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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 13 OCTOBRE 2022
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Conjoncture «L’économie nationale a montré une certaine résilience, mais elle reste fragile»
◆ En dépit des efforts de diversification, le Maroc demeure dépendant de l’agriculture. ◆ L’Etat doit réduire son train de vie pour financer les différents programmes structurants. ◆ Entretien avec Mohamed Amrani, professeur d’économie.
directeur. Cependant, ces mesures sont insuffisantes pour y faire face car dans cette période de crise, il faut accélérer les réformes. F.N.H. : Dans ces conditions contraignantes, comment jugez-vous l’évolution du Dirham ? M. A. : Durant la pandémie et aussi la période qui a suivi, le Dirham s’est montré quelque peu résilient. Il a été peu impacté par rapport à certaines économies comme celles de la Tunisie, l’Algérie ou la Turquie. A l’image de l’économie du pays, la monnaie nationale a résisté aux aléas de la conjoncture, soutenue par le volume important des réserves en devises grâce notamment aux trans- ferts record des MRE et aux ventes de phosphates. La politique de semi- flexibilité adoptée par les autorités monétaires a montré sa pertinence. Encore faut-il souligner que, derniè- rement, le Dirham a commencé à se déprécier surtout face au Dollar, et ce sous l’effet d’importations mas- sives. F.N.H. : Le gouvernement devrait présenter son projet de Loi de Finances 2023 au plus tard le 20 octobre. Quels sont les éléments sur les- quels il doit capitaliser pour faire face à cette situation ? M. A. : Le projet de Loi de Finances
d’amortir quelque peu les aléas de cette conjoncture. D’autres activités comme le tou- risme, le transport ou le commerce ont connu à leur tour un certain redressement. Malgré cela, l’éco- nomie marocaine reste intimement liée à l’évolution de l’agriculture. La prochaine saison sera déterminante. Une nouvelle année de sécheresse sera synonyme de catastrophe, sur- tout que les réserves en eau des barrages ont enregistré une baisse historique et de nombreux ouvrages frôlent le tarissement. F.N.H. : Qu’en est-il de l’effet de l’inflation ? M. A. : Le taux d’inflation a atteint un niveau inquiétant. Elle s’inscrit dans un mouvement exponentiel, présentant des risques sérieux non seulement d’ordre économique, mais aussi et surtout social. Elle impacte directement le pouvoir d’achat des citoyens, surtout ceux à revenu limi- té. Le phénomène est quasi généra- lisé dans le monde, incitant tous les pays à prendre des mesures dras- tiques pour la maîtriser ou en atté- nuer l’effet. Le Maroc a ainsi pris certaines dis- positions, dont l’allocation d’une subvention exceptionnelle pour le secteur du transport et une nouvelle rallonge budgétaire pour la Caisse de compensation. Sur le plan monétaire, Bank Al-Maghrib a relevé son taux
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : L’économie marocaine tra- verse une période difficile marquée par la sécheresse et une conjoncture internatio- nale défavorable accentuée par la guerre en Ukraine. Quelle est votre lecture de la situation ? Mohamed Amrani : Après la pandé- mie, un début de relance de l’écono- mie internationale et aussi marocaine a été enregistré, mais il a été vite perturbé par les entraves que vous avez citées. Face à cette situation, le Maroc a été contraint de revoir sensiblement à la baisse ses pré- visions. Dans le cadre de la Loi de Finances 2022, le taux de croissance était fixé à 3,2%, mais il a été derniè- rement établi à 1,5%. Toutefois, si les éléments défavorables devraient être accentués, notamment les sou- bresauts de la sécheresse, il est fort probable qu’il soit de nouveau réduit. La hausse du coût des importations, notamment la facture énergétique et céréalière, a sérieusement impacté les prix à la production ainsi qu’à la consommation. L’inflation impor- tée présente des menaces impor- tantes pour l’économie nationale. Heureusement que certains secteurs comme les phosphates, l’automobile ou les transferts des MRE ont réalisé de bonnes performances permettant
2023 devrait poursuivre le soutien de l’économie nationale, maîtriser davantage les pressions inflation- nistes et, par la même occasion, maintenir l’investissement public. Sur le plan fiscal, le gouvernement a annoncé une baisse de l’impôt sur le revenu (IR). Cette mesure est une bouffée d’oxygène pour les ménages, particulièrement la classe moyenne. Au niveau social, il devrait achever le projet de la généralisa- tion de l’assurance maladie obliga- toire (AMO) et mettre en œuvre le registre social unifié. Pour financer tous ses programmes, l’Etat aura besoin d’importantes ressources financières. C’est une équation très difficile à résoudre, mais il dispose de plusieurs marges de manœuvre. Pour y parvenir, il est impératif qu’il réduise ses dépenses, notamment de fonctionnement, comme les bud- gets alloués pour les parcs roulants, les déplacements et les festivités. ◆
La politique de semi- flexibilité adoptée par les autorités monétaires a montré sa pertinence.
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