FNH 1131

40

CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 NOVEMBRE 2023

www.fnh.ma

Samira Haddouchi, fée main Confidences

◆ Quand elle ne peaufine pas ses modèles, Samira Haddouchi s'adonne au plaisir de la recherche, explorant et approfondissant sans cesse sa démarche. De fil en aiguille, avec une créatrice qui a tissé sa route avec passion et créativité.

Propos recueillis par R. K.. Houdaïfa

Finances News Hebdo : Quel a été votre premier contact avec la couture ? Une personne vous a-t-elle donné envie de l’imiter ? Samira Haddouchi : Mon initiation à la couture a été plutôt simple. A l'âge de sept ou huit ans, mes cheveux natu- rellement bouclés me poussaient à fré- quenter assidûment le salon de coiffure. Pendant que les femmes attendaient leur tour au salon, elles s'adonnaient régulièrement à des activités manuelles telles que le crochet, le macramé ou la broderie. Je posais mon regard ébloui sur les signes transcrits avec un rare doigté par ces femmes dont je ne lassais pas de contempler la virtuosité. Je dépensais mon argent de poche non pas en friandises, comme le fai- saient habituellement les filles de mon âge, mais en investissant dans des cro- chets, de la laine, des toiles, des fils et des aiguilles. Ces acquisitions ont nourri ma passion pour la couture, m'incitant à poser de nombreuses questions sur comment les manipuler. Ma première réalisation a été un tableau de broderie, conservé précieusement depuis cette période marquante. Au col- lège, même pendant les cours d'arabe, j'étais occupée à coudre (rires). Je don- nais même des conseils vestimentaires en suggérant des associations d'habits... Ma réputation de référence en matière de style m'a valu le surnom affectueux de «la princesse». À l'âge de quatorze ans, pendant les vacances estivales, je fréquentais assi- dûment l'école de couture où ma mère m'avait inscrite. Je confectionnais avec fierté des jupes, des robes à manches bouffantes, plongeant ainsi davantage dans l'art de la couture. La passion pour la création textile était solidement ancrée en moi.

La passion pour la créa- tion textile était solide- ment ancrée en moi.

F.N.H. : La famille voyait-elle d’un bon œil cet attrait de la couture ? S. H. : Elle aimait bien ce que je fai- sais. Mais il n’était pas question que j’en fasse un métier. D’autant que les artistes, à l’époque, vivotaient et tiraient le diable par la queue. Faute de recon- naissance sociale. F.N.H. : Elle contrariait votre vocation ? S. H. : Ma mère, qui me surveillait comme le lait sur le feu, ne l’entendait pas de cette oreille. Il était impossible de lui faire entendre raison. Enfin, ma raison. Alors, j’ai coupé la poire en deux… Mais il faut dire que j’ai réussi à la persuader de manière rapide. Mon parcours dans la couture marocaine a débuté avec le CAP, suivi du BEP. Cependant, cela ne suffisait pas à satis-

faire ma soif d'apprentissage, et j'ai choisi de poursuivre avec des années supplémentaires en stylisme. Ma pro- gression s'est faite étape par étape, débutant par du modélisme avant de me spécialiser dans le stylisme. L'obtention du titre de technicienne de mode, bien qu’honorifique, ne corres- pondait pas à mes aspirations. De plus, j'ai été la première de ma promotion. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été nominée professeure pour les deu- xièmes années, qui étaient également mes amis, trois mois après. Mais, je n'ai pas mis fin à mon parcours. J'ai poursuivi en m'inscrivant à la Chambre syndicale à Paris, dans une démarche de professionnalisme. F.N.H. : Pour s’épanouir dans un métier que vous exercez, la voca- tion, à elle seule, suffit-elle ?

Made with FlippingBook flipbook maker