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FINANCES NEWS HEBDO / VENDREDI 30 AOÛT 2024
BOURSE & FINANCES
de relance. Suite à la réactivité des pou- voirs publics (gouvernement, Banque centrale) et aux efforts déployés par les AMC en matière de gouvernance, le secteur a pu sortir de la crise et renouer avec la croissance des cré- dits, bien que dans des rythmes de progression de loin moindres que ceux de la première phase. Ainsi, entre 2012 et 2022, l’encours des prêts est passé de 4,6 à 8,4 Mds de DH, soit un taux d’accroissement global de 83%. Le nombre de clients a connu d’abord une progression entre 2012 et 2017, en passant de 808.112 à 937.599, puis une baisse par la suite à 905.456 en 2019 et à 795.000 en 2022. Le réseau s’est contracté de 1.770 en 2020 à 1.678 en 2022 (effet de rationalisation et d’optimisation des coûts). Le résultat net des AMC qui était de 0,17 Md de DH en 2012 est passé à 220 MDH en 2019 avant de s’établir en 2020 à – 246 MDH (suite à la décé- lération de l’activité, couplée avec le report des échéances et à la montée des risques) et à – 55,4 MDH en 2021, avant de monter à 132,2 MDH en 2022. En somme, la baisse d’activité, la faible croissance des crédits, le recul du nombre de bénéficiaires, la contraction du réseau et des effectifs employés, caractérisent l’évolution du secteur au cours des dernières années. Il faut souligner que cette évolution a lieu dans un contexte que caractérise une succession de crises avec leurs impacts négatifs sur sa reproduction : Covid 19, sécheresse chronique, infla- tion… C’est grâce à la réactivité des pouvoirs publics (mesures de soutien financier, réformes du secteur pour sa modernisation et sa relance, contrôle du secteur par Bank Al- Maghrib…) et aux diverses mesures entreprises par les AMC (gouvernance, maîtrise des risques, etc.), que le secteur avait évité de s’engouffrer dans une crise profonde pouvant déboucher sur la chute de plusieurs acteurs, en particu- lier les AMC de petite taille. Toutes ces actions et mesures ont été à l’origine
d’une meilleure maîtrise de la crois- sance des crédits et des risques.
F.N.H. : Quels sont les points faibles à relever dans le sec- teur ? L. E. A. : De nombreux points faibles sont à relever, on note particulière- ment : • le taux de pénétration du marché du microcrédit demeure faible, et ce mal- gré un potentiel énorme sur ce plan. Le nombre de clients servis à fin 2022 n’a été que de 795.000, un chiffre qui est très en dessous de l’objectif de plus de 3.000.000 clients à l’horizon 2020 prévu dans le cadre de la stratégie nationale de microfinance (BAM, rapport sur la supervision bancaire 2012). En 2020, seules 34% des communes rurales sont couvertes par le réseau des AMC. Pour les communes urbaines, le taux est de 66%. En 2020 toujours, seuls 32% des ruraux ont un microcrédit, contre 68% en milieu urbain. • Les taux d’intérêt pratiqués par les AMC sont élevés : entre 18 et 24% (calculs personnels sur la base des taux mensuels pratiqués par certaines associations); entre 18 et 37% (Mounia HDA et Zineb HDA, La microfinance au Maroc : origines et développe- ments, 2022); entre 30 et 35% (Lahcen Oudoud, ‘’En méforme, le microcrédit à la recherche d’un nouveau souffle, Site le 360, 01/02/2024); • retards dans l’application de la loi qui a étendu le champ d’intervention des AMC à d’autres produits : collecte de l’épargne, micro-assurance… • la forte concentration des crédits : selon le rapport de BAM sur la super- vision bancaire de 2022, plus de 98% des crédits sont distribués par les 4 plus grandes associations. F.N.H. : Quel rôle peut jouer ce secteur dans le développe- ment de l’économie sociale ? L. E. A. : Le secteur de la microfinance peut en effet jouer un rôle fondamental à travers le renforcement de l’inclusion financière, la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, l’insertion des populations économiquement faibles, la création de l’emploi et l’améliora- tion des revenus de larges couches de la population qui sont marginali- sées et vivant dans la précarité. La microfinance peut être à l’origine de la consolidation du tissu productif natio-
la microfinance dans le monde arabe (1) . • une deuxième phase s’est étalée entre 2008 et 2011 et au cours de laquelle le secteur du microcrédit au Maroc a traversé une période de crise. A partir de 2008, le secteur s’est confronté à une crise majeure due à l’insolvabilité des clients. A l’ori- gine de cette crise se trouve avant tout : i- la forte croissance de l’activité qui n’a pas été maîtrisée; la concur- rence forte entre les AMC a débouché sur des faiblesses dans les contrôles internes et a contribué à l’émergence de l’endettement croisé (un client bénéficie de plusieurs prêts auprès de plusieurs AMC); ii- des politiques de crédit laxistes; iii- la défaillance des systèmes d’information et de gestion. L’encours des crédits qui était de 5,32 Mds de DH en 2008 a baissé à 4,6 Mds de DH en 2011, soit une baisse de 16%. Le nombre de clients qui était de 1.315.703 en 2007, a baissé à 1.230.192 en 2008 puis à 797.700 en 2011. Le PAR >30 est passé de 1,9% en 2007 à 5,1% en 2008, 10,6% en
2009, puis à 7,4% en 2010 et à 6,2% en 2011. Au cours de cette même phase, l’Etat a pris des mesures visant le sauve- tage et le redressement de ce sec- teur, mesures qui vont être renforcées au cours de la troisième phase. Ces mesures sont allées dans plusieurs directions : l’élévation de la transpa- rence, l’amélioration de la gouvernance des AMC, le contrôle du surendette- ment, la sécurisation de la liquidité et le développement du cadre réglemen- taire du secteur. La Banque centrale a joué et joue un rôle central dans l’action de redressement et de relance du secteur : mise en place en 2009 du «Crédit bureau officiel» auquel toutes les AMC sont tenues de se confor- mer et de fournir toutes informations relatives aux crédits, mécanisme de refinancement des concours octroyés par les banques au secteur, supervi- sion de l’activité des AMC, incitation des banques à financer les AMC, etc. • La dernière phase commence en 2012, elle peut être qualifiée de phase
La baisse d’activité, la faible croissance des crédits, le recul du nombre de bénéficiaires, la contraction du réseau et des effectifs employés, caractérisent l’évolution du secteur au cours des dernières années.
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