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BOURSE & FINANCES
DU 27/28/29/30/31 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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du recours au financement non conventionnel est limité. Elle s’assure que les mécanismes de transmission fonctionnent. Elle prête une attention particulière aux doléances des PME et TPE. Mais il y a une dimension dans les relations banques-entreprises qui relève des parties prenantes directement concernées. Le sys- tème bancaire est certainement appelé à revoir ses techniques de financement, à diversifier ses produits, à décentraliser ses déci- sions, à prendre plus de risques notamment dans le financement de l’industrie et des PME. F.N.H. : Que pensez-vous de la suggestion de plusieurs économistes qui estiment qu’il serait salvateur pour l’économie nationale d’ar- river à un taux d’inflation oscillant entre 4 et 5% L. J. : Du fait de cette pandémie qui paralyse une partie de l’acti- vité économique, les recettes fis- cales (basées sur les revenus et sur la vente de biens et services) vont plonger. Demander aux États de diminuer leurs dépenses serait absurde, alors que jugu- ler la pandémie et répondre à la crise économique exigent des dépenses publiques accrues. L’accroissement de la ponc- tion fiscale paraît aussi difficile. Pour couvrir l’inévitable déséqui- libre entre recettes et dépenses publiques et refaire démarrer la machine économique, soit les États doivent s’endetter, soit ils doivent d’une façon ou d’une autre activer la planche à billets. C’est-à-dire qu’ils doivent reven- diquer un déficit budgétaire non équilibré par un endettement. On évoque souvent le cas du gouvernement britannique qui a fait tomber un tabou, le mois dernier, en recourant au finan- cement monétaire pour financer les mesures extraordinaires de soutien à l'économie prises dans le contexte de la pandémie du Covid-19. Applaudi par certains, condamné par d’autres, ce méca- nisme limite le recours au marché obligataire et permet d'avoir les ressources, tout en rassurant le
Bank Al-Maghrib comme toutes les Banques centrales a un mandat de stabilité des prix. Elle agit sur la liquidité bancaire, sur le taux de refinancement. Le champ du recours au financement non conventionnel est limité.
seront vraisemblablement modu- lés en fonction des spécificités de chaque secteur, taillés en tenant compte des capacités de démarrage. Les aides financières devraient être conditionnées et indexées à des objectifs pour évi- ter un saupoudrage à l’aveugle. Les ressources affectées aux secteurs dépendront vraisembla- blement de la configuration du tissu des entreprises, de la capa- cité des grandes entreprises à jouer un rôle de locomotive des PME et TPE et de la consolidation de la sous-traitance. F.N.H. : Bank Al-Maghrib a souvent été critiquée sur sa politique monétaire. Cette dernière favoriserait la maîtrise de l’inflation au détriment de la croissance et de l’emploi. Selon vous, la politique monétaire menée actuellement est- elle de nature à permettre au Maroc de sortir rapi- dement de cette crise de l’offre et de la demande ? L. J. : Elle n’est pas la seule insti- tution à être interpellée. D’autres banques et non des moindres, dont la Banque centrale euro- péenne (BCE), ont essuyé des foudres de guerre. Est particuliè- rement visée leur faible efficacité macroéconomique. Les critiques sont injustes et excessives, elles
sont peut-être à la mesure des espoirs placés dans la Banque centrale pour régler, à elle seule, les dommages de la crise. Ces controverses, à l’origine circons- crites à quelques cercles d’ex- perts et d’économistes, sont aujourd’hui relayées par des élus, des responsables politiques. En instillant le doute sur le bien-fon- dé et les finalités de la stratégie de BAM, elles risquent d’affai- blir la crédibilité de la Banque centrale et son indépendance. En fait, aux côtés des pouvoirs publics, Bank Al-Maghrib est pleinement mobilisée dans cette bataille économique. En réaction à la crise sanitaire, elle a pris des décisions fortes et rapides pour soutenir le financement de l’économie. En soutenant la liqui- dité des banques, elle soutient leurs clients, c’est-à-dire tous ceux qui ont besoin d’obtenir des crédits auprès des banques : les ménages et les entreprises, notamment les PME et les TPE, qui peuvent avoir des besoins urgents de trésorerie à combler. Dans le cadre de ses missions, BAM, soutient le bon financement des entreprises et les ménages fragiles. Elle agit d’abord dans le cadre de la médiation du crédit : ce dispositif public vient en aide à toute entreprise qui rencontre des difficultés avec un ou plu- sieurs établissements financiers
(banques, crédit bailleurs, socié- tés d’affacturage, assureurs-cré- dit, etc.). Elle surveille également les délais de paiement interentre- prises, une règle indispensable à la survie de certaines entreprises. BAM en tant que garante de la sta- bilité du système financier, veille à la solidité du secteur bancaire, qui est essentielle au finance- ment de nombreuses entreprises, surtout les plus petites. Dans ce cadre, certaines exigences règle- mentaires pesant sur les banques ont été relâchées, afin que celles- ci optimisent leurs capacités à financer les entreprises. En tant que gardienne de la monnaie, elle assure le bon fonctionne- ment des paiements en période de crise. Des dispositions ont été prises pour qu’il ne résulte aucune conséquence de cette situation inédite pour les Marocains dans l’accès aux espèces, en veillant à l’alimentation des points de distribution d’espèces sur tout le territoire. Aujourd’hui, toutes les Banques centrales essaient de faire la même chose : maîtri- ser l'inflation, soutenir l'activité et assurer la stabilité financière, même s'il y a des contraintes institutionnelles différentes. Bank Al-Maghrib, comme toutes les Banques centrales, a un mandat de stabilité des prix. Elle agit sur la liquidité bancaire, sur le taux de refinancement. Le champ
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