PARCOURS DIFFICILE VERS L’HÔTEL DE VILLE CRISTIANA MANDRU cristiana.mandru@eap.on.ca
«PAS FACILE D’ÊTRE UNE FEMME EN POLITIQUE»
AYOUB JLILA ayoub.jlila@eap.on.ca
masculine ultra dominante dans la sphère politique pousse Mme Simard à se poser des questions et aussi à se forger une carapace contre les attaques qui parfois sont portées sur son apparence plus que son travail parlementaire. «L’ancien premier ministre Brian Mulroney m’a appelé ‘petite fille’. J’ai reçu des mes- sages vulgaires sur les médias sociaux et souvent on critique ma chevelure ou mon maquillage plutôt que mon action au sein de l’assemblée, a expliqué Mme Simard. C’est facile de s’attaquer à une femme en politique. Pour un homme en politique, c’est impensable de s’attaquer à son apparence.» Le quotidien des femmes en politique
études. C’est avec l’aide de ma sœur ainée et les prêts études que j’ai pu entreprendre mes études . (…) «Pour ma sœur cadette , c’était le même problème. Il y avait beau- coup de disparité entre le traitement des garçons et des filles dans notre famille» , a poursuivi la mairesse. Heureusement, il y eu l’influence salutaire de sa mère. «Ma mère était une personne très équitable, qui ne favorisait jamais un enfant plus qu’un autre, une valeur que j’ai toujours appréciée», se souvient-elle. C’est peut-être cela aussi qui lui a donné le gout d’aller étudier en droit. Une fois arrivée à l’université, elle a constaté que les femmes, qui constituaient
«On a critiqué ma chevelure et mon maquillage plus que mon action politique.» Malgré son ascension rapide dans les sphères politiques municipale et provinciale, Amanda Simard, la députée provinciale de Glengarry- Prescott-Russell trouve qu’être une femme en politique demeure très difficile au Canada en 2020. Rencontre à l’aube de la Journée internationale des droits de la femme. UNMONDE D’HOMMES Cette jeune femme de 31 ans, originaire d’Embrun, ne se destinait pas à la politique. C’est lors de son intégration du programme des pages du Sénat qu’elle s’est prise de pas- sion pour le travail politique et parlementaire. La jeune diplômée en droit a eu l’occasion de découvrir les rouages de la colline du Parlement en devenant l’adjointe du sénateur David Braley. «J’ai aimé le travail parlementaire avec le sénateur David Braley, qui m’a beaucoup soutenu et encouragé. Cette expérience m’a permis de connaitre les réalités d’être par- lementaire, a confié Mme Simard. C’est un monde d’hommes.» Portée par cette riche expérience, elle a décidé d’entrer en politique par la porte des municipales. Elle a été élue conseillère du canton de Russell en 2014, avec un record, à l’époque, de la plus jeune femme élue avec le plus grand nombre de voix dans un conseil municipal de Prescott-Russell. Mme Simard a été confrontée rapidement à la réalité de la politique locale. «Je trouve qu’être une femme en politique municipale est extrêmement difficile du fait de la mentalité machiste dominante de cer- tains élus et de ceux qui sont dans des postes de décision», a expliqué Mme Simard. TRAITÉE DIFFÉREMMENT «Je suis une femme, jeune et francophone. C’est un triple défi que je porte, mais qui me rend plus forte et qui forge ma person- nalité», a déclaré Mme Simard. Même si nous sommes en 2020, dans un des pays les plus avancés sur la ques- tion des droits de la femme, la culture
Issue d’une famille de sept enfants, dont quatre garçons et trois filles, Paula Assaly a presque failli ne pas aller à l’université. Rencontre avec la mairesse de Hawkesbury quelques jours avant la Journée internationale des droits de la femme. En fait, Mme Assaly et ses frères et sœurs semblaient destinés à travailler au sein des entreprises familiales. Mais grâce à l’influence de samère et de sa sœur ainée, leurs destins ont pris une direction quelque peu différente.
municipale, provinciale ou fédérale s’apparente à une série de défis quotidiens contre les clichés et les réflexes machistes. « Un de mes plus grands défis est de combattre le sexisme dans la politique et aussi d’encourager les femmes à s’impliquer davantage en politique locale et provin- ciale, en développant des réseaux ainsi que l’échange d’expériences», a-t-elle expliqué. PROGRÈS À FAIRE «Qu’est-ce que tu fais là, tu devrais être à la maison», a lancé Mme Simard, en décrivant le genre de phrase qu’une candidate politique
47% des étudiants, étaient traitées de façon équitable, même s’il y avait une carence visible de femmes dans le corps professoral. Plus tard, lorsqu’elle est devenue avocate, elle ne s’est pas sen- tie traitée de manière très différente parce qu’elle était une femme. «Une fois en pra- tique, 97% de mes clients étaient des hommes. J’ai travaillé dans le monde de la construction et de la haute technologie et
Pour Amanda Simard (à gauche), malgré les progrès réalisés dans les dernières décennies, la situation de la femme en politique demande plus de travail et d’engagement de tous. Pour sa part, Paula Assaly, fait un retour en arrière sur son enfance et sa jeunesse, à une époque où l’égalité des genres et les perspectives des femmes dans certains milieux relevaient de la science-fiction. —photosd’archives
je peux dire que je n’ai pas senti d’inéga- lité. L’ayant vécu, je ne la voyais peut-être plus ou je n’y portais pas attention», a-t- elle observé, en faisant allusion au climat familial qui l’avait préparée, d’une certaine manière, à lutter malgré les obstacles. C’est ce même désir ardent d’apprendre et d’accomplir quelque chose qui lui a offert la chance de vivre sa plus grande source de fierté, celle de devenir mairesse d’une ville, une idée qu’elle aurait considérée comme farfelue, il y a quelques années à peine. Son modus vivendi, celui d’une femme reconnue pour sa rectitude pro- fessionnelle, son désir ardent d’accomplir quelque chose, de faire une différence et de travailler fort pour atteindre ses objectifs ne concordait pas avec l’image qu’elle avait des politiciens à l’époque, notamment ce qu’elle appelle “leurs jeux, leurs manipu- lations de l’information et leurs intérêts personnels.» Heureusement pour Mme Assaly, elle n’a pas laissé ses perceptions initiales influencer ses choix de carrière. Sinon, elle n’aurait pas eu la chance unique de pouvoir vivre sa passion et de participer à l’histoire de sa ville, à sa façon. «Tout ce parcours a fait de moi une per- sonne très déterminée. Je me suis ren- due où je voulais sans passer par-dessus les autres, mais à côté d’eux. Il y a des hommes qui ne laisseront jamais une place aux femmes; ils sont habitués à faire à leur façon et ce n’est pas une femme qui va leur dire comment faire autrement. Il y a des hommes qui n’acceptent pas l’autorité d’autres hommes aussi. Ça fait partie de leur ADN, mais ce n’est pas la majorité des hommes qui sont ainsi», a-t-elle résumé, en guise de conclusion.
Dès l’âge de neuf ans, Paula Assaly avait déjà deux emplois. Elle travaillait pour son père et sa tante. Son père était un entrepreneur qui possédait un hôtel et un restaurant à Hawkesbury. Les filles étaient reléguées à des tâches ménagères, comme nettoyer les chambres d’hôtel, laver de la vaisselle, travailler à la buanderie et s’occuper de la réception. Quant aux garçons, ils y travaillaient aussi, mais ils obtenaient, en plus, un salaire et des actions dans les compagnies de leur père (pas les filles). Leur mère y travaillait également de 17h à 2h du matin, six jours par semaine. De plus, ils devaient tous travailler pour leur tante qui vendait des vêtements pour femmes sur la rue Main. «Nous avions très peu de temps pour réfléchir à autre chose que le travail» , se souvient Mme Assaly. Plus tard, la décision de sa sœur ainée de poursuivre des études comme technicienne en laboratoire a mis son père dans tous ses états, se rappelle Mme Assaly. Il voulait que tant elle que ses autres enfants restent travailler dans son commerce et celui de sa sœur . Sa mère, comme jeune fille, souhaitait de- venir infirmière, mais sa famille ne pouvait pas payer ses études. «Mais ma mère n’a pas lâché son bout . Elle a réalisé son rêve à travers sa fille ainée qui a finalement fait ses études à Ottawa. Pour la décourager, mon père s’assurait de faire les paiements d’études en retard» , a-t-elle raconté. Lorsque son tour est venu, Mme Assaly est devenue le mouton noir de son père, car elle avait décidé de poursuivre des études à l’université. «Mon père était excessivement fâché contre moi. Il voulait que je reste à travailler dans son commerce et celui de ma tante. Il a refusé de financer mes
peut entendre lors d’une campagne électo- rale. Cependant, elle assure que d’énormes progrès ont été réalisés dans ce domaine, mais il reste beaucoup de travail à faire. «Beaucoup de femmes politiques décident de quitter leur fonction à cause des pressions subies, mais ce n’est pas en partant que la situation féminine en politique sera meil- leure», a ajouté Mme Simard. La plus jeune députée de l’assemblée législative de l’Ontario se dit prête à aider les femmes à s’engager davantage en poli- tique. La confiance est un élément essentiel à leur réussite dans cette sphère , où cliché et machisme ont une place prédominante.
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