FNH N° 1080

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JEUDI 13 OCTOBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Financement des engrais

◆ Le coût prohibitif des engrais de qualité est un obstacle de taille pour bon nombre d’agriculteurs sur le continent africain. ◆ Le Groupe OCP, qui bénéficie du soutien de plusieurs partenaires régionaux et internationaux, s’attèle à faciliter l’accès des fermiers africains aux fertilisants de qualité. Le Groupe OCP fait bouger les lignes

et le même mois de l’année 2021. Les prix de l’urée, un des principaux engrais azotés, ont plus que triplé sur douze mois. Les cours nominaux des prix au comptant de l’urée de mer Noire (vrac) sont passés de 245 dollars la tonne en novembre 2020 à 901 USD la tonne en novembre 2021. Les prix des engrais phos- phatés (P) ont augmenté au même rythme. Ceux du phosphate diammonique, ou DAP, un des principaux engrais phosphatés com- posites, ont doublé, pas- sant de 360 dollars la tonne à 726 dollars la tonne sur la période précitée. A l’évidence, l’année 2022 mar- quée par la guerre en Ukraine et la crise énergétique mondiale continuent de faire le lit de cette tendance haussière des cours des intrants agricoles. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur les niveaux de production dans plusieurs pays d’Afrique. D’ailleurs, les experts de la FAO sont formels. Le fait que les prix des engrais soient élevés et volatiles fait craindre une faible disponibilité d’engrais en 2022- 2023, laquelle pourrait avoir des répercussions négatives sur la production et la sécurité ali- mentaires. Le contexte qui prévaut accroit incontestablement la centralité de la question de l’accessibilité des intrants pour les petits agri- culteurs, lesquels représentent près de 80% de la popula- tion de certains pays africains (Malawi, Angola, etc.). Ce Forum, rehaussé par la par-

ticipation de plusieurs person- nalités africaines, pour ne citer que le ministre de l’Agriculture du Malawi et le secrétaire géné- ral du ministère de l’Agriculture de l’Angola, a permis aux dif- férents intervenants de souli- gner la nécessité d’une plus forte implication des acteurs majeurs du financement (bail- leurs de fonds, banques, etc.) de la chaîne de valeur des phosphates. Le volontarisme exemplaire du Groupe OCP «En tant qu’entreprise pana- fricaine, leader mondial sur le marché international des fer- tilisants, nous sommes enga- gés fortement pour l’édification d’un secteur des engrais rési- lient et une agriculture créatrice de valeur en Afrique», explique Mohamed Anouar Jamali, DG d’OCP Africa. L’engagement du Groupe OCP pour l’accès des petits agriculteurs africains aux engrais de qualité, a été conforté par le lancement en juillet 2022 d’une initiative de grande envergure en réponse à la surchauffe des cours des fertilisants sur le marché mon- dial. En effet, la mobilisation de 550.000 tonnes d’engrais sous forme de dons et de rabais (16% des besoins d’engrais phosphatés du continent), a permis au groupe panafricain de soutenir 20 pays africains et 4 millions de fermiers, installés sur le continent. «Cette opération d’urgence ne s’est pas limitée uniquement à la fourniture d’engrais adaptés. Des actions de sensibilisation

La deuxième version du Plan d’urgence du Groupe OCP por- tera sur l’octroi de 4 millions de tonnes d’engrais de qualité aux agriculteurs africains en 2023.

La faible utilisation des fertili- sants, une composante-clef du rendement agricole, est à relier au coût prohibitif des intrants, notamment pour les agricul- teurs issus de beaucoup de pays du continent. C’est en cela que la troisième édition du Forum africain de financement des engrais, co- organisée par le Groupe de la Banque africaine de déve- loppement (BAD), OCP Africa et le mécanisme africain de financement du développe- ment des engrais, et qui se déroule du 11 au 13 octobre 2022 à Casablanca, revêt un sens particulier. Pour cause, les années 2021 et 2022 ont été marquées par la surchauffe des prix des engrais. Les chiffres de la FAO, publiés récemment, sont éloquents à plus d’un titre. D’après l’organisation onu- sienne, les hausses les plus notables concernent les engrais azotés entre novembre 2020

L e sujet de l’accès aux engrais est cru- cial pour l’Afrique. Le continent, qui verra sa population presque doubler pour atteindre plus de deux milliards d’habitants à l’horizon 2050, est l’un des bastions mondiaux les plus touchés par l’insécurité alimen- taire, la dégradation des sols, le tarissement de l’eau sous l’effet du changement climatique et le faible rendement agricole. Aussi paradoxal soit-il, l’Afrique productrice et exportatrice de produits phosphatés et d’urée, est importatrice nette de pro- duits d’engrais potassiques, avec une consommation d’en- grais de 17 kg par hectare. Ce qui est bien en dessous de la moyenne mondiale et de celle de certains pays d’Europe de l’Ouest qui s’approche de 150 kg/ hectare. Par M. Diao

La faible uti- lisation des fertilisants en Afrique, une compo- sante-clef du rendement agricole, est à relier au coût prohibitif des intrants.

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