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VENDREDI 30 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
BOURSE & FINANCES
cette évidence : l’accès au finance- ment à travers le microcrédit peut, dans des conditions bien déterminées, contribuer dans une grande mesure à l’inclusion financière et la réduction de la pauvreté, mais il ne peut pas résoudre tous les problèmes liés à la question du développement. A côté du financement, il y a d’autres problèmes qu’il faut traiter à travers des moyens et mécanismes appropriés (formation et accompagnement des micro-pro- ducteurs, conditions de commerciali- sation de leurs produits, amélioration de l’infrastructure routière, des infras- tructures de commercialisation, électri- fication, etc.). F.N.H. : Comparativement aux autres pays, comment jugez- vous l’expérience marocaine ? L. E. A. : Relevons tout d’abord que l’expérience marocaine de microfi- nance s’est considérablement enrichie au fil du temps et particulièrement au cours des deux dernières décennies grâce notamment à l’effort soutenu de réglementation et d’organisation et au soutien régulier des pouvoirs publics. Ces derniers en ont fait un canal de lutte contre la pauvreté et l’exclusion et un vecteur puissant de l’inclusion financière. Dans le cadre de différentes études, les auteurs ont souligné le caractère de développement avancé du secteur de la microfinance au Maroc, au sein des pays arabes et des pays MENA. En 2010, on pouvait lire dans un article de la Banque mondiale sur la microfinance dans le monde arabe, que «le Maroc, en particulier, se distingue comme le marché de la microfinance le plus mature de la région (MENA) avec les niveaux d’infrastructures les plus hauts en termes de dotation en personnel et des réseaux de succursales et la plus grande base de l’actif et du portefeuille de prêts. En outre, le marché marocain a été parmi les premiers dans la région à introduire une loi réglementant le secteur en 2000». Dans sa conclusion d’un article intitulé : «La microfinance au Maroc : origines et développements», les auteurs écrivent, en se référant au rapport MIX-Market 2015 que «le Maroc possède l’un des secteurs de la microfinance les plus puissants et les plus dynamiques de la région MENA». (Mounia HDA et Zineb HDA, 2022). De notre part, nous jugeons utile d’in-
Il est utile de lancer une enquête pour savoir l’effet du microcrédit sur la popu- lation bénéficiaire.
un axe majeur sur lequel l’ensemble des acteurs concernés doivent travail- ler pour permettre un développement conséquent du secteur de la microfi- nance et réduire sa forte dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds, les banques en particulier. Pour avoir un impact économique (augmentation de la production, création des revenus…) et social (amélioration du niveau de vie des populations…), un accompa- gnement avant (montage du projet) et après l’octroi des crédits (suivi de la réalisation des projets) s’impose pour plus d’efficience. Un autre problème, et non des moindres, est constitué par la non réalisation de l’objet pour lequel le crédit a été accordé. L’état de pauvreté dans lequel se trouvent les clients des AMC fait qu’une bonne partie sinon la totalité du crédit va à la consommation, une situation qui se trouve à l’origine des difficultés de paiement des crédits à l’échéance. Souvent, le client s’adresse à d’autres personnes qui lui prêtent de quoi rem- bourser ses crédits, ce qui est à l’ori- gine d’un surendettement. Y a-t-il un impact du microcrédit sur les bénéfi- ciaires ? F.N.H. : L. E. A. : C’est une question centrale et qui revêt un grand intérêt. Plusieurs études d’impact ont été menées aussi bien par les institutions de micro- crédit que par les bailleurs de fonds et les chercheurs, en adoptant dif- férentes méthodologies d’évaluation. Nombreuses sont celles qui ont montré
que le microcrédit a eu globalement un impact positif en termes d’améliora- tion des revenus des bénéficiaires, de l’activité de production (extension de la capacité productive, amélioration de l’outil de production, de l’amélioration du niveau de vie et du bien-être des ménages (scolarisation des enfants, conditions de logements…). Mais d’autres études ont conclu au carac- tère limité de l’impact du microcrédit sur les bénéficiaires. Selon les discussions que j’ai eues avec des cadres et responsables d’agences de microcrédit, il se dégage que : • Dans le cas des microentreprises qui ont un minimum de formalisme (fonds de commerce, inscrits sur le registre national, autoentrepreneur, attestations de l’autorité locale…), dans une grande proportion l’impact est tangible : déve- loppement de l’activité, organisation, amélioration du revenu. • Dans un grand nombre de cas, les crédits sont affectés à la consom- mation ou à des dépenses familiales diverses (financement de la scolari- té des enfants, remboursement d’un autre crédit, équipements de la mai- son, etc.) C’est l’exemple d’une femme qui se présente comme une entre- preneure (couturière, broderie, micro agricultrice, éleveur, artisan…). Elle bénéficie du crédit en étant cautionnée par son mari ou un proche qui est fonctionnaire, la dette est bien garantie pour l’institution du microcrédit. Avant de conclure ces quelques idées sur l’impact du microcrédit, rappelons
nal à travers un financement adéquat et ciblé des très petites entreprises et des micro-entreprises. Elle peut favoriser l’amorce d’une dynamique productive au service du développe- ment des territoires et de la création de la valeur. Elle peut agir comme un important levier pour le passage du secteur informel vers le secteur formel, avec toutes les implications que cette migration peut entraîner en matière de ressources pour le budget de l’Etat. Mais cela repose sur un certain nombre de préalables. Il faut tout d’abord mettre en place les méca- nismes et les conditions favorables à l’augmentation du taux de pénétration du marché du microcrédit (développe- ment des infrastructures notamment en milieu rural : couverture des com- munes par le réseau du microcré- dit, commercialisation des produits et accès aux marchés, formation et accompagnement des porteurs de projets, accès au financement…). Il faut également renforcer le fonds de garantie des crédits octroyés par les AMC et plus particulièrement au profit des AMC de petite taille. En troisième lieu, il y a lieu d’accorder une attention particulière à la question des taux d’intérêt qui pèsent lourdement sur les résultats des AMC et affectent leur reproduction. La fiscalité relative à la microfinance doit être bien adaptée et tenir compte de l’environnement glo- bal dans lequel fonctionnent les AMC. La diversification de la gamme des produits financiers (épargne, crédit, assurance, transferts de fonds…) est
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