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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
SANTÉ
Urgences médicales au Maroc
son avis sur les urgences médi- cales au Maroc, avait dressé un bilan approfondi des défis majeurs affectant ce secteur. Ce diagnostic met en évidence plu- sieurs problématiques, notam- ment une importante désorgani- sation, des difficultés de coordi- nation, une pénurie de personnel soignant, des insuffisances en transport médical, etc. Ces dys- fonctionnements se manifestent à chaque étape de la chaîne de soins d’urgence, depuis la pre- mière sollicitation de services par le citoyen jusqu’à la prise en charge finale» , souligne Dr. Hamdi. Pour remédier à ces dysfonc- tionnements, le CESE a propo- sé une série de mesures struc- turées en cinq axes. Le premier axe préconise une approche territoriale pour instaurer une organisation régionale qui répond mieux aux besoins locaux, en intégrant des dispo- sitifs de prévention et de plani- fication adaptés aux urgences médicales. Le deuxième s’inté- resse à l’intervention pré-hospi- talière, en suggérant d’accroître la sensibilisation du public et d’élargir le rôle du SAMU. Ce volet inclut également l’inté- gration des médecins de pre- mière ligne, soit les médecins généralistes et les médecins de famille, dans le dispositif d’urgence et l’amélioration du transport médicalisé pour une meilleure coordination. Le troisième axe souligne l'im- portance de faciliter l’accès aux urgences en introduisant le tiers-payant, permettant aux citoyens de bénéficier des soins sans obstacles financiers. Le quatrième aborde la question cruciale du déficit en personnel médical spécialisé en urgences, avec un besoin urgent de recru- ter davantage de médecins et infirmiers spécialisés. Enfin, le cinquième axe vise à renforcer l’offre de soins en urgence, en intégrant notamment la forma- tion des médecins généralistes et de famille dans la médecine d’urgence. «En sensibilisant la population,
Un service pivot en proie à une crise persistante Le service des urgences au Maroc fait face à une crise sévère qui menace la qualité des soins et l’efficacité du système de santé. En dépit des réformes et des budgets investis, la situation reste préoccupante. Pour l'année 2025, le gouvernement prévoit une série d'actions visant à combler les carences identifiées.
Par M. Ait Ouaanna
En dépit des initiatives prises pour pallier les déficiences, les services d'urgence au Maroc restent en crise.
M
algré les réformes et les plans d’action annoncés au cours des dernières années, le service des urgences demeure le parent pauvre du système de santé marocain. A ce jour, la prise en charge des urgences médi- cales reste largement en-deçà des attentes des citoyens et des standards internationaux. Entre manque de ressources humaines, équipements insuffi- sants et surcharge des établis- sements hospitaliers, la situa- tion est considérée comme étant critique. En 2020, le ministère de la Santé comptabilisait 89 Urgences médicales de proximité (UMP) réparties de manière déséquili- brée entre les différentes régions
du Maroc. Certaines, comme Fès-Meknès et Marrakech-Safi, sont mieux dotées en infras- tructures avec respectivement 16 et 13 UMP. En revanche, la région de Casablanca-Settat, malgré son importance écono- mique et démographique, ne possède que quatre unités. Ce déséquilibre régional laisse cer- taines zones dans une précarité médicale grave, avec peu ou pas d'accès aux soins d'ur- gence, exacerbant les inéga- lités dans la prise en charge sanitaire des citoyens. Les services d’urgence maro- cains sont souvent submer- gés, notamment à cause de l’affluence de patients cher- chant des soins non urgents.
A ce propos, l’ancien ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, avait déclaré en 2023 que 80% des prestations de soins non urgentes sont dispensées par lesdits services. Cette situation est, selon les professionnels, aggravée par le manque de coordination entre les centres de santé et les unités de proxi- mité, qui engendre une sur- charge dans les services d’ur- gence. Selon Dr. Tayeb Hamdi, méde- cin et chercheur en politiques et systèmes de santé, la situation des urgences au Maroc est la conséquence d’une combinai- son de dysfonctionnements. «Le Conseil économique social et environnemental (CESE), dans
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