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VENDREDI 30 AOÛT 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
DEVELOPPEMENT DURABLE
Stress hydrique
s’accentuent pour garantir une gestion durable des ressources en eau, tout en assurant la sécu- rité alimentaire et économique du pays. Politique des barrages : un plan nécessaire mais pas suffisant Un changement de paradigme s’impose Par Désy M. L L’avenir de l'eau au Maroc dépend d'une gestion optimisée des ressources, d'un changement de comportement collectif et d'une action concertée entre tous les acteurs.
e Royaume fait face à une situa- tion hydrique sans précédent. Dans son discours à l’occasion de la 25 ème année de son acces- sion au Trône, le Roi Mohammed VI a placé la problématique de l’eau en tête des défis aux- quels le pays est confronté. Il s’agit d’ «un défi majeur qui ne cesse de se complexifier du fait de la sécheresse, de l’im- pact du changement climatique et de la croissance naturelle de la demande…», a déclaré le Souverain. Et d’appeler à la mobilisation de toutes les res- sources disponibles pour pré- venir la pénurie d’eau, en accé- lérant les chantiers stratégiques relatifs à la gestion des res- sources en eau. En effet, la variabilité géogra- phique des précipitations au Maroc est, entre autres, l’un des phénomènes accentuant cette crise. Alors que certaines régions du nord enregistrent des préci- pitations supérieures à 800 mm par an, d’autres, comme celles de l’Atlas du sud ou du Sahara, peinent à atteindre les 50 mm annuels, selon le ministère de l’Equipement et de l’Eau. Cette répartition inégale entraîne une grande disparité en termes d’ac- cès à l’eau, exacerbant les ten- sions sociales et économiques. Face à ces défis, des mesures à court, moyen et long terme
L’une des mesures prises par le gouvernement est la poursuite de la politique des barrages, qui demeure importante, notamment dans les régions où la pluvio- métrie reste encore suffisante. Cependant, cette politique bien qu’efficace, n’est plus suffisante à elle seule pour répondre à l’ur- gence actuelle. En effet, le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas aujourd’hui 28% au niveau national. Certains bar- rages sont dans un état d’assè- chement et d’autres subissent des pressions dues à la demande croissante des populations. «Les barrages ont été conçus pour stocker 3 ans, 4 ans, 5 ans de pluie. Aujourd'hui, on est véri- tablement dans des épisodes de sécheresse qui sont beaucoup plus longs. Par conséquent, il y a un déséquilibre entre ce qui est stocké et ce qui doit être utilisé» , affirme Mohamed Jalil, expert en climat et ressources en eau. Evoquant la probléma- tique du gaspillage de l’eau dans le secteur agricole, urbain et
dans le transport de l’eau, l’ex- pert déplore le manque d’effec- tivité de la police de l’eau dans la répression de ce phénomène. Pour ce dernier, il est impératif de revoir l’approche de la gestion de l'eau. «Nous ne pouvons plus aborder cette question comme à l'aube de l'indépendance dans les années 60. Aujourd'hui, nous devons développer une nouvelle vision, axée à la fois sur l'offre et la demande en eau» a-t-il dit. Sur le plan de l'offre, l’expert statue sur la diversification des sources d'eau, conventionnelles et non conventionnelles, tout en encourageant l'investisse- ment dans des infrastructures modernes de traitement et de distribution d'eau. Pour cela, des partenariats publics-privés inno- vants doivent être mis en place, ainsi que des mécanismes de financement solides afin d'assu- rer la durabilité de ces projets.
Du côté de la demande, il est crucial de lutter contre le gas- pillage. Pour Mohamed Jalil, des mesures légales, réglemen- taires, et coercitives doivent être mises en place pour inci- ter à une consommation plus responsable. Cela passe par l'introduction d'une tarifica- tion de l'eau plus dissuasive à l'égard des comportements de surconsommation. Plaçant la sensibilisation au cœur de cette démarche, l’expert affirme qu’ «il est essentiel de mobiliser les Marocains, en particulier à tra- vers les écoles, les lieux de culte, la télévision et la radio, afin qu'ils prennent conscience de la gra- vité du stress hydrique auquel le pays est confronté», recom- mande Jalil. L’eau : Une propriété collective et une responsabilité partagée En parlant de sensibilisation, le
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