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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
Victoire de Trump
tenaire commercial stable et moins soumis aux restrictions douanières américaines» , précise Kettani. L’autre point à surveiller, selon l’ex- pert : l’approche protectionniste et l’hostilité de Trump aux échanges avec la Chine pourraient également limiter les ambitions de certains groupes chinois dans le secteur de l'automobile et des batteries élec- triques, qui voient en le Maroc une porte d’entrée stratégique vers le marché américain. En effet, de nom- breux investisseurs chinois choi- sissent le Maroc pour contourner les barrières douanières imposées aux produits chinois aux États-Unis, via l’accord de libre-échange liant Rabat à Washington. Une politique com- merciale trop rigide pourrait donc contraindre ces investissements potentiels. Un Dollar fort, une arme à double tranchant pour le Maroc La politique monétaire de Trump pourrait également renforcer le Dollar, ce qui aurait des effets contrastés pour le Maroc. En poussant pour des taux bas, Trump espère soutenir les exportations américaines, mais un Dollar fort pourrait en réalité compli- quer cette dynamique et avoir des répercussions mondiales. Pour le Maroc, un Dollar en hausse présente deux conséquences principales : «d’un côté, cela rend les exporta- tions marocaines plus compétitives sur d’autres marchés que les États- Unis, ce qui serait un atout pour les industries d’exportation. D’un autre côté, la hausse des coûts des impor- tations américaines pourrait accen- tuer notre déficit commercial, parti- culièrement pour les produits tech- nologiques et pharmaceutiques». Par ailleurs, le Maroc bénéficie d’une position privilégiée en tant que porte d’entrée vers le continent africain. Cette situation géostratégique, ren- forcée par la reconnaissance améri- caine de la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020, pourrait inci- ter davantage d’entreprises amé- ricaines à investir au Maroc pour s’implanter en Afrique. « Dans un contexte où les relations avec la Chine restent tendues, le Maroc pourrait se positionner comme un relais stratégique pour les investisse- ments américains», affirme Kettani.
La réélection de Donald Trump en novembre 2024 relance les spéculations sur ses effets pour les économies mondiales, y compris celle du Maroc. Entre protectionnisme, réformes fiscales et tensions commerciales, ce second mandat pourrait bien redessiner les rapports économiques avec les partenaires étrangers. Quels impacts sur l’économie mondiale et marocaine ?
Par Y. Seddik
Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le monde économique bascule dans l’incertitude et l’inconnu.
S
uite à une campagne marquée par de nombreux rebondissements, Donald Trump remporte les élec- tions et devient ainsi le 47 ème pré- sident des États-Unis, après en avoir été le 45 ème . Il devient le second pré- sident, après Grover Cleveland au XIX ème siècle, à retrouver la Maison Blanche après une défaite. Ce retour de Trump, avec son approche réso- lument protectionniste, suscite des interrogations quant aux effets pos- sibles sur les alliances stratégiques des États-Unis, y compris avec des partenaires historiques comme le Maroc. Depuis que les États-Unis ont recon- nu la souveraineté marocaine sur le Sahara en décembre 2020, sous le premier mandat de Trump, les liens diplomatiques et économiques entre les deux pays se sont consolidés. Cette reconnaissance a favorisé une augmentation des investissements
américains dans des secteurs straté- giques marocains, tels que les éner- gies renouvelables et les technolo- gies innovantes. Pour le Royaume, qui s’appuie sur des partenariats internationaux variés et une stratégie de hub régional, les choix politiques de Trump pour ce second mandat pourraient aussi bien ouvrir de nou- velles opportunités que poser des défis inédits. Il faut dire que lors de son premier mandat, Trump avait déjà marqué les esprits avec sa guerre commer- ciale contre la Chine, imposant des droits de douane massifs sur les produits importés. Avec ce retour à la présidence, il semble déterminé à intensifier cette approche protec- tionniste. « Si les États-Unis augmen- tent les droits de douane jusqu’à 60% pour certains produits chinois, l’impact sur l’économie mondiale serait bien plus important que lors
de la première guerre commerciale», nous explique Yassir Kettani, écono- miste et spécialiste des échanges commerciaux internationaux. Pour le Maroc, qui entretient un accord de libre-échange avec les États-Unis depuis 2006, les répercussions pour- raient être complexes. D’un côté, les exportations maro- caines vers les États-Unis – dans le textile, l’agroalimentaire et les phos- phates notamment – pourraient souf- frir d’un climat protectionniste géné- ral, rendant plus difficile l’accès au marché américain. D’un autre côté, le renforcement des tarifs douaniers contre des concurrents comme la Chine pourrait ouvrir des brèches pour les produits marocains, qui res- teraient compétitifs dans certains créneaux industriels. «Ce protection- nisme pourrait paradoxalement être favorable à nos exportations vers les États-Unis, si le Maroc reste un par-
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