Magazine Daniel Féau

La foire se tient dans l’hôtel particulier du XVIII e siècle qu’a occupé pendant des années Karl Lagerfeld.

L ’ année dernière, pour sa première édition parisienne, la foire Design Miami avait créé l’événement : elle s’installait dans l’ancien hôtel particulier qu’avait occupé Karl Lagerfeld rue de l’Université. Une adresse magique, parfaitement située, qui appartenait déjà à l’histoire des arts décoratifs. Du design vintage et contemporain sous des lambris dorés ? Cela changeait de l’anonyme tente blanche dévolue à ce genre de salon. Dans l’ombre, Jennifer Roberts savourait l’effet de surprise, mais gérait aussi toutes les contraintes que le lieu imposait : des normes de sécurité drastiques, des problèmes de lumière et de circulation, l’impossibilité pour les exposants d’accrocher quoi que ce soit aux murs et l’obligation d’accepter de ne pas être tous logés à la même enseigne : certains bénéficiaient des salons en enfilade du rez-de-chaussée, qu’ils devaient toutefois partager, quand d’autres exposaient dans des pièces plus petites au premier étage. « Un grand travail de diplomatie », avoue dans un sourire la directrice de Design Miami. Mais on sent que l’Américaine sait y faire. Une main de fer dans un gant de velours ? Il y a un peu de ça, avoue un de ses exposants. Née et

élevée à New York, Jennifer Roberts a étudié les beaux-arts et les arts décoratifs à l’université, avant de suivre un programme de troisième cycle chez Christie’s Education, à Londres. De retour à New York, elle a travaillé dans une galerie spécialisée dans l’argenterie anglaise du XVIII e siècle, avant d’entrer à la revue d’art Antiques. Une expérience qui lui a permis de lancer en 2009 son propre magazine Modern, avec Ryan Brant, le fils du célèbre collectionneur Peter Brant. « Ryan était aussi un grand collectionneur, particulièrement en design et en Arts & Crafts. » Jennifer a ensuite co-dirigé la foire The Salon à New York, avant de rejoindre la direction de Design Miami en 2015. Autant dire qu’elle est en terrain connu et qu’elle sait parfaitement ce qu’attendent les collectionneurs aujourd’hui. Elle a vu le marché du design historique s’envoler, mais aussi l’engouement de plus en plus grand pour le design contemporain. « Paris reflète exactement ces deux tendances et nous avons les meilleurs dans les deux domaines. » Elle sait également que trop de foires tuent les foires, et qu’il faut se distinguer pour ne pas lasser les amateurs.

Jennifer Roberts “We offer a unique experience”

The director of the Design Miami fair is happy, and it shows. Her first Parisian edition was a success and she hopes that this year’s will be even better. And with quality and an enchanting setting, it’s more than likely. By Eric Jansen Last year, for its first Parisian edition, the Design Miami fair didn’t do things by halves: it took place in Karl Lagerfeld’s former private mansion in the capital’s rue de l’Université. A magical address, perfectly located, and with a past history associated with the decorative arts. Vintage and contemporary design in a gilded cage? It was certainly a groundbreaking change from the somewhat anonymous venues this type of salon was used to. And although in the shadows Jennifer Roberts loved the element of surprise, she was nonetheless concerned about all the constraints that such a setting imposed: drastic security standards, problems with lighting, layout and flow, the impossibility to hang anything whatsoever on the walls, and the inevitable fact that exhibitors would not all be in the same boat, with some sharing the grandiose ground floor salons, with

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