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ECONOMIE

JEUDI 18 ET VENDREDI 19 JUIN 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Relocalisation industrielle

◆ Une relocalisation massive des productions est peu probable, selon le spécialiste en risque crédit «Coface». ◆ La forte dépendance de certains fournisseurs rend la tâche difficile. ◆ Le Maroc devra réadapter son industrie face aux nouveaux enjeux économiques, mais également écologiques. A l’épreuve de la réalité économique L es grandes économies mondiales ont relancé le débat sur la relo- calisation. Certains pays, à l’image de la Par B. Chaou Les expor- tations de produits de santé chinoises ont diminué de 15% en février 2020.

France, sont déjà passés à l’ac- tion, notamment dans le sec- teur automobile, offrant à leurs industriels un large soutien financier contre la relocalisation d’une partie de leurs produc- tions vers des usines en France. D’autres économies sont égale- ment dans la même perspective protectionniste afin de soutenir l’emploi local et faire face aux nouvelles contraintes sanitaires internationales. A ce sujet, Coface explique dans une récente analyse que «les professionnels de la Supply Chain ont adopté un nouveau mantra afin d’accroître la rési- lience de leur chaîne d'approvi- sionnement aux chocs d'appro- visionnement extérieurs. Deux options possibles ont émergé: relocalisation complète de la production sur le marché inté- rieur et stratégie de diversifica- tion de ses fournisseurs». Dans le contexte actuel, imagi- ner une relocalisation complète des processus de fabrication met en évidence les problèmes liés à l'augmentation des coûts de production et au manque de compétences nationales pour certains pays, estime le spécialiste en assurance risque. Et quand bien même ces deux questions seraient prises en compte, un nouveau processus de production domestique res- terait tributaire de l'approvision- nement en matières premières,

qui, lui, ne peut être relocalisé. Déjà, dès le début de la crise en Chine, les entreprises du monde entier ont réalisé à quel point elles dépendaient de ce pays dans leurs chaînes d'approvi- sionnement. Dans une pers- pective de relocalisation, leurs résiliences devront passer par l’atténuation de la dépendance à un pays spécifique, en diversi- fiant les fournisseurs. «Aujourd’hui, il semble à pre- mière vue possible de trouver des alternatives au plus impor- tant pays fournisseur dans le monde, c’est-à-dire la Chine, dans de nombreux secteurs. Mais les principaux producteurs d’un secteur d’activité étant for- tement liés les uns aux autres, la dépendance à la Chine ne dis- paraîtra pas totalement» , estime Coface. Les chaînes de valeur mondiales

sont arrivées à un point où elles sont interconnectées. Ainsi, une relocalisation en bonne et due forme sera très dure à mettre en place et nécessitera énor- mément de temps, à l’aune des coûts et de la réorganisation que cela suppose. D’autant plus qu’elle ne concerne pas uni- quement les grands centres de production, mais elle aura éga- lement un impact considérable sur l’écosystème des industries. In fine, selon Coface, «les chaînes de valeur mondiales ont encore un bel avenir, car la décision du retrait du leader de l’écosystème ne pourra reloca- liser qu’une partie de la chaîne de valeur». Un protectionnisme obligé ? Si aujourd’hui les Etats sou- lèvent l’idée d’une relocalisation industrielle, c’est parce qu’ils

Si aujourd’hui les Etats soulèvent l’idée d’une relocalisation indus- trielle, c’est parce qu’ils se sont retrouvés dans des difficultés sanitaires

suite à la pénurie de masques, de gants et autres matériels médicaux.

se sont retrouvés dans des difficultés sanitaires suite à la pénurie de masques, de gants et autres matériels médicaux. Généralement, ces produits pro- viennent de Chine ou d’Inde qui en avaient également fortement

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