FNH N° 1092

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 19 JANVIER 2023

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sans savoir ce qu’elle recouvre exactement. Pourriez-vous éclai- rer notre lanterne sur ce point ? F. M. : La nomination «musique anda- louse» vient surtout du lieu de naissance de cette musique; ses origines remontent au règne des Omeyades en Andalousie. C'est le résultat d'un métissage entre la musique arabe venue de l'Orient, la musique afro-berbère du Maghreb et la musique pratiquée dans la péninsule ibérique avant l'année 711. F.N.H. : Véritables passeurs, les chanteurs et musiciens juifs marocains y étaient pour beau- coup dans l’introduction et le rayonnement de la ala et du ghar- nati … F. M. : Héritiers de ce patrimoine musical et culturel judéo-marocain, les chanteurs et musiciens juifs portent la responsabi- lité de pérenniser cet héritage si impor- tant pour notre identité marocaine plu- rielle, et nous avons pris l'engagement de les accompagner dans cette mission. Concernant Al Ala, plusieurs Haik sont transcrits et publiés en hébreu grâce à Shelomo Ha-Cohen, puis le maître musicien David Iflah et le grand poète hébraïque David Elkaïm, R. Hayim ben 'Attar et autres. Le pionnier de la renais- sance et la redécouverte des séries poé- tico-musicales andalous-marocaines est sans conteste Meïr El'azar Attia, en ini- tiant des milliers de jeunes et de moins jeunes à l'art du chant et de la musique, en produisant des dizaines de cassettes et de disques compacts et en publiant des anthologies chaque fois remaniées, comprenant en particulier les poèmes hébraïques et judéo-arabes de R. David Bouzaglo. Il a su créer une générations de musiciens et chanteurs fiers de porter

Le 12 janvier, l’AMMA a convié tous ceux qui voulaient s'immerger dans la magie de l’héritage andalou, servi par de grands noms, tels Mohamed Briouel, la diva Mor Karbasi, la douce Nabyla Maan, le ténor Coco Diam’s et le talentueux Ahmed Marbouh.

le flambeau et garantir ainsi des passe- relles pour les générations futures. Autres que Al Ala, nous nous investis- sons dans le répertoire judéo-marocain du melhoun, gharnati, chgouri et chant soufi. Nous veillons à rassembler nos deux communautés, juives et musul- manes, dans toutes nos productions artistiques et culturelles et à diversifier le programme afin de diffuser et partager le maximum de notre richesse culturelle marocaine. F.N.H. : Le 12 janvier, un détour s'est donc imposé pour qui vou- lait avoir son content d’effluves d’un passé lointain et proche… F. M. : En effet, le 12 janvier est un début d'une année porteuse de lumière et du bonheur du vivre ensemble, sous la cas- quette de la pluralité de notre identité marocaine à la culture riche et diversi- fiée. ◆

Lexique

«La ala». Musique savante comprenant onze noubat, cha- cune divisée en cinq mouvements, mizan, joués sur cinq rythmes de base à l’aide d’instruments tels que le qanbouz ou le rbab, le violon, le oud ramal, le violoncelle, l’alto, le tar et la derbouka. Comme al-ala, «tarab al-gharnati» uti- lise le rbab, l'oud ou le violon avec l'ajout de mandoline et de banjo. La nouba (4 inachevées sur 16) en fait également partie intégrante. Mais contrairement à la ala, où l'ins- trument est important, comme son nom l'indique, tarab al-gharnati préfère le chant sous ses aspects solitaire et solidaire. Bases et instruments « Nouba ». C’est une composition musicale construite sur un mode dont elle prend le nom (nouba maya, par exemple). Zyriab, au IXème siècle, a porté le nombre de nouba à 24 correspondant aux 24 heures de la journée. Il en reste onze au Maroc, douze en Algérie, treize en Tunisie. « Tarab ». Équivalent de chant, signifie littéralement l’ex- tase. « Zajal ». Poésie exprimée en arabe marocain. « Mizan ». Chacune des cinq phases rythmiques sur les- quelles sont joués les cinq mouvements composant une nouba. « Oud ramal» . Luth à fond rond, muni de quatre chœurs doubles. « Qanbouz» . Luth monoxyde (taillé dans une seule pièce de bois), à table en bois et peau à manche plat. « Rbab ». Vielle à archet, à caisse monoxyde. « Derbouka ». Tambour en gobelet de terre cuite ou en métal, tendu d’une peau de chèvre. « Tar ». Tambourin avec cymbalettes. « Nagharat ». Petites timbales, petits tambours sur lesquels on frappe avec des baguettes. « Qanoun ». Instrument de musique à cordes, qui a la forme d’un trapèze, à caisse de bois et table plate.

L’AMMA joue bien sa partition

L’Association marocaine de la musique andalouse (AMMA) est une association qui est très active dans la promotion de la diversité et de la richesse de la musique andalouse marocaine, ses composantes et ses dérivés. Un engagement qui s’exprime à travers de multitudes initiatives destinées à préserver le patrimoine culturel, spirituel et civilisationnel du Maroc. «Préserver et poursuivre le dialogue entre les civilisations, les nations et les reli- gions à travers la culture et la musique, tel est le leitmotiv de l’Association maro- caine de la musique andalouse, en produisant un programme artistique 2023 représentatif de toutes les composantes de notre ADN marocain et en s'ouvrant sur les autres civilisations via des ponts culturels nous reliant à des peuples et pays amis de notre Maroc».

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