FNH N° 1173

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VENDREDI 15 NOVEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOCIÉTÉ

F.N.H. : Quelles sont, selon vous, les princi- pales différences entre la radio, la télévision et les podcasts en termes de contenu et d’interaction avec l’audience ? Quel exercice préférez-vous ? M. B. : La radio, c’est mon premier amour, et ça le res- tera. La voix, l'intimité avec le micro et le lien que cela crée auprès de l'auditeur a quelque chose d'unique. Il y a une magie dans les ambiances des stu- dios radio, quels que soient les formats qu'on y fabrique. J'ai l'impression de trouver par la voix une proximité importante avec les auditeurs et auditrices que je n'ai jamais expérimentée avec d'autres médias. La télé et la presse écrite ont leurs atouts, et chaque expression a ses spécificités bien sûr. A l'époque actuelle, les formes s’entremêlent : les journaux par- lés sont filmés et les sujets télé sont repris par écrit. Alors les formes peuvent se compléter, mais elles gardent leur tempora- lité, leur public et des manières irremplaçables de donner accès à une information, à des récits. F.N.H. : Pensez-vous que la radio reste un média pertinent et concurrentiel dans un monde de plus en plus dominé par le numérique ? M. B. : A mes débuts, dans les années 2000, la presse était exclusivement imprimée. Puis, petit à petit, le web a remplacé l'écrit, les réseaux sociaux se sont imposés et les podcasts sont apparus. Je dirais qu'on est dans un grand moment de mutation où les vieux médias n'ont pas fini de s'adapter. La radio, Medi1 particulièrement, a été extrêmement écoutée tout au long de la pandémie du Coronavirus au Maroc ou durant la catastrophe du séisme d’Al Haouz. Nos taux d'audiences ont explo- sé. Aujourd’hui, avec l’émer- gence des podcasts, je vois une

consécration du succès de la radio, avec en plus une possibi- lité, grâce au différé, d'accéder aux émissions à des rythmes et temps différents. F.N.H. : L’environnement familial dans lequel on grandit influence forcé- ment notre personnalité. Quelle a été votre plus grande motivation pour percer dans un milieu aussi exigeant et parfois ingrat ? M. B. : J’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille de la classe moyenne, d'un père enseignant passionné par la presse et la peinture, et d'une mère enseignante et cal- ligraphe. Mes parents ont eu à cœur d'assurer notre éduca- tion, ma sœur et moi, dans un monde d’injustice et d’inégalité. Ils nous ont transmis un amour pour le cinéma, la littérature, la musique et un goût assez prononcé pour la politique. J’ai grandi dans un milieu engagé où l'expression des idées et des opinions était très encouragée. J'en suis très reconnaissante. Ma toute première équipe de

rédaction était sans doute notre maison.

ricaine de l’Irak. Mes collègues de l’époque ont donc fait courir une légende à mon propos : Majdouline provoque l’actualité ! J'ai fini par le croire. Quand on a lancé le fil rouge pour la 1 ère fois, j’ai été désignée pour le présen- ter chaque fin de semaine. Et par un pur hasard, chaque vendredi, un leader arabe était déchu lors du printemps arabe et toute la programmation changeait. Cette blague qui court depuis des années et qui est alimentée par les collègues me poursuit et me fait rire constamment. F.N.H. : Y a-t-il un sou- hait particulier que vous aimeriez réaliser dans un avenir proche ? M. B. : Aujourd’hui, mon rêve est de poursuivre mon parcours dans le journalisme et de faire évoluer la radio vers de nou- veaux formats, des formats qui permettent de mieux raconter, d’élever l’information au récit. Je rêve d'un temps où une pos- sible justesse d'écriture de ce qui nous traverse serait possible. C’est le type de rêve qui vous met au travail, et j’aime rêver ainsi. ◆

F.N.H. : Une carrière est parsemée de défis, d’ex- périences, mais aussi d’anecdotes. Quel fait marquant a laissé une trace indélébile dans votre parcours ? M. B. : C'est une excellente question, car je pense que l’hu- mour est très important dans la pratique du journalisme. Que ce soit sur le terrain, avec les équipes ou face aux directeurs, l'humour désamorce les ten- sions, rapproche les points de vue, apporte de la légèreté dans des situations trop sérieuses. Alors, des anecdotes ne me viennent pas ainsi, mais plutôt des histoires d’humour. Quand j’ai débarqué à Medi1, le Maroc était endeuillé par les attentats du 16 mai. Et quand j’ai signé mon contrat, il y a eu l’invasion amé-

Diriger des journalistes de différentes nationalités et sensibilités, c'est savoir les défendre et préserver leur pratique du métier de journalisme.

 Majdouline Benchrif est la première journaliste marocaine à Medi1 à accéder au poste de rédactrice en chef principale.

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