FNH N° 1130

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 23 novembre 2023 - 8 DH - N° 1130

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Réforme de la compensation Le gouvernement a-t-il trouvé la bonne formule ?

Transport

L'impact de la réduction de la TVA risque d'être «minime»

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Double jeu FOUZI LEKJAA

● Figure éminente au cœur de la politique et du football marocains, il jongle habilement entre son rôle de ministre délégué chargé du Budget et celui de président de la Fédération royale marocaine de football. ● Sur les deux tableaux, il assure, réussissant à fusionner ces deux univers en apparence opposés.

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Trimestriels

Politique

Les banques cotées carburent aux activités de marché

Abdelmadjid Tebboune, mensonges 15 Pro Max

P. 12

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Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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JEUDI 23 NOVEMBRE 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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> Actualité

Voyons voir : Abdelmadjid Tebboune : Mensonges 15 Pro Max Ça se passe au Maroc Ça se passe en Afrique Ça se passe dans le monde 3 4 5 6

> Bourse & Finances

Editorial

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Point Bourse Hebdo : Les investisseurs esquissent le tableau de fin d'année 2023 Risques budgétaires : L’État opte pour la proactivité Réforme de la compensation : Le gouvernement a-t-il trouvé la bonne formule ? Trimestriels : Les banques cotées carburent aux acti- vités de marché Banques : La diplomatie des salles de marché à pied d'œuvre Transport : L'impact de la réduction de la TVA risque d'être «minime»

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Par Fatima Ouriaghli

> Focus Agricole

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N os portefeuilles font toujours face à une adversaire redoutable : l'inflation. Telle une ombre insidieuse, elle s’incruste dans nos vies quotidiennes, de l'épi- cerie à la station-service, rognant silencieusement et soigneusement le pouvoir d'achat des citoyens. Les derniers chiffres du haut-commissariat au Plan sont tombés : l’indice des prix à la consommation (IPC) a connu, au cours du mois d’octobre 2023, une baisse de 0,1% par rapport au mois précédent. Comparé au même mois de l’année précédente, l’IPC a enregistré une hausse de 4,3% en octobre dernier, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimen- taires de 8,8% et de celui des produits non alimentaires de 1,3%. L’inflation s’inscrit certes dans une tendance baissière depuis quelques mois, mais les niveaux des prix restent tou- jours élevés, particulièrement ceux des denrées alimentaires. Aujourd’hui, la cherté de la vie n'est pas une simple sta- tistique, mais une expérience tangible pour de nombreux ménages, contraints de jongler avec leur budget en cher- chant désespérément les moyens de maintenir un certain équilibre financier. Avec des tickets de caisse salés et un panier de la ménagère plus cher même dans les souks, il faut forcément faire des arbitrages pour optimiser son budget. On devient ainsi expert en comparaison de prix. On traque les meilleures affaires. On jongle avec les fluctuations du marché comme un funambule au-dessus d'un précipice financier. Les choix alimentaires sont calculés. Chaque dépense est le fruit d’un arbitrage mûri, pensé et repensé. Mais qui se livrent à cette arithmétique monétaire ? Les plus démunis forcément. Ceux qui sont dans une précarité décon- certante. Ceux qui tirent le diable par la queue, même quand l’inflation était à son niveau normatif de 2%. Ce sont eux qui, par la force des choses, se sont découverts des dons en matière d’optimisation de budget pour faire face à cette conjoncture. Ce sont eux qui font preuve d’une résilience extraordinaire dans l’adversité économique. Ce sont eux qui refusent de se soumettre à un certain diktat économique, essayant de trouver l'équilibre entre les nécessités et les petites indulgences. Et ils sont nombreux ces Marocains dont la créativité devient la meilleure partenaire pour échapper aux griffes de l'infla- tion. Comme dirait l’autre, les périodes d'incertitude, voire de précarité économique ont souvent été un terreau fertile pour l’imagination et la créativité. u CASH-TASTROPHE Pouvoir d’achat

Campagne 2023-2024 : Un vent d’attentisme s’installe

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> L'univers des TPME

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BERD : Coup de pouce aux jeunes entrepreneurs marocains 21

> Portrait 22 Fouzi Lekjaa : Double jeu > Développement durable

Changement climatique : Urgence d'action à l'aube de la COP28 24

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> Société

Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Grève des enseignants, «Une approche multidimensionnelle s'avère cruciale» 26

> Culture

Visa For Music : Une décennie de passion musicale Entretien avec Dounia Lahlou : Confidences, Adroit dans le décor ! Cathédrale Sacré Cœur : Un héritage culturel ravivé

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> High-tech

Images générées par une IA : Les titans qui animent la création visuelle 35

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> Economie

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Souveraineté économique de l’Afrique : Les jeunes, un levier important pour relever le défi Mégaprojets en Afrique : Le continent à l'épreuve de gros challenges Entretien avec Fattoumata Ba : «Avec l’intégration, l’Afrique sera le plus grand marché unique mondial» Industries innovantes en Afrique : Les ressources humaines font défaut ! Artisanat : Un secteur en quête de réinvention

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• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com • Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Abdelmadjid Tebboune Mensonges 15 Pro Max

Par D. William

T out d’abord, par- tageons quelques chiffres bien utiles. L’Algérie dispose de réserves de phos- phates estimées à 2,2 milliards de tonnes, pour une produc- tion qui, selon Statista, s’est élevée à 1,8 million de tonnes en 2022. Pour sa part, le Maroc dispose de plus de 70% des réserves mondiales de phosphates, soit quelque 50 milliards de tonnes, pour une production de 40 mil- lions de tonnes 2022, occu- pant le second rang mondial derrière la Chine avec ses 85 millions de tonnes produites. Conclusion : le Maroc et l’Algé- rie ne boxent pas dans la même catégorie. Il n’y a pas match. On ne peut opposer un super- lourd à un poids mouche. Maintenant que le décor est planté, venons-en aux faits. Ou plutôt aux pépites phospha- tées du président algérien Abdelmadjid Tebboune. La semaine dernière, devant un parterre d’entrepreneurs, il a offert une performance mémo- rable, affirmant que l’Algérie va se hisser au rang de premier producteur de phosphate en Afrique, voire dans le monde, où il est assuré d’occuper au moins la 2 ème ou 3 ème place. Dans un langage plus clair, elle va détrôner le Maroc en Afrique et au niveau mondial. Avec quoi ? 2,2 milliards de tonnes de réserves et une production de 1,8 millions de tonnes (sic !). Au mieux, Tebboune est un adepte de la réalité augmen- tée, pour ne pas dire des men- songes… 15 Pro Max. Au pire, il traîne une forme d’incom-

pétence, d’inculture et d’igno- rance qui lui font régulièrement débiter des inepties pour cap- ter l’intérêt de son auditoire. Un auditoire d’ailleurs souvent désabusé, qui, par décence, rit sous cape face aux errements du président algérien. Car, rappelons-le, dans ses généralités pour le moins hasardeuses, Tebboune reste un récidiviste imbat- table. En septembre dernier, lors de son intervention à la 78 ème Assemblée générale de l'ONU, il affirmait, devant un auditoire médusé, que l’Algérie allait produire 1,3 milliard de m 3 d'eau potable par jour d'ici fin 2024 grâce au dessalement de l’eau de mer. Si le ridicule tuait… Trois mois plus tôt, en visite d’Etat en Russie, il s’est égaré

dans les méandres du temps, confondant les époques avec une aisance déconcertante. Voulant remercier Vladimir Poutine pour avoir baptisé une place publique à Moscou du nom de l'Emir Abdelkader, il a déclaré avec une assu- rance outrancière que le Tsar Nicolas II avait offert à ce der- nier l'insigne de l'aigle blanc. Malheureusement pour lui, la réalité historique est venue le rattraper, car Nicolas II est monté sur le trône en 1894, bien après le décès de l'Emir Abdelkader. Cette déclaration met en lumière l'importance cruciale de la précision histo- rique et de la rigueur dans le discours officiel. Car, dans l'ère de l'informa- tion instantanée, les discours politiques revêtent une impor-

tance particulière, influençant les perceptions nationales et internationales. Bref, Tebboune devrait envi- sager de changer de carrière après la politique. Avec ses gaffes en série qui indignent profondément les Algériens, le stand-up pourrait être sa vocation réelle. En cela, nous nous permettons de lui suggé- rer un nom de scène : Gaston Lagaffe. Parce que l’on peut difficile- ment concevoir un manque de profondeur intellectuelle chez un président de la République. Lorsque les discours présiden- tiels se transforment en une série de bourdes et de bana- lités dénuées de substance, cela soulève des questions légitimes quant à la qualité du leadership. ◆

On peut difficile- ment concevoir un manque de profondeur

intellectuelle chez un pré- sident de la République.

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Ç A SE PASSE AU MAROC

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Séisme d’Al Haouz : 810 millions de dirhams débloqués pour restaurer les routes

L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, mardi 21 novembre 2023 à Rabat, la 7 ème réunion de la Commission interministé- rielle chargée du déploiement du programme d’ur- gence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits suite au séisme d’Al Haouz. La commission a ainsi examiné lors de cette réu- nion, l’état d’avancement des travaux d’ouverture des routes et de déblaiement des édifices publics et des logements effondrés lors du séisme. Un programme d’urgence de 810 millions de dirhams a été activé en vue de faire face aux retombées du séisme et de restaurer les dégâts ayant impacté le réseau routier. Il s’agit de la mise à niveau de deux tronçons de la route nationale N7, reliant «Ouirgane» et «Tlat N’yacoub» dans la province d’Al-Haouz sur une longueur de 34 kilomètres; et «Tizi N’tasset» à «Tafougalet» dans la province de Taroudant sur une longueur de 30 kilomètres. Le coût global estimatif de la première tranche de ce chantier est de 340 millions de dirhams. La commission a, par ailleurs, salué les efforts visant l’ouverture des routes et pistes rurales non classées, relevant que le bilan de cette opération a porté sur un total de 624 kilomètres au niveau de 300 douars et de 4 provinces. La commission a ensuite examiné le projet de construction du barrage «Tassa Ouikan», d’une capacité de stockage de 3 millions de m 3 pour un coût d’environ 449,6 millions de dirhams, qui

contribuera au développement local, à la valorisa- tion des produits du terroir et à l’encouragement du tourisme écologique. Les travaux relatifs à ce projet devront débuter en janvier 2024. En outre, l’opération de déblaiement des édifices publics et des logements effondrés lors du séisme portera sur 2.687 douars. Concernant le secteur agricole, la réunion a permis de faire le point sur l’état d’avancement de l’opéra- tion de distribution d’orge aux agriculteurs dans les régions sinistrées, dans le cadre de laquelle ont été mobilisés 500.000 quintaux d’orge. Par ailleurs, 126 kilomètres de saguias ont été mis à niveau et les travaux de réfection des équipements dans des cercles de petite et moyenne hydraulique ont été entamés. La commission a également pris acte de la signa- ture de la convention précédemment programmée

avec l’Association nationale des ovins et caprins, qui permettra la distribution de 70.000 têtes de bétail. Concernant le secteur de l’enseignement, la com- mission a mis l’accent sur les efforts déployés dans les zones sinistrées, qui ont permis la reprise des cours par les élèves. Ainsi, quelque 8.000 élèves ont été pris en charge et ont pu poursuivre leur scolarité, encadrés par quelque 300 cadres péda- gogiques et bénéficier d’ordinateurs portables et autres équipements. Quelque 830 tentes ont amé- nagées en salles de classe, ainsi que 375 classes en préfabriqué. Dans le secteur de la santé, l’opération de mise à niveau de 42 centres de santé prioritaires sera entamée lors de la première semaine du mois de décembre 2023, afin que ces centres puissent être ouverts au public en juin 2024. ■

Adoption du projet de loi portant création de l’Agence nationale d’aide sociale L a Chambre des conseillers a adopté à l’unanimité, mardi lors d'une séance législative, le projet de loi numéro 59.23 portant création de l’Agence nationale d’aide sociale. Selon le Porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, cette instance sera char- gée d'assurer la gestion, le suivi et l'évalua- tion du système d'aide sociale directe, pour davantage d'efficacité et d'efficience. Ce texte permet de déterminer notamment les missions et les attributions de l'Agence, ainsi que les modalités de sa gestion, les compé- tences et la composition de son Conseil d'administration (composé de représentants de l’administration et de l’Agence nationale des registres, outre trois membres indépen- dants reconnus pour leur compétence dans les domaines ayant trait aux missions de l’Agence). Le projet de loi définit également les prérogatives du DG de l'Agence. ■

L’inflation passe à 4,3% en octobre sur un an L ’ indice des prix à la consommation a connu, au cours du mois d’octobre 2023, une baisse de 0,1% par rapport au mois précédent. Cette variation est le résultat de la baisse de 0,4% de l’indice des produits alimentaires et de la hausse de 0,2% de l’indice des produits non alimentaires.

Les baisses des produits alimentaires observées entre septembre et octobre 2023 concernent principalement les «Fruits» avec 7,3%, les «Poissons et fruits de mer» avec 1,7%, les «Viandes» avec 1,2% et le «Pain et céréales» avec 0,2%. En revanche, les prix ont augmenté de 3,2% pour les «Légumes», de 2,1% pour les «Huiles et graisses» et de 0,5% pour le «Lait, fromage et œufs» et le «Café, thé et cacao». Pour les produits non alimentaires, la hausse a concerné principalement les prix des «Carburants» avec 2,0%. Les baisses les plus importantes de l’IPC ont été enre- gistrées à Béni-Mellal avec 2,6%Al-Hoceima avec 1,4%, Safi avec 1,0%, Meknès avec 0,7%, Settat avec 0,6%, Oujda avec 0,3% et Marrakech et Dakhla avec 0,2%. En revanche, des hausses ont été enregistrées à Laâyoune avec 0,6%, Fès, Kénitra et Rabat avec 0,5% et à Tanger avec 0,2%.

Comparé au même mois de l’année précédente, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 4,3% au cours du mois d’octobre 2023, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 8,8% et de celui des produits non alimentaires de 1,3%. Pour les produits non alimentaires, les variations vont d’une baisse de 0,6% pour les «Loisirs et culture» à une hausse de 4,9% pour les «Restaurants et hôtels». Dans ces conditions, l’indicateur d’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatiles et les produits à tarifs publics, aurait connu au cours du mois d’octobre 2023 une hausse de 0,3% par rapport au mois de sep- tembre 2023 et de 4,3% par rapport au mois d’octobre 2022. ■

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Sénégal : Plus de 140 projets d'un

La Tunisie va recourir à l'endettement pour honorer ses engagements

Libéria Joseph Boakai succède à George Weah

montant de 4,5 milliards de dollars financés par la BAD

L a Banque africaine de développement (BAD) a financé au Sénégal plus de 140 pro- jets et programmes esti- més au total à 2.719 mil- liards de FCFA (environ 4,5 milliards de dollars), a indiqué le secrétaire général du ministère sénégalais de l'Econo- mie, du Plan et de la

L a Tunisie va recourir à l’endettement pour honorer ses engagements sur le court terme, a affirmé la ministre des Finances Sihem Nemsia. La ministre, qui s’exprimait lors d’un débat sur le budget de l'Etat pour l’exercice 2024, a indiqué que le recours de son pays à l'endettement intérieur et extérieur demeure une solution de court terme, pour que l'Etat puisse honorer ses engagements relatifs notamment au remboursement des crédits, aux dépenses salariales et à la subvention des produits de base. Nemsia a reconnu qu’en dépit de tous les efforts engagés, les dépenses de l’État res- taient largement supérieures à ses revenus, d’où la nécessité de trouver des solutions pour pallier le déficit. ■

L e vétéran de la politique, Joseph Boakai, 78 ans, a été déclaré lundi vainqueur de l'élection présiden- tielle libérienne contre le président sor- tant George Weah par la commission électorale nationale, après dépouille- ment des bulletins de tous les bureaux de vote. Boakai l'emporte avec 50,64% des voix, contre 49,36% de voix pour George Weah, a déclaré devant la presse Davidetta Browne Lansanah, présidente de la commission (NEC). Il est alors le troisième président démo- cratiquement élu de la République du Liberia. Boakai prendra pour six ans la tête de ce pays anglophone d'environ cinq millions d'habitants. Né le 30 novembre 1944 à Worsonga, dans le nord-ouest du Liberia, il a étu- dié dans une école en Sierra Leone, un pays voisin, avant de rejoindre la capitale du Libéria, Monrovia, où il fréquente le College of West Africa et l'université du Liberia. ■

Afrique du Sud : Les objectifs climatiques compromis par les défis de la sécurité énergétique Coopération, Allé Nar Diop. « Ce niveau des engagements de la BAD est une illustration des liens étroits de partenariat entre l'institution panafricaine et le Sénégal », qui ont une « longue histoire de coopération, laquelle remonte à 1972 », a ajouté Diop qui présidait la cérémonie de lancement de la phase II du «Women Economic Empowerment Fund» (We!Fund). « Cette cérémonie marque le passage à l'ini- tiative We!Fund, avec la mise en place d'un second fonds de dix mill iards de FCFA (17 millions de dollars) dénommé We!Fund II», a souligné le responsable sénégalais. ■ L a quête de l’Afrique du Sud pour assurer sa sécurité énergétique met en péril ses objectifs climatiques, notamment en ce qui concerne la réduction des émissions de carbone, a indiqué le Directeur général du Conseil de l'énergie d'Afrique du Sud, James Mackay. Les autorités sud-africaines repoussent les objectifs de

Le Kenya obtient 938 millions de dollars supplémentaires du FMI

décarbonation en raison de la crise énergétique qui impose de prolonger la durée de vie de cer- taines centrales à charbon de la compagnie publique d’électricité Eskom, a déclaré Mackay dans une interview à Bloomberg. L’Afrique du Sud, classée 14è me pays au monde en termes d'émissions de gaz à effet de serre, est confrontée à des pannes d’électricité récurrentes qui pèsent sur la croissance économique. Cette situation est due au manque d’entretien de ses centrales thermiques vieillissantes. ■

L es services du Fonds monétaire inter- national (FMI) et les autorités kényanes sont parvenus à un accord ouvrant un accès immédiat à une tranche de 682,3 millions de dollars et augmentant le pro- gramme de prêt actuel de 938 millions de dollars, a annoncé l'institution financière internationale. Sous réserve de l'approba- tion du Conseil d'administration du fonds basé à Washington, le Kenya aura accès à un total de 3,88 milliards de dollars, ce qui porterait son financement total au titre des accords existants de facilité de finance- ment élargie et de facilité de crédit élargie à 4,43 milliards de dollars, a indiqué le FMI. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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mique (CERS), rattaché à la BCE, qui avait lancé en septembre 2022 à la finance européenne un avertissement sans précédent depuis plus de dix ans. ■ Zone Euro : Les États doivent rester «proactifs» face aux risques sur la stabilité financière, dit Lagarde

L a présidente de la Banque centrale euro- péenne (BCE), Christine Lagarde, a appelé jeudi les Etats de la zone Euro à « rester proactifs » face aux risques pesant sur la stabilité financière, sur fond de taux d'intérêt élevés en raison de l'inflation. « Jusqu'à présent, le système financier euro- péen a évité le pire scénario dans lequel de graves risques systémiques se matérialiseraient en même temps », reconnait Christine Lagarde. « Mais les décideurs politiques doivent rester proactifs et attentifs aux risques liés à la stabilité financière au fur et à mesure qu'ils surviennent », a-t-elle ajouté. L ’ agence de notation Moody's a relevé de deux crans la note du Portugal, désormais à A3 contre Baa2 auparavant, saluant des « réformes économiques et fiscales », mais alertant sur des risques politiques, après la démission du Premier ministre socialiste Antonio Costa. Moody's a assorti cette note d'une perspec- tive stable, contre positive auparavant, signalant qu'elle n'envisage pas de nouveau relèvement à ce stade. Moody's a fait état des « effets positifs durables sur le crédit à moyen terme d'une série de réformes économiques et budgétaires, du désen- dettement du secteur privé et du renforcement continu du secteur bancaire ». « Les perspectives à moyen terme du Portugal L’ avance de l’ancien président Donald Trump sur l’actuel locataire de la Maison Blanche, Joe Biden, lors d'un éventuel face à face aux élections présidentielles de 2024 s’accroît, selon les résultats d’un sondage publiés lundi. L’enquête Harvard CAPS-Harris Poll montre que Trump est crédité de 48% des intentions de vote contre 41% pour Biden. Selon les résultats de ce sondage, 11% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles ne savent pas pour qui elles voteraient. Cette nouvelle enquête révèle que Trump a gagné 2 points de pourcentage depuis un son- dage similaire mené en octobre, qui créditait l’ancien président de 46% des voix contre 41% pour Biden. lors d’un éventuel face-à-face

La Chine veut améliorer la qualité de ses services financiers

L e gouverne- ment chinois a exprimé sa détermination à intensifier les efforts en vue d’améliorer les services finan- ciers dans le but

La banquière centrale s'exprimait en tant que présidente du Comité européen du risque systé-

Moody's relève de deux crans la note du Portugal, mais alerte sur les risques politiques

d’appuyer les efforts de développement du pays. Lors d’une réunion consacrée à cette question, la Commission financière centrale du pays a adopté une feuille de route fixant les objectifs liés à la promotion d'un développement financier de haute qualité. L’organe central de la planification financière de cette deuxième puissance mondiale a souligné que les efforts devraient être intensifiés afin d’améliorer la qualité des services financiers pour le développement économique et social. ■

Le PIB de l’OCDE augmente

sont soutenues par d'importants investissements privés et publics ainsi que par la mise en œuvre de nouvelles réformes structurelles », liés au Plan de relance européen dont bénéficie le pays. ■

de 0,5% pour le 2 ème trimestre consécutif

L e produit inté- rieur brut (PIB) de l'OCDE a augmenté de 0,5% au troisième tri- mestre 2023, au

Présidentielles 2024 : Trump devancerait Biden de 7%

même rythme qu’au trimestre précédent, selon des estimations provisoires publiées mardi par l’organisation pour la coopération et le dévelop- pement économiques. Dans le G7, la croissance du PIB en glissement trimestriel s'est accélérée à 0,6% au T3, contre 0,4% au T2, sous l'effet d'une accélération importante de la croissance du PIB aux États-Unis (1,2% au T3, comparé à 0,5% au T2), indique l’organisation basée à Paris. Les autres pays du G7 ont enregistré une crois- sance nulle, quasi-nulle ou négative au T3 : la croissance a été nulle au Canada, en Italie et au Royaume-Uni, 0,1% en France, et négative au Japon et en Allemagne (respectivement -0,5% et -0,1%). ■

Une enquête publiée plus tôt ce mois-ci par le New York Times et le Siena College a indiqué que Trump devançait Biden de 5 points en Arizona, 6 points en Géorgie, 5 points au Michigan, 10 points au Nevada et 4 points en Pennsylvanie. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis novembre 2022

Les investisseurs esquissent le tableau de fin d'année 2023 ◆ Le reflux de l’inflation en octobre écarte un nouveau resserrement de BAM en décembre 2023. ◆ Les revenus du T3, à date d’aujourd’hui, laissent présager une amélioration des marges au second semestre.

cycle de resserrement monétaire de la Banque centrale qui tiendra son Conseil dans un mois. Les chiffres de l'inflation d'octobre, eux, ont joué le rôle de der- niers clous dans le cercueil. D’ailleurs, pour AGR, le reflux des tensions infla- tionnistes au Maroc écarte, en partie, un nouveau resserrement de BAM en décembre 2023. Ceci dit, les catalyseurs se font rares en cette fin d'année et les interventions se raréfient, alors que les sociétés de gestion et les banques commencent à clôturer leurs cahiers de trading. La plu- part des opérateurs de marché sont maintenant occupés par le reporting des performances de 2023 et les réunions de présentation des perspectives de 2024. Du côté des trimestriels, les publications se poursuivent à un rythme plutôt lent. Selon nos calculs, les indicateurs publiés jusqu'à présent montrent une bonifica- tion de 13,45% des revenus de la cote, laissant présager une amélioration des marges pour le deuxième semestre.

Pour le reste, pas grand-chose à signa- ler au cours de cette séquence hebdo- madaire. À une semaine de la clôture du mois de novembre 2023, le Trésor satisfait 61% de son besoin mensuel annoncé au début du mois de 5,3 Mds de DH, soit une levée cumulée de 3,2 Mds de DH. Dans le contexte actuel de réduction des exigences de rentabilité, les taux de rendement de la courbe primaire enre- gistrent des baisses, tandis que l'évolu- tion sur le marché secondaire demeure mitigée, avec des variations oscillant entre -2 pbs et +1 pb. Tenant compte de la situation favo- rable des finances publiques durant cette fin d'année et sous l'hypothèse de la concrétisation des financements extérieurs prévus dans le cadre de la LF-2023 à 60 Mds de DH, la tendance baissière des taux primaires devrait, selon le scénario central d'AGR, se poursuivre durant ce dernier trimestre de l'année 2023. ◆

Par Y. Seddik

R ien de nouveau sous le soleil à la Bourse de Casablanca ! On pourrait même dire que l'excitation est au plus bas. L'encéphalogramme ? Toujours plat. Les volumes ? Aux abon- nés absents. Cette semaine, le marché a encore perdu quelques points (-0,02%) et se retrouve maintenant à 11.976 points. Toutefois, les signaux encourageants se multiplient : l'inflation est en baisse et les taux obligataires aussi. Deux bonnes nouvelles pour les investisseurs qui esquissent le tableau de fin de l'année. En effet, les prix à la consommation en octobre sont revenus à des niveaux de mars 2022, tandis que les taux obliga- taires ont connu une nouvelle détente mardi. Le taux à 52 semaines semble être sur la bonne voie pour repasser sous 3% ! Le marché peut désormais offrir un enterrement de première classe au

Les indica- teurs publiés

jusqu'à présent montrent une bonification de 13,45% des reve- nus de la cote.

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BOURSE & FINANCES

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JEUDI 23 NOVEMBRE 2023

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Risques budgétaires

◆ Le département des Finances a présenté dans le document de la programmation budgétaire triennale les principaux risques budgétaires, dont la matérialisation pourrait entraîner une déviation par rapport aux trajectoires cibles du déficit et de la dette, ainsi que des mesures mises en place pour les atténuer. ◆ Ce premier exercice de son genre s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le Maroc pour renforcer davantage la transparence et la crédibilité de sa politique budgétaire. L’État opte pour la proactivité

stratégies sectorielles telles que la nouvelle stratégie agri- cole «Génération Green» et le programme national pour l'ap-

Les risques potentiels liés à des recrutements imprévisibles ou à des ajustements salariaux sont aujourd’hui atténués par des plafonnements budgé- taires et un contrôle strict des recrutements, conformément à la loi organique des finances entrée en vigueur en 2016. Les investissements publics, bien que cruciaux pour le développement économique, comportent également des risques budgétaires. Le Maroc encourage des modes de réa- lisation plus performants, tels que le partenariat public-privé (PPP), pour accroître l'efficaci- té de l'exécution et attirer des investissements privés, tout en minimisant les risques liés aux coûts et à l'exécution. En paral- lèle, l’État poursuit sa feuille de route pour l’amélioration du climat des affaires afin d’atti- rer les investissements privés, nationaux et étrangers, et ren- forcer leur contribution dans la dynamisation de l’économie nationale et limiter la pression sur le budget de l’État. De leur côté, les recettes fis- cales, autre pilier essentiel de l'équilibre budgétaire, sont sensibles aux changements législatifs et aux évolutions macroéconomiques, explique le document. Pour minimiser les risques budgétaires énu- mérés ci-dessus, l’État a mis en place un cadre global de réforme du système fiscal national à travers l’adoption et la mise en œuvre de la loi-

provisionnement en eau potable et l'irrigation sont déployées pour améliorer l'adaptabilité aux change- ments climatiques, assu- rant ainsi une croissance durable à long terme. Par ailleurs, le recours à la Ligne de crédit modulable du FMI, d’un montant de 5

La surveillance attentive de l'exécu- tion budgétaire est importante, en par- ticulier face à l'évo- lution constante de la masse salariale.

milliards de dollars US, consti- tue une assurance contre les chocs exogènes et devrait per- mettre de soutenir la stratégie économique nationale et ren- forcer la confiance des parte- naires et des investisseurs. En outre, la conclusion de l’ac- cord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (RSF), pour un montant de 1,3 milliards de dollars US, servira à appuyer les réformes enga- gées par le pays en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Risques liés à l'exécution budgétaire La surveillance attentive de l'exécution budgétaire est importante, en particulier face à l'évolution constante de la masse salariale. Ces dépenses sont passées de 119,3 Mds de DH en 2013 à 155,8 Mds de DH en 2023, soit une évolution globale de près de 40% et une évolution moyenne annuelle de 3,4%.

gouvernement adopte une approche proactive, combinant des mesures budgétaires d'ur- gence et des réformes structu- relles. Les mesures d'urgence visent à répondre rapidement aux chocs économiques, avec des actions ciblées telles que le soutien exceptionnel aux professionnels du transport, la suspension temporaire des droits de douane sur le blé et la mise en œuvre de plans d'ur- gence sectoriels. Des transferts monétaires bien ciblés, limités dans le temps, sont également déployés via le registre social unifié pour atténuer les effets des crises sur les populations vulnérables. En parallèle, des réformes structurelles sont en cours pour renforcer la résilience économique. Le Maroc s'en- gage dans des initiatives visant à anticiper et à s'adapter au changement climatique. Des

A u cœur de la pro- grammation budgé- taire triennale 2024- 2026, les prévisions du cadre macroé- conomique sont confrontées à une série de risques, tant internes qu'externes. Ces der- niers, agissant à travers divers canaux, sont susceptibles d'impacter les trajectoires du déficit budgétaire et de la dette. Au niveau macroéconomique et sur la base d’une analyse rétrospective des principaux facteurs ayant impacté l’éco- nomie marocaine, trois princi- paux risques ont été identifiés, à savoir : le risque climatique, celui lié à la volatilité des prix des matières premières et énergétiques et le risque lié à un ralentissement brutal ou à une récession de la zone Euro. Face à ces risques, le Par Y. Seddik

Les risques budgétaires liés aux EEP pourraient conduire à des manques à gagner au niveau des recettes non fiscales.

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cadre n°69-19 portant réforme fis- cale, et ce selon une démarche pro- gressive. Dans ce cadre, la réforme de l’IS, introduite dans la LF 2023, et celle de la TVA, prévue dans le cadre du PLF 2024, s’inscrivent dans cette logique de donner une visibilité aux opérateurs économiques à moyen terme, ce qui permet de stabiliser relativement le système fiscal.

surveillés à travers un dispositif de gouvernance, de suivi des risques et des contrats-programmes établis- sant des objectifs clairs. Sur le plan stratégique, l’Etat s’est engagé dans la refonte du secteur des EEP en adoptant la loi-cadre n° 50-21 rela- tive à la réforme de ce secteur. Cette réforme vise la restructuration du secteur afin, notamment, de réduire

les subventions qui leur sont accor- dées et améliorer leurs contributions au budget de l’Etat. En conclusion, le gouvernement marocain adopte une approche proactive pour aborder les risques budgétaires. Cette stratégie combine en effet des mesures immédiates en cas de crise, avec des réformes structurelles visant à renforcer la

résilience économique et à assu- rer une gestion budgétaire durable. Rappelons que, comme annoncé au Parlement en juillet 2023, le gouver- nement souhaite poursuivre le pro- cessus de consolidation budgétaire afin de ramener le déficit à 3% du PIB à l’horizon 2026 et d’inscrire la dette sur une trajectoire baissière à moins de 70% du PIB. ◆

Risques liés aux garanties de l’État et aux EEP

Les garanties émises par l'État repré- sentent un risque budgétaire signi- ficatif. Le ministère des Finances adopte des mécanismes d'atténua- tion tels qu'un examen approfon- di des prévisions budgétaires des entités bénéficiaires, la restructura- tion des entreprises publiques pour réduire la dépendance aux garanties de l'État, et la mise en place d'une couverture prudentielle par le biais de la société nationale de garantie financière et d'équipement, SNGFE (Tamwilcom). Il est à rappeler, par ailleurs, que le contrôle du respect par la SNGFE de ses obligations prudentielles est du ressort de Bank Al-Maghrib, suivant un cadre pru- dentiel et de supervision spécifique. La gestion du portefeuille public, composé d'établissements et d'en- treprises publics (EEP), nécessite une attention particulière. Ce por- tefeuille public, caractérisé par sa consistance et la diversité des enti- tés qui le composent, comprend, à fin septembre 2023, 272 EEP répar- tis entre 227 établissements publics et 45 sociétés anonymes à partici- pation directe du Trésor. Certains EEP détiennent des filiales et/ou des participations totalisant 517 entités, dont 53% sont détenues majoritai- rement. En général, les risques budgétaires liés aux EEP dépendent de leur situation financière. Ils pourraient conduire à des manques à gagner au niveau des recettes non fiscales (Ex : versement moindre de divi- dendes ou autres produits) et/ou à une aggravation des dépenses sous l’effet des subventions occasion- nées par une révision de politiques. Il s’agit de sociétés de droit privé dont le capital est détenu directe- ment totalement ou partiellement par l’Etat. Ces risques sont étroitement

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Réforme de la compensation

◆ Pour le gouvernement, le système actuel de compensation profite aux riches. ◆ Prévue pour avril 2024, cette réforme représente un virage stratégique dans la gestion des finances publiques. ◆ En 2026, le consommateur marocain devra payer 70 DH sa bonbonne de gaz. Le gouvernement a-t-il trouvé la bonne formule ?

ment du mode opératoire de la Caisse représente un ajustement progressif, écar- tant ainsi toute notion de sup- pression brutale de la Caisse de compensation ou de libé- ralisation des prix, que les citoyens appréhendaient. Un bilan économique contrasté pour le système de compensation Il faut dire que depuis la libé- ralisation des prix du carbu- rant en 2015, la Caisse de compensation a pesé lourde- ment sur les finances de l'État, avec un coût estimé à près de 175 milliards de dirhams par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget. Toutefois, le constat est saisissant : seu- lement 20% de cette somme ont bénéficié aux plus dému- nis, tandis que plus des deux tiers ont profité à des seg- ments plus aisés de la popu- lation. Cette distribution iné- gale des subventions a donc remis en question l'efficacité des politiques de compensa- tion en termes de redistribu- tion des ressources. Lors de l’approbation par la Chambre des députés du pro- jet de Loi de Finances 2024, Lekjaa a fait remarquer qu'au cours d'une période men- suelle, un citoyen défavorisé acquiert une seule bonbonne de gaz, tandis qu'un individu plus fortuné en achète six au même prix subventionné. Il a également assuré que le gouvernement maintiendra les subventions sur les autres produits, avec des prix pla- fonnés, ce qui limitera ainsi

pas en mesure de financer l’aide sociale directe tout en supportant l’intégralité du coût du système de compensation» , a souli- gné le Chef de gouverne- ment. À noter que la mise en œuvre du programme d’aide sociale directe nécessitera un budget global de 25 milliards de DH en 2024, qui sera porté à 29 Mds de DH par an en 2026. Bien que le gouvernement n'ait pas encore communiqué sur les niveaux de hausse qui seront appliqués au sucre et au blé tendre, les augmenta- tions sur le gaz butane sont désormais connues. Ainsi, des hausses progressives du prix de la bonbonne de gaz de 12 kg sont attendues, passant de 40 à 50 dirhams en avril 2024, puis une hausse de 10 dirhams par an jusqu’en 2026. La bonbonne coûtera désor- mais 50 dirhams, et la diffé- rence entre ce montant et le prix réel, qui est actuellement d’environ 140 dirhams, soit 90 dirhams, continuera à être supportée par l’État. En clair, le consommateur devra payer en 2026 sa bonbonne de gaz à 70 dirhams. Ceci offre un éclairage sur les ajustements tarifaires à venir ainsi que les marges que le gouvernement pourrait dégager. Akhannouch a aussi spéci- fié que, postérieurement à la troisième augmentation, l'État assumerait la différence de prix au sein de la caisse de compensation, en fonction des fluctuations du marché international. Ce redéploie-

La réforme progres- sive du régime de la compensation se présente comme le pivot essentiel du plan budgétaire 2024-2026.

directe, le chef du gouverne- ment, Aziz Akhannouch, avait levé le voile sur la date de lancement tant attendue de la réforme de la Caisse de com- pensation. Prévue pour avril 2024, cette réforme repré- sente un virage stratégique dans la gestion des finances publiques et permettra de dégager les marges budgé- taires nécessaires au finan- cement du programme des aides sociales. Akhannouch a souligné la nécessité de poursuivre le remaniement du système de compensa- tion, initié en 2013 sous l'ère de Benkirane. Cela permet- tra non seulement de financer de nouveaux projets sociaux, notamment la généralisa- tion de la protection sociale, mais également de soulager le budget de l'État, qui sera confronté à la double charge de l'aide sociale directe et du coût exorbitant du système de compensation. «Le budget de l’État ne sera

L e Maroc se lance dans une réforme budgétaire majeure pour les années 2024-2026, avec comme objectifs de renfor- cer ses finances publiques et redéfinir ses politiques de compensation. Au cœur de cette initiative, la réforme pro- gressive du régime de la com- pensation se présente comme le pivot essentiel de cette transformation. Bien qu’auda- cieuses, les ambitions gou- vernementales sont claires : un déficit budgétaire cible de 4% en 2024, diminuant pro- gressivement à 3,5% en 2025, puis à 3% en 2026, avec pour objectif de stabiliser la dette publique à 68,5% du PIB d'ici 2026, avant de la réduire davantage à près de 65% du PIB d'ici 2030. Lors de la présentation au Parlement des détails du programme d'aide sociale Par Y. Seddik

Depuis 2015, le Caisse de compensa- tion a coûté 175 milliards de DH à l’Etat.

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l'impact sur le pouvoir d'achat des citoyens.

la généralisation de la protection sociale dans le cadre non contribu- tif. Quant aux charges d'intérêts de la dette, bien que leur hausse soit prévue, leur niveau devrait rester sous contrôle, maintenu autour de 2,4% du PIB. Ce cadrage budgétaire à moyen terme devrait permettre également

de donner une meilleure visibilité sur la situation et les perspectives des finances publiques et de renforcer la confiance et la qualité de crédit dont jouit notre pays auprès des partenaires et investisseurs natio- naux et étrangers. En définitive, ces réformes économiques au Maroc dépeignent une stratégie prudente et

progressive pour équilibrer les impé- ratifs budgétaires, tout en préser- vant un filet de sécurité sociale. Les ajustements tarifaires, aujourd’hui nécessaires, reflètent une approche nuancée pour atténuer l'impact sur les citoyens (les plus démunis) et jeter les fondations d'une consoli- dation budgétaire à long terme. ◆

Impact positif sur les dépenses publiques Selon les projections du ministère des Finances pour la période 2024- 2026, cette réforme progressive de la Caisse de compensation aura des répercussions positives sur les dépenses publiques. La charge de compensation, qui s'élevait à 42 mil- liards de dirhams en 2022 (sur fond de hausse des prix énergétiques), devrait baisser de manière significa- tive pour atteindre… 7,8 milliards de dirhams en 2026. Entre-temps, ces dépenses baisseront à 16,9 milliards de dirhams en 2024, puis à 11,5 mil- liards en 2025. Par ailleurs, le plan de consolidation budgétaire au Maroc pour la période 2024-2026, repose sur une crois- sance annuelle moyenne de 5,3% des recettes fiscales, tandis que les recettes non fiscales devraient connaître une hausse moyenne de 6,4%. Au cœur de cette stratégie, selon le document de la program- mation budgétaire triennale (PBT), figure la mobilisation continue des ressources via des mécanismes de financement innovants avec un montant de 35 milliards de dirhams par an entre 2024 et 2026. Côté dépenses, la PBT mise sur une maîtrise de leur évolution, avec un taux de croissance annuel moyen plafonné à 3,3%. Cette gestion pru- dente des dépenses repose sur plu- sieurs piliers, dont la réduction du poids des charges de personnel, passant de 10,6% du PIB en 2023 à 10% du PIB en 2026. L'optimisation des dépenses d'investissement autour des 6% du PIB d'ici 2026 sera soutenue par une intensifica- tion de l'utilisation du partenariat public-privé (PPP). L'effort structurel pour maîtriser les dépenses publiques s'étend éga- lement aux dépenses de fonction- nement, hors salaires, maintenues à 6% du PIB entre 2024 et 2026. La programmation triennale intègre également le redéploiement pro- gressif des ressources allouées aux programmes sociaux actuels (Ramed, Tayssir,…) et à la compen- sation, en faveur du déploiement de

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