FNH N° 1190ok

DEVELOPPEMENT DURABLE 30

FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 28 MARS 2025

Midelt, combinant solaire ther- mique et photovoltaïque, marque une avancée majeure vers un mix énergétique plus stable et per- formant. Par ailleurs, l’adoption d’un cadre réglementaire faci- litant l’autoconsommation per- met désormais aux industriels et aux particuliers de produire leur propre électricité, une réforme essentielle pour diversifier l’offre énergétique. L’hydrogène vert constitue un autre levier stratégique. L’ «Offre Maroc» , annoncée récemment, a retenu six projets majeurs pour un investissement total de 319 milliards de dirhams. Si ce posi- tionnement est prometteur, il reste conditionné à une régle- mentation claire et à des infras- tructures adaptées. En parallèle, le gouvernement a renforcé les interconnexions énergétiques : la mise en service du gazoduc Maghreb-Europe en flux inverse sécurise l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié, tandis que le projet d’interconnexion élec- trique avec la Mauritanie pour- rait transformer le Maroc en hub énergétique régional. L’initiative IMAL préconise plu- sieurs mesures pour lever ces freins : renforcer le cadre régle- mentaire de l’autoproduction, accélérer la réforme des contrats d’achat d’électricité et favoriser l’essor des interconnexions avec l’Europe et l’Afrique. «Un chan- gement de paradigme est néces- saire pour concrétiser la vision royale et consolider le leadership du Maroc en matière d’économie verte», conclut Guemra. La transition énergétique n’est plus un choix, mais une néces- sité. Le Maroc dispose des res- sources, des ambitions et des premiers jalons d’une mutation réussie. Mais sans une mise en œuvre plus rapide des réformes, le pays risque de voir son élan freiné par les pesanteurs admi- nistratives et les retards d’exé- cution. L’enjeu dépasse le seul cadre environnemental : il condi- tionne l’avenir économique du Maroc et son positionnement dans l’économie mondiale de demain. ◆

 L'achèvement du projet Noor Midelt jouera un rôle clé dans l’ambition du Royaume d’atteindre, d’ici 2030, un mix électrique composé à plus de 52% d’énergies renouvelables.

Transition énergétique

Le Maroc ambitionne de devenir un leader africain des énergies renouvelables, mais des retards dans la mise en œuvre de sa transition énergétique pourraient freiner cet élan. Entre initiatives gouvernementales et défis structurels, le pays se doit d’accélérer la cadence pour atteindre les objectifs du Nouveau modèle de développement. Une ambition à l’épreuve des réalités Par Désy M. L

de l’électricité (ANRE), censée structurer un marché concurren- tiel et favoriser un cadre pro- pice aux investissements, peine encore à s’imposer face aux monopoles historiques. Le pro- fesseur Said Guemra rappelle que «le pari du Nouveau modèle de développement est de doter le Maroc d’une énergie compétitive et verte, capable de décarboner l’industrie, d’élargir l’offre expor- table et d’attirer des investisseurs étrangers dans le domaine des énergies renouvelables». Le rapport met en garde contre les risques d’une transition éner- gétique insuffisamment rapide. «Une inertie prolongée pourrait avoir des conséquences domma- geables sur l’économie, en parti- culier à travers une dépendance prolongée aux importations de combustibles fossiles» , alerte Guemra. Il souligne que «des pro- ductions d’électricité éolienne et

e Maroc s’affirme comme un acteur clé de la transition énergé- tique en Afrique. Fort d’une vision ambitieuse, le Royaume mise sur les énergies renouvelables pour répondre aux défis climatiques, renforcer son indépendance énergétique et attirer des inves- tissements étrangers. Pourtant, un bilan indépendant mené par l’initiative IMAL pour le climat et le développement met en évi- dence des avancées contrastées et des freins structurels qui ralen- tissent cette mutation. Si la dynamique politique est incontestable, la mise en œuvre sur le terrain reste laborieuse. L’Autorité nationale de régulation

photovoltaïque à moindre coût auraient permis des économies considérables sur la facture éner- gétique, qui s’élevait à plus de 153 milliards de dirhams en 2022». Les conséquences ne sont pas seulement économiques, mais aussi stratégiques. Le retard dans la décarbonation du réseau électrique expose l’industrie marocaine à des coûts supplé- mentaires avec l’instauration de la taxe carbone par l’Union euro- péenne. «Sans une adaptation rapide, nos exportateurs risquent d’être pénalisés par des surcoûts qui réduiront leur compétitivité sur les marchés internationaux», avertit Guemra. Ce retard est éva- lué à plus d’un milliard de dol- lars de taxes MACF qui pèseront chaque année sur les exporta- tions marocaines vers l’Europe. Face à ces défis, le gouvernement a redoublé d’efforts pour accélé- rer la transition. Le complexe Noor

Une inertie prolongée pourrait avoir des conséquences dommageables sur l’économie, en particulier à travers une dépendance prolongée aux importations de combustibles fossiles.

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