Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 28 mars 2025 - 8 DH - N° 1190
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Télécoms
Baisse du taux directeur Une inflexion monétaire aux multiples impacts
Tout savoir sur le méga deal entre Maroc Telecom et Inwi
P. 21
P.9
Retour gagnant du Maroc sur les marchés internationaux DETTE SOUVERAINE
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Emploi
Bourse de Casablanca Étrangers et particuliers plus dynamiques
Algérie – France Tebboune, du bras de fer à la danse du ventre
La feuille de route, une belle vitrine ?
P. 28/29
P. 14
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Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
26 L'UNIVERS DES TPME
ACTUALITÉ
Editorial
Entretien avec Sokaina Sayouri : Schoolify, «Quand la technologie repense la gestion des écoles»
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Voyons voir : Climat des affaires : L’heure de pas- ser du PowerPoint à l’action
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
28 POLITIQUE
BOURSE & FINANCES
Algérie – France : Tebboune, du bras de fer à la danse du ventre
Point Bourse Hebdo : Cap sur les 1.000 milliards Marchés financiers internationaux : Retour gagnant du Maroc Libéralisation du Dirham : S’émanciper sans se précipiter Baisse du taux directeur : Une inflexion monétaire aux multiples impacts Déficit budgétaire : Entre réformes et soutiens internationaux Fiscalité : Entre équité, efficacité et compétitivité Banques : Un vent glacial souffle sur les transferts des MRE Bourse : Les étrangers et les particuliers plus dyna- miques sur le marché marocain Sanlam Maroc : Une dynamique positive portée par des fondamentaux solides Sonasid : Des perspectives solides CMGP Group : Des bénéfices en progression de plus de 49% en 2024 Maroc Telecom : AGR recommande de conserver le titre et relève son objectif de cours TGCC : Forte croissance des bénéfices en 2024 et visibilité accrue sur l'activité à moyen terme Crédit du Maroc : AGR reste à l'achat et prévoit de rehausser son cours cible Climat des affaires : La Banque mondiale appelle le Maroc à prioriser les réformes
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Emploi
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5 milliards de dirhams. Un chiffre qui claque. Un chiffre qui traduit une volonté politique : celle de s’attaquer au monstre du chômage. Le gouvernement marocain a donc dévoilé dernièrement sa feuille de route pour la relance de l’emploi. Objectif : ramener le taux de chômage à 9% d’ici 2030 contre 13,3% en 2024. L’ambition est forte. Trop peut-être. D’abord, plantons le décor ! Le Royaume traverse une zone de tur- bulences climatiques et économiques. Six années de sécheresse. Une croissance molle qui tourne autour de 3,5%. Une agriculture 1 La feuille de route, une belle vitrine ? exsangue (près de 200.000 emplois perdus en 2023 et 137.000 en 2024). Et une économie qui peine à digérer les crises internationales à répétition. Résultat : un marché du travail moribond et des jeunes qui usent leurs pan- talons sur les bancs du chômage. Dans ce contexte, la feuille de route gouvernementale avance ses pions : 12 milliards de DH pour booster l’investissement, 2 milliards pour améliorer l’efficience des programmes de promotion de l’emploi et 1 milliard pour sou- tenir un monde rural au bord de la déshérence. Le tout, avec l’ambition de créer 350.000 emplois d’ici 2026 et 1,45 million d’ici 2030. Sur le papier, ça respire la méthode. Dans les faits, c’est plus compliqué. Car la réalité a un vilain défaut : elle est têtue. Prenons les projections du Policy Center for the New South (PCNS), qui a décortiqué les scénarios de cette fameuse feuille de route. Pour atteindre un taux de chômage à 9% en 2029, il faudrait une croissance de 7,9% par an. Rien que ça ! Or, avec les moteurs actuels de l’économie, on plafonne péniblement à 3,5%. Ce scénario frôle donc l’utopie. Un deuxième scénario, plus réaliste, table sur une croissance moyenne de 4% par an. Il permettrait la création d’environ 500.000 emplois et ramènerait le chômage à un niveau plus supportable, sans pour autant atteindre les 9% visés. Ce scénario, plus modeste, reflète sans doute mieux les capacités réelles du tissu économique national. Le troisième scénario fixe la barre à 6,65% de chômage, mais à condition d’atteindre une croissance explosive de… 10,4% par an ! Autant dire un vœu pieux sans transformation radicale du modèle productif. Enfin, le scénario 4, celui qui prolonge les tendances actuelles, nous ramè- nerait à un taux de chômage de 11,9% à l’horizon 2029. Autrement dit, une stagnation maquillée en progrès. Pour créer 1,45 million d’emplois, il faut donc repenser en profondeur le modèle économique, dynamiser les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, flexibiliser le marché du travail et, surtout, relever l’élasticité emploi-croissance, actuellement à 0,23 selon le PCNS. En d’autres termes, une hausse de 1% du PIB n’entraîne qu’une hausse de 0,23% de l’emploi. C’est maigre. Très maigre. Dans ce contexte, la réforme du marché du travail reste un élément-clé. Coincée entre la frilosité politique et les pressions syndicales, elle est pour- tant primordiale. Les rigidités actuelles (embauche, licenciement, fiscalité du travail…) découragent bien des entrepreneurs. Et sans un secteur privé vigoureux, toutes les feuilles de route seront réduites à une simple clause de style. Alors, faut-il jeter celle-là aux orties ? Certainement pas. Elle a le mérite d’exister, d’agréger des pistes pertinentes et de mobiliser un budget signi- ficatif (15 milliards de DH, tout de même !). Elle traduit une volonté politique que l’on ne peut nier. Mais pour qu’elle ne reste pas une belle vitrine, elle devra non seulement impulser une transformation économique majeure, mais également surmonter des inerties bien connues : lenteurs administratives, cloisonnement des politiques publiques, sous-capitalisation des territoires, faiblesse de la coordination entre les acteurs... u
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Transition énergétique : Une ambition à l’épreuve des réalités 30 DEVELOPPEMENT DURABLE
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ECONOMIE
HIGH-TECH
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Télécoms : Tout savoir sur le méga deal entre Maroc Telecom et Inwi Entretien avec Mohamed Saïd Tahiri : Tourisme, «Les leviers à actionner ne sont plus des choix stratégiques, mais des impératifs» Campagne agricole : Pour se rattraper, les exploi- tants tablent sur les cultures printanières Développement humain : Le Maroc peine à décoller
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Données bancaires piratées : Un coup dur pour la confiance des clients Télécoms : Maroc Telecom, leader des télécoms au Maroc selon Ookla
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
Climat des affaires
L’heure de passer du PowerPoint à l’action
D ans son dernier bulletin économique dédié au Maroc et intitulé « Prioriser les réformes pour améliorer le climat des affaires », la Banque mondiale se montre plutôt encourageante, tout en glissant quelques conseils bien sentis. A lire entre les lignes «le Maroc va bien, mais pourrait aller beaucoup mieux… s’il le voulait vraiment». Le rapport, à la tonalité analytique, dresse un tableau contrasté. En surface, des signes de vitalité : un PIB qui devrait progresser de 3,6% cette année, une inflation ramenée à la raison, une monnaie stable, un déficit courant maîtrisé et, cerise sur le gâteau, un regain de confiance des investisseurs étrangers. Voilà qui ferait pâlir d’envie bien des économies émergentes. Mais comme toujours, les chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Par D. William
l’action publique. En tête des priorités : simplifier les procédures administratives, la lutte contre les coûts élevés et les obstacles à l’embauche formelle, rendre plus lisibles et rapides les réso- lutions de litiges et numériser les services liés à l’insolvabilité. Parce que oui, même faire faillite au Maroc est une épreuve de force. Bref, il y a encore du taf. Mais réformer, ce n’est pas empiler les lois ou organiser des ateliers de concertation. C’est trancher, arbitrer et, parfois, déranger. C’est affronter des intérêts établis, secouer une bureaucratie qui est dans sa zone de confort et, surtout, croire au changement. Le Maroc en a les moyens. Ce qu’il lui faut désormais, c’est l’impulsion. Et pour ce faire, le timing est parfait. Avec une inflation maîtrisée, une Banque centrale en mode assouplissement et une conjoncture extérieure plutôt favorable, c’est le bon moment pour appuyer sur l’accé- lérateur. D’autant plus que les investisseurs sont là, attentifs, prêts à mettre la main à la poche, à condition de ne pas perdre leur temps dans la paperasse ou les impasses judiciaires. Passons donc à l’acte ! ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
à une garden-party économique. Le secteur non agricole, par contre, a fait preuve d’un certain panache, notamment l’industrie et l’investisse- ment. Mais venons-en à ce qui pique l’intérêt : le cha- pitre spécial consacré au climat des affaires. Le diagnostic des économistes de la Banque mon- diale est sans appel : si le Maroc performe plutôt bien en matière de réglementation et d’accès aux services publics, il trébuche encore et tou- jours sur l'efficacité opérationnelle. Traduction non diplomatique : on a les lois, mais pas tou- jours l’envie ou les moyens de les appliquer correctement. C’est pourquoi le rapport propose une hiérar- chisation des réformes, histoire de réorienter
Car, à l’arrière-plan, l’économie marocaine tire un peu la langue. L’agriculture, toujours à la merci des caprices du ciel, a connu un coup de mou en 2024, par la faute d’une sécheresse persistante. Le moteur de l’emploi reste grippé, et les jeunes, surtout les femmes, peinent à trou- ver leur place dans un marché du travail qui les regarde encore comme des invités indésirables
Si le Maroc performe plutôt bien en matière de réglementation et d’accès aux services publics, il trébuche encore et toujours sur l'efficacité opérationnelle.
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
Accueil en agence Bank Al-Maghrib tire la sonnette d’alarme F ace à une recrudescence des plaintes de la clientèle sur la qualité de l’accueil en agence bancaire, Bank Al-Maghrib monte au cré- neau. Dans un courrier adressé au Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), le Wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, alerte sur les doléances récurrentes concernant le traitement réservé aux usagers par certains employés bancaires. Pour y remédier, une commission mixte BAM-GPBM sera prochainement mise en place. Elle aura pour mis- sion d’évaluer les bonnes pratiques, d’assurer le moni- toring de l’accueil et de proposer une charte inter- bancaire garantissant un socle minimal et uniforme de qualité de service. L’objectif est clair : renforcer la satisfaction, la fidélisation et l’inclusion financière des clients, tout en valorisant l’image du secteur bancaire. ■
Le Roi procède à plusieurs nominations L e Roi Mohammed VI a nommé, lundi 24 mars 2025, certains responsables d’institutions constitutionnelles. Il s’agit de :
• Abdelkader Amara, président du Conseil économique, social et environnemental. • Mohamed Benalilou, président de l’Instance nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la cor- ruption. • Hassan Tariq, au poste de Médiateur du Royaume.
Ces nominations s’inscrivent dans le cadre de la volonté du Roi de voir ces institutions accomplir les missions qui leur sont confiées par la Constitution du Royaume, de raffermir leur rôle dans la consé- cration des principes de la bonne gouvernance, de la consolidation de la démocratie participative et de la protection des droits et libertés. Elles reflètent aussi l’intérêt accordé par le Roi à ces instances, en tant qu’institutions constitution- nelles indépendantes, en vue de conférer une dynamique nouvelle à leurs missions et de renforcer leur interaction avec les différentes institutions nationales, dans le suivi des différentes réformes et grands chantiers que connaît le Royaume. ■
Al Omrane Un investissement global
Croissance Malgré les vents contraires, les dirigeants marocains restent optimistes M algré les turbulences géopolitiques et climatiques qui affectent l’écono- mie mondiale, les dirigeants marocains sont optimistes. Selon la 28 ème édition du PwC Global CEO Survey, dévoilée à Casablanca, 81% des chefs d’entreprise marocains se déclarent confiants quant à la croissance de l’économie nationale, un chiffre certes en baisse par rapport aux 90% de 2024, mais qui illustre une résilience remarquable du tissu économique local. Sur le plan mondial, 52% d’entre eux se montrent optimistes, contre 58% un an plus tôt. L'enquête, menée auprès de 4.700 dirigeants dans 109 pays, met en évidence plusieurs tendances majeures: 90% des CEO marocains croient à la croissance de leur propre entreprise à court terme, 34% identifient le risque géopolitique comme principal défi et 71% projettent d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs processus d’ici trois ans. Par ailleurs, 47% envisagent une acquisition d’ici 2027, tandis que 39% en ont réalisé une ces trois dernières années. En matière environnementale, 45% des dirigeants se montrent attentifs aux réglementations sur les émissions carbone, notamment dans le cadre du méca- nisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne. La transition vers une économie plus verte devient ainsi un impératif stratégique, les entreprises marocaines adaptant leurs modèles aux nouvelles exigences ESG (environnement, social et gouvernance). ■
de 7,3 milliards de dirhams prévu cette année L e Groupe Al Omrane affiche de solides performances et des ambitions renouvelées. Lors du Conseil de surveillance du 24 mars 2025, présidé par la ministre Fatima Ezzahra El Mansouri, il a été annoncé que le groupe investira 7,3 milliards de dirhams en 2025, en hausse de 34% par rapport à 2024. Le programme d’aide directe au logement Daam Sakane, lancé en janvier 2024, illustre la montée en puissance de l’action publique dans le secteur : 145.033 demandes ont été déposées par 123.897 demandeurs (dont 24,7% de MRE), et 43.228 aides ont été versées pour un montant total de 3,5 milliards de dirhams. La majorité des aides concerne des logements entre 300.000 et 700.000 DH (62,9%), tandis que 37,1% visent des logements à moins de 300.000 DH. Côté réalisation, en 2024, le chiffre d’affaires du groupe a atteint 5,4 milliards de dirhams (+27%), avec des recettes en hausse de 38% à 6,5 Mds de DH. Les investissements ont atteint 5,4 milliards (+19%), avec notamment le lancement de 8.309 nouvelles unités de production et l’achèvement de 14.083 unités. L’endettement a diminué de 9%, passant à 7,6 milliards de dirhams. Les com- mandes de l’Etat, quant à elles, ont bondi de 147%, atteignant 4,2 milliards de dirhams. Le Groupe s’est également mobilisé dans l’après-séisme d’Al Haouz, recruant plus de 500 professionnels (ingénieurs, architectes, bureaux d’études, labora- toires, entreprises partenaires) pour assurer la reconstruction. ■
www.fnh.ma
ÇA SE PASSE AILLEURS
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Europe
La Banque centrale maintient le taux directeur à 7,50% Afrique du Sud L a Banque centrale sud-africaine a maintenu le taux directeur à 7,50%, suspendant ainsi le cycle de baisse qui a débuté en septembre 2024. Dans une déclaration aux médias, le gou- verneur de la Banque, Lesetja Kganyago, a indiqué que l'économie mondiale connaît des niveaux d’incertitude extrêmes, avec des perspectives imprévisibles. «Les tensions commerciales se sont inten- sifiées et les relations géopolitiques de longue date connaissent une évolution brutale», a-t-il déclaré, notant que bien que l’inflation locale semble contenue, avec une inflation globale moyenne désormais projetée à 3,6% cette année et atteignant 4,5% en 2026, la balance des risques est à la hausse. ■
L a Banque centrale d’Argentine a dû débour- ser, en seulement trois jours, un milliard de dollars pour stabiliser les cours de change de la monnaie nationale, le PESO. Selon les calculs réalisés par un cabinet de conseil local, cette somme représente la plus grande perte de réserves depuis la semaine précédant les élections générales de 2019. Ainsi, les réserves de devises de la Banque centrale sont tombées à 26,78 milliards de dollars, leur plus bas niveau depuis septembre 2024. Le cabinet-conseil «GMA Consultores» nuance toutefois que cette baisse reflète également les engagements financiers récemment pris par le gouvernement. La semaine dernière, de fortes turbulences ont touché le mar- ché de change à cause d’informations contradic- toires sur un futur accord de prêt avec le Fonds monétaire international. ■ Un milliard de dollars débloqué pour enrayer la dépréciation du PESO Argentine
La BCE a encore de la marge pour baisser les taux L e gouverneur de la Banque de France a suggéré de nouvelles étapes dans l'assouplissement de la politique monétaire en zone Euro, où il existe à ses yeux une «tendance solide» à la désinflation. Les droits de douane brandis par le président amé- ricain Donald Trump, notamment à l'encontre de produits européens, «ne devraient pas avoir d'effet inflationniste significatif dans la zone Euro» et bien moins qu'aux États-Unis, c'est pourquoi «il reste de la marge pour poursuivre l'assouplissement» des taux d'intérêt, a déclaré François Villeroy de Galhau dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il existe une «tendance solide à la désinflation» en Europe, explique le banquier central, qui siège dans l'instance de décision monétaire de la Banque centrale européenne, tandis que le taux d'inflation, de 2,3% en février, se rapproche de la cible de 2% visée par la BCE. ■
BOURSE & FINANCES
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Point Bourse Hebdo Cap sur les 1.000 milliards
Evolution de l'indice Masi depuis début mars 2024
L Après un match nul entre acheteurs et vendeurs la semaine précédente, c’est Bank Al-Maghrib qui a dynamité les débats. Détails. Dès la séance suivante, le Masi bon- dit de 2,10%, enclenchant une dyna- mique qui fera de cette semaine la meilleure de l’année : +6,07%. L’indice dépasse désormais les 17.600 points, soit un nouveau plus haut historique, sur fond de volumes étoffés (4,5 milliards de dirhams). Un flux d’activité d’autant plus notable que les horaires de cotation sont réduits de moitié durant le Ramadan (seulement 3H30 de cotation). Par Y . Seddik pour l’action. Et les marchés, eux, ont répondu sans détour.
e seuil est encore lointain, mais plus vraiment inaccessible. À 912 milliards de dirhams, la capitalisa- tion de la Bourse de Casablanca avance à grandes enjambées vers la barre mythique du billion (1.000 milliards). Cette frontière psycholo- gique aux trois zéros, que l’on n’évo- quait même pas, tant elle semblait hors de portée, paraît aujourd’hui atteignable. Le marché, porté par un enchaînement de signaux favo- rables, a retrouvé une cadence qu’on n’avait plus vue depuis des années. Après un bras de fer sans vain- queur entre acheteurs et vendeurs la semaine passée, c’est finalement Bank Al-Maghrib qui a tranché. Ou plutôt, qui a mis… le feu. En abais- sant son taux directeur de 25 points de base alors que le consensus pariait sur un statu quo, l’institution a relancé un marché qui ne deman- dait qu’un signal pour s’emballer. Une décision inattendue, presque impensable tant la Banque cen- trale nous avait habitués à jouer « la gardienne prudente» . Mais voilà : inflation maîtrisée, déficit contenu, croissance à relancer. BAM a opté
TOP Performances
FLOP Performances
M2M Group Balima Involys
-4,54%
+47,24% +37,31%
Stokvis Nord Afrique Sonasid Managem
-2,65%
-2%
+27,76 %
Le marché a donc rapidement inté- gré les implications de cette nou- velle détente monétaire : des ren- dements obligataires sous pression, un coût de financement plus léger pour les entreprises cotées, et une prime de risque action redevenue très compétitive. À cela s’ajoute un autre élément de contexte : la pro- bable sortie imminente du Trésor sur les marchés financiers interna- tionaux, qui pourrait encore aplatir la courbe des taux. Les secteurs sen- sibles aux conditions monétaires, banques en tête, suivies des valeurs de croissance, redeviennent des cibles naturelles. L’appétit pour le
risque remonte, les flux suivent. Autre moteur de cette envolée : les publications annuelles. Les résultats continuent de tomber, et les sur- prises sont au rendez-vous. Certaines sont même spectaculaires. Sonasid, par exemple, affiche une hausse de 117% de son résultat net part du groupe à 141 MDH, soit son plus haut niveau depuis 2009. Le marché salue l'exploit : +37,31% en une semaine. Côté secteurs, le constat est parlant : 23 sur 24 évoluent dans le vert depuis le début de l’année. Seule exception: les boissons, en recul de 1,06%. À l’opposé, le secteur minier s’illustre
avec +64,59%, porté par la flambée des métaux précieux. L’or dépasse les 3.000 dollars l’once. D’ailleurs, Managem s’est envolée de +27,76% cette semaine, à 4.070 DH. Au final, une performance annuelle qui frôle déjà les 19,28% au 21 mars, que peu d’analystes auraient osé avancer il y a encore quelques semaines, un engouement palpable, et un sentiment de «tout est pos- sible» qui s’installe...Voilà de quoi nourrir un cycle haussier qui, cette fois, semble s’appuyer autant sur les faits que sur les convictions retrou- vées.. ◆
BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
d’Amérique latine et d’Asie, qui empruntaient traditionnellement en Dollar». L’autre raison avan- cée par l’expert est la flexibilité qu’offre le marché EUR en termes de maturité. «Le marché obliga- taire US est concentré sur les indices de référence de 10 et 30 ans, alors que dans celui de l’Euro des émissions de 6, 8 ou 12 ans sont courantes et peuvent aider les émetteurs à lisser le rembour- sement de la dette». Enfin, ajoute- t-il, «les taux nominaux libellés en Euro ayant récemment été nette- ment inférieurs à ceux en Dollar, engendrent mécaniquement des coupons plus faibles à payer par les émetteurs ». Qui détient la dette extérieure marocaine ? À fin 2023, l’encours de la dette extérieure publique et garantie par l’État s’établit à 69,3 milliards de dollars, selon les chiffres de la Banque mondiale. Sa struc- ture reflète un équilibre progressif entre financements concession- nels et emprunts de marché. Les créanciers multilatéraux forment le socle principal de cette dette, représentant près de la moitié de l’encours total. Parmi eux, la Banque mondiale (BIRD) se dis- tingue comme le principal parte- naire, avec 20% du total, suivie par la Banque africaine de déve- loppement (10%) et d’autres ins- titutions multilatérales régionales ou spécialisées qui complètent les 19% restants. Les créanciers bilatéraux, quant à eux, pèsent 15% dans la structure globale, selon la même source. Ce segment est principalement constitué de pays partenaires comme la France et l’Allemagne, qui détiennent chacun 5%, le Japon (2%) et d’autres accords bilatéraux représentant les 3% restants. Enfin, les créanciers privés occupent désormais une place importante dans le finance- ment du Royaume. Ils concentrent 36% de la dette, dont une majorité sous forme d’obligations interna- tionales détenues par des inves- tisseurs institutionnels, représen- tant 27%, tandis que les banques commerciales et autres institu- tions privées en détiennent 9%. ◆
Marchés financiers internationaux
Retour gagnant du Maroc
L’émission internationale du Maroc a suscité un véritable engouement, la demande atteignant près de sept fois le montant proposé. Détails et analyse. Par Y. Seddik
Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances
C
hose promise, chose due. Le Trésor marocain avait annoncé son intention de retourner sur les marchés internationaux avant la fin du premier trimestre 2025. C’est désormais chose faite, et avec brio. Après une année 2024 sans recours au marché obliga- taire international, le Royaume signe un retour convaincant en levant 2 milliards d’euros, répartis en deux tranches : 1,1 milliard d’euros sur 10 ans et 900 millions sur 4 ans. L’opération, menée sous le régime 144A/Regulation S, a été sursous- crite près de 7 fois, avec une demande totale avoisinant les 7 milliards d’euros, preuve du fort engouement des investisseurs ins- titutionnels. Les primes de risque se sont établies à 215 points de base pour la tranche longue et 155 points pour la courte, confir- mant la perception favorable du risque souverain marocain. Cette émission s’inscrit dans un environnement international tou- jours incertain, marqué par des tensions géopolitiques et un cycle monétaire en transition.
Et pourtant, le Maroc parvient à tirer son épingle du jeu, bénéfi- ciant de conditions jugées très favorables. Le succès de cette opération illustre la solidité du profil macroéconomique du pays, son engagement budgétaire ainsi que la qualité de sa gouvernance financière. Ce retour a été précé- dé d’un roadshow ciblé auprès de la communauté des investisseurs, mené par la ministre de l’Écono- mie et des Finances, Nadia Fettah, accompagnée des équipes de la Direction du Trésor et des finances extérieures (DTFE). Pour piloter cette émission, Rabat a mandaté un consortium de banques inter- nationales de premier plan : BNP Paribas, Citi, Deutsche Bank et J.P. Morgan. Classé Ba1/BB+ avec perspective stable ou positive par Moody’s et S&P, le Maroc continue de béné- ficier d’une prime de crédibilité auprès des grands gestionnaires d’actifs, malgré la volatilité accrue des marchés émergents. Cette sortie tant attendue par les opérateurs locaux devrait égale- ment entraîner une détente des
taux sur le marché domestique, déjà amorcée après la baisse du taux directeur par Bank Al-Maghrib le 18 mars dernier. Le signal envoyé aux investis- seurs est clair : le Trésor conserve une forte capacité à mobiliser des ressources en devises à des conditions avantageuses. Selon plusieurs analystes de la place, la tendance baissière des taux obli- gataires devrait se poursuivre d’ici la fin de l’année 2025. Pourquoi le choix de l’Euro ? Le marché US de la dette est plus établi et plus liquide que celui de l’Europe. Toutefois, depuis 2013, une tendance a été observée : une augmentation significative des emprunts des marchés émergents en Euro au détriment du Dollar. En effet, selon un professionnel du marché des taux, « la poli- tique expansionniste continue de la BCE a incité les économies émergentes à augmenter leurs emprunts en Euro. Cela a été le cas de la Turquie, de la Russie, ou encore de la Pologne. C’est aussi le cas de plusieurs pays
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
Libéralisation du Dirham S’émanciper sans se précipiter
la stabilité accrue qu’offre un tel marché favorise l’attractivité du Maroc aux yeux des inves- tisseurs internationaux, qui dis- posent d’une visibilité renforcée sur l’évolution des cours. Impact visible Les chiffres récents de Bank Al-Maghrib confirment l’impact de ces réformes. Au premier tri- mestre 2025, le montant mensuel moyen des échanges de devises contre dirhams sur le marché interbancaire a reculé de 37,7% en glissement annuel, atteignant 42,3 milliards de dirhams. En parallèle, la valeur du Dirham a connu une appréciation de 1,39% vis-à-vis de l’Euro et une dépréciation de 1,49% face au Dollar américain, reflétant les ajustements en cours sur le mar- ché des changes. Si ces réformes successives témoignent d’une volonté claire d’aller vers un régime de change plus flexible, la libéralisation totale du Dirham ne saurait être précipitée. Une transition trop rapide exposerait l’économie à des risques de volatilité exces- sive, susceptibles d’engendrer une inflation importée ou des sorties de capitaux incontrôlées. Bank Al-Maghrib adopte ainsi une approche prudente, veillant à ce que chaque avancée soit assimilée par les opérateurs avant d’engager une nouvelle étape. À terme, lorsque le marché des changes sera suffisamment mature et que les acteurs éco- nomiques auront acquis l’ex- périence nécessaire, le Maroc pourra envisager un passage vers un régime de change totale- ment flexible. Cette transforma- tion, qui s’inscrit dans une dyna- mique d’intégration accrue à l’économie mondiale, permettra au Dirham d’évoluer librement en fonction des forces du mar- ché. Toutefois, avant d’atteindre ce stade ultime, il reste encore du chemin à parcourir, avec pour priorité la consolidation des mécanismes récemment mis en place et l’accompagnement des entreprises dans cette mutation stratégique. ◆
L Depuis plusieurs années, le Maroc amorce une transition vers un régime de change plus souple, permettant au Dirham d’évoluer progressivement sous l’effet de l’offre et de la demande. Les réformes engagées par Bank Al-Maghrib visent à préparer le marché et les entreprises à un avenir où la monnaie nationale ne sera plus sous contrôle direct. Par Gh. Bennani
a libéralisation du régime de change suit une trajectoire réfléchie et progressive, orches- trée par Bank Al-Maghrib afin d’accompagner en douceur l’économie nationale vers une plus grande flexibilité monétaire. Ce processus, amorcé il y a plusieurs années, repose sur une succession d’étapes straté- giques visant à renforcer la rési- lience du marché des changes et à préparer les acteurs écono- miques aux défis d’un système où l’offre et la demande joueront un rôle central. Tout a commencé avec l’élargis- sement des bandes de fluctuation du Dirham, une réforme majeure introduite en 2018. Alors que le taux de change était jusqu’alors encadré dans une marge étroite de ±0,3%, celle-ci a été portée à ±2,5%, avant d’atteindre ±5% en 2020. Cette évolution a permis au Dirham de mieux refléter les dynamiques du marché, tout en
réduisant la nécessité d’inter- ventions directes de la Banque centrale. En rendant le taux de change plus flexible, le Maroc s’est donné les moyens d’absor- ber plus efficacement les chocs externes, qu’il s’agisse de fluc- tuations des cours du pétrole, de turbulences financières inter- nationales ou de variations des échanges commerciaux. Dans cette logique d’assouplis- sement, la mise en place d’un marché interbancaire de change a constitué une avancée déter- minante. Ce dispositif a donné aux banques un rôle central dans la formation du taux de change, qui est désormais influencé par l’offre et la demande plutôt que fixé exclusivement par l’auto- rité monétaire. En dynamisant les échanges de devises, cette réforme a contribué à renfor- cer la liquidité du marché et à habituer les acteurs écono- miques à gérer un environne-
ment plus volatil. Désormais, les entreprises peuvent ajuster leurs positions en devises de manière plus fluide, tandis que Bank Al-Maghrib limite son inter- vention aux cas de déséquilibres excessifs. Le processus s’est encore accé- léré avec la création, en février 2025, d’un marché à terme de change. Cette nouvelle infras- tructure vise à offrir aux entre- prises et aux investisseurs un outil essentiel pour se prému- nir contre le risque de change. Grâce à ce mécanisme, il est désormais possible de fixer à l’avance un taux de change pour une transaction future, rédui- sant ainsi l’incertitude liée aux variations du Dirham. Pour les importateurs et exportateurs, cette innovation représente une avancée majeure, leur permet- tant d’anticiper leurs coûts et de sécuriser leurs marges face aux aléas du marché. Parallèlement,
Une libéralisation sous contrôle : le Dirham poursuit son évolution vers plus de flexibilité, sous l'œil attentif de Bank Al-Maghrib.
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à court terme, avec une baisse progressive des rendements des bons du Trésor. Cette dynamique pourrait être renforcée par une éventuelle émission souveraine en devises, qui viendrait soulager la pression sur les financements domestiques. En outre, c’est sur le marché actions que les effets d’une baisse des taux sont les plus specta- culaires à court terme. À mesure que le taux sans risque diminue, la valeur actualisée des bénéfices futurs des entreprises augmente, ce qui dope mécaniquement les valorisations. Selon les calculs de CFG Bank, la baisse récente du taux directeur induit un potentiel de hausse du MASI de 4%. Ce potentiel pourrait même atteindre 7% si le taux sans risque descen- dait à 2,95%, voire 9% en cas de nouvelle baisse du taux directeur à 2% dans les mois à venir. Ce scénario repose sur une modé- lisation du PER théorique du mar- ché à partir de l’écart historique moyen entre le rendement des bénéfices et le taux sans risque, estimé à 1,88% sur la décen- nie écoulée. Avec un taux sans risque à 3,07%, cela induit un PER théorique de 20,2x, contre 19,4x actuellement observé. L’ajustement attendu offrirait donc un levier de valorisation supplé- mentaire, surtout si les bénéfices attendus des entreprises (près de 45,9 Mds de dirhams en 2025E) se concrétisent. En somme, le pari de Bank Al-Maghrib a été de capitaliser sur une fenêtre de désinflation maîtrisée (2% attendus en 2025, 1,8% en 2026) pour soutenir la croissance à travers un assou- plissement monétaire ciblé. Pour l’heure, la politique monétaire du wali s’inscrit dans une logique d’alignement avec les grandes Banques centrales engagées dans un cycle de baisse (BCE, BoC, BoE). Mais contrairement à la FED qui temporise face aux incerti- tudes inflationnistes, BAM fait le pari d’un soutien plus appuyé à la croissance. Ce choix, s’il s’avère judicieux, pourrait conforter le cycle de reprise économique et raviver l’appétit des investisseurs sur toutes les classes d’actifs. ◆
La baisse du taux directeur à 2,25% devrait alléger
le déficit public, relancer le crédit et soutenir la valorisation des actifs financiers.
Baisse du taux directeur Une inflexion monétaire aux multiples impacts T La Banque centrale a abaissé son taux directeur de 25 points de base le 19 mars, le portant à 2,25%. Une décision qui intervient à contrepied des attentes majoritaires du marché, qui misait plutôt sur un statu quo. out d’abord, la baisse du taux directeur engendre mécanique- ment une réduction du coût de financement de l’État. Selon Attijari Global Research (AGR), chaque diminution de 25 points de base génère une économie annuelle d’environ 300 millions de dirhams sur les charges d’intérêt du Trésor. Ainsi, à l’horizon 2025, le déficit budgétaire, initialement projeté à 3,9% du PIB, pourrait s’alléger à 3,5%. Un soulagement modeste, mais bienvenu dans un contexte (+3,9% prévue) repose en partie sur une reprise de la demande intérieure et de l’investissement privé. Des taux obligataires sous pression et une Bourse gagnante Si ce choix s’inscrit dans un contexte global d’assouplissement monétaire, ses implications sur les finances publiques, le crédit bancaire, le marché obligataire et la Bourse sont multiples et interconnectées. Décryptage. Par Y. Seddik
de dépenses d’investissement publiques massives, avec plus de 1.700 milliards de dirhams sur cinq ans pour accompagner les réformes économiques, sociales et hydriques du Royaume. Ensuite, le canal du crédit est l’un des premiers à réagir aux signaux de politique monétaire. La baisse cumulée de 50 points de base du taux directeur depuis juin 2024 commence à produire ses effets: les taux débiteurs ont reculé à 5,08% en 2024. AGR anticipe une nette accélération du rythme de croissance du crédit bancaire à +5,9% en 2025 (contre +2,6% en 2024), portée par des conditions de financement plus favorables pour les ménages et les entre- prises. Cet effet est d’autant plus stratégique que la croissance 2025
Parallèlement, les marchés obliga- taires devraient également béné- ficier de cette orientation plus accommodante. Les premières tensions haussières observées en début d’année, nourries par une inflation remontée temporairement à 2% en janvier et par une forte activité du Trésor sur le marché primaire (42 milliards de dirhams levés au T1), devraient s’atténuer. Selon AGR, la détente des taux directeurs devrait se répercuter sur la courbe des taux, notamment
À mesure que le taux sans risque diminue, la valeur actualisée des bénéfices futurs des entreprises augmente, ce qui dope mécaniquement les valorisations.
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Déficit budgétaire Entre réformes et soutiens internationaux Le Maroc s’engage dans un plan ambitieux pour réduire son déficit budgétaire et optimiser ses finances publiques d’ici 2026. Mais les défis restent nombreux, malgré les financements internationaux et les bonnes performances économiques.
promettre ses objectifs de crois- sance. Le pays met également en place une série de mesures visant à élargir l'assiette fiscale, en par- ticulier en luttant contre l'évasion fiscale et en améliorant l'effica- cité du recouvrement des impôts. Cette politique vise à augmenter les recettes publiques sans alour- dir la charge fiscale des citoyens et des entreprises. L'élargissement de l'assiette fiscale permet ainsi de mieux répondre aux besoins croissants de financement public, tout en soutenant la croissance économique. Selon un expert éco- nomiste, «les réformes entreprises par le Maroc ces dernières années ont permis d'améliorer la collecte fiscale et de renforcer la crédibi- lité du pays vis-à-vis des investis- seurs internationaux. Toutefois, le véritable défi reste de concilier la croissance économique avec la maîtrise des dépenses publiques, surtout en période d'incertitude économique mondiale». Ces mesures fiscales viennent compléter les efforts visant à sta- biliser les finances publiques, mais la gestion de la dette publique demeure également un axe straté- gique majeur. Le Maroc s’efforce de réduire sa dette publique en utilisant les recettes fiscales excé- dentaires pour accélérer ce pro- cessus. Cela permettra de rap- procher le niveau d’endettement du pays de celui qu’il connaissait avant la pandémie, une situation qui serait un gage de crédibilité pour les investisseurs et les parte- naires internationaux du Royaume. Dans l’ensemble, la politique budgétaire du Maroc repose sur un équilibre entre maîtrise des dépenses publiques, augmenta- tion des recettes fiscales et inves- tissements stratégiques dans des secteurs porteurs. Ce modèle, accompagné de réformes conti- nues, constitue un pilier pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement d’une réduc- tion progressive du déficit bud- gétaire et d'une stabilité macroé- conomique renforcée d'ici 2026. Ce parcours est soutenu par une politique monétaire claire et une gestion proactive des ressources publiques, contribuant ainsi à une croissance durable et inclusive. ◆
Par Gh. Bennani
Le gouvernement veut ramener le déficit budgétaire de 4,1 à 3,6% du PIB d'ici 2026.
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a gestion des finances publiques du Maroc s'inscrit aujourd'hui dans une dynamique ambitieuse visant à réduire son déficit budgétaire et à renforcer sa stabilité écono- mique. Le gouvernement a pour objectif de ramener ce déficit de 4,1 à 3,6% du PIB d'ici 2026, une démarche qui repose sur une série de réformes et de stratégies éco- nomiques en constante évolution. Cette initiative s’inscrit dans un contexte global marqué par des perspectives économiques pro- metteuses, mais aussi des défis structurels. L'un des moteurs principaux de cette stratégie réside dans l'opti- misation des recettes fiscales. Selon le rapport de politique monétaire de Bank Al-Maghrib (BAM) de mars 2025, les recettes fiscales ont dépassé les prévisions de 3,5% en 2024, soutenues par la bonne performance des plus gros contribuables et des sociétés cotées. Le dynamisme de l’écono-
mie marocaine, alimenté par des projets d'investissements straté- giques, joue également un rôle crucial dans cette tendance. Ces investissements sont principale- ment orientés vers les secteurs stratégiques comme les infrastruc- tures, l’énergie et l’agriculture, qui viennent soutenir la croissance du pays et, par conséquent, la conso- lidation de la base fiscale. Les réformes entreprises ont per- mis d’alléger la pression sur la Caisse de compensation et de mieux maîtriser la masse salariale de la fonction publique. En 2024, la masse salariale a connu une crois- sance limitée à 3,2% par rapport à l’année précédente, malgré les défis économiques. L’effort pour maîtriser cette masse salariale est d’autant plus crucial que le Maroc s’efforce de maintenir un équilibre budgétaire tout en soutenant ses projets d'investissement et en pré- servant les secteurs sociaux. Dans ce cadre, les récentes
annonces de la Banque mondiale et du FMI sont des signes posi- tifs pour l’économie marocaine. En mars 2025, la Banque mondiale a débloqué un financement de 600 millions de dollars pour sou- tenir les réformes structurelles du Maroc, renforçant ainsi sa capacité à réduire son déficit et à améliorer ses finances publiques. Ce sou- tien financier est un atout majeur, d'autant plus que le pays est éga- lement bénéficiaire d'un décaisse- ment de 496 millions de dollars du FMI, visant à soutenir les politiques économiques en cours. Ces financements internationaux témoignent de la confiance des institutions financières mondiales dans la résilience et la gestion éco- nomique du Maroc, tout en renfor- çant sa capacité à mettre en œuvre ses réformes. Dans un contexte où la croissance mondiale est incer- taine, le Maroc bénéficie de marges de manœuvre accrues pour gérer ses finances publiques sans com-
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Fiscalité Entre équité, efficacité et compétitivité La modernisation fiscale doit aller de pair avec la simplification, l’élargissement de l’assiette et la restauration de la confiance. Une pression fiscale élevée peut nuire à l’investissement, à l’emploi et à la création de valeur.
ment moins de ressources pour l’Etat. Au contraire, elle peut être un stimulateur pour une nouvelle dynamique de l’économie natio- nale et assurer plus de création de valeur ajoutée, d’investissement et d’emplois. Chaque opérateur est par nature un contribuable» , ajoute Amrani. Par ailleurs, l’équité fiscale consti- tue un pilier essentiel du lien de solidarité entre les différents acteurs économiques. Elle contri- bue, de ce fait, à renforcer la stabilité sociale, économique et politique. Le Maroc s’est engagé dans plusieurs réformes en vue de garantir une plus grande équité fiscale. Ces efforts portent notam- ment sur la réduction des taux d’imposition et l’élargissement de l’assiette fiscale, dans l’objectif d’instaurer une véritable justice fiscale. «En dépit des réformes menées, le système fiscal marocain affiche plusieurs limites, surtout en matière d’équité, ce qui fait que ce sont les mêmes qui paient les impôts. Les inégalités de revenus génèrent leur concentration dans des tranches réduites, favorisant les impôts indirects aux dépens des impôts directs ainsi que des taux élevés. Il est important de simplifier le système et la pro- cédure et de l’harmoniser avec les autres textes de loi et règle- ments. A ce niveau, il faut réduire la multiplicité des impôts. Plus le système fiscal national est simple, plus la capacité de contribution et de recouvrement de l’impôt est facile», explique Amrani. Il fau t dire que les différentes mesures inscrites dans les der- nières Lois de Finances entrent dans le cadre de cet effort de sim- plification et d’harmonisation. Par ailleurs, l’administration fiscale a besoin de renforcer son pro- gramme de communication et de sensibilisation pour améliorer ses relations avec les contribuables. «La dernière amnistie fiscale a connu un grand succès grâce à la communication et la sensibi- lisation. Il faut capitaliser sur ce levier pour gagner la confiance des assujettis et instaurer à terme des bases solides du système fis- cal», conclut Amrani. ◆
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Par C. Jaidani
a fiscalité constitue un pilier essentiel du développement. Elle permet une meilleure répartition des richesses, contribue à réduire les inégalités sociales et territo- riales et participe à la consolida- tion des fondements économiques de l’Etat. Conscient de ces enjeux, le Maroc a entrepris plusieurs réformes pour moderniser son système fiscal, en vue de le rendre plus performant, plus équitable, plus transparent et plus efficace. Sur le plan législatif, l’adoption de la loi-cadre 69-19 marque une étape majeure. Fruit d’un proces- sus de concertation avec l’en- semble des acteurs économiques et sociaux, ce texte vise à mettre
en place un cadre de référence capable d’accompagner les muta- tions de l’économie nationale. Une économie en pleine transforma- tion, notamment sous l’effet de la digitalisation et des avancées technologiques. Dans cette dynamique, le nouveau modèle de développement exige une mobilisation importante de ressources budgétaires. Il s’agit de financer des projets structurants dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation ou encore l’essor de filières porteuses de croissance. Cependant, un constat s’impose: le niveau de pression fiscale, mesuré par le ratio des impôts rap- portés au PIB, avoisine aujourd’hui les 30%. Un seuil qui peut s’avé- rer lourd pour certains secteurs d’activité, avec un risque de frein à la compétitivité.
«La pression fiscale affiche un taux considéré comme intermé- diaire par rapport à ceux des pays développés où il se situe au-delà des 40% et à celui des pays de l’OCDE (34%). Mais il figure parmi les plus élevés en Afrique der- rière la Tunisie (36%), alors que l’Egypte et le Sénégal affichent par exemple des taux de 14 et 19% respectivement» , souligne Mohamed Amrani, professeur de sciences économiques à l’univer- sité Hassan II de Casablanca. « Il est important d’atténuer cette pression, car cela a un effet direct sur l’attrait de l’investissement, particulièrement sur la producti- vité marginale du capital. C’est un paramètre très suivi par les opéra- teurs, surtout étrangers, car il est déterminant dans leur business plan. La baisse de la pression fis- cale n’implique pas automatique-
La pression fiscale affiche un taux considéré comme intermédiaire par rapport à celui des pays développés, où il se situe au-delà des 40%.
Après la Tunisie, le Maroc est le deuxième pays d’Afrique en matière de pression fiscale.
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