FNH 1131

P OLITIQUE

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JEUDI 30 NOVEMBRE 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Conflit israélo-palestinien

◆ La guerre entre le Hamas et Israël a remis sur le tapis la nécessité d’une solution à deux États. ◆ Mais est-elle toujours possible ? La solution à deux États, une vieille illusion ?

La diplomatie internationale tente toujours de raviver l'espoir dans cette voie, considérée comme la clé de la paix, malgré les défis persistants. Et si certains experts posent comme conditions la démi- litarisation du Hamas et la reprise du contrôle de Gaza par l'Autorité palestinienne, la question de la colonisation, qui sape la vision de deux États indépendants, reste largement sans réponse de la part de la communauté internationale, dont les timides objurgations butent sur la surdité d’Israël. Convenons-en : dans un environ- nement caractérisé par la lassi- tude et la colère de populations marquées par des décennies de conflit, cette solution à deux Etats est plus que jamais compromise. Les disparités historiques entre Israéliens et Palestiniens, la réalité sur le terrain ainsi que les dyna- miques politiques locales com- pliquent davantage la concrétisa- tion de cette vision. D’autant que si en Israël l’idée d’une solution à deux Etats divise le champ poli- tique, de son côté, le Hamas a toujours catégoriquement refusé de reconnaître l’Etat d’Israël. Ce qui jette ainsi une ombre supplé- mentaire sur les espoirs de paix. Israël et la Palestine peuvent-ils alors transcender les décennies de méfiance et de conflit pour for- ger un avenir partagé ? Des deux côtés, les populations peuvent- elles enterrer dans la trappe de l’histoire politique de la région les horreurs de la guerre Hamas- Israël ? Ce n’est pas verser dans l’excès de pessimisme que de soutenir que ce qui divise actuellement les deux parties est trop profond pour qu’elles parviennent à un consen- sus. Du moins, à moyen terme. ◆

Le niet de Netanyahou La solution à deux Etats est-elle toujours possible ? N’est-elle pas un vœu pieu dans le contexte actuel, et au regard de l’évo- lution de la situation géo- politique dans la région ? L'histoire récente, marquée par les accords d'Oslo en 1993, symbolisait l'espoir d'une résolution pacifique. Israël reconnaissait l'Orga- nisation de la libération de la Palestine (OLP), qui reconnais- sait à son tour Israël, amorçant ainsi la création d'une Autorité palestinienne sur certains terri- toires. Cependant, les espoirs furent ébranlés avec l'assassinat de Yitzhak Rabin en 1995 et les tensions persistantes. Les négociations de Camp David en 2000 ont également capoté, notamment en raison des diver- gences sur Jérusalem-Est, les colonies israéliennes et le droit de retour des réfugiés palesti- niens. Depuis, la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est s'est intensifiée : 700.000 Juifs vivent actuellement dans les colo- nies sur des territoires occupés contre 250.000 lors des accords d’Oslo. Tout cela pose donc un défi majeur à la viabilité d'une solution à deux États soutenue par la commu- nauté internationale, et surtout par l’allié indéfectible de l’Etat hébreu, les Etats-Unis, mais remise en question par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’ONU, juste avant l’offensive du Hamas. Pourtant, cette solution semble s’imposer aujourd’hui comme le seul moyen de garantir la sécurité d'Israël et de répondre aux aspi- rations légitimes des Palestiniens.

La guerre entre le Hamas et Israël éloigne davantage toute perspective d'une solution à deux Etats.

nale de solidarité avec le peuple palestinien. Dans son message à Cheikh Niang, le Souverain fait savoir notamment que «la der- nière escalade est la conséquence inéluctable de l’absence de tout horizon de règlement politique de la question palestinienne, alors même que cette perspective est la clé de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans la région. Ainsi que nous l’avons maintes fois réaffirmé, le règlement de cette question sur la base de la Solution à deux Etats, comme prévu dans les résolutions de la légalité inter- nationale et du Conseil de sécu- rité, est la seule voie possible pour instaurer la paix juste et globale et assurer sécurité et dignité à tous les peuples de la région. Elle est également le résultat de la multiplication méthodique de pratiques extrémistes israé- liennes, d’initiatives unilatérales et d’actes de provocation récurrents à Al-Qods. Ces agissements ne peuvent que compromettre les efforts d’apaisement et saper les initiatives internationales visant à mettre fin aux tensions et à sortir du cercle vicieux de la violence».

L e conflit israélo-palesti- nien, un récit tragique qui s'étire sur plus de 70 ans, continue de hanter l'ima- ginaire collectif. Il vient d’être ravivé par les attaques du 7 octobre perpétrées par le Hamas en territoire israélien, faisant plus de 1.400 morts et quelque 240 otages, et la riposte sanglante de Tsahal. En presque 8 semaines de combats, près de 15.000 per- sonnes ont été tuées dans la bande de Gaza par les frappes israéliennes, selon le Hamas. Le nouveau tournant que vient de prendre ce conflit sur la table, avec acuité, la question de la solution à deux États. Le message délivré par le Roi Mohammed VI aux parti- cipants au sommet extraordinaire arabo-islamique, qui s’est tenu à Riyad, le 11 novembre courant, ne dit pas autre chose. Tout comme celui qu’il a adressé, ce 29 novembre, au président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, à l’occa- sion de la Journée internatio- Par D. William

700.000 Juifs vivent actuel- lement dans les colonies sur des terri- toires occu- pés contre 250.000 lors des accords d’Oslo.

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