FNH N° 1173

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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024

ECONOMIE

Démographie

«Ce taux doit interpeller les décideurs, car il indique que la population marocaine est entrée dans une phase de non- renouvellement. Avec l’aug- mentation de l’espérance de vie à la naissance, ce phéno- mène devrait générer un vieil- lissement de la population et des difficultés majeures pour les caisses de retraite et celles de la sécurité sociale. Il a été accentué par la baisse de l’âge du mariage et la croissance des divorces sous l’effet de la Moudawana. La pyramide des âges commence à s’élargir vers le haut et se rétrécir vers le bas» , explique Marzouki. Et d’ajouter que «si la baisse du taux de fécondité se poursuit, le Maroc aura dans une pro- chaine période des difficultés pour assurer une main-d’œuvre suffisante et faire tourner la machine économique» . Dans ces conditions, faut-il prendre des dispositions pour encou- rager la fécondité, comme l’ont fait certains pays pour aug- menter les naissances, ou bien faciliter l’immigration ? «L’Europe et les pays dévelop- pés ont pris des mesures pour encourager la fécondité, mais en vain. L’option de l’immi- gration a pu combler le déficit pendant une certaine période, mais elle a eu des effets néga- tifs par la suite. Actuellement, les pays d’accueil prônent une immigration sélective focali- sée sur des profils qualifiés», explique Marzouki. Il faut dire qu’au Maroc la croissance économique est en grande partie portée par la demande intérieure. La baisse de la population ou son ralen- tissement risque d’impacter ce paramètre. «Les investisseurs, tous sec- teurs confondus, sont très regardants sur l’évolution du marché, notamment le nombre de consommateurs et leur typologie. Ils lancent leur projet en fonction du développement de la demande pour s’assurer de l’écoulement de leurs pro- duits» , conclut Marzouki. ◆

Le RGPH 2024 dévoile des risques majeurs pour le renouvellement de la population

Le taux de fécondité est descendu sous la barre des 2%. La croissance du nombre de ménages évolue plus vite que celle des habitants.

Par C. Jaidani

 Le vieillissement de la population présente des risques majeurs pour les caisses de retraite et celles de la protection sociale.

L

e dernier recensement de la population et de l’habitat (RGPH 2024) a livré de nom- breuses données qui devraient servir aux décideurs pour dif- férentes projections, comme les programmes de développe- ment à caractère économique, social ou culturel. Parmi les indicateurs révéla- teurs, figurent particulièrement le ralentissement de la crois- sance du nombre d’habitants et l’accélération de celui des ménages. Le premier affiche un taux de croissance annuel moyen de 0,85%, alors que le second se situe à 2,4%. Ce phénomène ne date pas

d’aujourd’hui; il a commencé à prendre de l’ampleur depuis un certain temps. «Le nombre de ménages augmente sans cesse au moment où leur taille se rétré- cit. Auparavant, on assistait à des familles où le père, sa femme, ses enfants mariés et ses petits-enfants vivaient sous un même toit. Ce phéno- mène commence à disparaitre de la société marocaine, lais- sant la place à la prolifération des ménages à une ou deux personnes. Ceci est dû à plu- sieurs raisons d’ordre culturel, économique et social. Le coût de la vie a nettement aug- menté. L’accès au logement est devenu difficile. Les frais de prise en charge d’un enfant ne cessent de s’alourdir tant pour sa scolarité, son habillement, les soins que pour d’autres

dépenses. Cela a un effet direct sur le taux de fécondité qui s’inscrit, quant à lui, à la baisse. De nombreux ménages n’ont pas assez de ressources pour faire face aux charges du quotidien. Leur endettement complique davantage la situa- tion. La structure démogra- phique reste intimement liée à l’évolution socioéconomique» , analyse Abderrahim Marzouki, professeur à l’Institut national de l’aménagement et de l’urba- nisme (INAU). Au niveau national, la transi- tion démographique accélé- rée a eu un effet direct sur l’indice synthétique de fécon- dité, qui n’a cessé de régres- ser pour atteindre actuellement 1,9%. Ce chiffre implique que le nombre d’habitants s’est orienté vers une baisse pro- gressive.

Auparavant, on assistait à des familles composées où le père, sa femme, ses enfants mariés et ses petits-enfants vivaient sous le même toit.

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