FNH N° 1162ok

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 30 août 2024 - 8 DH - N° 1162

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Microfinance

Résultats trimestriels

Potentiel énorme vs marché faible

Des vents favorables pour les sociétés cotées

P. 10 à 13

P. 6

Ce qui attend le gouvernement RENTRÉE ÉCONOMIQUE ● Loi de Finances 2025, stress hydrique, pouvoir d'achat des ménages, emploi... Les dossiers sont nombreux sur le bureau du Chef du gouvernement qui n'aura aucun répit à la reprise.

P. 25 à 28

Variole du singe

Réseaux sociaux et manipulation des masses Le côté sombre de la toile

Cannabis / Grâce royale Une aubaine pour un secteur sous-exploité

Poussée mondiale du Mpox, le Maroc est-il prêt ?

 Entretien avec Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé

P. 32/33

P. 30

P. 36 à 38

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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VENDREDI 30 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

36 35 36 SOCIÉTÉ 35 L'UNIVERS DES TPME Entretien avec El Hassania Sebti: Boost Up Lab, «Nous recherchons des projets qui apportent une réelle valeur ajoutée à leur secteur»

4 5

ACTUALITÉ

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

4 Ça se passe au Maroc

BOURSE & FINANCES

ette rentrée est marquée par une réalité amère pour de nombreux Marocains : un pouvoir d'achat en berne qui a contraint bon nombre d'entre eux à revoir leurs plans de vacances. Face à la flambée des prix des offres touristiques locales, certains ont sacrifié leurs vacances, d'autres, mieux lotis, se sont tournés vers des destinations plus abordables à l'étranger, tandis que les plus téméraires ont contracté des crédits pour s'offrir quelques jours de répit en mon- C Une rentrée et plusieurs chantiers tagne ou en bord de mer. Ce phénomène n'est pas nouveau. Depuis la crise sanitaire et l'explosion de l'inflation, les Marocains ont appris à naviguer dans des eaux économiques troubles, adaptant sans cesse leur mode de vie à un contexte qui pèse lourdement sur leur quotidien. La résilience des citoyens face à ces défis économiques est indéniable, mais jusqu’à quand tiendront-ils ? Quelle est la réponse du gouvernement dans pareil contexte? Au-delà de la problématique fondamentale du pouvoir d'achat, l’exécutif tente justement de répondre aux préoccupations des Marocains à travers la connotation sociale forte donnée aux Lois de Finances. Particulièrement, cette rentrée s’annonce chargée, comme en témoigne le projet de Loi de Finances 2025. La lettre de cadrage met, en effet, en avant plusieurs axes stratégiques, notamment la consolidation de l'État social à travers des réformes ambitieuses dans l'éducation, la santé et l'inclusion sociale. Ces projets visent à répondre aux préoccupations profondes des citoyens et, par extension, à redonner espoir à une société en quête de stabilité et de progrès. L’éducation, pilier fondamental du civisme et du développement, est au cœur de cette vision. L’enjeu est d’éduquer, de généraliser la sco- larisation et de garantir l’égalité des chances en milieux urbain et rural. De plus, la modernisation de l'université publique est essentielle pour former des compétences capables de répondre aux besoins évolutifs du marché du travail et de la société marocaine. Dans le domaine de la santé, la refonte des systèmes médicaux et paramédicaux, accompagnée d’une meilleure gouvernance, est impérative. Elle renforcerait la solidarité nationale et raviverait la confiance des citoyens envers les institutions sanitaires. Ces réformes sont non seulement des réponses aux défis actuels, mais aussi les fondations d’un Maroc moderne où solidarité, équité et développement se conjuguent pour bâtir une société plus juste. Depuis l’intronisation du Roi Mohammed VI, ces projets s’inscrivent dans une vision claire : celle d’un État social fort, au service des citoyens et du développement économique. Mais aujourd’hui, le gouvernement doit aller au-delà de la simple consolida- tion de ces acquis. Il doit se lancer dans de nouveaux défis, nationaux et internationaux, pour continuer d’accompagner la vision d’un Maroc singulier et résilient. Lutter contre les aléas climatiques, repenser l'éducation sportive et civique, diversifier les partenariats économiques, redéfinir les accords de libre-échange, ancrer la diversité culturelle, s’adapter aux métiers de l’avenir comme ceux liés à l’intelligence artificielle, et surtout, développer un climat d'investissement fondé sur la confiance et l’équité fiscale : autant de chan- tiers indispensables pour une dynamique économique et sociale cohérente. Ces enjeux ne sont pas qu'une liste de bonnes intentions. Ils représentent des impératifs pour façonner l'avenir du pays. À l’heure où le Maroc se pré- pare à entamer une nouvelle année de réformes, l’exécutif doit saisir cette opportunité pour transformer ces défis en moteurs de progrès, en s’assurant que chaque chantier contribue réellement à l’édification d’un Maroc plus juste, plus moderne, et plus prospère. u

Point Bourse Hebdo : En route vers les 14.000 points Résultats trimestriels : Des vents favorables pour les sociétés cotées Monétique : HPS se lance à l'assaut du marché global du Digital Banking OPCVM : Quelle rentabilité pour les sociétés de gestion au Maroc Patrimoine financier des ménages : Portrait robot de l’épargnant marocain Entretien avec Lahcen El Amli : Microfinance, potentiel énorme vs marché faible 5 6 7 8 9 10

Réseaux sociaux et manipulation des masses : Le côté sombre de la toile Cyberharcèlement des femmes: 73% des violences proviennent des inconnus

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40 40

DÉVELOPPEMENT DURABLE

Stress hydrique : Un changement de paradigme s’impose

22 22 ECONOMIE

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Administration des douanes et impôts indirects : Tournée vers l'Afrique, plus digitale et efficiente... Le nouveau visage de la douane marocaine Programmes sociaux, éducation et santé : Que prévoit le gouvernement pour 2025 ? PLF 2025 : Vers une relance de l'investissement et de l'emploi Aide au logement : Comment le gouvernement veut (ré) introduire l'éradication des bidonvilles en 2025 Cultures consommatrices d’eau : Faut-il revoir le modèle agricole marocain ? Cannabis / Grâce royale : Une aubaine pour un sec- teur sous-exploité Nouvelle envolée des prix au Maroc: Les intermé- diaires en sont en grande partie responsables Entretien avec Dr Tayeb Hamdi, Variole du singe : Poussée mondiale du Mpox, le Maroc est-il prêt ? Marché automobile : Le VUL et le premium se démarquent

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HIGH-TECH

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IA, IoT, Cybersécurité : L'impact des technologies avancées à l'horizon 2025

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• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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ÇA SE PASSE AU MAROC

L e Maroc a enregistré une nette progression des tra- fics commerciaux portuaires au premier semestre de 2024, atteignant 116,4 millions de tonnes, soit une hausse de 15,3% par rapport à la même période en 2023. Le trafic domestique a augmenté de 13%, attei- gnant 60,8 millions de tonnes, tandis que le transborde- ment a connu une croissance de 17,8%, avec 55,6 mil- lions de tonnes. Le transbordement a représenté 47,8% du trafic global, suivi des importations (32,2%), des

Activité portuaire

Le trafic commercial en hausse de 15,3% au 1 er semestre 2024

exportations (16%) et du cabotage (2,9%). Parmi les trafics stratégiques, les conte- neurs ont augmenté de 16%, les céréales de 26,2%, et les phosphates de 44,6%. En revanche, le trafic du charbon a baissé de 8,4%. Le nombre de passagers a augmenté de 7%, mais l’activité de croisière a chuté de 23%. Le secteur de la pêche a enregistré une baisse de 10,2%, avec des débarque- ments de 469.715 tonnes. ■

Situation hydrique : Investissements et emploi Le gouvernement compte renforcer la dynamique A ziz Akhannouch a déclaré lors du conseil de gou- vernement, ce jeudi à Rabat, que l'exécutif, dans la seconde moitié de son mandat, compte se pen- cher sur le renforcement de la dynamique d'investisse- ment et la création d'emplois. En parallèle, il continuera à consolider l'État social, conformément à la vision du Roi Mohammed VI. «De grands enjeux nous attendent à cette rentrée poli- tique nécessitant un redoublement des efforts pour la mise en oeuvre des différentes politiques publiques adoptées par le gouvernement, ainsi qu’une accélé- ration de la cadence du travail, tout en faisant preuve de sérieux et d’efficacité dans la mise en oeuvre des différents projets programmés afin d’être à la hauteur de la responsabilité confiée par SM le Roi et mériter la confiance des Marocains» , a relevé Akhannouch. Il a également rappelé les hautes orientations Royales du discours du Trône, qui orientent les actions du gouvernement, notamment sur la gestion de l'eau qui revêt un caractère stratégique. Cette nouvelle phase s'accompagnera d'une actualisation des mécanismes de la politique de l'eau et de l'accélération des projets concernés. ■ A u cours de cette dernière semaine du mois d’août, les régions du sud-est du Royaume ont connu d’importantes précipitations qui n’ont pas manqué de renforcer la situation hydrique de certains bassins du pays. Selon le portail de la Direction géné- rale de l’hydraulique, le taux de remplissage au niveau national a atteint 27,57% à la date du 29 août 2024 contre 27,08% enregistrés durant la même période, l'année dernière. Dans le détail, le taux de remplissage au Loukkos a atteint, ce jeudi, 52,21%, avec un volume de 898,94 mil- lions de mètres cubes, contre 44,75% une année aupa-

Interconnexion des bassins du Sebou et du Bouregreg 380 Mm 3 d'eau acheminés en une année

L e projet d'interconnexion des bassins hydrauliques du Sebou et du Bouregreg a été mis en œuvre à point nommé pour répondre aux besoins grandissants en eau de la zone côtière Rabat- Casablanca, sous le coup d’un déficit hydrique exceptionnel. «Ce projet permet désormais le transfert d’un débit quotidien de près d'un million de m 3 d'eau vers

le barrage de Sidi Mohammed Ben Abdellah» , a précisé le directeur de la recherche et de la planification de l'eau au ministère de l'Equi- pement et de l'Eau, Abdelaziz Zerouali dans une déclaration à la presse. Mise en service en sep- tembre 2023, la tranche urgente du projet d’interconnexion des deux bassins a permis l’acheminement d'un volume de 380 millions de m³ (Mm³) d'eau vers le barrage, a-t-il fait savoir. ■

Les dernières pluies améliorent certains bassins

s’est amélioré de plus de 15 points, en passant de 16,83% à 32,01% (346,42 millions de m 3 ). Pour ce qui est du bassin de Sebou, le taux de remplissage s’est élevé, ce 29 août, à 43,72%, avec 2.427,98 millions de m 3 , contre 42,33% à la même période de 2023, soit une légère progression de 1,39%. En revanche, certains bassins hydrauliques ont vu leurs réserves chuter. Il s’agit notamment du bassin de Draa-Oued Noun dont le taux de remplissage s’élève aujourd’hui à 15,51%, avec 114,86 millions de m 3 contre 22,98% une année auparavant, soit une régression de 7,47%. ■

ravant, soit une amélioration de 7,46%. Pareillement, le taux de remplissage du bassin de Bouregreg-Chaouia

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo En route vers les 14.000 points

S Tout porte à croire que la Bourse de Casablanca s'installera au-dessus des 14.000 points les semaines à venir après un été marqué par une faible volatilité. mances sur la première partie de l'année. Quelques secteurs se distinguent clairement. BTP, banques et santé notamment. Momentum En août, les micro capitalisations ont eu un peu plus de temps de parole que d'habitude, et ce, en l'absence de nombreux opé- rateurs. Ce sont ces actions à faible capitalisation et faible liqui- dité qui ont signé les meilleures performances du mois. Jusqu'à 102% pour Stroc Industrie. Par A . Hlimi

Evolution de l'indice Masi depuis début 2024

i l'on met de côté le fameux lundi noir du 5 août où les places boursières du monde entier ont décroché suite au rapport sur l’emploi américain très loin des attentes et aux problématiques de «Carry Trade» au Japon, la Bourse de Casablanca a connu un été plutôt doux. L'indice est resté proche de ses sommets de l'année à 14.000 points, ce qui laisse entendre une certaine confiance des investisseurs. Les raisons sont nombreuses. D'abord, d'un point de vue macro avec la baisse surprise du taux directeur en juin qui laisse entrevoir la fin du cycle de res- serrement de Bank Al-Maghrib et, ensuite, d'un point de vue plus fondamental, plus micro, notamment avec les attentes des investisseurs quant aux résultats semestriels. Ces dernières heures de cotation du mois d'août viennent confir- mer cette idée selon laquelle les entreprises sont bien parties pour délivrer de belles perfor-

TOP Performances

FLOP Performances

Réalisations Mécaniques Med Peper Maghrebail

-17,33%

+24,95% +22,80%

Stroc Industrie Cartier Saada S.M Monétique

-8,81%

-6,77%

+21,24 %

de qualité du momentum en cours, ce qui devrait nous propul- ser vers les sommets historiques de la Bourse de Casablanca de l'automne 2008. Une question de temps sans doute. Ce que dit l’analyse tech- nique Selon les analystes de BKGR, en se basant sur la théorie des vagues d’Elliott, le futur mouve- ment à court terme de l’indice pourrait prendre deux figures :

Le palmarès des volumes est, lui, dominé par les mastodontes bancaires, et Akdital qui a connu une saison estivale éclatante avec son augmentation de capi- tal et l'engouement qu'elle a sus- cité. Parmi les valeurs les plus traitées, on trouve également Alliances, RDS et les acteurs du BTP, Jet Contractors et TGCC. L'indice Masi termine, pour sa part, le mois autour des 14.000 points et le franchissement de ce niveau serait un nouveau signal

• Une diagonale terminale : Le MASI devrait alors évoluer dans un canal haussier et dépasser le pic enregistré à la fin du mois écoulé avec un objectif de 14.500 pts; • Une vague impulsive : Dans ce cas, le MASI pourrait continuer d’afficher des sous-extensions de ses mouvements haussiers, renforçant ainsi la possibilité d’atteindre son plus haut histo- rique. Toujours selon le bureau de Recherche, le trend à moye. ◆

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BOURSE & FINANCES

Résultats trimestriels

Des vents favorables pour les sociétés cotées La saison des trimestriels a démarré par de bonnes publications de la part des sociétés cotées. Florilège.

Crédit du Maroc : Résultat soutenu par l’ensemble des métiers de la banque Au premier semestre 2024, le pro- duit net bancaire consolidé de Crédit du Maroc a atteint 1.606 MDH, en hausse de 12,6% par rapport à la même période en 2023, soutenu par la performance de l'ensemble des métiers de la banque. La marge nette d'intérêt a progressé de 9,6% à 1.186 MDH, grâce à un dynamisme com- mercial constant et au renforcement du fonds de commerce. La marge sur commissions a augmenté de 9,1% pour atteindre 246 MDH, profitant de la croissance des filières spécialisées telles que la monétique et le cash management, tandis que le résultat des opérations de marché a bondi de 30,2% à 219 MDH. Les filiales de Crédit du Maroc ont également contri- bué positivement au PNB global avec une hausse de 8,3%, atteignant 105 MDH. Le résultat brut d’exploitation a ainsi augmenté de 17,6% à 824 MDH, avec une amélioration du coefficient d’exploitation de 218 points de base à 48,7%. Par ailleurs, Crédit du Maroc a investi 133 MDH, principalement pour renforcer sa plateforme techno- logique. Le coût du risque consolidé a diminué de 32,6% à 112 MDH, illus- trant une gestion prudente et anti- cipative des risques, avec un taux de couverture renforcé à 85,3%. Les créances en souffrance ont limité leur croissance à 2,1%, avec une amélio- ration du taux de créances douteuses à 7,4%. Le résultat net part du groupe a bondi de 36,8% à 391 MDH, soutenu par une forte dynamique commerciale et une amélioration du coût du risque. Sous l’égide de son nouvel action- naire, le Groupe Holmarcom, Crédit du Maroc poursuit la mise en œuvre de son plan quinquennal ambitieux, axé sur la transformation digitale, l'amélioration du service client, et le renforcement de son modèle opéra- tionnel, le tout soutenu par une équipe engagée dans la vision et les valeurs du Groupe. ◆

Par A. H.

lutions du marché et aux besoins de ses clients. Au 30 juin 2024, le parc du Groupe a atteint 78,4 millions de clients, en hausse de 5,1% sur un an, avec une croissance notable de 8,9% dans les filiales. Le chiffre d'affaires consolidé s'élève à 18.260 millions de dirhams, sou- tenu par l'essor des activités de Moov Africa. L'EBITDA ajusté du Groupe a légèrement augmenté de 0,3%, atteignant 9.478 millions de dirhams, avec une marge élevée de

51,9%. Cependant, le résultat opé- rationnel ajusté a légèrement recu- lé de 0,7%, tandis que le résultat net part du groupe a progressé de 0,9%, atteignant 2.943 millions de dirhams. Les investissements hors fréquences et licences représentent 17,6% des revenus, en ligne avec les prévisions. L'opérateur historique a également dû provisionner 6,4 Mds de DH suite au litige l'opposant à WANA.

Maroc Telecom : Bon comportement des indicateurs

Maroc Telecom continue de démon- trer sa solidité en Afrique subsaha- rienne, affichant des résultats opéra- tionnels robustes et conformes à ses objectifs pour le premier semestre 2024. Grâce à des investissements stratégiques et des programmes d'optimisation des coûts, le Groupe parvient à maintenir une profitabilité élevée tout en s'adaptant aux évo-

Marsa Maroc : Forte croissance des revenus

Le trafic des conteneurs a pour- suivi sa croissance soutenue au 30 juin 2024, porté par la dynamique du transbordement, qui a atteint 822.375 EVP, en hausse de 22%, ainsi que par la reprise significa- tive du trafic domestique, en pro- gression de 24% au deuxième trimestre, atteignant 602.772 EVP, soit une augmentation de 11% sur les six premiers mois de l'année. Parallèlement, le trafic des vracs solides et divers a connu une forte augmentation de 14%, notamment grâce à l'augmentation des impor- tations de céréales (+614 milliers de tonnes par rapport à fin juin 2023), tandis que le trafic des vracs liquides a progressé de 12%, sou- tenu par la hausse des importations d'hydrocarbures. Au cours du pre- mier semestre 2024, Marsa Maroc a investi 164 MDH dans le cadre de son programme de renouvelle- ment d'équipements. Par ailleurs, l'endettement net de Marsa Maroc a reculé à -647 millions de dirhams, en raison de la réduction des dettes de financement à 1.980 millions de dirhams (-324 millions de dirhams) et de l'augmentation des liquidités, qui se sont élevées à 2.626 millions de dirhams (+428 millions de dirhams).

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BOURSE & FINANCES

Monétique

L'année 2024 s'annonce char- nière pour HPS. «Nous avons récemment ouvert des bureaux au Canada, en Inde, et envi- sageons d'en ouvrir d'autres dans la région Asie-Pacifique pour mieux servir nos clients. Cette expansion s'accompagne d'une activité commerciale intense, avec des contrats rem- portés dans plusieurs régions du monde» , nous confiait le Directeur général début juillet. Il a ajouté : «Nous sommes en bonne voie pour réaliser notre programme de croissance 'AccelR8', et nous espérons pouvoir annoncer de nouvelles réussites d'ici la fin de l'année.» À moyen terme, la direction s'est fixée pour objectif de tripler le chiffre d'affaires d'ici 2027, pour atteindre entre 250 et 300 mil- lions de dollars, avec une marge opérationnelle d'environ 25%. ◆

Ce 27 août, HPS a annoncé la finalisation de l’acquisition de 100% du capital de la société irlandaise CR2 Limited, marquant ainsi son entrée sur le marché à fort potentiel du Digital Banking. HPS se lance à l'assaut du marché global du Digital Banking

Par A. H. C “

'AccelR8'» , a expliqué le res- ponsable.

nus annuels de HPS à hauteur de 25 à 30 millions d'euros. La transaction a été financée par dette bancaire. Vers une forte croissance en 2024.

ette acquisition constitue une étape majeure dans la stratégie de croissance de HPS, qui poursuit l'exécution de son plan straté- gique AccelR8» , a déclaré Abdeslam Alaoui

Un marché à haut potentiel Le marché global du Digital Banking est immense, repré- sentant plusieurs milliards de dollars, avec une croissance annuelle à deux chiffres. HPS mise sur CR2 pour capter une part de cette expansion. La nou- velle filiale dispose de bureaux à Dublin, Dubaï, en Jordanie, en Inde et en Australie. Elle est reconnue pour ses solu- tions innovantes en matière de banque digitale et de paie- ments électroniques. Grâce à sa plateforme phare, BankWorld, CR2 équipe plus de 90 banques dans plus de 50 pays, offrant une suite complète de solutions incluant la banque digitale, le portefeuille numérique, et les solutions de paiement (émission de cartes, gestion des DAB, acquisition commerçants). En outre, l'écosystème de parte- naires de CR2 combine la fiabi- lité de BankWorld avec un accès facile à des innovations fintech tierces en plug-and-play. La transaction devrait accroître le bénéfice par action de HPS dès la première année suivant sa finalisation, reflétant ainsi les synergies anticipées. Au cours des 12 mois précédant juin 2023, CR2 a généré un chiffre d'affaires de 23,8 millions d'eu- ros. À court et moyen terme, CR2 devrait contribuer aux reve-

Smaili, Directeur général de HPS, lors d'une interview accor- dée à Boursenews début juillet. Il a ajouté : «L'entreprise que nous avons acquise opère principale- ment dans le domaine du Digital Banking, un secteur que HPS ne couvrait pas jusqu'à présent. Cette acquisition nous permet d'enrichir notre offre en inté- grant des services de banque digitale modernes et éprouvés sur des marchés diversifiés. Cela renforcera notre capaci- té à proposer des services de paiement via différents canaux, tout en créant des synergies intéressantes entre nos produits et ceux de la société acquise.» Au cours des dix dernières années, HPS a réalisé plu- sieurs opérations de croissance externe, mais celle-ci se dis- tingue par l'ampleur des syner- gies qu'elle devrait générer. «Nous avons saisi cette oppor- tunité pour enrichir notre pla- teforme technologique. Nous étions en prospection active, et cette acquisition est une pre- mière dans le cadre du plan

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BOURSE & FINANCES

OPCVM

d’éventuelles demandes de rachats importantes émanant desdits por- teurs de part; dans la mesure où la liquidité de certaines catégories d’actifs reste très limitée, en particu- lier celle des titres de dette privée », indique le rapport. Une plus grande présence sur la poche actions Les allocations d’actifs dans les portefeuilles des OPCVM ont connu quelques variations en 2023. En effet, après une orientation vers les produits taux en 2022, les gestion- naires d’OPCVM ont augmenté en 2023 les parts des OPCVM et des actions dans l’actif net global des OPCVM. Dans le détail, les obliga- tions émises ou garanties par l’Etat ont vu leur position comme premier choix d’investissement des OPCVM diminuer avec une part qui passe de 48,09% en 2022 à 45,34% en 2023. En contrepartie, les parts des titres d’OPCVM et des actions sont passées respectivement de 2,43% et 8,99% en 2022 à 4,9% et 9,76% en 2023.

Quelle rentabilité pour les sociétés de gestion au Maroc Le secteur de la gestion d’actif a enregistré un chiffre d’affaires cumulé de 1,5 Md de dirhams en 2023 pour près de 500 MDH de bénéfices. Par A. Hlimi

E

n comparaison avec l’exercice précédent, le chiffre d’affaires global des sociétés de gestion d’OPCVM en 2023 s’est établi en baisse de 1,08%

à 1.569,2 millions de dirhams, relève l’AMMC dans le dernier rapport sur la stabilité financière. Le résultat net global du secteur res- sort toutefois en hausse de 11,6%, en passant de 439,5 en 2022 à 490,4

millions de dirhams, et ce, grâce à une bonne maitrise des charges, selon la même source. En termes de ratios financiers, la marge bénéficiaire est passée de 27,71% en 2022 à 31,25% en 2023 et la rentabilité financière du secteur est ressortie dans le même sillage en hausse avec un ROE de 56,66% en 2023 contre 54,38% en 2022. L’assise financière globale des socié- tés de gestion d’OPCVM demeure pérenne, en dépit d’un léger recul du ratio de solvabilité qui passe de 55,73% en 2022 à 53,06% en 2023. Sur un plan individuel, une seule société de gestion enregistre en 2023 un résultat d’exploitation ainsi qu’un résultat net négatif.

Société anonyme au capital de 34 880 000 dirhams Siège social : 2, Zankat Tihama – Rabat R.C n° 1971 - Rabat

Une plus grande base d’investisseurs en OPCVM

COMMUNICATION FINANCIERE INDICATEURS D’ACTIVITÉ DU DEUXIÈME TRIMESTRE 2024

Le nombre d’investisseurs en OPCVM connait une progression, certes modérée, mais continue depuis l’an- née 2016. En effet, le nombre de por- teurs de parts d’OPCVM est passé de 18.006 à fin 2015 à 23.186 à fin 2023, soit une augmentation de 28,8%. Attirés par les performances posi- tives réalisées en 2023 par l’en- semble des classes d’OPCVM, le nombre des investisseurs en OPCVM s’est inscrit en hausse de 5,79%. En effet, le nombre de porteurs de parts d’OPCVM s’est élevé à 23.186 en fin 2023 contre 21.916 une année aupa- ravant. Cette progression est due à l’augmentation du nombre des per- sonnes morales résidentes ainsi que des personnes physiques résidentes respectivement de 11,32% et 4,80%. A l’inverse, la catégorie des porteurs de parts non-résidents s’est établie, quant à elle, en légère baisse de 0,97%. Signalons enfin que le secteur a vu ses encours sous gestion dépas- ser pour la première fois la barre des 620 Mds de dirhams en mai 2024. ◆

Chiffre d’affaires en KMAD

Deuxième trimestre 2024 Deuxième trimestre 2023

Variation en valeur

Variation en %

12 166

11 877

290

2,44 %

Premier semestre 2024 Premier semestre 2023

Variation en valeur

Variation en %

24 510

23 925

585

2,45 %

Evolution du Chiffre d’affaires en KDH

La concentration, point d’attention des régulateurs

Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre a enregistré une légère augmentation de 2,44% par rapport à l’année précédente. Pour le premier semestre de 2024, le chiffre d’affaires demeure stable, affichant une augmentation de 2,45% par rapport à la même période en 2023.

24 510

23 925

La concentration de la gestion des OPCVM reste relativement élevée avec une part de 71% de l’actif net global gérée par les cinq premières sociétés de gestion sur les dix-neuf en activité. Il convient de noter que 78,8% de l’actif net global est géré par des sociétés de gestion filiales d’institutions financières. « Le niveau de concentration élevé du passif des OPCVM reste un des points d’attention de l’industrie de la gestion d’OPCVM », peut-on lire dans le rapport. Dans ce sens, 51% de l’actif total sous gestion sont détenus par seulement 13 porteurs de parts à fin 2023 contre 10 une année aupa- ravant. « Cette situation peut mettre les ges- tionnaires en difficulté pour satisfaire

12 166

2 ème trimestre 1 er Semestre

11 877

2024

2023

Répartition des baux par typologie

Evolution de la typologie des baux

2 ème trimestre 2024

2 ème trimestre 2023

Habitation 34%

Commercial 53%

53% 54%

34% 33%

13% 13%

Professionnel 13%

Commercial

Professionnel

Habitation

La part des baux commerciaux représente 53% du parc locatif de la Société. Les baux professionnels et à usage habitation représentent respectivement 13% et 34% du parc. Par rapport à la même période en 2023, les parts relatives des trois types de baux sont restées stables. Investissements et cessions La Société n’a procédé à aucune acquisition ou cession durant le deuxième trimestre 2024. Les investissements engagés par la Société Immobilière Balima s’élèvent 7 470 777 MAD durant le deuxième trimestre 2024 et ils concernent principalement les travaux de remise en état de l’hôtel Balima. Endettement et leasing La Société Immobilière Balima n’a contracté ni dettes à long et moyen terme, ni découverts bancaires durant le deuxième trimestre 2024.

Ce communiqué peut être consulté également sur la page web de la société Immobilière Balima à l’adresse suivante : www.balima.com

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BOURSE & FINANCES

Patrimoine financier des ménages

Portrait robot de l’épargnant marocain

est demeurée globalement stable. Les titres de propriété, constitués des actions et des parts d’OPCVM et représentant une part de 90% de cet encours, ont enregistré une hausse de 8%. Les titres de créances privées, comportant essentiellement des certificats de dépôts et des obligations, ont marqué une augmentation de 24% pour atteindre 5,2 milliards de dirhams. Pour leur part, les titres de l’État ont connu une hausse importante, passant de 0,2 mil- liard de dirhams en 2022 à 1,7 milliard de dirhams en 2023. ◆

Endettement, placements, épargne… A quoi ressemble le portefeuille d’un épargnant marocain.

Par A. Hlimi L

e dernier rapport sur la stabilité finan- cière concocté par les régulateurs du secteur financier est une véritable mine d’or. On y apprend notam- ment beaucoup sur le patrimoine finan- cier des ménages.

de marché de capitaux. En effet, après un rythme de croissance annuel moyen de près de 5,4% sur les trois dernières années, les dépôts bancaires des ménages n’ont évolué que de 3,6% en 2023, s’établissant à 833 milliards de dirhams. Cette décélération a touché aussi bien les dépôts à vue que les comptes d’épargne, totalisant respectivement 561 mil- liards de dirhams (+5% contre 9,7% en 2022) et 180 milliards de dirhams (+3,2% contre 5,3% en 2022 et une moyenne de 7,1% au cours des dix dernières années). Parallèlement, les dépôts à terme, totalisant en 2023 près de 83 milliards de dirhams, se sont de nouveau contractés de 2,5%, poursuivant leur tendance bais- sière depuis 2017 (à l’exception de l’année 2019, qui a été mar- quée par une croissance positive de l’ordre de 2%). Baisse des dépôts bancaires au profit des place- ments plus risqués La baisse progressive et tendan- cielle du rendement des dépôts à terme peut expliquer l’essouf- flement des placements ban- caires, jugés moins attractifs par les ménages, malgré la hausse des taux observée en 2023. Les placements des ménages sous forme de contrat d’assurance Vie ont maintenu un rythme de progression soutenu, quoiqu’en décélération. Ils ont enregistré une hausse de 9,2% après 12% une année auparavant. Leur part s’est renforcée progressivement dans le patrimoine financier des ménages, s’établissant à 11,8% en 2023 contre 8,4% il y a dix ans,

en lien notamment avec les avan- tages fiscaux y associés. Par ailleurs, les placements des ménages en valeurs mobilières ont connu une hausse notable de 11,4%, culminant à près de 71 milliards de dirhams. Cet encours a été multiplié par 1,5 fois en moins de 6 ans, reflétant un intérêt grandissant pour ce type d’actifs. La structure de ces placements

De prime abord, d’un point de vue macro, le patrimoine financier des ménages a dépassé les 1.000 milliards de dirhams en 2023. Son rythme de progression a connu une décélération de l’ordre de 4,8% par rapport à l’année der- nière, due notamment au ralen- tissement des dépôts bancaires. Parallèlement, la dette financière des ménages, détenue par les banques et les sociétés de finan- cement, a atteint 411,6 milliards de dirhams, en hausse de 3,2%, et représente 28% du PIB - un niveau comparable à celui des années ayant précédé la crise sanitaire. Le taux de défaut des ménages demeure élevé, s’établissant à 10,1% après 9,8% enregistré en 2022. L’analyse des données recueillies auprès des princi- paux établissements de crédit, relatives aux nouveaux crédits accordés aux particuliers au titre de l’année 2023, fait ressortir en moyenne une charge de dette de 35% de leurs revenus, soit qua- siment le même niveau observé l’année dernière sur les données analysées. Les ménages continuent de ren- forcer leur patrimoine financier avec, néanmoins, une appétence plus marquée pour les instruments

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Microfinance

Potentiel énorme vs marché faible Les microcrédits dépassent à peine 0,8% de l’encours des crédits bancaires, contre 7% en Amérique latine et 5% en Afrique subsaharienne. Le secteur de la microfinance peut jouer un rôle fondamental à travers le renforcement de l’inclusion financière. Entretien avec Lahcen El Amli, professeur universitaire. Propos recueillis par C. Jaidani

F.N.H. : Mais l’activité reste fragile…, elle est toujours maintenue à travers le soutien de l’Etat ? L. E. A. : Le secteur du microcrédit a clôturé l’exercice 2022 avec un résul- tat net cumulé de 132,2 MDH, contre une perte cumulée de 55,4 MDH en 2021. Il importe de mentionner que ce résultat net de 2022 a été soutenu par une opération de subvention accordée par l’Etat de 179 MDH ayant com- pensé 50% des intérêts intercalaires supportés par les autorités au titre des créances reportées lors de la crise du Covid 19. Six associations de petite taille étaient concernées par des résultats défici- taires en 2022. Le plafond des crédits que peuvent accorder les AMC à leur clientèle est fixé à 150.000 DH. Dans le cadre des efforts visant la modernisa- tion du secteur, la loi 50-20 a introduit d’importantes nouveautés dont l’intro- duction de la possibilité de constitution des institutions de microfinance sous deux formes juridiques distinctes : la forme de société anonyme, en tant qu’établissement de crédit et la forme associative, en tant qu’organisme assi- milé à un établissement de crédit. La loi prévoit également l’extension du champ d’activité des IMF : outre l’octroi de microcrédits, elle autorise les IMF à exercer les activités de col- lecte des dépôts, d’opérations de la micro-assurance et de la fourniture à leur clientèle de prestations de conseil, de formation et d’accompagnement technique en matière de microfinance. Telles sont quelques données de base décrivant la structure et le niveau d’ac- tivité du secteur du microcrédit à la fin de 2022.

crédits montre que : i- plus de 98% sont distribués par les 4 plus grandes associations; ii- les crédits sont essen- tiellement destinés à la microentreprise (79% contre 77% en 2021) suivie par l’habitat social, stable à 14%; iii- les crédits en milieu urbain représentent 70% contre 68% en 2021; iv- la prédo- minance des crédits individuels : leur part s’élève à 87% contre 13% pour les prêts dits solidaires. Les créances en souffrance des asso- ciations de microcrédit ont totalisé 606 millions DH (MDH) en 2022, en baisse de 28,1% par rapport à 2021, soit un taux de risque de 7,2%, en nette amélioration par rapport à 2021 où ce taux a été de 10,3%. Les créances en souffrance sont couvertes par des provisions à hauteur de 60%, contre 48% en 2021. Les créances sur les établissements de crédit et assimilés, constituées principalement par des dépôts auprès des banques, s’élèvent à 319 MDH, soit 3,3% seulement du total actif de l’ensemble des associations de micro- crédit à fin 2022. L’endettement bancaire des associa- tions de microcrédit s’est établi à 5,4 Mds de DH, représentant 68% de leurs ressources. L’essentiel de cet endet- tement (90%) concerne les banques locales. Les fonds propres des associations de microcrédit (AMC) ont été de 2,5 Mds de DH, soit 26% du total passif du secteur contre un ratio de 9,3% pour l’ensemble des banques, 9,48% (12.123 MDH/127.856 MDH pour les sociétés de financement et 10,19% (6.672 MDH/ 65.481 MDH) dans le cas des sociétés de crédit à la consom- mation.

Finances News Hebdo : Comment se présentent les indicateurs du microcrédit au Maroc ? Lahcen El Amli : Pour répondre à votre question, commençons tout d’abord par exposer quelques chiffres rendant compte de la situation du secteur du microcrédit au Maroc à fin 2022. Ce sont les derniers chiffres dis- ponibles présentés dans le rapport de la Banque centrale sur la Supervision bancaire concernant cette année. Composante particulière du système financier national, le secteur du micro- crédit est le fait de 11 associations qui représentent 12% du nombre total des établissements de crédit en décembre 2022. Trois d’entre elles sont relati- vement de grande taille (total bilan, encours des crédits) et concentrent l’essentiel de l’activité du secteur. Il s’agit de la Fondation populaire pour le Microcrédit relevant du périmètre de la Banque Centrale Populaire, la Fondation Ardi, du Crédit Agricole du Maroc, et l’association Al Amana. Toujours à fin 2022, le réseau du sec- teur compte 1.678 points de vente à travers le territoire national. Il est concerné par un total bilan de l’ordre de 9,7 milliards de DH (Mds de DH), en nette augmentation par rapport à 2020 (8,6 Mds de DH). L’encours brut des crédits avait atteint 8,4 Mds de DH, en légère augmentation comparativement à 2021 (8,2 Mds de DH) et 2020 (8,1 Mds de DH); l’encours moyen de cré- dits s’est élevé à 10.500 DH en 2022 contre 9.800 DH en 2021.

F.N.H. : Comment se décline l’évolution du secteur ? L. E. A. : Il faut savoir que ce secteur a connu une évolution que l’on peut décomposer, grosso-modo, en trois phases : • Une phase de croissance pouvant être qualifiée de forte et qui s’étale depuis la naissance du microcrédit au début des années 1990 jusqu’en 2007 : l’encours des crédits entre 2001 et 2007 est passé de 100 MDH à 5,3 Mds de DH, soit un accroissant de 5.200% sur toute la période considérée. Le nombre de clients servis par les AMC (associations de micro-crédit) a évolué de 133.139 en 2001 à 1.315.703 en 2007, soit un accroissement de l’ordre de 888% sur la période. Le portefeuille à risque (PAR) de 30 jours et plus (PAR>30), principale mesure du risque concernant le secteur, affichait un taux de 1,9% en 2007, en dessous de la moyenne mondiale qui était de 2,7% (MIX, 2010). A l’issue de cette phase, le secteur marocain du microcrédit a été décrit comme le fleuron du marché de

Qu’en est-il de la

F.N.H. :

structure des crédits ? L. E. A. : L’examen de la structure des

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BOURSE & FINANCES

de relance. Suite à la réactivité des pou- voirs publics (gouvernement, Banque centrale) et aux efforts déployés par les AMC en matière de gouvernance, le secteur a pu sortir de la crise et renouer avec la croissance des cré- dits, bien que dans des rythmes de progression de loin moindres que ceux de la première phase. Ainsi, entre 2012 et 2022, l’encours des prêts est passé de 4,6 à 8,4 Mds de DH, soit un taux d’accroissement global de 83%. Le nombre de clients a connu d’abord une progression entre 2012 et 2017, en passant de 808.112 à 937.599, puis une baisse par la suite à 905.456 en 2019 et à 795.000 en 2022. Le réseau s’est contracté de 1.770 en 2020 à 1.678 en 2022 (effet de rationalisation et d’optimisation des coûts). Le résultat net des AMC qui était de 0,17 Md de DH en 2012 est passé à 220 MDH en 2019 avant de s’établir en 2020 à – 246 MDH (suite à la décé- lération de l’activité, couplée avec le report des échéances et à la montée des risques) et à – 55,4 MDH en 2021, avant de monter à 132,2 MDH en 2022. En somme, la baisse d’activité, la faible croissance des crédits, le recul du nombre de bénéficiaires, la contraction du réseau et des effectifs employés, caractérisent l’évolution du secteur au cours des dernières années. Il faut souligner que cette évolution a lieu dans un contexte que caractérise une succession de crises avec leurs impacts négatifs sur sa reproduction : Covid 19, sécheresse chronique, infla- tion… C’est grâce à la réactivité des pouvoirs publics (mesures de soutien financier, réformes du secteur pour sa modernisation et sa relance, contrôle du secteur par Bank Al- Maghrib…) et aux diverses mesures entreprises par les AMC (gouvernance, maîtrise des risques, etc.), que le secteur avait évité de s’engouffrer dans une crise profonde pouvant déboucher sur la chute de plusieurs acteurs, en particu- lier les AMC de petite taille. Toutes ces actions et mesures ont été à l’origine

d’une meilleure maîtrise de la crois- sance des crédits et des risques.

F.N.H. : Quels sont les points faibles à relever dans le sec- teur ? L. E. A. : De nombreux points faibles sont à relever, on note particulière- ment : • le taux de pénétration du marché du microcrédit demeure faible, et ce mal- gré un potentiel énorme sur ce plan. Le nombre de clients servis à fin 2022 n’a été que de 795.000, un chiffre qui est très en dessous de l’objectif de plus de 3.000.000 clients à l’horizon 2020 prévu dans le cadre de la stratégie nationale de microfinance (BAM, rapport sur la supervision bancaire 2012). En 2020, seules 34% des communes rurales sont couvertes par le réseau des AMC. Pour les communes urbaines, le taux est de 66%. En 2020 toujours, seuls 32% des ruraux ont un microcrédit, contre 68% en milieu urbain. • Les taux d’intérêt pratiqués par les AMC sont élevés : entre 18 et 24% (calculs personnels sur la base des taux mensuels pratiqués par certaines associations); entre 18 et 37% (Mounia HDA et Zineb HDA, La microfinance au Maroc : origines et développe- ments, 2022); entre 30 et 35% (Lahcen Oudoud, ‘’En méforme, le microcrédit à la recherche d’un nouveau souffle, Site le 360, 01/02/2024); • retards dans l’application de la loi qui a étendu le champ d’intervention des AMC à d’autres produits : collecte de l’épargne, micro-assurance… • la forte concentration des crédits : selon le rapport de BAM sur la super- vision bancaire de 2022, plus de 98% des crédits sont distribués par les 4 plus grandes associations. F.N.H. : Quel rôle peut jouer ce secteur dans le développe- ment de l’économie sociale ? L. E. A. : Le secteur de la microfinance peut en effet jouer un rôle fondamental à travers le renforcement de l’inclusion financière, la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, l’insertion des populations économiquement faibles, la création de l’emploi et l’améliora- tion des revenus de larges couches de la population qui sont marginali- sées et vivant dans la précarité. La microfinance peut être à l’origine de la consolidation du tissu productif natio-

la microfinance dans le monde arabe (1) . • une deuxième phase s’est étalée entre 2008 et 2011 et au cours de laquelle le secteur du microcrédit au Maroc a traversé une période de crise. A partir de 2008, le secteur s’est confronté à une crise majeure due à l’insolvabilité des clients. A l’ori- gine de cette crise se trouve avant tout : i- la forte croissance de l’activité qui n’a pas été maîtrisée; la concur- rence forte entre les AMC a débouché sur des faiblesses dans les contrôles internes et a contribué à l’émergence de l’endettement croisé (un client bénéficie de plusieurs prêts auprès de plusieurs AMC); ii- des politiques de crédit laxistes; iii- la défaillance des systèmes d’information et de gestion. L’encours des crédits qui était de 5,32 Mds de DH en 2008 a baissé à 4,6 Mds de DH en 2011, soit une baisse de 16%. Le nombre de clients qui était de 1.315.703 en 2007, a baissé à 1.230.192 en 2008 puis à 797.700 en 2011. Le PAR >30 est passé de 1,9% en 2007 à 5,1% en 2008, 10,6% en

2009, puis à 7,4% en 2010 et à 6,2% en 2011. Au cours de cette même phase, l’Etat a pris des mesures visant le sauve- tage et le redressement de ce sec- teur, mesures qui vont être renforcées au cours de la troisième phase. Ces mesures sont allées dans plusieurs directions : l’élévation de la transpa- rence, l’amélioration de la gouvernance des AMC, le contrôle du surendette- ment, la sécurisation de la liquidité et le développement du cadre réglemen- taire du secteur. La Banque centrale a joué et joue un rôle central dans l’action de redressement et de relance du secteur : mise en place en 2009 du «Crédit bureau officiel» auquel toutes les AMC sont tenues de se confor- mer et de fournir toutes informations relatives aux crédits, mécanisme de refinancement des concours octroyés par les banques au secteur, supervi- sion de l’activité des AMC, incitation des banques à financer les AMC, etc. • La dernière phase commence en 2012, elle peut être qualifiée de phase

La baisse d’activité, la faible croissance des crédits, le recul du nombre de bénéficiaires, la contraction du réseau et des effectifs employés, caractérisent l’évolution du secteur au cours des dernières années.

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