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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 18 ET VENDREDI 19 JUIN 2020

www.fnh.ma

F.N.H. : Comment voyez-vous la relance du secteur après le déconfinement ? F. K. : Elle devra se faire, à l’instar de plusieurs pays dans le monde, à travers une batterie de mesures de soutien à l’économie de la culture et de la création. Parmi les nombreuses mesures urgentes pro- posées par la FICC, je peux citer l’exonération des entreprises opérant dans les ICC durant les 6 prochains mois des charges liées à l’IR, la CNSS et l’AMO de juin à décembre 2020, dans le but de préserver les revenus des sala- riés du secteur. La FICC a également proposé la création d’un fonds spécial d’urgence pour soutenir les professionnels du secteur des ICC, toutes filières confondues. Ce fonds doit permettre de relancer l’activité créative, d’indemniser en partie les acteurs du secteur pour les pertes occasionnées et de leur offrir la possibilité de se réengager sereinement dans leurs activités et de préserver leurs salariés. Il est indispensable pour la relance du secteur de pouvoir accompagner ces porteurs de projets pour la reprogrammation rapide des évènements reportés ou annulés à cause de la crise de la COVID-19, et bien évidemment dans le respect strict des mesures sanitaires qu’impose la situation. La Fédération des industries culturelles et créatives (FICC) a également adressé au ministère de la Culture une série de recom- mandations spécifiques aux différentes filières des ICC, intégrant des mesures pour la sauve- garde des emplois, l’accélération des procé- dures d’octroi des subventions pour soutenir la création ainsi que l’accompagnement des filières en difficulté. F.N.H. : La pandémie a accéléré certaines mutations. La FICC avance deux axes stra- tégiques «pour accélérer la réforme du secteur». Un axe basé sur une approche sociale, et l’autre repose sur le développe- ment des ICC. Pourriez-vous nous éclaircir ces deux axes stratégiques ? Et de là, par quels moyens ? F. K. : En effet, la FICC considère que la crise de la COVID-19 et la nomination d’un nouveau ministre sont une opportunité pour accélérer la réforme du secteur des ICC à travers l’adop- tion de deux axes stratégiques, structurants et complémentaires. Le premier axe est basé sur une approche sociale en direction de notre jeunesse pour lui faciliter l’accès aux espaces de vie cultu- relle et sociale, stimuler leur potentiel créatif, contribuer à leur épanouissement. Ces jeunes seront les créateurs, les spectateurs, les déci-

Signature d'une

convention de partena- riat entre le ministère de la Culture et la FICC.

deurs de demain. Le second axe repose sur le développement des industries culturelles et créatives dans le but de favoriser l’émergence d’une réelle éco- nomie de la création. Une économie qui a besoin de vision, d’ambi- tion et de mobilisation pour se développer. F.N.H. : Face à la pandémie qui frappe de plein fouet l’activité des ICC, la Fédération a proposé 34 mesures d’urgence afin de préserver les emplois et assurer la relance du secteur. Quels retours avez-vous eu concernant ces mesures ? F. K. : Ces mesures sont actuellement en train d’être étudiées par le ministère et le Comité de veille économique (CVE) pour les mesures transversales. Pour ce qui est des mesures spécifiques, le ministre a annoncé cette fin de semaine une série de mesures pour dynamiser le secteur. Nous en attendons d’autres dans les semaines à venir, probablement une fois que la Loi de Finances rectificative sera adop- tée et qu’il y aura plus de visibilité. F.N.H. : De quelle marge de manœuvre dis- posez-vous pour renforcer le soutien à la création et la production culturelle ? F. K. : Notre Fédération est une force de propo- sitions. Nous sommes tous des experts dans nos domaines respectifs, dotés d’une longue et solide expérience. La FICC a signé, il y a un an, une convention avec le ministère de la Culture pour coopérer au renforcement et à la professionnalisation du secteur. Nous avons obtenu la baisse de la TVA sur la billetterie, qui est désormais de 10%. Nous avons obtenu que 20 recommandations phares soient mises en œuvre à l’issue des premières assises des industries culturelles et créatives organisées

Le constat le plus dur est que les artistes ont été assimilés à des travailleurs du secteur informel….

en octobre dernier sous le Haut Patronage de Sa Majesté.

F.N.H. : Pour les politiques de structuration, faut-il systématiquement se demander si les artistes ont des ateliers, des lieux d’ex- position, comment seront-ils rémunérés…? Car, si derrière il n’y a plus d’artistes pour créer et transmettre, cela perdrait tout son sens. Les créateurs et les artistes ne doivent pas être dans une situation de précarité comme certains le sont. Par exemple, les auteurs de BD… F. K. : Les artistes sont au cœur des industries culturelles et créatives. Leurs conditions de travail et le marché dans lequel ils évoluent mettent en lumière les grands défis auxquels ils font face, et plus généralement l’ensemble des professionnels de la culture. Les créateurs ont besoin d’évoluer dans un environnement dans lequel les lois favorisent leur liberté artistique et garantissent leurs droits économiques et sociaux. Le développement des financements publics et la croissance de toutes les filières des industries culturelles et créatives participeront directement à l’amélioration des conditions de travail des artistes et à leur essor. ◆

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