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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 NOVEMBRE 2023

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de vos parures présentées a été co-signée par Medi Qotbi qui a peint sur la soie du vêtement. Vous aviez déjà un goût pour la peinture ? S. H. : Approche singulière. Ils nous avaient assigné quatre thèmes à explo-

S. H. : C’est un métier qui requiert, outre un talent certain, une grande intelligence sociale, le sens du contact étant une nécessité, une curiosité concernant les événements du domaine, une ouverture d’esprit et une notable humilité. F.N.H. : Que de vernis ! Mais ont- elles réellement cours dans le milieu ? S. H. : L'univers de la haute couture est sans merci. Ceux qui manquent de rési- lience, de détermination et d'audace n’y peuvent survivre. Il faut continuellement se battre. F.N.H. : Comment s’affirmer dans ce monde dur ? S. H. : Par un travail, surtout cohé- rent. Pour illustrer, lors de la présentation d'une collection, il est essentiel qu'elle repose sur un argument spécifique, qu'il soit d'ordre culturel, religieux, culinaire, ou autre, et que cet argument soit déve- loppé. Au fond, un défilé de mode peut être comparé à un film, porteur d'un mes- sage transmissible au public. F.N.H. : Qu’en est-il de votre mes- sage ? S. H. : Fière de mes racines, je m'efforce de les sublimer. Je constate un manque d'appréciation de notre singularité cultu- relle et je m'engage à lui rendre justice à travers mes créations. F.N.H. : Caftan 2000 a-t-il eu une incidence heureuse sur votre car- rière ? S. H. : Absolument. Suite à cet évé- nement, de nombreuses personnes ont manifesté un intérêt pour mes créations. Cela était tout à fait compréhensible, car je venais tout juste de débuter. F.N.H. : Tout le monde se souvient de l’étonnante silhouette en forme de sablier que vous avez compo- sée pour «Caftan» 2002. Vous la regardez comment, 21 ans plus tard ? S. H. : À cette époque, créer un caftan moderne présentait un défi considérable. Il nécessitait une modernisation tout en conservant l'essence du caftan. J'ai innové en intégrant des ceintures ornées de perles, apportant ainsi une approche rafraîchissante et surprenante au tradi- tionnel caftan.

rer, individuellement. J'ai choisi le thème des quatre continents et les ai intégrés tous ensemble dans un unique caftan. Pour ajouter une touche distinctive, j'ai sollicité Mehdi Qotbi pour apposer sa calligraphie sur la tenue. La fusion des traditions et

Caftan en velours de soie brodé maâlem, rehaussé de pierres et de cristaux porté sur une mousseline finie de dfera et de tras- sene. Ceinture coordon- née.

du moderne représente un défi pour tout créateur. Cependant, en effectuant des recherches approfondies, il devient pos- sible d'unir toutes les cultures dans un même caftan. F.N.H. : Vous vous évertuez à entremêler dans un désordre har- monieux paillettes, perles, four- rures, plumes, laçages, déchirures et crantage… S. H. : Je suis particulièrement attirée par des éléments tels que les paillettes, les perles et les fourrures, considérés comme des attributs de noblesse. La dentelle, par exemple, a marqué l'habillement des rois et princesses aux XVII ème et XVIII ème siècles, tout comme les plumes et les perles. C'est cette noblesse des maté- riaux qui m'a profondément inspirée à les manier. J'ai décidé d'explorer cette fas- cination en l'appliquant à un contexte où l'utilisation de ces matériaux n’était pas courante, notamment dans la conception de caftans. Mon objectif était d'innover dans la confection du caftan en introdui- sant des matériaux qui n'avaient jamais été utilisés auparavant. Cela m'a conduit à repousser les limites de la créativité, en incorporant même des éléments tels que le fer forgé et le bois dans mes créations. Mon approche était résolument axée sur l'innovation et l'expérimentation. F.N.H. : Comment procédez-vous avec votre clientèle ? S. H. : Je n'adopte jamais une approche simplement «couturière». Lorsque je reçois une cliente, je m'investis pleine- ment dans la découverte de sa person- nalité. Des discussions approfondies me permettent de cerner son caractère, afin de lui proposer un style et des couleurs qui la mettent en valeur. Et je dois dire

que les femmes qui font appel à mes services, me font confiance de manière totale. Elles sont convaincues que mes créations, tant les modèles que les cein- tures que je conçois, sont originaux. F.N.H. : Vous travaillez chez vous ? S. H. : Oui parce que, d’une part, je sous-traite car cela me donne également la flexibilité nécessaire pour me concen- trer sur les aspects créatifs et concep- tuels. D’autre part, travailler dans mon atelier me permet d'organiser l’espace selon mes besoins, maximisant ainsi la qualité et la créativité dans mon travail. F.N.H. : Vous êtes chère ? S. H. : Le coût de mes créations varie en fonction de deux principaux critères : la qualité du tissu utilisé et les exigences spécifiques de la confection. La tarifi- cation est ajustée en conséquence pour refléter la qualité des matériaux choisis et les détails particuliers requis par la cliente. Ainsi, la personnalisation des créations et l'utilisation de tissus haut de gamme sont des éléments qui influent sur le prix final de chaque pièce. ◆

Fière de mes racines, je m'efforce de les sublimer.

F.N.H. : Lors du 8 ème Caftan, une

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