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QUAND LE RENONCEMENT DEVIENT une habitude

sentir plus à l’aise. Et je suis aussi deve- nue plus habile pour nouer le foulard traditionnel sur la tête. Comme on achète soi-même le tissu de ses habits et qu’on dessine ses propres vêtements, on peut quand même déve- lopper son propre style. Le mieux est d’apporter un modèle/échantillon à la couturière ou au couturier pour que tout s’accorde. Avec le temps, j’ai trou- vé du plaisir à porter des habits faits

sur mesure et aussi d’essayer des nou- veautés. Les gens appréciaient beau- coup qu’on les rejoigne dans leur tra- dition vestimentaire. C’était un signe visible d’adaptation à leur culture, ce qu’ils exprimaient en faisant des com- pliments. Règles volontaires Un renoncement agréable a été le re- noncement à beaucoup de règles. Sou- vent les lois sur la circulation routière en Guinée sont moins contraignantes ou différentes que dans le pays d’ori- gine. Par exemple on pouvait éviter les trous dans le goudron de la manière qu’on voulait. Simplement, pour croiser un autre véhicule il fallait être du côté droit de la route. L’obligation de por- ter la ceinture de sécurité n’était valable que pour les deux personnes de devant. On peut dire que personne en Guinée n’a de siège pour enfants, sans parler d’une obligation de les utiliser. Nous avons donc pris la liberté de choisir si nous voulions suivre les règles suisses pour des raisons de sécurité ou si nous voulions profiter de telle ou telle liberté.

Le mot « renoncement » a une connotation un peu négative et probablement qu’on entend aussi « douleur » ou « restriction » quand on doit se passer de quelque chose d’habituel. Durant notre séjour de neuf ans en Gui- née, nous avons renoncé à beau- coup de choses. En y réfléchissant, j’ai réalisé qu’au travers du renon- cement, plusieurs opportunités se sont ouvertes et qu’une nouvelle li- berté en a découlé. Un grand renoncement a été la sécu- rité. En tant que collaborateurs trans- culturels, on renonce aux protections, assurances et à la sécurité en général. Souvent, on doit trouver son propre chemin, par exemple pour ce qui est des questions médicales. Nous avons remarqué que nous devenions beau- coup plus dépendants de Dieu : de Sa protection et de Ses soins. Du sur mesure dans la vie de tous les jours Les codes vestimentaires sont très diffé- rents de ce qui se fait en Occident. Dans notre maison guinéenne, je portais sou- vent des pantalons trois-quarts. Si je quittais mes murs, il fallait que je porte un complet jupe-chemise ou une jupe jusqu’aux chevilles avec un foulard sur la tête. Sur le choix de la partie du haut, il y avait beaucoup plus de liberté que sur le genou couvert. C’était un grand changement pour moi car je porte plus volontiers des pantalons que des robes ou des jupes. Une fois, j’ai visité mon amie en portant une jupe qui n’allait que jusqu’au milieu du tibia. Personne dans l’assistance n’a dit un mot à ce su- jet. Mais la fois suivante où j’ai visité cette amie avec une jupe plus longue, elle a dit : « comme ça c’est bien ! » Les attentes étaient très claires. Au début, je trouvais cela difficile et contraignant, mais avec le temps, j’ai commencé à me

Michelle Vögeli Ancienne collabora- trice, 9 ans en Guinée

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