité « sont aujourd'hui beaucoup trop élevés pour toute produc- tion économique» et «ne peuvent pas rester là où ils sont », a souligné le chancelier, qui estime qu'il faut « organiser une coopération entre les pays qui sont demandeurs d'énergie ». ■

Chine Les investissements dans la conservation de l’eau à un niveau record L a Chine a investi un montant record de 823,6 milliards de yuans (environ 115,88 milliards de dol- lars) dans les installations de conservation de l'eau de janvier à septembre derniers, a indiqué Liu Weiping, vice-ministre des Ressources en eau. Le montant représente une hausse de 64,1% en glissement annuel, a dit Liu, ajoutant qu’au cours des 9 premiers mois de 2022, la Chine a entamé la construction de 42 grands projets de conservation de l'eau pour un investissement combiné de plus de 1.90 milliard de yuans. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis octobre 2021

Rebond technique ◆ Le Masi prolonge son rebond technique dans une volumétrie relativement faible. ◆ À moyen terme, la tendance du marché demeure baissière.

sondage auprès des institutionnels, le Masi devrait afficher en 2022 une contre- performance de 8,3%. Cette semaine, le Masi a repris 0,88% de sa dernière baisse. Sur le plan sectoriel, le secteur de l'électricité, porté par son unique titre Taqa Morocco, a enregistré la meilleure performance hebdomadaire (+3,51%), devançant ceux de l’immobi- lier (+3,32%), des matériels technolo- giques (+2,75%) et des mines (+2,67%). En revanche, le secteur des sociétés de portefeuille-holdings (-5,06%) a accusé le plus fort repli, suivi de l'indice du transport (-5,01%) et de celui de la sylvi- culture et papier (-4,45%). Le volume global des échanges s'est élevé à plus de 476,63 MDH. Sur le podium des valeurs les plus actives, figurent Cosumar avec un volume de 110,65 MDH, Maroc Telecom (91,74 MDH) et puis Taqa Morocco (42,18 MDH). Signalons que la Bourse de Casablanca procède dès ce 13 octobre 2022 à la révi-

sion annuelle du MSI20. Ainsi, Alliances, Aradei Capital, TGCC et BMCI rem- placeront Taqa Morocco, SMI, HPS et Microdata après cette révision. Éléments techniques La tendance du Masi demeure baissière à moyen terme. Mais une poursuite du rebond technique de court terme sera validée en cas de clôture au-dessus de 11.760 points. Ce niveau avait servi de support cet été et le marché semble désormais le valider en résistance, comme le montre le reflux baissier à son contact en fin de semaine dernière. En cas de cassure du pivot à 11.760 points, les prochains niveaux sont à 11.940 points, puis 12.060 points. A contrario, si le marché n’arrive pas à se défaire rapi- dement des 11.760 points, cela trahira un manque de conviction des investisseurs de court terme et provoquera un retour sur les plus bas de l’année à 11.550 points pour un troisième test. ◆

Par Y. Seddik

E ntre politique monétaire res- trictive, désordres géopoli- tiques et tensions sur certains compartiments du système financier, le marché casablan- cais peine à trouver des arguments suf- fisamment convaincants pour redresser la tête. Il s’est contenté cette semaine encore d’un rebond trop faible pour rejoindre les hauts de septembre der- nier. Mais il faut dire qu’il n'y a guère de matière pour alimenter la hausse. L’agenda macroéconomique étant creux. Idem côté micro. Toutefois, les analystes de la place sont unanimes à dire que la tendance bais- sière sur le marché devrait se pour- suivre d’ici la fin de l’année. Ce scéna- rio est justifié fondamentalement par la dégradation visible des perspectives de croissance de plusieurs secteurs cotés durant ce second semestre. Selon un

Une poursuite du rebond technique de court terme sera validée en cas de clôture au-dessus de 11.760 points.

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BOURSE & FINANCES

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Sociétés cotées

◆ Les entreprises cotées considèrent désormais que les tensions inflationnistes ne sont plus transitoires. ◆ Pour la 1 ère fois depuis 2021, plusieurs émetteurs ressentent un ralentissement visible de la demande au cours des derniers mois. Un second semestre à haut risque

autour de 5 thématiques. Une inflation persistante : un nombre important des émet- teurs considère désormais que les tensions inflationnistes

semestre serait marqué par des pressions plus visibles sur les niveaux de profitabilité. À l’origine, les perspectives d’appréciation du Dollar qui devraient amplifier les tensions inflationnistes. À titre indicatif, la parité moyenne USD/MAD devrait s’apprécier de 15,0% sur l’année 2022 contre une variation de 9,0% au S1-21» , fait savoir les auteurs de la note. La Bourse dans le rouge en 2022 : une certitude ? À moins que tous ces fac- teurs de risque cités plus haut se dissipent, la Bourse devrait finir l’année sur une contreperformance. «La ten- dance baissière du marché actions devrait, selon nous, se poursuivre sur les trois mois à venir. Ce scénario est jus- tifié fondamentalement par la dégradation visible des perspectives de croissance de plusieurs secteurs cotés durant ce second semestre. Dans ces conditions, le niveau de dividende qui a soutenu depuis plusieurs années déjà les multiples de valorisation des actions, pourrait être aujourd’hui remis en ques- tion» , indique-t-on. D’ailleurs, la prime de risque du marché actions a atteint un record (+8,8%). Une évo- lution tout à fait cohérente avec la réalité économique et de marché, compte tenu de la zone de turbulence que traverse l’économie mondiale et nationale, entre prémices de récession économique et inflation galopante. ◆

ne sont pas transitoires. Une perturbation de la demande : pour la 1ère fois depuis 2021, plusieurs émetteurs ressentent un ralentissement visible de la demande au cours des derniers mois. Des difficultés d’approvi-

La communication des sociétés cotées à l’égard de leurs pers- pectives de croissance au second semestre 2022 ressort moins positive.

sionnement : plusieurs sec- teurs continuent de souffrir du manque de disponibilité de certains intrants sur le marché international. Un déficit pluviométrique : les impacts négatifs du stress hydrique que connaît actuelle- ment le Royaume commencent à être mentionnés par certains émetteurs, notamment ceux du secteur agricole. Et enfin, une volatilité des devises : la dépréciation du Dirham face principalement au Dollar est évoquée essen- tiellement au niveau des dis- tributeurs importateurs dont les niveaux de marge sont très sensibles à l’effet de change. Notons que selon les prévisions d’AGR, les niveaux cibles de la parité USD/MAD ressortent à 11,12, 11,12 et 11,01 à horizons 1, 2 et 3 mois contre un cours spot de 11. «À l’analyse des réalisations des sociétés cotées (hors financières), nous relevons que les risques évoqués ci- dessus sont loin d’être entiè- rement intégrés au niveau des marges. À cet effet, nous croyons que le second

des intrants et un effet de change défavorable. Maintenant, l’inflation au Maroc, qui a touché un pic de 8% en août, et les tensions qui ne devraient pas s’apaiser de sitôt, pèseraient sans doute sur les marges des entre- prises au deuxième semestre. D’ailleurs, la communication des sociétés cotées à l’égard de leurs perspectives de crois- sance au second semestre 2022 ressort moins positive en comparaison à celle des derniers trimestres. «À l’analyse des communi- qués de presse semestriels des sociétés cotées compo- sant l’AGR-30, force est de constater un discours globale- ment moins positif à l’égard de leurs perspectives d’évolution au second semestre 2022», a écrit Attijari Global Research dans une note d’analyse des résultats semestriels. Les facteurs de risque évo- qués par AGR s’articulent

L’ omniprésence des débats sans fin sur l'inflation, les taux et plus généralement la politique monétaire ont éclipsé les résultats semestriels des entreprises récemment. En n’étant pas dans les condi- tions économiques les plus favorables, les entreprises cotées ont pourtant tiré leur épingle du jeu au 1 er semestre. Hors l’amende relative à Maroc Telecom (2,45 milliards de DH), la cote a dégagé une masse bénéficiaire de 17 Mds de DH, en croissance de 13,5%. La croissance bénéficiaire de la cote cache une grande dis- parité entre, d’une part, les secteurs banques & mines, qui justifient près de 90% de la hausse, et d’autre part, les autres secteurs d’activité qui demeurent pénalisés par le renchérissement des coûts Par Y. Seddik

Un nombre important des émetteurs

considère désormais que les ten- sions infla-

tionnistes ne sont pas tran- sitoires.

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Lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme

Le Maroc bien parti pour sortir de la liste grise du GAFI

◆ Le Groupe d’action financière (GAFI) livre son verdict le 19 octobre.

agents de change ont aug- menté». Même son de cloche pour l’AMMC, dont le chef de la bri- gade LCB/FT, Badre Labiad, rappelle que l’autorité donne de l’importance à l’identifica- tion des clients des opérateurs depuis plus de 10 ans. Aussi, les différentes circulaires émises récemment couvrent parfaitement les recomman- dations du GAFI. En paral- lèle, la relation avec l’Agence nationale du renseignement financier (ANRF) est fluide et les outils de contrôle de l’Autorité sont de plus en plus complexes. «Nos outils sont modernes et apportent de l’ef- ficacité de contrôle, et c’est ce que recommande le GAFI», résume-t-il.

Les régulateurs du secteur financier s’activent pour enfin quitter cette liste.

leur permettre de détecter les cas suspects et déposer des déclarations d’opéra- tions suspectes. Que ce soit l’Office des changes, Bank Al-Maghrib, l’AMMC ou encore l’ACAPS, les différents régu- lateurs ont redoublé d’efforts pour collaborer avec l'Unité de traitement du renseigne- ment financier (UTRF), qui a vu le volume des déclarations de soupçons augmenter sen- siblement depuis sa création. Résultat des courses : diffé- rents opérateurs estiment que le Maroc est désormais aux normes sur les aspects tech- niques pour pouvoir espérer quitter cette liste. C’est le cas par exemple pour l’Office des changes (OC), directement impliqué dans le sujet. Majid Zouheir, chef du département supervision à l’OC, témoigne

lors d’une rencontre organisée par Refinitiv à Casablanca : «Nous avons beaucoup tra- vaillé sur la sensibilisation des bureaux de change pour mettre à niveau cette popu- lation qui est particulière. L'encadrement n’y est pas tou- jours structuré et il fallait aider les entreprises à implémen- ter les procédures de contrôle avec des guides des procé- dures de contrôle interne, etc. On parle d’une population de près de 800 opérateurs de change au Maroc. En parallèle, nous devions contrôler la mise en place de ces procédures». Ce travail semble payer, puisque de l’avis du respon- sable, «les évaluateurs du GAFI ont apprécié les efforts de l’Office des changes, sur- tout que les déclarations de soupçon en provenance des

L es autorités finan- cières du Royaume travaillent active- ment, depuis bien- tôt 2 ans, pour que le Maroc quitte la liste grise du GAFI qui pénalise les IDE entrants, et de manière géné- rale les flux des capitaux. Le Maroc s’est en effet engagé politiquement à haut niveau, et ce depuis février 2021, à travailler avec le GAFI et le GAFIMOAN pour améliorer l’efficacité de son régime de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT). Le pays a pris des mesures dans ce sens, notamment en fournissant davantage de for- mations et en sensibilisant les institutions financières pour Par A. Hlimi

Ce qui est demandé au Maroc

En 2021, le GAFI avait estimé que le Maroc devrait conti- nuer son travail de mise en œuvre de son plan d’action pour remédier à ses défail- lances stratégiques sur plu- sieurs plans. Concrètement, il s’agit de l’amélioration du contrôle fondé sur les risques, en prenant des mesures cor- rectives et des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives en cas de non- conformité. Le GAFI demande également de s’assurer que les informations sur les béné- ficiaires effectifs, y compris les informations concernant les personnes morales et

Le GAFI demande

également de s’assurer que les informa- tions sur les bénéficiaires effectifs, sont appropriées, exactes et qu’elles ont été vérifiées.

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les constructions juridiques étran- gères, sont appropriées, exactes et qu’elles ont été vérifiées. Sur ce volet, Bank Al-Maghrib a démarré le travail au début des années 2000, puis en 2019 avec une directive dédiée à l'identification des per- sonnes, explique Youssef Ghchioua, responsable du contrôle sur place à la Direction de la supervision ban- caire de Bank Al-Maghrib. Un autre volet évoqué par le GAFI pour justifier la position du Maroc est en lien avec la surveillance et le contrôle efficace de la conformité des institutions financières. Et sur ce volet, l’ensemble des régulateurs ont augmenté la cadence. L’ACAPS, par exemple, a frappé fort récem- ment en publiant les résultats de ses contrôles. Imane Bourichi, respon- sable LCB/FT au sein de l’autorité, témoigne du travail effectué au sein de l’ACAPS. Selon elle, c’est l’acti- vité épargne et bancassurance qui demande le plus de vigilance. Elle assure que le secteur a pris acte de l’importance du sujet sous la super- vision de l’ACAPS et que des efforts «extraordinaires» sont déployés. Tout comme l’Office des changes, l’ACAPS est confrontée à un réseau de distribution dense et souvent sous-équipé qu’il faut accompa- gner. Mais ce qui est déterminant, Dans son mot d’ouverture de cet événement, Nabil Badr, Directeur adjoint à la supervi- sion bancaire, a expliqué que la réglementation des cryptoac- tifs et la transformation digitale ne sont pas en opposition avec les recommandations du GAFI, du moment que la réglemen- tation est verrouillée. «La digi- talisation doit être conforme», résume-t-il. Il rappelle que Bank Al-Maghrib continue de travailler avec l’ensemble des régulateurs sur un cadre pour les cryptoactifs dans le but d'encadrer leur utilisation, et ce avec l'assistance technique de la Banque mondiale. Crypto, digital et liste grise

selon elle, est que les dirigeants du secteur sont pleinement conscients de l’importance du sujet, rappelant que la gouvernance est un élément clé retenu par le GAFI. Et la protection des données personnelles dans tout ça ? Cette traque massive et organisée contre le blanchiment d’argent et le

financement du terrorisme se heurte à un cadre institutionnel puissant qui est celui de la protection des don- nées, puisque la vie privée est «inévi- tablement touchée étant donné que la lutte se base sur la collecte des données», comme le résume Souad El Couhen, membre du CNDP. Mais cet obstacle est surmonté en amont, puisque tous les textes de lois et

toutes les directives sont conformes en amont, ce qui offre un cadre de travail fluide aux autorités et aux opérateurs. Le travail des autorités marocaines est maintenant complet et effectif. Reste à savoir comment les véri- ficateurs du GAFI vont interpréter les éléments. Rendez-vous le 19 octobre pour le verdict. ◆

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◆ Le gouvernement a annoncé une baisse de l’impôt sur les revenus au titre des dispositions figurant dans le projet de Loi de Finances 2023. ◆ Me Nesrine Roudane, avocate au Barreau de Casablanca, médiatrice commerciale, arbitre - associée gérante Roudane & Partners Law Firm /Al Tamimi & Co, décortique les enjeux de cette mesure. «La démarche est courageuse parce qu’elle est risquée» Baisse de l’impôt sur le revenu

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Fouzi Lekjaa, ministre du Budget, a présenté son plan de réforme pour la baisse de l’impôt sur les revenus en s'appuyant sur les recommandations des troisièmes Assises nationales sur la fiscali- té. Quelle lecture en faites-vous ? Me Nesrine Roudane : La baisse de l’impôt sur les revenus (IR) est au cœur du plan de relance économique néces- saire pour soutenir le pouvoir d’achat des Marocains, dans un contexte d’infla- tion galopante liée essentiellement à une flambée du coût des matières premières suite, notamment, au déclenchement de la guerre en Ukraine. Ma lecture du plan de réforme m’amène à conclure de manière préliminaire que, face à la pression sociale croissante et aux difficultés des entreprises, expri- mées lors des assises nationales, le gouvernement doit réagir et entend bien le faire. Les moyens choisis concerneraient essentiellement la révision des seuils des différentes tranches de revenus soumis à l’IR, le relèvement du taux d’abattement pour frais professionnels déductibles et le taux d’exonération des pensions. Mais, pour l’heure, il ne s’agit que d’an- nonces concernant la politique gouver- nementale et il est préférable d’attendre le projet de Loi de Finances pour se prononcer sur l’ampleur et l’impact des mesures gouvernementales à venir.

La baisse de l’IR devrait normalement correspondre, pour tous les salariés, à une baisse des mon- tants retenus à la source par leur employeur.

F.N.H. : Atténuer la pression fiscale sur le citoyen dans un contexte inflationniste à travers une baisse de l'impôt sur le revenu, peut-on qualifier cette démarche gouvernementale de courageuse ou de risquée ? Me N. R. : Dans le contexte actuel, il ne s’agit pas de stimuler la demande à

proprement parler, ce qui aurait un effet inflationniste additionnel, mais de réta- blir le pouvoir d’achat pour maintenir la demande sur tous les marchés et ainsi éviter un ralentissement économique, voire une récession. N’empêche, la démarche est courageuse parce qu’elle est risquée. En plus de devoir faire face à une infla-

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tion galopante, la plupart des Marocains doivent aussi reconstituer leurs écono- mies, mises à mal pendant deux ans de pandémie; et donc une baisse de l’IR

ne se traduira pas nécessairement par une augmentation équivalente des dépenses des ménages et des recettes de TVA, ce qui permettrait d’atténuer les effets de la baisse de l’IR sur le budget de l’Etat. Toute augmentation des taux d’in- térêts, si elle permettra également de freiner les effets inflationnistes de la réforme proposée, accentuera davantage cette perte de recettes publiques.

Les résultats du dialogue social restent à être mis en œuvre par des mesures fiscales effectives, et leurs résultats concrets pourraient prendre plusieurs mois avant de pouvoir être constatés et analysés.

F.N.H. : Avec cette baisse attendue de l’IR, quels sont les grands changements qui vont s’opérer notamment en matière de salaires et de retraites ? Me N. R. : La baisse de l’IR (par un relè- vement de seuil ou une baisse de taux) devrait normalement correspondre, pour tous les salariés, à une baisse des montants retenus à la source par leur employeur et par conséquent une augmentation de leurs revenus nets et, c’est l’objectif économique, une aug- mentation de leurs dépenses. En même temps, cela réduit la pression sur les employeurs en ce qui concerne les augmentations de salaire qui resteront néanmoins nécessaires dans bien des cas. Cette mesure soulève une question juri- dique importante, qui revient à chaque fois qu’une baisse de l’IR est envisagée: à qui, de l’employeur ou du salarié, doit bénéficier la baisse de l’IR lorsque le salaire prévu au contrat de travail est stipulé net ? La pratique est encore assez répandue, contrairement à ce que l’on pourrait croire, et la question n’est pas tranchée du point de vue législatif, réglementaire ou jurisprudentiel, même si elle l’est (en faveur du salarié) du point de vue administratif. Par exemple, dans bien des cas, la CNSS n’admettra pas une modification du salaire men- suel brut déclaré. Aussi, sauf à ce que le législateur impose clairement que l’économie qui résulterait d’une baisse de l’IR doit être versée en intégralité au salarié, nonobs- tant toute stipulation contractuelle ou conventionnelle à l’effet contraire, la mesure envisagée pourrait ne pas avoir

l’effet économique escompté. Pour les retraités dépendant de la CNSS, un relèvement du seuil d’exoné- ration aura un effet immédiat sur leurs revenus mensuels nets et, ainsi, sur leur pouvoir d’achat. F.N.H. : Est-il envisageable que le gouvernement revoie à la baisse les taux d’imposition appliqués à d’autres catégories de salariés et pourquoi ? Me N. R. : Je ne peux rien affirmer concernant l’ampleur des mesures gou- vernementales à venir, mais c’est cer- tainement envisageable et c’est peut- être même nécessaire, si le but est de rétablir, au moins partiellement, le pou- voir d’achat de la majorité des contri- buables. Avec un salaire mensuel médian autour de 17.000 dirhams, il faudrait au moins que la partie de la population en-des- sous de cette moyenne nationale (50% par définition) puisse en profiter réel- lement. Les autres salariés en béné- ficieraient également, mais dans une moindre mesure, ce qui me paraît assez raisonnable. Mais l’impact sur le budget de l’Etat pourrait être trop important et il fau- dra donc sans doute faire un arbitrage et apporter une réponse économique plus nuancée. Le droit fiscal est, par sa nature, arbitraire dans son élaboration. En tout état de cause, les résultats du dialogue social, dont on perçoit aujourd’hui les échos, restent à être mis en œuvre par des mesures fiscales effectives; et leurs résultats concrets

pourraient prendre plusieurs mois avant de pouvoir être constatés et analysés.

F.N.H. : Cette année, le gouver- nement a augmenté le salaire minimum de 5%, une autre hausse de 5% est prévue l'an prochain, en plus de la hausse de 10% du SMAG actée également cette année. Quels impacts ces éléments peuvent-ils avoir sur le pouvoir d’achat des ménages ? Me N. R. : En effet, le décret n° 2-22-606 du 10 safar 1444 (7 septembre 2022) por- tant fixation des montants du salaire mini- mum légal dans l’industrie, le commerce, les professions libérales et l’agriculture, qui a été publié au bulletin officiel n° 7125 du 12 septembre 2022, a concrétisé l’ac- cord intervenu dans le cadre du dialogue social conclu en avril 2022. Ainsi, pour le secteur de l’industrie, du commerce et des professions libérales, le salaire minimum légal pour chaque heure du travail est désormais fixé à 15,55 dirhams, soit près de 3.000 dirhams par mois. L’augmentation du SMIG et du SMAG devrait normalement entraîner une augmentation du pouvoir d’achat des ménages et, partant, de leur consomma- tion en soutien au développement écono- mique. Cela reste toutefois à vérifier dans le contexte actuel où l’inflation reste lar- gement supérieure à la revalorisation des salaires nets envisagée et où le spectre d’une nouvelle pandémie peut amener les contribuables les plus vulnérables à éco- nomiser plutôt qu’à augmenter le niveau de leurs dépenses. ◆

Toute aug- mentation des taux d’in- térêt, si elle permettra de freiner les effets infla- tionnistes de

la réforme proposée, accentuera davantage cette perte de recettes publiques.

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