FNH N° 1173

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 15 novembre 2024 - 8 DH - N° 1173

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Victoire de Trump

Neutralité concurrentielle

Des règles affinées pour une économie plus juste

Quels impacts sur l’économie marocaine ?

P. 16 à 18

 A. Rahhou, Pdt du Conseil de la concurrence

P. 22/23

La Bourse a enfin ses produits dérivés MARCHÉ À TERME ● Les régulateurs et opérateurs du marché des capitaux ont donné le coup d’envoi du très attendu marché à terme, ouvrant la voie à une nouvelle étape dans la transformation des infrastructures du marché des capitaux.

P. 10 à 12

ASFIM

Provinces du Sud La nouvelle priorité économique et diplomatique de Paris

Un encours global sous gestion de 660 milliards de dirhams

 Réda Hilali, président de l’ASFIM

P. 14/15

P. 30/31

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : Paul Biya - Teodoro Obiang : Le cré- puscule des dinosaures politiques Ça se passe au Maroc 4 6 4 ACTUALITÉ

Smartprof for Business : «Le marché de l’EdTech évolue rapidement, il est donc crucial d’innover en permanence» 29 L'UNIVERS DES TPME 29 Provinces du Sud : La nouvelle priorité économique et diplomatique de Paris 30 30 POLITIQUE

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Impuissance collective Palestine

34 34 32 33 32 36 36 SANTÉ 38 38 41 41

L

8 8 BOURSE & FINANCES

e Sommet extraordinaire arabo-islamique de Riyad, tenu le 11 novembre courant, a encore une fois sonné les trompettes de la solidarité inébranlable avec le peuple palestinien. Un soutien qui, à chaque réunion de ce type, résonne comme un mantra diplomatique. Al Qods- Est comme capitale, les frontières de 1967, le droit au retour des réfugiés…, autant de principes défendus sans relâche depuis des décennies. La délégation marocaine,

Transition énergétique : Cap sur le Sahara marocain COP29 : Entre méfiance, espoir et urgence clima- tique DEVELOPPEMENT DURABLE

emmenée par le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a d’ailleurs rappelé avec ferveur les positions du Royaume, ancrées dans une vision de paix durable. Le Roi Mohammed VI, à travers ses messages, martèle l’urgence d’une solution juste, tout en réaffirmant son soutien aux droits des Palestiniens. Et pourtant, cette centralité proclamée de la cause palestinienne semble faire face à une inertie géopolitique qui, loin de s’estomper, s’intensifie sur le terrain. Car pendant que Riyad s'illumine de grandes déclarations, les Palestiniens continuent de vivre l'enfer au quotidien. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, est d'ailleurs venu rappeler l’âpreté de cette réalité en déclarant, presque avec une pointe de cynisme, que la création d’un Etat palestinien était loin d’être «réaliste». La justification ? «Un Etat Hamas» en perspective, une menace sécuritaire pour Israël. Ce discours, martelé à intervalles réguliers par les représentants israéliens, illustre bien le mur non seulement physique, mais aussi idéologique qui sépare les aspirations des Palestiniens de la stratégie d’Israël. Dans ce contexte, une nouvelle silhouette s’invite sur la scène : Donald Trump, président élu des Etats-Unis. A lui aussi, Riyad envoie un mes- sage sous forme d’appel à la responsabilité. Certains rêvent encore que l’Amérique puisse, dans un éclair de pragmatisme, contribuer à apai- ser cette région tumultueuse. Mais pour beaucoup, l’image de Trump évoque surtout une incertitude nouvelle, presque une résurgence de la «realpolitik» où le rêve d'un Etat palestinien pourrait se dissiper. En tout cas, avec le temps, le soutien à la cause palestinienne semble, pour certains, relever désormais de la pure diplomatie symbolique, plus ancrée dans l’histoire que dans une solution concrète. Car derrière les mots contenus dans le communiqué final de ce Sommet, derrière les résolutions, derrière une solidarité réaffirmée…, il reste cette question : que faire lorsque les résolutions et les condamnations n'émeuvent plus, lorsque l’occupant reste imperturbable et que la communauté internationale demeure impassible ? Que faire face à cette impuissance collective ? Parce que, soyons honnêtes, si ce Sommet a réaffirmé beaucoup de choses et a surtout rappelé l’urgente nécessité de sortir de l’impasse, il n’a pas apporté de solutions concrètes pouvant offrir aux Palestiniens les moyens d’une vraie paix. u

Point Bourse Hebdo : Un marché condamné à grim- per Marché à terme : La Bourse a enfin ses produits dérivés Marché à terme : Comment fonctionnent les Futures Crédits bancaires : Une reprise soutenue par des investissements majeurs ASFIM : Un encours global sous gestion de 660 mil- liards de dirhams

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HIGH-TECH

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16 ECONOMIE 16

Entretien avec Asad Lusbaronian : Video Game Creator, le Maroc, futur hub du gaming ?

Urgences médicales au Maroc : Un service pivot en proie à une crise persistante

Neutralité concurrentielle : Le Maroc affine ses règles pour une économie plus juste Entreprises publiques vs privées : Comment garan- tir une concurrence équitable ? Entretien avec Halima Bensouda : Neutralité concurrentielle, «La réforme des EEP permettra d’éliminer toute discrimination entre les entre- prises» Industrie : Le Maroc à la conquête des chaînes de valeur mondiales Industrie automobile : Somaca monte en puissance avec la fabrication de Renault Kardian Réforme des CRI : Une aubaine pour l’investisse- ment Victoire de Trump : Quels impacts pour l’économie mondiale et marocaine ? Entretien avec Abdelkhalek Hassini : Réforme de la gouvernance des MRE, «La restructuration vise à établir un cadre institutionnel cohérent et adapté aux nouvelles réalités» Démographie : Le RGPH 2024 dévoile des risques majeurs pour le renouvellement de la population Plantes aromatiques et médicinales : La filière présente d’énormes potentialités à la production et à l’export

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SOCIÉTÉ

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Entretien avec Majdouline Benchrif : Femmes et médias, «Je rêve d'un temps où une possible justesse d'écriture de ce qui nous traverse serait possible»

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CULTURE

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Entretien avec Dr Ali Benziane : Sortie littéraire, «Dans le futur, l'histoire retiendra Gaza comme un nouvel Auschwitz»

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• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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VOYONS VOIR

Paul Biya - Teodoro Obiang

Le crépuscule des dinosaures politiques

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Par D. William

ans un monde où tout s’accé- lère (la technologie, l’information, même le changement climatique), certains dirigeants semblent avoir trouvé le secret pour échapper à l’érosion du temps. Au Cameroun, Paul Biya règne depuis 1982. En Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema trône depuis 1979. Oui, vous avez bien lu. Près d'un demi-siècle de pouvoir pour ces deux dinaosaures politiques, deve- nus presque aussi éternels que les montagnes et les rivières de leurs pays respectifs, où des millions de citoyens n'ont jamais connu d'autre dirigeant. Commençons par Paul Biya, «le fantôme du Cameroun» (sic !). A 91 ans, c’est un homme bien mystérieux. En septembre dernier, il a disparu des radars pendant 50 jours. Pendant ce temps, le Cameroun s’est lancé dans un sport national : spéculer sur sa santé. Etait-il mort ? Etait-il agoni- sant ? Ou bien méditait-il sur l’art de gouverner sans gouverner ? Ses ministres, dans l'embarras, se sont relayés pour rassurer la popu- lation. Et le 21 octobre, surprise ! Paul Biya réapparaît comme par magie. Pour une majorité de Camerounais, il est le seul président qu'ils aient jamais connu. Alors, forcément, ses détracteurs attendent impa-

tiemment qu'il passe enfin la main, mais Biya semble bien décidé à les faire attendre encore un peu… ou beaucoup. Le Cameroun, sous le règne de Biya, est un pays de contrastes. Abondant en ressources natu- relles, il reste pourtant embourbé dans la pauvreté et la corruption. Transparency International place le pays au 140 ème rang mondial (sur 180) des pays les plus corrom- pus. Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM) classe le pays 151 ème sur 193 pays dans l’indice de développement humain 2023/2024. En cela, plus de 23% des Camerounais vivent en des- sous du seuil de pauvreté interna- tional (2,15 dollars par personne et par jour), et l'extrême pauvreté pourrait atteindre 25% d'ici 2026, touchant 8 millions de personnes. Mais la longévité de Biya ne se limite pas à ses années de pouvoir; elle s’étend aussi à sa capacité à transformer le pays en un système où la survie politique est garantie par le clientélisme et le népotisme.

vreté, les infrastructures médiocres et la corruption (172ème rang mondial sur 180). Selon la Banque mondiale, la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté international, alors que ce pays est classé troisième pays le plus riche d'Afrique subsaharienne en PIB annuel par habitant en 2021 (8.462 dollars). Teodoro Obiang, 82 ans, a lui aussi l'air décidé à ne jamais quitter le pouvoir de son vivant. Les ambi- tions dynastiques pointent même à l’horizon avec son fils, Teodorín, déjà bien en place pour reprendre le flambeau. Ainsi, Obiang et Biya partagent plus qu'une frontière géographique : ils incarnent tous deux un modèle de pouvoir à vie où le changement politique reste une idée exotique. S’ils étaient des exceptions, on pourrait sourire de leurs lubies de longévité. Mais le continent africain semble s’être fait une spécialité de ces présidents qui s'accrochent au pouvoir jusqu'à ce que la faucheuse elle-même vienne les libérer. C’est une triste ironie : ces hommes qui ont mené des luttes pour libérer leurs pays du colonialisme sont aujourd'hui eux-mêmes les nou- veaux colons. Colons du pouvoir, captifs de leurs privilèges souvent indus, incapables d’imaginer un avenir où ils ne seraient plus au sommet. Le syndrome du président éternel ne se limite d’ailleurs pas à l’Afrique centrale. Au Zimbabwe, Robert Mugabe a défié les lois de la vieil- lesse et de la dignité en s’agrippant au pouvoir jusqu'à 93 ans, avant de finalement être chassé par ses propres alliés militaires. Au Tchad,

Idriss Déby a mené son pays d’une main de fer pendant trois décen- nies jusqu'à ce que la guerre le rattrape. Et la liste est longue. Mais que se passe-t-il une fois que ces dinosaures politiques dispa- raissent ? Le plus souvent, c’est le chaos. En tout cas, sans garde-fous ins- titutionnels, le Cameroun et la Guinée équatoriale risquent de connaître une transition chaotique. Car l’histoire politique de l’Afrique nous renseigne que les transitions post-autocratie sont rarement douces. Ali Bongo, au Gabon, l’a appris à ses dépens : après avoir hérité du pouvoir de son père, il a été chassé par les militaires sous les applaudissements de la popu- lation. Pour Biya et Obiang, le rêve d’un règne éternel pourrait bien tourner au cauchemar pour leurs héritiers. Sans institutions solides ni alter- nance politique, l’instabilité est presque inévitable. Et les militaires, sentinelles silencieuses, attendent souvent le moment opportun pour «rétablir l’ordre». Mais, à la fin que retiendra-t-on de Paul Biya et de Teodoro Obiang ? Deux choses, à mon sens : • Primo : ils sont peut-être les der- niers représentants d'une ère révo- lue. Une ère où le pouvoir s’accu- mulait, se transmettait comme un héritage et où l’idée même de démocratie servait juste de vitrine pour séduire les partenaires étran- gers. • Secundo : Ils ont prouvé une chose : le pouvoir en Afrique, c’est comme le vin de palme, ça se conserve longtemps. Parfois un peu trop longtemps. ◆

Teodoro Obiang, 45 ans de règne

A quelques centaines de kilomètres de là, Teodoro Obiang règne d'une main de fer sur la Guinée équa- toriale depuis 45 ans. Il est l'un des chefs d'Etat les plus riches d'Afrique grâce à des décennies de contrôle sans partage sur le pétrole équato-guinéen. Pourtant, la majorité de ses concitoyens n'a que peu bénéficié de cette manne pétrolière. Pendant que la famille Obiang accumule les villas et voitures de luxe, le pays reste miné par la pau-

Obiang et Biya partagent plus qu'une frontière géographique : ils incarnent tous deux un modèle de pouvoir à vie où le changement politique reste une idée exotique.

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Le Directeur Général du Groupe Barid Al-Maghrib et l’ensemble de la famille postière ont l’insigne honneur de présenter leurs vœux les plus déférents à NOTRE AUGUSTE SOUVERAIN, À l’occasion du 69 ème anniversaire de la Fête de l’Indépendance

SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI QUE DIEU L’ASSISTE

et renouvellent leur indéfectible attachement au Glorieux Trône Alaouite. Puisse Dieu accorder longue vie à Sa Majesté le Roi et le combler en la personne de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan, de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid ainsi que de tous les membres de l’Illustre Famille Royale.

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ÇA SE PASSE AU MAROC

PLF 2025 Adoption de la 1 ère partie à la Chambre des représentants L a Commission des finances et du développement économique a adopté à la majorité, mercredi à la Chambre

des représentants, la première partie du projet de Loi de Finances (PLF) 2025. À l’issue d’une séance de discussion de 23 heures consécutives, la première partie du PLF 2025 a été approuvée par 26 voix pour et 11 voix contre. Plus de 540 amendements ont été soumis au cours de cette séance qui s’est déroulée en présence du ministre délé- gué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa. «Les travaux ont été marqués par un débat sain et responsable entre le gouvernement et les députés, tant de la majorité que de l’opposition» , a souligné la présidente de la Commission des finances et du déve-

Tourisme

Nouveau record avec 14,6 millions d'arrivées à fin octobre L e Maroc a atteint un nouveau record de 14,6 millions de touristes à fin octobre dernier, dépassant en seulement 10 mois, le record absolu de l'année 2023 entière, selon la ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor. Cette performance exceptionnelle a été réalisée grâce à la mise en œuvre effective de la feuille de route du tourisme 2023-2026, a expliqué Ammor à l'occasion de la signature d’un MoU entre l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et la com- pagnie aérienne Ryanair. Ce MoU porte sur le lan- cement à partir de janvier 2025 de deux nouvelles dessertes aériennes directes reliant Marrakech à Madrid, en Espagne, et à Lanzarote, aux Îles Canaries. Ainsi, cette performance représente une hausse de 19% par rapport à la même période en 2023, soit 2,3 millions d'arrivées supplémentaires. Elle est portée à la fois par les touristes étrangers, en hausse de 22% (+1,3 million), et par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), en progression de 16% (+1 million). Le mois d’octobre 2024 a particulière- ment performé avec environ 1,5 million de touristes accueillis, soit une augmentation exceptionnelle de 30% par rapport à octobre 2023. ■

loppement économique, Zaina Chahim, à l’issue de cette séance de discussion. Et de préciser que le gouvernement avait répondu favorablement à plusieurs amendements proposés. ■

Douanes : Les recettes en hausse à fin octobre L es recettes douanières nettes ont atteint plus de 76,28 milliards de dirhams à fin octobre 2024, en hausse de 9,8% comparativement à la même période un an aupara- vant, selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR). Ces recettes, qui proviennent des droits de douane, de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à l'importation et de la taxe intérieure sur la consommation (TIC) sur les produits énergétiques, tiennent compte de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux de 99 MDH à fin octobre 2024 contre 62 MDH un an auparavant. Les recettes nettes des droits de douane ont dépassé 13,35 Mds de DH, en croissance de 5,3% par rapport à fin octobre 2023, fait savoir la même source, ajoutant que les recettes

nettes provenant de la TVA à l'im- portation ont, quant à elles, pro- gressé de 10,9% à 48 Mds de DH. Pour ce qui est des recettes nettes de la TIC sur les produits énergé- tiques, elles ont atteint 14,86 Mds de DH, en amélioration de 10,5% par rapport à leur niveau de fin octobre 2023, compte tenu de rem- boursements, dégrèvements et res- titutions fiscaux de 53 MDH. ■

El Mansouri fait le point

Habitat insalubre et logement social : L e ministère de l’Aménagement du terri- toire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, sous la direction de Fatima Ezzahra El Mansouri, a communiqué des chiffres sur les bénéficiaires des programmes d’aide au logement et de lutte contre l’habitat insalubre. Lors d'une récente session parlementaire, la ministre a indiqué que le programme d’aide

directe au logement a bénéficié à 29.000 ménages au Maroc. Ce programme, visant à soutenir les familles à faibles revenus dans l'accès à la pro- priété, a eu un impact visible sur le secteur du bâtiment, avec une augmentation de 14% des projets autorisés, une hausse de 24,8% des ventes de ciment et une progression de 12,1% des transactions immobilières depuis le début de l'année. ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Un marché condamné à grimper

L Sur des volumes étoffés, le marché a actualisé cette semaine ses plus hauts annuels, tout en se rapprochant des sommets de 2008. e Masi semble avoir un destin tout tracé cette année : grimper, encore et toujours. Cette semaine, les actions à Casablanca se sont offert un beau rallye, portant l’in- dice à ses plus hauts annuels à 14.663 points grâce à un gain heb- domadaire de 2,76%. À ce rythme, il est bien possible que les records de 2008, ces sommets tant convoi- tés mais jamais reconquis, soient bientôt de l’histoire ancienne. Plus que 263 points à escalader et la Bourse de Casablanca peut ins- crire son nom tout en haut du palmarès. Par Y . Seddik

Evolution de l'indice Masi depuis début novembre 2023

actions bénéficient de flux addi- tionnels, ce qui renforce davantage l’arbitrage en faveur des actions. À noter que depuis le début de l'année, le Masi affiche une perfor- mance de 21,25% à son compteur. Les volumes confirment l’engoue- ment : 1,88 milliard de DH échan- gés cette semaine, avec un retour en force des acheteurs après une période de flottement. Les valeurs bancaires ont été les grandes vedettes, avec Attijariwafa bank en première ligne. La première capita- lisation du marché enregistre une hausse de 3,67% à 570 DH, un niveau jamais atteint, suite, entre autres, à une note d’analystes qui projette des bénéfices de 10 mil- liards de DH pour la bancaire en 2025. BCP, de son côté, a drainé 141 millions de DH de volumes, preuve que le secteur bancaire a le vent en poupe en Bourse (+18,61% en YTD). D’ailleurs, les prévisions des ana- lystes sont optimistes pour le sec- teur et s'appuient sur un élargis- sement du spread crédit-PIB, une

TOP Performances

FLOP Performances

Zellidja SA M2M Group Stroc Industrie

-16,9%

+46,34% +12,87%

Réalisations mécaniques SNEP Jet Contractors

-7,87%

-4,74%

+11%

Il faut dire que tous les feux sont au vert. Sur le plan international, l’effet Trump continue de galva- niser les marchés financiers, et la baisse des taux de la FED injecte de l’optimisme dans le système. Sur le front domestique, l’attente d’une saison de résultats pro- metteuse se fait sentir et ajoute un vent d'enthousiasme local au climat globalement favorable. Et avec un marché obligataire en mode baisse des rendements, les

hausse des couvertures de risque de change par les entreprises et le début d'un cycle monétaire accom- modant. Mais ce n’est pas tout. Plusieurs valeurs emblématiques ont aussi atteint de nouveaux sommets : Jet Contractors a touché les 1.655 DH, Marsa Maroc s’est hissée à 500 DH et TGCC suit cette dynamique et grimpe à 455 DH. Bref, les records tombent, et avec eux, le sentiment que le marché est prêt pour aller

toujours plus haut. Pourtant, dans ce climat d’eu- phorie, les investisseurs les plus contrariants – ceux qui aiment agir à contre-courant – com- mencent sans doute à scruter les signaux qui inciteraient à sécu- riser quelques gains. Après tout, dans une Bourse, même condam- née à grimper, il y a toujours un moment où il vaut mieux ralentir pour savourer un peu les sommets avant la prochaine ascension. ◆

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BOURSE & FINANCES

ché, en apportant sécurité et transparence. «Par ailleurs, les instruments financiers à terme sont des produits relativement complexes et comportent un risque intrinsèque important. Il est donc essentiel de s'assu- rer que les acteurs du marché, notamment les intermédiaires et les clients finaux, comprennent bien ces produits. D'où le rôle crucial de la sensibilisation et de l’éducation financière pour assu- rer le bon fonctionnement du marché» , a-t-elle précisé. C'est pourquoi le régulateur a mis en place diverses initiatives, notam- ment en collaboration avec la CFTC, le régulateur américain des produits dérivés, afin de déployer un programme de sen- sibilisation et de formation pour les acteurs du marché. Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib (BAM), a soutenu que cette réforme, qui introduit dans un premier temps le produit «Futures sur indice» , marque un tournant dans la diversifica- tion des instruments financiers, visant à accroître la profondeur et la compétitivité du marché des capitaux marocain. Il a éga- lement souligné l'évolution de trois segments clés du marché des capitaux, à savoir le marché de la dette publique, le mar- ché monétaire et le marché de change, en insistant sur la pro- fondeur, la liquidité et la trans- parence du marché de la dette publique, devenu une référence pour les autres segments. De plus, il a annoncé que BAM prévoit le lancement, début 2025, de deux nouveaux segments : un marché interbancaire de gré à gré de swaps de taux au jour le jour et un marché de change à terme interbancaire, pour per- mettre aux opérateurs écono- miques de se couvrir contre les risques de change. Un produit structurant pour la gestion d’actifs Youssef Rouissi, Directeur géné- ral délégué du pôle Corporate & Investment Banking d’Attija- riwafa bank, s’est réjoui de la

 Tous les intervenants

du marché sont mobilisés pour assurer la réus- site du projet.

Les régulateurs et opérateurs du marché des capitaux ont donné le coup d’envoi, le 12 novembre, du très attendu marché à terme, ouvrant la voie à une nouvelle étape dans la transformation des infrastructures du marché des capitaux. La Bourse a enfin ses produits dérivés Par A. Hlimi L Marché à terme

e marché à terme, lancé en paral- lèle avec une Chambre de com- pensation (CCP), propose des instruments financiers visant à améliorer la liquidité des mar- chés, favoriser l'innovation finan- cière et offrir des solutions de couverture contre les risques pour divers acteurs, tels que les entreprises, les banques et les investisseurs institutionnels. Cependant, qui dit marché à terme dit également nouvelles opportunités et nouveaux risques, que les régulateurs doivent gérer. «La régulation des produits dérivés constitue tou- jours une préoccupation pour les économies avancées, mais elle représente également un enjeu important pour les pays émer- gents et en développement, qui doivent trouver un équilibre déli- cat entre une plus grande inté-

gration au marché financier inter- national, l’attraction des IDE et la protection de l’économie contre les risques financiers» , a déclaré la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Elle a ajouté qu’une entrée mas- sive de capitaux peut entraîner une surchauffe de l’économie et la formation de bulles spé- culatives, tandis qu’une sortie soudaine de capitaux pourrait provoquer une crise financière. Selon elle, le développement du marché des capitaux ne peut être pérenne que si, d’une part, il prend en compte en permanence l’évolution de l’environnement des risques, ce qui impose de nouvelles normes et exigences, et, d’autre part, s’il s’inscrit dans une finance responsable, inclu- sive et durable. «Ces objectifs ne peuvent être atteints sans une

coopération et un échange d’ex- périences, notamment au sein de plateformes de débat et de discussion impliquant toutes les parties prenantes, et en s’inspi- rant des meilleures pratiques et standards internationaux », pour- suit-elle. Un marché de résilience Pour Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), le mar- ché des dérivés est un secteur où la résilience est primordiale. «Cela explique le rôle central que la Chambre de compensa- tion jouera dans la gestion des risques de ce marché» , a-t-elle affirmé. Aux côtés des autres infrastruc- tures de marché, la Chambre de compensation constitue un pilier de la stabilité du mar-

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BOURSE & FINANCES

mise en place de ce marché. «Avec cette nouvelle infrastructure, nous passons d'un marché de gré à gré à un marché organisé, offrant plus de transparence et de standardisation des contrats. Cela se traduit par une réduction des coûts et un environ- nement plus stable pour les investis- seurs» , a-t-il précisé. Lamia Boutaleb, présidente de la banque d’affaires Capital Trust, a rappelé que les produits dérivés élargissent le champ d’action des gestionnaires d’actifs. Elle a éga- lement mis en avant les avantages de ces produits pour la gestion des risques et l'optimisation des porte- feuilles: « Désormais, nous pouvons gérer les risques de manière plus précise, qu'ils concernent les taux d'intérêt, les devises ou les matières premières. Pour un fonds actions, par exemple, il sera possible d'assu- rer une couverture contre la baisse des cours, ce qui permet une meil- leure maîtrise de la volatilité et une stabilité accrue des portefeuilles». Nasser Seddiqi, président de l’Ins- tance de coordination du marché à terme, a souligné l'importance de cette réforme pour la compé- titivité internationale du Maroc : «L’attractivité des marchés maro- cains est renforcée. Désormais, les investisseurs institutionnels, qu’il s’agisse de banques, de compa- gnies d’assurances ou d’entreprises, trouvent dans le marché à terme des outils pour se prémunir contre une palette plus large de risques» . Il a également mis en avant le potentiel d'innovation qu’offre ce cadre, en Lors de cet événement, plu- sieurs conventions ont été signées pour la mise en place de la Chambre de compensation, avec l’entrée des banques dans le capital aux côtés de la Bourse de Casablanca, qui devient une holding avec une participa- tion de 35% dans le capital de Maroclear. Transformation de la Bourse de Casablanca pour accompagner le chantier

besoins futurs et de supporter une large gamme de produits dérivés», a conclu Tarik Senhaji, Directeur géné- ral de la Bourse de Casablanca. Les premières demandes d’agrément pour les membres négociateurs et compensateurs ont déjà été reçues par l’AMMC, et un contrat à terme avec le MASI20 comme sous-jacent est en préparation pour une cotation prochaine. ◆

Les premières demandes d’agrément pour les membres négociateurs et compensateurs ont déjà été reçues par l’AMMC.

affirmant que « cette infrastructure permet de concevoir des produits financiers sophistiqués, adaptés aux divers besoins des acteurs écono- miques». Enfin, tous les intervenants ont salué

la gestion exemplaire du projet tech- nologique qui a permis de mettre en place cette infrastructure de mar- ché. «Nous disposons maintenant d’un moteur technologique mul- ti-assets, capable de s’adapter aux

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BOURSE & FINANCES

D L’introduction des Futures sur indice à la Bourse de Casablanca marque une première étape dans le développement du tout nouveau marché à terme au Maroc. Comment fonctionnent les Futures Par A. Hlimi Marché à terme

L’investisseur décide de vendre 20 contrats pour couvrir son por- tefeuille. • Si l'indice chute à 13.000 points à la date d'échéance, l'investis- seur aura réalisé une perte sur son portefeuille d'environ 3.7% (500 points de baisse), mais les contrats Futures vendus génèrent un gain de : (13.500 – 13.000) x 10 dirhams x 20 contrats = 100.000 dirhams. • Ce gain compensera partielle- ment la baisse du portefeuille. Pourquoi investir dans les Futures sur indice ? Pour les investisseurs avertis, les Futures sur indice offrent plu- sieurs avantages stratégiques : • Effet de levier : Les Futures permettent d’amplifier les gains potentiels avec un investissement initial limité grâce au mécanisme des marges. Toutefois, le levier amplifie aussi les pertes, d’où la nécessité de bien gérer le risque. • Diversification : Un seul contrat Future permet de prendre une position sur un indice complet, offrant ainsi une diversification immédiate. C’est une alternative à l’achat de multiples actions indi- viduelles. • Gestion du risque : Pour les gestionnaires de portefeuille, les Futures sur indice constituent un outil efficace de gestion des risques, en particulier dans un contexte de volatilité élevée.

éjà courants dans de nom- breuses places boursières inter- nationales, les produits à terme sont sur le point de devenir une réalité au Maroc. Concrètement, un Future sur indice est un contrat financier par lequel deux parties s'engagent à échanger la valeur d’un indice de référence à une date future. Contrairement aux actions, un Future n'entraîne pas l'achat d'une part de l'indice sous-jacent, mais plutôt une exposition à ses fluctuations. Le premier produit disponible à la Bourse de Casablanca sera un Future sur l’indice MASI20. Les investisseurs peuvent utiliser ces contrats à des fins spécu- latives ou de couverture. Dans une stratégie de couverture, un investisseur détenant un porte- feuille d’actions peut se protéger contre une baisse anticipée du marché en prenant une position vendeuse (short) sur un Future sur indice. Si le marché baisse, les pertes sur le portefeuille seront compensées par les gains réalisés sur la position courte du Future.

tal important. Il est attendu que les Futures sur indice améliorent la liquidité du marché marocain en attirant de nouveaux inves- tisseurs institutionnels étrangers, en facilitant les transactions et en leur offrant une couverture supplémentaire contre la volati- lité. Les expériences à l’interna- tional montrent d'ailleurs que l'in- troduction des produits dérivés peut réduire les spreads bid-ask, augmentant ainsi l'efficience du marché. Pour opérer sur ce mar- ché, les investisseurs marocains doivent respecter les règles édic- tées par l’AMMC, notamment en ce qui concerne les marges et les appels de marge. Les sociétés de Bourse doivent également obtenir des agréments spécifiques pour pouvoir proposer ces produits dérivés. Exemple pratique : L'utilisation d'un Future sur indice MASI pour couvrir un portefeuille Prenons un exemple concret pour illustrer l'usage d’un Future sur indice dans une stratégie de cou- verture. Supposons qu’un inves- tisseur détienne un portefeuille de 10 millions de dirhams composé d’actions marocaines cotées. Cet investisseur anticipe une baisse du marché en raison de l'incertitude économique, mais il ne souhaite pas vendre ses actions pour des raisons fiscales ou stratégiques. Pour se protéger, il peut vendre des Futures sur l’indice MASI. Si l'indice baisse, les pertes sur les actions seront compensées par les gains réalisés sur les contrats Futures vendus à découvert. Voici comment cela fonctionne : • L’indice MASI se négocie à 13.500 points, et un contrat Future représente 10 dirhams par point.

Les Futures, mode d'emploi Les Futures sont des contrats standardisés, ce qui signifie que leur taille, leur échéance et leurs caractéristiques sont uniformes pour tous les participants, ce qui facilite leur négociation et assure une transparence maxi- male. Chaque contrat de Future sur indice aura une date d’expi- ration spécifique (par exemple, fin de mois). L'utilisation de marges est un aspect clé des Futures. Lorsqu’un investisseur ouvre une position, il doit déposer une marge initiale. Si la position évo- lue en sa défaveur, des appels de marge seront effectués pour maintenir la sécurité du marché. Contrairement au marché au comptant, où les transactions sont effectuées contre paiement immédiat, le marché à terme per- met de prendre des positions sur les mouvements futurs du mar- ché sans acheter les actifs sous- jacents. Cette flexibilité est idéale pour les investisseurs souhaitant se couvrir ou spéculer sur les tendances du marché à moyen terme sans mobiliser un capi-

Les risques à prendre en compte

Malgré leurs avantages, les Futures sur indice comportent des risques significatifs. L’effet de levier peut augmenter les pertes de manière rapide et substan- tielle si le marché évolue défavo- rablement. De plus, les appels de marge peuvent obliger les inves- tisseurs à apporter des fonds sup- plémentaires pour maintenir leurs positions. Il est également impor- tant de tenir compte de la volatilité du marché. Les indices peuvent connaître des variations brutales, et les investisseurs doivent sur- veiller attentivement leurs posi- tions pour éviter des pertes inat- tendues. ◆

 Les Futures sur indice améliorent la liquidité du marché marocain en attirant de nouveaux investisseurs institutionnels étrangers.

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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024

BOURSE & FINANCES

Crédits bancaires

En neuf mois, le secteur bancaire a distribué plus de 22 milliards de DH, soit une hausse de 4,9% en glissement annuel. Les crédits bancaires devraient surperformer la croissance du PIB de +2,4 pts sur les trois années à venir. Une reprise soutenue par des investissements majeurs

Les concours aux entreprises publiques ont bondi de 14,9%, avec une forte augmentation des facilités de trésorerie (+57%), mal- gré une baisse de 8,3% des cré- dits d’équipement. Les crédits aux entreprises privées ont, quant à eux, progressé de 2%, portés par une hausse de 9,4% des crédits d’équipement et de 1,6% des faci- lités de trésorerie. Par activité, les secteurs du «bâtiment et travaux publics» (+22,4%) et de «l’élec- tricité, gaz et eau» (+11,3%) ont enregistré des progressions mar- quées, contrastant avec les baisses observées dans le «commerce et réparation automobile» ( -5,9%) et les «industries manufacturières diverses» (-7,6%). En dépit de cette dynamique posi- tive, les créances en souffrance augmentent de 3,4% en sep- tembre, portant leur ratio à 8,6% de l’encours total des crédits. Le ratio s’établit à 12,6% pour les entreprises non financières privées et à 10,7% pour les ménages, des niveaux qui traduisent les défis persistants dans la gestion des risques de crédit. Les perspectives de croissance des crédits bancaires s’annoncent robustes pour les années 2024 et 2025, avec une anticipation de per- formances supérieures à celles du PIB (+2,4 points en moyenne) grâce à des investissements de grande envergure, selon les analystes de Attijari Global Research. En effet, des projets majeurs comme la mise à niveau des infrastructures pour la Coupe du monde 2030, la transi- tion énergétique, la reconstruction d’Al-Haouz après le séisme et le déploiement de projets autoroutiers et ferroviaires génèrent des besoins croissants en financement. Avec une enveloppe d’investissements estimée à près de 1.000 milliards de dirhams d’ici 2030, le secteur bancaire marocain devrait être un acteur central dans le financement de cette transition structurelle. ◆

Par Y. Seddik

 Les perspectives de croissance des crédits bancaires s’annoncent robustes pour les années 2024 et 2025, dopées par la montée en puissance des investissements publics et privés.

A

près la baisse inattendue du taux directeur par Bank Al-Maghrib en juin, le crédit bancaire semble retrouver des couleurs. Les statis- tiques monétaires de septembre révèlent en effet une reprise sur l'ensemble des segments, et confir- ment que l'assouplissement de la politique monétaire a bien infusé dans le système bancaire. Cette évolution a facilité une baisse des taux appliqués par les banques, au bénéfice des emprunteurs. La réduction de 25 points de base du taux directeur en juin a entraî- né une baisse des taux débiteurs appliqués par les banques au troi- sième trimestre 2024. Selon la der- nière enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib, le taux débiteur global a reculé pour s’établir à 5,21% contre 5,43% à la même période en 2023. Par type de crédit, les taux se situent désormais à 5,08% pour les facilités de trésorerie, 5,26% pour les crédits à l’équipement, 5,24% pour les prêts immobiliers et 7,06% pour les crédits à la consommation.

Au 30 septembre 2024, l’encours global des crédits bancaires a franchi la barre des 1.100 milliards de dirhams. En neuf mois, le sec- teur bancaire a distribué plus de 22 milliards de dirhams, soit une hausse de 4,9% par rapport à la même période de l’année précé- dente. Les crédits au secteur non financier ont progressé de 3,3%, tandis que ceux destinés au sec- teur financier ont bondi de 13,4%, mettant en lumière une dynamique favorable sur l’ensemble de l’éco- système économique. Dans le domaine des crédits immobiliers, après deux années de restrictions, les banques des- serrent progressivement l’étau. Les prêts aux promoteurs immobiliers affichent une hausse de 7,5% pour atteindre 56 milliards de dirhams à fin septembre, bien que le secteur reste contraint par le report de nombreux projets. Les crédits à l’habitat, quant à eux, n’ont pro- gressé que de 1,9%, une perfor- mance modeste comparée à la

moyenne annuelle de 4,4% obser- vée entre 2015 et 2022. Ce ralentis- sement s’explique par l’attentisme des acheteurs face à la hausse du coût de la vie et des taux d’intérêt, malgré la mise en place en 2024 d’un nouveau programme d’aide directe au logement. Dans ce contexte, le financement participa- tif se démarque avec une progres- sion notable de 13,7%, atteignant près de 10% de l’encours des cré- dits à l’habitat. Crédits à la consommation : des ménages sous pression Depuis 2023, la capacité d’endette- ment des ménages marocains a été mise à rude épreuve par l’inflation, touchant le moral des ménages qui atteint un plus bas historique. Si une légère amélioration est obser- vée au troisième trimestre 2024, les crédits à la consommation ne pro- gressent que de 1,1%, pour un total de 58,4 milliards de dirhams, reflet d’une consommation prudente face aux contraintes budgétaires.

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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

ASFIM

Le taux d’épargne mesure la part du revenu disponible brut qui n’est pas utilisée par les ménages en dépense de consommation finale. Même si les chiffres peuvent varier selon les sources, ils illustrent une tendance générale qui montre un niveau jugé encore faible auprès des ménages marocains. Par exemple, le taux d’épargne sur certaines CSP peut atteindre environ 12%. Globalement, selon la respon- sable, les besoins d'épargne des Marocains restent polarisés à plus de 50% autour de l'épargne «d'ur- gence» pour anticiper les dépenses inattendues, pour certains segments de la population. L’épargne marocaine peut être caté- gorisée en plusieurs segments : • Épargne financière : Elle représente les dépôts bancaires et les inves- tissements financiers. Composée de trois principaux sous-segments, elle totalise environ 700 milliards de dirhams pour les dépôts bancaires, 210 milliards pour l’épargne à terme (dépôts à durée fixe) et un montant significatif pour les investissements en Bourse et OPCVM (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières). • Épargne informelle : Elle com- prend les mécanismes informels comme les prêts entre proches, les tontines (épargne communautaire) et les aides familiales. Ces formes d’épargne ne passent pas par les circuits financiers traditionnels, ren- dant difficile leur intégration dans les statistiques économiques officielles et leur mobilisation pour des inves- tissements productifs. • Épargne immobilière : Elle repré- sente plus de 3.000 milliards de dirhams et concerne essentiellement l’achat de biens immobiliers pour des besoins de résidence principale, secondaire ou pour des investisse- ments locatifs. L’épargne immobi- lière est une composante importante de la richesse des ménages maro- cains. • Autres formes d’épargne : Il s’agit ici d’investissements dans des objets de valeur, comme les œuvres d’art, qui sont prisés par une cer- taine catégorie de la population. Ce type d’épargne reste toutefois mar- ginal et concerne principalement les ménages aisés.

Un encours global sous gestion de 660 milliards de dirhams

La gestion collective a atteint un record absolu en termes d’épargne canalisée cette année. Des défis persistent néanmoins : mobiliser l'épargne informelle et adapter les produits financiers aux réalités des ménages à faibles revenus.

Par A. Hlimi

 Réda Hilali, président de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM).

G

râce à une progression de près de 130 milliards de dirhams sur les 18 derniers mois, l'encours global sous gestion totalise actuellement 660 milliards de dirhams, soit un poids équivalent à près de la moi- tié des dépôts bancaires et 45% du PIB national. «Cette progres- sion témoigne de la confiance que placent les investisseurs en notre profession», s'est félicité mercredi 13 novembre ,Réda Hilali, le pré- sident de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM), à l'occasion de la conférence annuelle du secteur. Dans le détail, durant les 18 derniers mois, les placements des inves- tisseurs institutionnels en OPCVM ont progressé de 76 milliards de dirhams, ceux des entreprises ont évolué de 27 milliards de dirhams et l’épargne placée par les ménages marocains a enregistré une hausse de près de 10 milliards de dirhams.

tissements importants, puisque les encours placés par les OPCVM en dette privée ont augmenté de 36 milliards de dirhams, et se situent aujourd'hui à 190 milliards. Au niveau de la Bourse de Casablanca, cette industrie demeure le principal acteur sur le marché des actions, en étant partie prenante dans plus du tiers des volumes échangés et en participant à hauteur de 50% en moyenne aux opérations de levée de fonds.

«Notre industrie continue par ailleurs de s'illustrer par la forte liquidité des fonds gérés, avec un cumul de près de 2.000 milliards de dirhams d'opérations de souscription et de rachat traitées en 2024. Un quart de ces opérations a concerné des catégories d’actifs à horizon d’inves- tissement long, représentant un taux de rotation de plus de 100%» , a-t-il précisé. S'agissant de l'horizon d'investis- sement, 80% des encours collectés se sont orientés vers des supports à long terme. Cette épargne a notam- ment permis de participer au finan- cement de l'économie de manière significative durant les 18 derniers mois. En effet, les OPCVM ont aug- menté leur financement direct du Trésor de 60 milliards de dirhams, et détiennent désormais plus de 310 milliards de dirhams en titres émis ou garantis par l’État. Le secteur privé a également fait l’objet d'inves-

Epargne : Des leviers à actionner

Dans un contexte marqué par des défis économiques et des évolu- tions structurelles, l’intervention de Mounya Dinar, directrice du Pôle marché des capitaux, finances et contrôle de gestion à Al Barid Bank, a permis de comprendre les facteurs qui influencent les comportements d’épargne des ménages marocains.

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