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SOCIÉTÉ
FINANCES NEWS HEBDO
MERCREDI 30 JUIN 2021
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Concernant les vaccins, une étude effec- tuée en Grande-Bretagne a révélé que pour les personnes qui ont été vaccinées par AstraZeneca et Pfizer, l’efficacité des vac- cins est réduite à 50% quand il s’agit du variant Alpha, et considérablement réduite à 31% concernant le variant Delta. Ce qui
signifie que 70% des personnes qui n’ont reçu qu’une seule dose vaccinale courent le risque de refaire la maladie. Cependant, des lueurs d’espoir existent, avec cette bonne nouvelle mise en exergue par des études. Celles- ci ont démontré que pour les personnes qui ont complété leurs vaccinations (2 doses), l’efficacité est estimée entre 80 à 90%, avec pratiquement le même
Actuellement, il faut rester vigilant, faire le vaccin et suivre les gestes barrières pour se protéger en attendant l’immu- nité collective.
taux de réussite contre les autres variants, et même plus de 94% contre les formes graves. F.N.H. : Le virus se réplique et mute. Serait-il possible de le contrer en le faisant «muter à mort», dans un processus que les scientifiques appellent communément «mutage- nèse létale» ? T. H. : Effectivement, c’est une piste de recherche. La mutagenèse létale est une notion scientifique qui ne date pas d’au- jourd’hui avec l’avènement de la covid-19, car elle existe depuis plus de 3 décennies. Les chercheurs et scientifiques travaillent sur cette hypothèse, qui consiste à mettre au profit de la science certaines caractéristiques de la mutation du virus. Les scientifiques pensent qu’on pourrait pousser ces virus à faire beaucoup de mutations, de sorte qu’ils ne soient plus capables de se reproduire, et donc ne plus pouvoir sécréter des protéines qui leur permettent de se multiplier et se propager. Les médicaments, notamment les antiviraux qui provoquent une mutagenèse létale, ont déjà été testés contre d'autres virus. C’est une piste à explorer. Mais cette technique est plutôt une recherche pour l’avenir, mais pas une solution immé- diate pour le coronavirus. Il y a une autre branche, celle que l’on a tendance à oublier : il s’agit des médicaments contre le corona- virus pour traiter les personnes qui ont déjà attrapé le virus. Si on arrive à trouver un traitement efficace, ce sera une excellente chose pour réaliser une bonne combinaison entre vaccins et médicaments. Actuellement, il faut rester vigilant, faire le vaccin et respecter les gestes barrières pour se protéger en attendant l’immunité collec- tive. ◆
fois qu’on avance dans la pandémie et dans la vaccination, on aura des mutations qui seront de plus en plus inquiétantes et graves. C’est ce qu’on appelle la pression immunitaire. On n’a pas une population pla- nétaire (8 milliards) qui a une virginité viro- logique par rapport au Sars-Cov-2. C’est-à- dire, au départ, personne ne possédait les anticorps contre ce virus. Par contre, avec la persistance de la pandémie, il y a eu des centaines de millions de personnes qui ont attrapé le virus et qui ont, par conséquent, développé des anticorps. Certes, il y a eu des décès de par le monde, mais plus de 99% de la population s’en sortent, donc ils gardent des anticorps. L’autre point à soulever est la vaccination qui avance. Nous avons actuellement des centaines de mil- lions de personnes dans le monde qui sont vaccinées et qui développent des anticorps. Il est vrai que le virus connaît des mutations; et ces mutations, en présence d’anticorps ou d’immunité, détournent cette immunité qui est acquise soit par le vaccin soit par la maladie. Le processus de la sélection natu- relle fait que l’on va se retrouver avec de plus en plus de mutations, qui vont détour- ner l’immunité et les effets des anticorps, ce qui signifie qu’on aura davantage de variants dit «inquiétants». Là, nous parlons à l’échelle de la pandémie sur une, deux ou trois années d’évolution du virus et ses mutations. Sur le long terme, la vaccination et l’immunité finissent par vaincre le virus; ce dernier s’affaiblit et devient un virus comme les autres, à l’image de la grippe ou le rhume. Voilà ce qui nous amène à parler de l’injustice vaccinale. L’Inde l’a très bien
démontrée, et il y a énormément de pays où le virus circule librement. Un virus qui circule mute en continu et, par conséquent, ces mutations-là seront encore plus graves. L’Angleterre, par exemple, a vacciné une bonne partie de sa population, et elle se retrouve aujourd’hui prise en otage par des variants indiens. C’est là où réside toute la problématique. On n’a pas d’autres alterna- tives, il faut vacciner le maximum possible de la population et respecter les mesures sanitaires pour freiner les mutations. De même, il est important de réduire et de gérer les rassemblements, c’est la seule solution pour rompre la chaîne du virus. F.N.H. : Les cas détectés du coro- navirus liés au variant Delta, enre- gistrés ces derniers jours chez des personnes vaccinées, inquiètent vraiment. Ces contaminations par le variant Delta après une vaccination sont-elles normales ? T. H. : Malheureusement, le variant Delta affaiblit l’efficacité des vaccins qui sont disponibles actuellement. En effet, des études ont montré que les personnes qui ont déjà contracté le virus de la covid-19 avec d’autres souches, la classique, Alpha, Beta, Gama ont plus de risque de faire une réinfection avec Delta. Surtout les per- sonnes qui ont été atteintes du coronavirus dû aux variants sud-africain et brésilien : elles ont plus de risque d’attraper une nou- velle fois la maladie. Pour ceux qui ont été porteurs du virus (souche classique et Alpha), le risque est moindre par rapport à Beta et Gama.
Si on arrive à trouver un traitement efficace contre la Covid-19, ce sera une excellente chose pour réaliser une bonne combi- naison entre vaccins et médicaments.
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