FNH N° 1130

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 23 NOVEMBRE 2023

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Réforme de la compensation

◆ Pour le gouvernement, le système actuel de compensation profite aux riches. ◆ Prévue pour avril 2024, cette réforme représente un virage stratégique dans la gestion des finances publiques. ◆ En 2026, le consommateur marocain devra payer 70 DH sa bonbonne de gaz. Le gouvernement a-t-il trouvé la bonne formule ?

ment du mode opératoire de la Caisse représente un ajustement progressif, écar- tant ainsi toute notion de sup- pression brutale de la Caisse de compensation ou de libé- ralisation des prix, que les citoyens appréhendaient. Un bilan économique contrasté pour le système de compensation Il faut dire que depuis la libé- ralisation des prix du carbu- rant en 2015, la Caisse de compensation a pesé lourde- ment sur les finances de l'État, avec un coût estimé à près de 175 milliards de dirhams par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget. Toutefois, le constat est saisissant : seu- lement 20% de cette somme ont bénéficié aux plus dému- nis, tandis que plus des deux tiers ont profité à des seg- ments plus aisés de la popu- lation. Cette distribution iné- gale des subventions a donc remis en question l'efficacité des politiques de compensa- tion en termes de redistribu- tion des ressources. Lors de l’approbation par la Chambre des députés du pro- jet de Loi de Finances 2024, Lekjaa a fait remarquer qu'au cours d'une période men- suelle, un citoyen défavorisé acquiert une seule bonbonne de gaz, tandis qu'un individu plus fortuné en achète six au même prix subventionné. Il a également assuré que le gouvernement maintiendra les subventions sur les autres produits, avec des prix pla- fonnés, ce qui limitera ainsi

pas en mesure de financer l’aide sociale directe tout en supportant l’intégralité du coût du système de compensation» , a souli- gné le Chef de gouverne- ment. À noter que la mise en œuvre du programme d’aide sociale directe nécessitera un budget global de 25 milliards de DH en 2024, qui sera porté à 29 Mds de DH par an en 2026. Bien que le gouvernement n'ait pas encore communiqué sur les niveaux de hausse qui seront appliqués au sucre et au blé tendre, les augmenta- tions sur le gaz butane sont désormais connues. Ainsi, des hausses progressives du prix de la bonbonne de gaz de 12 kg sont attendues, passant de 40 à 50 dirhams en avril 2024, puis une hausse de 10 dirhams par an jusqu’en 2026. La bonbonne coûtera désor- mais 50 dirhams, et la diffé- rence entre ce montant et le prix réel, qui est actuellement d’environ 140 dirhams, soit 90 dirhams, continuera à être supportée par l’État. En clair, le consommateur devra payer en 2026 sa bonbonne de gaz à 70 dirhams. Ceci offre un éclairage sur les ajustements tarifaires à venir ainsi que les marges que le gouvernement pourrait dégager. Akhannouch a aussi spéci- fié que, postérieurement à la troisième augmentation, l'État assumerait la différence de prix au sein de la caisse de compensation, en fonction des fluctuations du marché international. Ce redéploie-

La réforme progres- sive du régime de la compensation se présente comme le pivot essentiel du plan budgétaire 2024-2026.

directe, le chef du gouverne- ment, Aziz Akhannouch, avait levé le voile sur la date de lancement tant attendue de la réforme de la Caisse de com- pensation. Prévue pour avril 2024, cette réforme repré- sente un virage stratégique dans la gestion des finances publiques et permettra de dégager les marges budgé- taires nécessaires au finan- cement du programme des aides sociales. Akhannouch a souligné la nécessité de poursuivre le remaniement du système de compensa- tion, initié en 2013 sous l'ère de Benkirane. Cela permet- tra non seulement de financer de nouveaux projets sociaux, notamment la généralisa- tion de la protection sociale, mais également de soulager le budget de l'État, qui sera confronté à la double charge de l'aide sociale directe et du coût exorbitant du système de compensation. «Le budget de l’État ne sera

L e Maroc se lance dans une réforme budgétaire majeure pour les années 2024-2026, avec comme objectifs de renfor- cer ses finances publiques et redéfinir ses politiques de compensation. Au cœur de cette initiative, la réforme pro- gressive du régime de la com- pensation se présente comme le pivot essentiel de cette transformation. Bien qu’auda- cieuses, les ambitions gou- vernementales sont claires : un déficit budgétaire cible de 4% en 2024, diminuant pro- gressivement à 3,5% en 2025, puis à 3% en 2026, avec pour objectif de stabiliser la dette publique à 68,5% du PIB d'ici 2026, avant de la réduire davantage à près de 65% du PIB d'ici 2030. Lors de la présentation au Parlement des détails du programme d'aide sociale Par Y. Seddik

Depuis 2015, le Caisse de compensa- tion a coûté 175 milliards de DH à l’Etat.

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