FNH N° 1092

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ECONOMIE

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JEUDI 19 JANVIER 2023

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Accès à l’éducation

◆ En dépit des efforts déployés par le Maroc dans le dessein de garantir une éducation pour tous, les inégalités d’accès aux opportunités éducatives continuent d’être fortement présentes. Halte aux inégalités !

nelle : l’accès des enfants à la préscolarisation est, à coup

sûr, conditionné par le niveau de vie du ménage. D’après l’étude, le taux de préscolarisation des enfants relevant des 20% les plus aisés en termes de dépenses par ménage (79,9%) est 3,6 fois plus grand que celui des 20% les moins aisés (22%). Pour Rachid Souiyate, professeur agrégé et chef d’établissement, les dis-

Le Programme national de géné- ralisation et de développement du préscolaire a pour ambition d’atteindre un taux de présco- larisation de 100% à l’horizon 2027-2028, pour les enfants âgés de 4 à 6 ans.

parités régionales peuvent constituer à elles seules la cause structurelle et structu- rant l’accès à l’école, comme «la proximité, la disponibilité du transport, l’hébergement, en somme la présence ou non des infrastructures édu- catives. Ensuite, la condition socioéconomique des parents détermine elle aussi la chance des enfants quant à l’accès à l’école, le besoin et le manque des ressources impose une sorte d'immédiateté dans le désir des parents d’utiliser les enfants rapidement comme une possibilité de rente finan- cière supplémentaire. La cause culturelle peut intervenir dans l’exclusion des filles, destinée selon la sous-culture régionale à la procréation et au travail ménager». Pour sa part, Abdelkhalek Hassini, enseignant-forma- teur et président du Collectif des associations pour le développement de l’Oriental Europe (CADOriental Europe), affirme que plusieurs facteurs exercent une influence consi- dérable sur le système éducatif marocain et entravent l'égalité

scolaires, soit pour des raisons ayant trait aux caractéristiques intrinsèques ou contextuelles de l’enfant. L’analyse menée au cours de cette étude s’est basée sur l’in- dice de l’équité des chances au Maroc durant la période allant de 2004 à 2014. Il en ressort que, sur le plan spatial, la couverture territoriale de la préscolarisation reste très dis- parate. Elle est plus marquée en milieu urbain (69,9%) qu’en milieu rural (20%). Sans grande surprise, il s’avère que les enfants issus du milieu urbain ont 3,5 fois plus de chances d’être préscolarisés que les enfants issus du milieu rural. Pareillement, les enfants ayant une fratrie nombreuse sont plus enclins que d’autres à la non-préscolarisation. Dans le même sillage, il est à noter que les chances d’accès à la préscolarisation augmen- tent avec le niveau scolaire du

chef de ménage. Dans le détail, si le chef de ménage a un niveau d’études supérieures, le taux de préscolarisation des enfants est près de 2,9 fois supérieur à celui des enfants dont le chef de ménage n’est jamais allé à l’école, et plus de 2 fois supérieur à celui des enfants dont le chef de ménage a atteint un niveau scolaire pri- maire, précise la même source. L’autre facteur déterminant est la catégorie socioprofession- nelle du chef de ménage. De fait, les parents ayant un haut emploi sont plus intransigeants quant à la préscolarisation : plus de 70% de leurs enfants âgés de 4 à 6 ans sont prés- colarisés. A contrario, plus des trois quarts des enfants des exploitants agricoles et des ouvriers sont privés de la prés- colarisation.

M alheureuse- ment, fréquen- ter les bancs de l’école relè- verait encore du «luxe» pour une tranche non négligeable de la popu- lation marocaine, à en croire les chiffres publiés par le haut- commissariat au Plan dans le cadre de sa revue «Les Cahiers au plan» sortie en décembre dernier. Ladite revue fait état, entre autres, des inégalités des chances scolaires au Maroc. En effet, elle précise que selon les données du recensement général de la population et de l’habitat au Maroc (2014), un peu plus de la moitié des enfants (51,9%) âgés de 4 à 6 ans n’avaient pas encore fréquenté un établissement d’enseignement préscolaire. Et ce, soit pour des raisons liées à l’offre et à la demande Par M. Boukhari

Les disparités régionales peuvent constituer à elles seules la cause structu- relle et struc- turant l’accès à l’école.

Aux origines des inégalités C’est un secret de polichi-

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