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VENDREDI 30 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

Microfinance

Potentiel énorme vs marché faible Les microcrédits dépassent à peine 0,8% de l’encours des crédits bancaires, contre 7% en Amérique latine et 5% en Afrique subsaharienne. Le secteur de la microfinance peut jouer un rôle fondamental à travers le renforcement de l’inclusion financière. Entretien avec Lahcen El Amli, professeur universitaire. Propos recueillis par C. Jaidani

F.N.H. : Mais l’activité reste fragile…, elle est toujours maintenue à travers le soutien de l’Etat ? L. E. A. : Le secteur du microcrédit a clôturé l’exercice 2022 avec un résul- tat net cumulé de 132,2 MDH, contre une perte cumulée de 55,4 MDH en 2021. Il importe de mentionner que ce résultat net de 2022 a été soutenu par une opération de subvention accordée par l’Etat de 179 MDH ayant com- pensé 50% des intérêts intercalaires supportés par les autorités au titre des créances reportées lors de la crise du Covid 19. Six associations de petite taille étaient concernées par des résultats défici- taires en 2022. Le plafond des crédits que peuvent accorder les AMC à leur clientèle est fixé à 150.000 DH. Dans le cadre des efforts visant la modernisa- tion du secteur, la loi 50-20 a introduit d’importantes nouveautés dont l’intro- duction de la possibilité de constitution des institutions de microfinance sous deux formes juridiques distinctes : la forme de société anonyme, en tant qu’établissement de crédit et la forme associative, en tant qu’organisme assi- milé à un établissement de crédit. La loi prévoit également l’extension du champ d’activité des IMF : outre l’octroi de microcrédits, elle autorise les IMF à exercer les activités de col- lecte des dépôts, d’opérations de la micro-assurance et de la fourniture à leur clientèle de prestations de conseil, de formation et d’accompagnement technique en matière de microfinance. Telles sont quelques données de base décrivant la structure et le niveau d’ac- tivité du secteur du microcrédit à la fin de 2022.

crédits montre que : i- plus de 98% sont distribués par les 4 plus grandes associations; ii- les crédits sont essen- tiellement destinés à la microentreprise (79% contre 77% en 2021) suivie par l’habitat social, stable à 14%; iii- les crédits en milieu urbain représentent 70% contre 68% en 2021; iv- la prédo- minance des crédits individuels : leur part s’élève à 87% contre 13% pour les prêts dits solidaires. Les créances en souffrance des asso- ciations de microcrédit ont totalisé 606 millions DH (MDH) en 2022, en baisse de 28,1% par rapport à 2021, soit un taux de risque de 7,2%, en nette amélioration par rapport à 2021 où ce taux a été de 10,3%. Les créances en souffrance sont couvertes par des provisions à hauteur de 60%, contre 48% en 2021. Les créances sur les établissements de crédit et assimilés, constituées principalement par des dépôts auprès des banques, s’élèvent à 319 MDH, soit 3,3% seulement du total actif de l’ensemble des associations de micro- crédit à fin 2022. L’endettement bancaire des associa- tions de microcrédit s’est établi à 5,4 Mds de DH, représentant 68% de leurs ressources. L’essentiel de cet endet- tement (90%) concerne les banques locales. Les fonds propres des associations de microcrédit (AMC) ont été de 2,5 Mds de DH, soit 26% du total passif du secteur contre un ratio de 9,3% pour l’ensemble des banques, 9,48% (12.123 MDH/127.856 MDH pour les sociétés de financement et 10,19% (6.672 MDH/ 65.481 MDH) dans le cas des sociétés de crédit à la consom- mation.

Finances News Hebdo : Comment se présentent les indicateurs du microcrédit au Maroc ? Lahcen El Amli : Pour répondre à votre question, commençons tout d’abord par exposer quelques chiffres rendant compte de la situation du secteur du microcrédit au Maroc à fin 2022. Ce sont les derniers chiffres dis- ponibles présentés dans le rapport de la Banque centrale sur la Supervision bancaire concernant cette année. Composante particulière du système financier national, le secteur du micro- crédit est le fait de 11 associations qui représentent 12% du nombre total des établissements de crédit en décembre 2022. Trois d’entre elles sont relati- vement de grande taille (total bilan, encours des crédits) et concentrent l’essentiel de l’activité du secteur. Il s’agit de la Fondation populaire pour le Microcrédit relevant du périmètre de la Banque Centrale Populaire, la Fondation Ardi, du Crédit Agricole du Maroc, et l’association Al Amana. Toujours à fin 2022, le réseau du sec- teur compte 1.678 points de vente à travers le territoire national. Il est concerné par un total bilan de l’ordre de 9,7 milliards de DH (Mds de DH), en nette augmentation par rapport à 2020 (8,6 Mds de DH). L’encours brut des crédits avait atteint 8,4 Mds de DH, en légère augmentation comparativement à 2021 (8,2 Mds de DH) et 2020 (8,1 Mds de DH); l’encours moyen de cré- dits s’est élevé à 10.500 DH en 2022 contre 9.800 DH en 2021.

F.N.H. : Comment se décline l’évolution du secteur ? L. E. A. : Il faut savoir que ce secteur a connu une évolution que l’on peut décomposer, grosso-modo, en trois phases : • Une phase de croissance pouvant être qualifiée de forte et qui s’étale depuis la naissance du microcrédit au début des années 1990 jusqu’en 2007 : l’encours des crédits entre 2001 et 2007 est passé de 100 MDH à 5,3 Mds de DH, soit un accroissant de 5.200% sur toute la période considérée. Le nombre de clients servis par les AMC (associations de micro-crédit) a évolué de 133.139 en 2001 à 1.315.703 en 2007, soit un accroissement de l’ordre de 888% sur la période. Le portefeuille à risque (PAR) de 30 jours et plus (PAR>30), principale mesure du risque concernant le secteur, affichait un taux de 1,9% en 2007, en dessous de la moyenne mondiale qui était de 2,7% (MIX, 2010). A l’issue de cette phase, le secteur marocain du microcrédit a été décrit comme le fleuron du marché de

Qu’en est-il de la

F.N.H. :

structure des crédits ? L. E. A. : L’examen de la structure des

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