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ECONOMIE
DU 27/28/29/30/31 MAI 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Enseignement à distance
◆ La crise sanitaire est une opportunité pour donner une nouvelle impulsion au secteur. ◆ Les disparités régionales, sociales et technologiques sont les principaux handicaps. Des atouts confirmés, mais aussi des limites L a crise sanitaire cau- sée par la pandémie du Covid-19 a mis sous les feux de la rampe l’ensei- gnement à distance qui Par C. Jaidani
a été appelé à la rescousse pour remédier à l’arrêt temporaire de l’enseignement conventionnel pendant la période du confine- ment. A son lancement, cette méthode a été critiquée par le corps ensei- gnant et les parents d’élèves. Saaid Amzazi, le ministre de tutelle, a reconnu dans plusieurs interventions que «ce système ne peut en aucun cas remplacer la présence physique des écoliers ou des étudiants dans leurs ins- titutions, mais il ouvre de réelles perspectives dans le secteur». Faisant référence à la possibi- lité d’un déploiement plus large du e-learning, Amzazi a affirmé devant le Parlement que «malgré les conditions difficiles, le taux de suivi de l’enseignement à dis- tance est encourageant. Il est de 96% dans le secteur privé et de 71% dans le secteur public. Cela montre l’adhésion spontanée de la population cible». Il explique par ailleurs que le processus de digitalisation du secteur a commencé depuis un certain temps avec le programme de généralisation des technolo- gies de l’information et de com- munication dans l’enseignement au Maroc (GENIE), qui a permis d’équiper plus de 85% d’institu- tions pédagogiques en matériel informatique. Toutefois, force est de consta- ter que l’actuelle expérience de l’enseignement à distance au Maroc a montré quelques limites,
et nécessite des conditions indis- pensables pour réussir. «Des efforts importants ont été fournis pour lutter contre la déperdition scolaire, qui demeure importante dans le milieu rural avec un taux de 23,9% et de 13,1% dans le milieu urbain. La pauvreté en est la principale cause. Plusieurs élèves n’ont pas pu suivre les cours online à cause de l’absence d’outils informa- tiques et de connexion Internet. Une situation qui peut accen- tuer la déperdition», souligne Youssef Saâdni, enseignant- chercheur à l’Université Hassan II de Casablanca et expert dans le secteur de l’éducation. «Si le Maroc veut gagner le défi de la digitalisation du secteur, il doit investir massivement pour réduire les inégalités régionales et sociales en matière d’accès et de vulgarisation des outils péda- gogiques de l’e-learning. Ce sys- tème a fait ses preuves dans plu- sieurs pays et a donné une forte impulsion à l’apprentissage des enfants mais encore faut-il le sim- plifier et le rendre plus pratique»,
rapporte Saâdani. En effet, des observations ont été avancées par les personnes concernées notamment les ensei- gnants et les parents d’élèves. Le système présente des avan- tages indéniables au niveau de la flexibilité permettant aux élèves qui ont des difficultés de com- préhension de refaire le cours ou d’avoir des explications complé- mentaires. Pour les apprenants qui sont dans le milieu rural et qui doivent aider leurs familles, ils peuvent accéder aux cours pen- dant leur temps libre. D’autres complications ont été relevées. En effet, plusieurs enseignants de l’ancienne géné- ration n’avaient pas les notions de base requises en matière de nouvelles technologies. Outre les disparités régionales et sociales, on note également la présence de disparités technologiques. «Cette crise est une opportunité pour le Royaume de travailler davantage la digitalisation du secteur. Il faut tirer les enseigne- ments qui s’imposent et capita- liser sur les points positifs pour
instaurer une nouvelle culture tournée vers le digital» , indique Saâdani. Il explique qu’il faut plusieurs pro- grammes de formation pour que le corps pédagogique soit initié. Le contenu doit être reformulé et adapté. Pour remplacer les travaux pratiques, les vidéos et autres capsules doivent être plus explicites et plus claires. En dépit des difficultés, il faut reconnaître que le développe- ment de l’enseignement à dis- tance permettra au Maroc de rattraper le retard technologique à plusieurs niveaux dans les années à venir. Il devrait prépa- rer les jeunes d’aujourd’hui à un monde plus numérisé. ◆ Plusieurs élèves n’ont pas pu suivre les cours online à cause de l’absence d’outils informatiques et de connexion Internet.
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