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JEUDI 30 NOVEMBRE 2023

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ElGrande Toto

◆ Après « Caméléon », le puissant, déjanté et énigmatique ElGrande Toto dévoile un incendiaire deuxième album, sobrement intitulé « 27 », où il révèle ses faiblesses, ses insécurités, ses erreurs, sa rupture et sa nouvelle vie. Un coup de poing ! Rapdical, après-coups

rappe dans une intimité rare. L’écriture décapante charrie ainsi une franchise convulsive. Porte d’entrée enflammée, « 27 » ouvre le précipice des humeurs : « Why, kamline baghin liya l7ebss wl’gharaq ? (…) Tsabit fennan a b’gha- lat, ta li déclara 3ref k*** dar ghalat ». Avec des textes aiguisés, il n’hésite pas à convoquer ses petits diables et son passé pour s’approcher au plus près de la vérité de son âme. 27 est donc un voyage intérieur agité, rempli de balises personnelles, où le temps a servi de filtre, de gomme, de révélateur. Au cœur de cette lucidité intranquille, et pourtant frémissante de vie, surgissent des crochets à destina- tion des fléaux de l’époque ( Maghribi ), des images frappantes ( Sarcelles ), des dédales à la profondeur de champ asphyxiante. Soit. C’est une certitude : 27 est le fruit d’une longue et complexe gestation. Il y est question d’assumer la pluralité de ses goûts ( Razones; Like that; Para Mi) , mais aussi de détailler les coulisses de son quotidien : ses remises en question ( Hash N’ Blem ), intimes ( Weld Laadoul ) et créatives ( Sultan ). Et si certains mor- ceaux flirtent avec le pire ( Tp ) ou semblent trop premier degré ( Mezzanotte ), d’autres séduisent grâce à sa nonchalance dans la voix ( Billets; Lillah ), rappelant qu’ElGrande Toto est un Performer, jamais aussi sédui- sant que lorsqu’il va à l’essentiel. À l’image de Wow, Dellali ou Bghawni . En concert, la musique de ce jeune homme, par ailleurs grand et brun, BG aux cheveux longs, la barbe bien fournie mais gentiment moustachu, avec des yeux ronds comme des billes et un visage anguleux qui peut passer du marbre au très expressif presque théâtral selon l’histoire qu’il raconte, gagne encore en immédiateté physique tant la charismatique bestialité du garçon trans- forme la scène en ring. Comment alors ne pas valider son rôle majeur à venir dans le monde du MMA ? ◆

Même sur la pochette du disque, on trouve une cer- taine symphonie.

ElGrande Toto n’hésite pas à convo- quer ses petits diables et son passé pour s’appro- cher au plus près de la vérité de son âme.

morceaux Déjà-vu, Picanto, Nodawanod pouvant faire office de rattrapage express pour les retardataires −, ElGrande Toto continue de boxer à mains nues : vain- queur par KO au cours du 20 ème festival L’Boulevard; champion des records en stream* ; l’Olympia de Paris affichait com- plet deux mois avant son spectacle. Animé par la même fureur de vaincre, il sillonnera le monde avec à la clé la quasi-annonce d’une tournée internationale, la Twenty Seven Tour . A cœur ouvert 27 , nous y voilà. ElGrande Toto descend ici en apnée dans les nappes phréatiques de sa conscience. Ce deuxième album est irrigué d’une irrésistible puissance de remuement et d’une impérieuse intros- pection brute. Flow assez fiévreux, il

I l y a autour d’ElGrande Toto, Taha Fahssi dans le civil, tellement de louanges qu’on se dit que l’on n’a pas vraiment le choix de le trou- ver autrement que génial. Son rap attire les foules, et certains de ses singles sont devenus les classiques d’une époque récente (Pablo , 7elmetAdo, Piccola, VitamineDz ). Lorsqu’il entendait toutes sortes de musique passer dans les enceintes ou sur les ondes, alors qu’il avait à peine douze ans, l’interstice entre enfance et adolescence (un monde fragile de rêverie), ElGrande Toto espérait qu’un jour les mor- ceaux diffusés seraient les siens. « Rêver tient à peu de chose ! » Repéré sur le balèze et dansant Illicit −les Par R. K. Houdaïfa

* Son premier album Caméléon, sorti le 5 mars 2021, a dépassé les 100 millions de streams **«27» est le 3 ème album le plus écouté sur Spotify Global du 23 au 26 novembre.

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