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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024
SOCIÉTÉ
m'est arrivé souvent d'être l'unique femme autour de la table. Je n'ai jamais senti une gêne dans ces contextes, puisque de mon point de vue, je suis simplement face à des collègues. Mais le sentiment d'être prise dans un double stan- dard m'a traversée. Posez la ques- tion à d'autres femmes, vous aurez quasiment la même réponse. J'ai été la première journaliste marocaine à Medi1 à accéder à un poste de rédactrice en chef principale. Cela impliquait quelque part pour moi de redoubler de vigi- lance, et donc d'efforts. Beaucoup de femmes se sentent obligées de prouver leur légitimité comme si leur rigueur et professionnalisme étaient mineurs. Il reste encore du chemin à faire dans le paysage médiatique marocain. Je crois inti- mement que la valorisation des salaires des femmes dans les rédactions est incontournable, ainsi que l'établissement d'une égalité de chances entre hommes et femmes en matière d'accès aux postes de responsabilité. Il est injuste et aber- rant que les rédactions soient majo- ritairement constituées de journa- listes femmes et que celles-ci ne les dirigent pas. Aujourd’hui, de nombreuses femmes occupent des postes de responsabilité à Medi1. Je suis fière d’elles et je soutiens leurs droits. Elles participent par leurs parcours à ouvrir la voie à cette égalité qui manque. Cette radio a le mérite d’encourager ces femmes, et c’est pour cette raison que je la consi- dère comme un espace d’expres- sion unique. F.N.H. : Vous envisagez d’écrire un livre à par- tir de vos chroniques, une démarche où votre côté artistique joue un rôle important. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Quels messages aimeriez- vous transmettre à travers cet ouvrage qui rassemble dix années de travail ? M. B. : Ecrire cette chronique a constitué petit à petit une bouffée d'air et de liberté pour moi dans un
exercice qui peut être usant, celui du temps court et de l'instantané. Je revisite depuis 10 ans, à travers ce rendez-vous hebdomadaire, ce qui me touche dans l'actua- lité politique, littéraire, sociale. Je m'y autorise une subjectivité, une expression d'un point de vue que d'autres genres et formats journa-
listiques ne me permettent pas. Ce sont les retours des auditeurs et auditrices qui m'ont invitée à trans- poser ces chroniques dans une forme écrite. Cela implique de revi- siter ces textes radiophoniques et de les adapter à ce qu'exigent des textes lus. C'est un projet qui me tient à cœur, car j'aime l'écriture.
Mais aussi les textes journalistiques peuvent être considérés comme un genre d'écriture mineure, alors qu'ils sont à mon avis la trace du témoin de l'actualité. Peut-être dans un futur proche, leur valeur pourra paraître insignifiante, mais elle sera précieuse sans doute dans une plus grande projection.
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