FNH N° 1130

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 23 NOVEMBRE 2023

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Industries innovantes en Afrique

◆ Fuite des cerveaux, manque de ressources humaines qualifiées, faiblesse des infrastructures électriques… : de nombreuses barrières entravent aujourd’hui l’intégration de l’innovation dans les activités industrielles en Afrique. Les ressources humaines font défaut ! L e développement d'industries inno- vantes est désor- mais une priorité stratégique pour sonnel afin qu’il ne soit pas réfractaire aux bénéfices de la technologie, notamment en termes d’environnement et de sûreté. Dans le même sens, Amer Benouda, vice-président Par M. Ait Ouaanna

des conditions favorables au développement d’indus- tries innovantes en Afrique, capables de concurrencer les acteurs internationaux. Pour ce faire, les panélistes ont mis en avant les nombreux défis auxquels ils sont confrontés. Dans ce sens, Hassan Belkhayat, cofondateur de SouthBridge, a expliqué que l’exode des cerveaux consti- tue un frein majeur à l’innova- tion industrielle. «Le Maroc, tout comme plusieurs pays africains, est confronté au problème de la fuite des cer- veaux. 95% des étudiants des écoles d’ingénieurs maro- caines quittent le Royaume avant même l’obtention du diplôme et se retrouvent, déjà, recrutés par des entre- prises en France, au Portugal ou ailleurs» . Ainsi, Belkhayat a appelé à la formation d’un plus grand nombre d’ingé- nieurs et a souligné la néces- sité de placer les ressources humaines au centre de toute

politique sectorielle. A la tête de Mineex SARL, une entreprise sénégalaise opé- rant dans le secteur minier, Rokhaya Sall Mbaye a mis en exergue certaines difficultés liées à la création d’industries innovantes. «Dès le démar- rage de notre activité, notre objectif était d’introduire des solutions innovantes. Le pre- mier défi est que l’investis- sement initial est trop élevé étant donné qu’en Afrique, nous n’investissons pas assez dans la recherche et le déve- loppement. Afin d’avoir accès aux logiciels et aux technolo- gies innovantes, nous restons dépendants de personnes qui les ont développés ailleurs» , a-t-elle fait savoir. La Directrice générale de Mineex a également cité d’autres blocages, notam- ment le manque de res- sources humaines quali- fiées, ou encore l’inadéqua- tion de la réglementation aux évolutions du secteur. Afin de surmonter tous ces défis, Rokhaya Sall Mbaye recommande d’adopter une approche progressive en introduisant graduellement les technologies. «Il est pos- sible de commencer par des technologies modestes le temps que l’entreprise acquiert les investisse- ments suffisants pour aller vers des technolo- gies beaucoup plus déve- loppées», explique-t-elle. De même, Sall Mbaye a mis en relief l’importance de fournir une formation adéquate et de former le per-

le continent africain. Ces dernières années, les gou- vernements sont de plus en plus conscients de l’impor- tance de l’introduction des nouvelles technologies dans les différents process indus- triels. Afin de soutenir l’inno- vation, plusieurs politiques et programmes ont été mis en place, mais la transformation de l’industrie africaine néces- site un effort concerté de la part des gouvernements, des secteurs public et privé et de la société civile. Lors d’un panel autour des industries innovantes, tenu dans le cadre de la 4 ème édition du Choiseul Africa Business Forum, les différents interve- nants se sont penchés sur les éléments requis pour créer

d’ABA Technology, a affirmé que la formation figure parmi les principaux challenges. A ce propos, il a assuré qu’il est de plus en plus difficile de trouver des compétences, surtout que le contexte actuel nécessite la combinaison de plusieurs technologies. Un besoin qui, selon lui, rend la tâche beaucoup plus com- pliquée. En outre, Amer Benouda évoque l’insuffisance d’in- frastructure en termes d’élec- tricité et de connectivité. «On parle d’intégration de la tech- nologie, alors qu’en Afrique certaines zones manquent encore d’électricité et, par conséquent, nous avons du mal à avoir la connexion qu’il faut. Ajoutons à cela les pro- blèmes liés au stockage de la data. Aujourd’hui, plusieurs initiatives peinent à se lancer car les décideurs ne savent pas exactement où cette data va être stockée» , se désole- t-il. Pour faire face à ces défis, le vice-président d’ABA Technology estime que l’ultime solution est de pro- mouvoir le «made in Africa» , précisant qu’avec la maîtrise de la technologie conçue, développée et implémentée en Afrique, le chemin vers l’innovation industrielle sera moins difficile. ◆

Il est de plus en plus diffi- cile de trouver des compé- tences néces- saires, surtout que le contexte actuel exige la combinaison de plusieurs technologies.

Afin de stimuler l’innovation industrielle, il est essentiel de placer les ressources humaines au centre de toute politique sectorielle.

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