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VENDREDI 30 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Cannabis / Grâce royale Une aubaine pour un secteur sous-exploité

«Cette décision aura un impact significatif sur le processus de réglementation et de légalisation du cannabis au Maroc, contribuant largement à la création d'emplois et à la génération de richesses. De plus, il est important de souligner que la légalisation du cannabis stimulera le développement socio- économique des trois provinces concernées, à savoir Al Hoceïma, Chefchaouen, et Taounate. La multiplication des coopératives permettra de réduire le taux de chômage dans ces régions, tandis que la réglementation de la culture du cannabis offrira à l'État la pos- sibilité de collecter des impôts, augmentant ainsi ses recettes. Par ailleurs, cette grâce royale ouvre la voie à une meilleure intégra- tion économique et sociale de ces agriculteurs, leur offrant ainsi la chance de vivre dignement. Enfin, cette initiative royale encouragera également l'entourage des per- sonnes graciées à s'engager dans le marché légal», précise l’expert. Pour rappel, la légalisation de l’usage industriel et thérapeutique du cannabis, actée en juin 2021 à travers l’adoption de la loi n° 13-21, promet des retombées éco- nomiques importantes. Selon les estimations, le secteur du canna- bis médical pourrait générer, à lui seul, un revenu annuel allant de 4,2 à 6,3 milliards de dirhams d'ici 2028, avec une part de marché européenne de 10 à 15%. Notons que depuis le début de l’année 2024, l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis a octroyé 3.029 autorisations, contre 721 en 2023. De surcroît, l’Agence a cer- tifié 7,3 millions de semences de cannabis sur la base de 26 auto- risations d'importation délivrées par l'ONSSA, pour une superficie de 1.164 hectares, en faveur de 100 coopératives de production regroupant 1.520 agriculteurs. ◆

 La légalisation du cannabis stimulera le développement socioéconomique des trois provinces concernées, à savoir Al Hoceïma, Chefchaouen, et Taounate.

En plus de favoriser le développement des régions concernées par la culture du cannabis et de faciliter la réintégration socioéconomique des personnes graciées, cette décision royale vient soutenir fortement la transition vers un marché légal.

Par M. Ait Ouaanna L

a légalisation du cannabis au Maroc revient sur le devant de la scène suite à la grâce accordée par le Roi Mohammed VI, à l’occa- sion du 71 ème anniversaire de la Révolution du Roi et du peuple, à des milliers de personnes condam- nées, poursuivies ou recherchées dans des affaires liées à la culture du cannabis. Au total, 4.831 individus sont concernés par cette décision royale hautement saluée, notam- ment par les acteurs associatifs. En effet, cette initiative royale long- temps espérée, particulièrement par les familles des personnes en question, est considérée comme un tournant majeur pour couper définitivement les ponts avec les cultures illégales et, par consé- quent, s’intégrer dans l’économie formelle. Cette grâce royale est également vue comme une véri- table aubaine pour les régions

concernées par la culture du can- nabis puisqu’elle pourrait contri- buer fortement à leur développe- ment socioéconomique ainsi qu’à leur transformation. Directeur de la protection des droits de l’Homme et du monito- ring au Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Abderrafie Hamdi nous affirme que cette grâce royale revêt diverses dimensions. «Il s’agit tout d’abord de l’impact sur les droits de l’Homme. Cette initiative royale grandement saluée par le CNDH permettra au Maroc de s’aligner pleinement dans la nouvelle gestion de la lutte contre la drogue. C’est une approche cen- trée sur les droits de l’Homme, en accord avec les nombreux textes et mécanismes développés par la communauté internationale dans ce domaine. Ainsi, le Royaume ne sera plus en décalage avec les normes internationales actuelles

dans le domaine». Abderrafie Hamdi a également évoqué la dimension sociale, sou- lignant que cette décision royale permettra la réintégration des personnes graciées dans le tissu socioéconomique, ce qui va, selon notre interlocuteur, soulager les familles des bénéficiaires et favo- riser le développement local. «La participation au développement est un droit fondamental. En ce sens, nous pouvons conclure que les deux dimensions précitées contribuent directement à la pro- motion du respect des droits de l’Homme dans notre pays», insiste- t-il. Pour sa part, Mohamed Jadri, éco- nomiste et directeur de l'Obser- vatoire du travail gouvernemental, estime que cette décision royale incitera l’entourage des personnes graciées à s’engager dans le mar- ché légal.

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