BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025
souligne que «cette mesure pourrait affecter lourdement les banques marocaines en les forçant à proposer exclu- sivement des produits euro- péens, au détriment des ser- vices spécifiquement adaptés aux besoins des MRE. La sup- pression de l’activité d’inter- médiation pour le compte des banques-mères issues d’États tiers constitue un véritable coup dur pour le système ban- caire marocain». Il ajoute que cette réglementation entraî- nera des dommages collaté- raux significatifs sur les flux de transferts des MRE, qui risquent d’être ralentis et sur- tout alourdis par des coûts de transaction en forte hausse. En effet, cette nouvelle donne s’ajoute à un contexte éco- nomique déjà marqué par un déficit commercial structurel au Maroc, où les transferts des MRE représentent envi- ron 20% des ressources en devises. Ces fonds sont donc devenus un pilier essentiel de la balance des paiements du Royaume, et toute entrave à ces flux financiers pourrait fra- giliser davantage l’économie nationale. Un autre effet immédiat de cette directive sera l’augmen- tation des coûts des trans- ferts d’argent. L’obligation pour les banques marocaines en Europe de proposer des services exclusivement euro- péens signifie une dépen- dance accrue à des inter- médiaires bancaires locaux, majorant les frais appliqués aux MRE lorsqu’ils envoient de l’argent à leurs proches au Maroc. De plus, CRD VI renforce les normes prudentielles et la supervision bancaire, notam- ment en matière de fonds propres, de gestion des risques et de gouvernance. Ces contraintes réglemen- taires exigeront des investis- sements importants de la part des banques marocaines pour rester conformes aux nou- velles exigences, au risque de limiter leur compétitivité sur le
Bank Al-Maghrib travaille sur des solu- tions technologiques et numériques pour contourner les restrictions imposées
par la directive CRD VI de l’UE.
Banques Un vent glacial souffle sur les transferts des MRE
es liens économiques entre le Maroc et l’Union euro- péenne (UE) sont solides et historiques, portés par des échanges commerciaux dyna- miques et une diaspora maro- caine fortement implantée sur le Vieux continent. Toutefois, un vent de réforme réglemen- taire souffle sur cette relation financière, avec l’entrée en vigueur imminente de la direc- tive européenne CRD VI. Prévue pour être transposée par les États membres de L La directive CRD VI, qui entrera en vigueur en 2026, impose de nouvelles contraintes aux banques marocaines opérant en Europe, risquant de perturber les transferts de fonds des MRE. Face à ces défis, Bank Al-Maghrib et les autorités marocaines se mobilisent pour préserver ces flux financiers essentiels à l’économie du pays. Par Désy M.
l’UE d’ici le 10 janvier 2026 et appliquée pleinement dès 2027 pour les succursales de pays tiers, cette nouvelle légis- lation introduit des restrictions majeures sur l’activité des banques étrangères non éta- blies dans l’Union. Son impact pourrait être particulièrement sévère pour les banques maro- caines opérant en Europe, en menaçant directement les flux de transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), qui constituent une source vitale de devises pour le Royaume. Un coup dur pour les banques marocaines La directive CRD VI interdit
aux banques étrangères de proposer des services ban- caires directement à leurs clients résidant dans l’UE à partir de leur pays d’origine. Les filiales des banques maro- caines telles que la Banque Populaire, Attijariwafa bank et Bank of Africa seront directe- ment concernées et devront désormais offrir exclusive- ment des produits financiers conformes aux réglemen- tations européennes, met- tant ainsi fin à l’intermédia- tion entre les banques-mères marocaines et leurs clients établis en Europe. Le professeur d’économie monétaire Rachid El Fakir
Sans une action rapide et concertée, le coût de cette nouvelle réglementa- tion pourrait être élevé pour le Maroc.
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