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Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

CONJONCTURE POLITIQUE 6

absolument offrir une ‘fan experience’ sans faille» Evènements sportifs : Des accélérateurs de la transition énergétique et de l’économie circulaire Entretien avec Leila Benali : Transition énergétique, Quand sport et durabilité se conjuguent Energie : Des rendez-vous sportifs au vert Entretien avec Youssef Belqasmi : Energies renouvelables, «les nouveaux stades feront l’objet d’une certi fi cation HQE» Commerce : Quelles stratégies pour optimiser l’offre ? Grands événements sportifs : Une opportunité de croissance pour les startups marocaines Patrimoine : Le Maroc, carrefour du sport et de la culture Entretien avec Mohammed Mehdi Bensaid : Evènementiel, le Maroc conjugue sport et culture pour séduire le monde Sport & Culture : Un nouveau souf fl e pour le branding et l’image du Maroc Artisanat : A la croisée des chemins Des catalyseurs pour le développement du football national Entretien avec Fahd El Khalil : Evènementiel sportif, «Les MRE représentent une richesse sous-exploitée» Protection des données : Une priorité lors des compétitions internationales Sécurité des stades : Le Maroc mise sur la surveillance de pointe Entretien avec Mohamed Tmart : Cybersécurité, «l’une des menaces les plus communes correspond à une attaque par déni de service» 5G et fi bre optique : Les piliers d’une infrastructure télécoms adaptée aux événements mondiaux Evènements sportifs : Des opportunités économiques certaines Société : Le sport, un vecteur d’inclusion sociale

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Économie marocaine : Signaux mitigés

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Entretien avec Bouchra Boudchiche Boucetta : Maroc – Panama, Revirement décisif dans les relations diplomatiques

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INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE Le secteur consolide sa dynamique de développement 12 CAN 2025 - MONDIAL 2030

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Maroc 2025-2030 : Entre sport et essor économique Diplomatie : Le sport, un véritable outil de soft power Entretien avec Moncef El Yazghi : Politiques publiques, «la Coupe du monde 2030 est un tournant pour l’économie nationale» Emploi : Quand le sport devient un levier pour le marché du travail Les impacts sur l’économie et les marchés fi nanciers IDE : L’attractivité des investissements à l’heure des grands rendez-vous sportifs Entretien avec Said Tahiri : IDE, «les impacts à court, moyen et long terme pourraient être signi fi catifs» Institutions fi nancières : Leviers stratégiques pour le fi nancement des grands projets sportifs Infrastructures sportives : L’Etat met 20 Mds de dirhams sur la table Infrastructures sportives : Un héritage durable pour la jeunesse marocaine Ferroviaire : Le Mondial, un accélérateur de Lignes à grande vitesse BTP : Ces entreprises qui auront la lourde tâche de faire briller nos stades Autoroutes du Maroc : Près de 8 milliards de dirhams d’investissements prévus à horizon 2027 Football : L’impact des grands tournois sur l’af fl uence et l’économie des stades Infrastructures sportives : Une diversité exceptionnelle de stades Tourisme : Une aubaine pour les villes hôtes Parc hôtelier : Le Maroc appuie sur l’accélérateur Entretien avec Imad Barrakad : Investissement touristique, «il faut prioritairement renforcer l’hôtellerie, le transport et l’animation urbaine» Tourisme sportif : Comment le Maroc peut-il relever le dé fi ? Entretien avec Othmane Ibn Ghazala : Tourisme, «nous devons

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MARCHÉ DES CAPITAUX Bourse de Casablanca : En 2024, des records, des innovations et une dynamique retrouvée 106

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E DITORIAL

Au-delà du rond central

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e Maroc est en passe de chausser des crampons d’un genre nouveau à travers l’accueil de la Coupe d’Afrique des

solides. Une forme de diplomatie via le sport, où l’on échange moins de formules creuses que de sourires francs et de projets com- muns. L’idée ? Attirer des investissements, charmer les touristes et rassurer les partenaires. Et quand on sait que ces grandes compétitions promettent une pluie de devises, on en saisit mieux les enjeux. Le sport comme tremplin vers une économie plus inclusive, plus diver- sifiée, plus audacieuse : voilà l’enjeu. Reste la question épineuse de l’après. Une fois les stades vidés de leurs supporters, comment éviter le syndrome des éléphants blancs, ces infrastructures flambant neuves mais délais- sées ? C’est là tout l’enjeu pour le Maroc : transformer l’essai, utiliser ces installations pour d’autres rendez-vous, sportifs, culturels, voire éducatifs. Car ces infrastructures forge- ront l’environnement économique et social de demain, à condition d’être pensées comme des investissements pérennes, doublés d’une véritable politique d’encadrement. L’héritage se joue donc sur le long terme. Autrement dit, il faudra s’emparer de l’événe- ment pour créer une dynamique durable qui profitera aux générations futures. Car lorsque le coup de sifflet final retentira, on se souvien- dra peut-être moins des résultats des matchs que de l’élan généré. Les supporters reparti- ront, mais les idées, les projets et les infras- tructures resteront. Et, au bout du compte, la plus belle victoire pour le Maroc ne sera peut- être pas celle remportée sur le terrain, mais celle qui, en coulisses, aura changé durable- ment le visage du pays.

nations 2025 et le Mondial 2030 coorganisé avec l’Espagne et le Portugal. Un double pari sportif qui, soyons honnêtes, dépasse la simple performance sur gazon. Ici, l’enjeu n’est pas seulement de voir des ballons filer au fond des filets, mais bien de mettre en place des stratégies sur le long terme, bâtir des infrastructures dignes de ce nom, créer des emplois, mais aussi soigner son image internationale. Un grand chantier? Non, plusieurs chantiers simultanés, réunis sous la bannière du sport. Le Maroc repense en réalité la totalité de son écosystème économique. Chaque secteur (BTP, tourisme, santé, transport, énergie…) voit dans cette dynamique sportive l’oppor- tunité de marquer des points. Car ces événe- ments seront un terrain de jeu économique, diplomatique et social. D’un côté, le Maroc renforce son soft power en accueillant des supporters venus des quatre coins du globe. De l’autre, il se positionne en tant qu’acteur incontournable au sein de la région MENA et sur le continent africain. Accueillir la CAN et co-organiser le Mondial 2030, c’est aussi se raconter et se connecter à des pays africains, européens, arabes, d’Amé- rique… en cultivant une relation féconde. Car le sport est un langage universel, un sésame pour créer des ponts, des affinités, ainsi que des relations politiques et économiques plus

Fatima OURIAGHLI

Accueillir la CAN et co-organiser le Mondial 2030, c’est aussi se raconter et se connecter à des pays africains, européens, arabes, d’Amérique… en cultivant une relation féconde.

M ISE EN PAGE Zakaria BELADAL

J OURNALISTES Charaf JAIDANI Adil HLIMI

A DRESSE 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca Tél (0522) 98.41.64/66. Fax : (0522) 98.40.22 Site web : www.fnh.ma S.A.R.L. au capital de 5 000 000,00 DH C.N.S.S. 600 50 62 - I.F. 1022303 R.C. 94079 - Patente : 35770001 ICE : 001526693000021

Youssef SEDDIK Khalid AOURMI Ibtissam ZERROUK Meryem AÏT OUAANNA Malak BOUKHARI Désy MBAKOU R ÉVISION Mohamed LABDAOUAT

D ÉPARTEMENT COMMERCIAL Rania BENCHAIB - Samira LAKBIRI

D IRECTEUR G ÉNÉRAL , RESPONSABLE DE LA PUBLICATION Fatima OURIAGHLI

A SSISTANTE DE DIRECTION Amina KHCHAI

D IRECTEUR A DMINISTRATIF ET F INANCIER Leïla KINANA

A DMINISTRATIF Fatiha AÏT ALLAH I MPRESSION

É DITIONS JMA C ONSEIL Autres publicatins du groupe : Finances News Hebdo, FNH.ma, Laquotidienne et Autonews

D IRECTEUR DES RÉDACTIONS & DÉVELOPPEMENT David WILLIAM

MAROC SOIR D ISTRIBUTION SOCHEPRESS

D IRECTEUR TECHNIQUE & MAQUETTISTE Abdelillah CHAMSEDDINE

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°48 4

C ONJONCTURE

Entre signes de résilience et défis structurels, le Royaume évolue dans une dynamique économique complexe, où la croissance, bien que positive, reste freinée par des vulnérabilités internes et externes. Signaux mitigés Économie marocaine

fisante pour endiguer la progression des importations (+5,8%), alimentée par les besoins en biens d’équipement et pro- duits finis de consommation. La facture énergétique, bien qu’en diminution, continue de peser sur la balance com- merciale. Parallèlement, les recettes de voyages ont bondi de 9,3%, atteignant des niveaux record, et les transferts des MRE ont progressé de 3,9%, consolidant leur rôle crucial dans le financement du compte courant. Les finances publiques continuent de faire face à des défis structurels. Au cours des dix premiers mois de l’année, le défi- cit budgétaire s’est creusé à 49 milliards de dirhams, malgré une amélioration notable des recettes ordinaires (+13,6%). Les dépenses, notamment celles liées à l’investissement (+9,9%), reflètent les efforts du gouvernement pour soutenir la croissance, mais la charge de la dette publique, en hausse de 5,8%, demeure un enjeu majeur. Inflation maîtrisée, mais vigilance requise Après une flambée à 6,1% en 2023, l’in- flation a nettement décéléré en 2024, atteignant 1% en moyenne. Ce ralentis- sement s’explique par la baisse des prix des produits alimentaires volatils et des carburants. Toutefois, l’inflation sous- jacente, à 2,2% en octobre, traduit des pressions persistantes, notamment liées aux sécheresses et aux tensions sur les chaînes d’approvisionnement. Les projections de BAM tablent sur une reprise modérée de la croissance à 3,9% en 2025 et 2026, portée par une hypo- thèse de campagnes agricoles moyennes et une dynamique continue des secteurs non agricoles. Toutefois, les risques demeurent élevés : stress hydrique, volatilité des marchés internationaux et incertitudes géopolitiques. Face à ces défis, le Maroc doit accélérer ses réformes structurelles, notamment pour renforcer la résilience de son agri- culture, diversifier davantage son éco- nomie et optimiser la gestion de sa dette publique.

Le rapport trimestriel sur la politique monétaire de Bank Al-Maghrib dresse un tableau nuancé de la conjoncture économique au Maroc.

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u deuxième trimestre 2024, l’économie natio- nale a affiché une crois- sance de 2,4%, en léger

croissance, tandis que les échanges exté- rieurs, grevés par un déficit commercial en hausse de 5,2%, ont pesé négative- ment (-2,9 points). Entre le troisième trimestre 2023 et la même période en 2024, l’économie marocaine a créé 213.000 emplois, prin- cipalement dans les services (+258.000), le BTP (+57.000) et l’industrie (+23.000). En revanche, le secteur agricole conti- nue de perdre du terrain, avec 124.000 postes supprimés. Cette dynamique a permis une légère hausse du taux d’acti- vité (43,6% contre 43,2%), mais le taux de chômage, à 13,6%, demeure préoccu- pant, reflétant des tensions structurelles sur le marché de l’emploi. Des comptes extérieurs sous pression Les exportations marocaines ont pro- gressé de 6,2% sur les dix premiers mois de 2024, grâce notamment aux secteurs automobile, aéronautique et phosphates. Toutefois, cette dynamique reste insuf-

recul par rapport à la même période en 2023 (2,5%). Cette stagnation masque une dualité marquée : d’un côté, une contraction notable de 4,5% de la valeur ajoutée agricole, reflet des sécheresses récurrentes et de l’aggravation du stress hydrique; de l’autre, une progression robuste de 3,2% des activités non agri- coles, illustrant une diversification pro- gressive mais encore insuffisante pour compenser les fragilités du secteur pri- maire. Du côté de la demande, la consomma- tion intérieure reste le principal moteur, contribuant à hauteur de 5,2 points à la

Entre le troisième trimestre 2023 et la même période en 2024, l’économie marocaine a créé 213.000 emplois. et la Entr a même maroc

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P OLITIQUE

F. N. H. : Quelle lecture faites-vous du message royal adressé au Panama et de son impact sur le renforcement des relations bilatérales ? B. B. B. : Le message adressé par Sa Majesté, que Dieu le glorifie, au Président panaméen, José Raúl Mulino, revêt une signification profonde. Il met en lumière l’importance capitale qu’ac- corde Sa Majesté au renforcement des relations maroco-panaméennes, lesquelles regorgent de potentialités exceptionnelles grâce à la position stra- tégique des deux parties. Ces relations ont vocation à être un pilier stratégique dans le soutien aux initiatives de coopération atlantique que le Maroc s’efforce de consoli- der sous la direction éclairée de Sa Majesté, avec pour objectif de renforcer la solidarité et la coopération entre les nations riveraines de l’Atlantique. Par ailleurs, le cas panaméen porte une symbolique particulière. En effet, le Panama a été le premier pays d’Amé- rique latine à reconnaître la pseudo Rasd. Ce tournant positif de la question nationale est, sans aucun doute, attri- buable aux orientations stratégiques et à la sagesse de Sa Majesté, qui pilote avec engagement et vigilance les efforts

Revirement décisif dans les relations diplomatiques La décision du Panama de suspendre ses relations avec la pseudo ‘Rasd’ et de soutenir l’initiative marocaine d’autonomie confirme son alignement avec les résolutions onusiennes. Ce tournant renforce les liens maroco-panaméens et ouvre la voie à une coopération stratégique prometteuse entre les deux pays. Entretien avec Bouchra Boudchiche Boucetta, ambassadrice du Maroc au Panama. Maroc - Panama

Finances News Hebdo : Quelle est votre analyse de la décision du Panama de retirer sa reconnais- sance de la pseudo «Rasd», et comment évaluez- vous l’impact de cette position sur les relations maroco-panaméennes ? Bouchra Boudchiche Boucetta : La décision de la République de Panama de suspendre ses relations avec la pseudo «rasd» en novembre 2024, a été précédée en jan- vier de la même année par le soutien à la proposition marocaine d’autonomie en tant que «seule base pour une solu- tion juste et durable à la question du Sahara marocain». Cette décision vient renforcer la dynamique internationale que portent d’ores et déjà de très nom- breux pays de par le monde, à la faveur du Sahara marocain, sur la base de l’Initiative d’autonomie présentée par le Maroc depuis 2007.

La République du Panama s’aligne avec une majorité écrasante de la communauté internationale, qui sou- ligne la centralité de l’ONU et de son Conseil de sécurité en particulier, dans la recherche d’une solution politique définitive. Dans ce contexte, de nom- breuses perspectives prometteuses s’offrent au Maroc et au Panama pour insuffler un nouvel élan à leur coopéra- tion dans divers secteurs stratégiques, à la faveur d’un partenariat solide, basé sur l’amitié et la confiance mutuelle. Cette dynamique reflète, également, la volonté commune de renforcer le dialogue politique et de développer les échanges économiques, commerciaux, culturels et éducatifs, cimentant ainsi un partenariat durable et mutuelle- ment bénéfique.

Rencontre avec Maricel Cohen de Mulino, Première dame de la République de Panama, le 20 septembre, dans le cadre des préparatifs de l’événement le «Maroc au Panama, culture et

artisanat» organisé conjointement du 14 au 17 novembre 2024.

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déployés pour défendre l’intégrité territoriale du Maroc dans toutes ces étapes. En tant que garant suprême de l’unité du Royaume et de sa souve- raineté sur ses territoires, Sa Majesté veille personnellement sur le processus de lutte pour la cause nationale. Et cela constitue en soi une garantie pour que les engagements pris par les nations amies à ce sujet reflètent une volonté sincère et s’inscrivent au sommet des priorités dans ces pays. F. N. H. : Le Panama a récemment réaffirmé sa position en faveur du plan d’autonomie marocain. Quels sont les efforts diplomatiques qui ont per- mis cette avancée importante ? B. B. B. : Ces dernières années, les échanges entre les hauts responsables des deux pays ont été intensifiés à tous les niveaux, ce qui a permis au Maroc de renforcer sa position et sa présence au Panama. Et ce, conformément aux hautes instructions Royales en faveur d’une diplomatie nationale dynamique et proactive, avec l’aide du départe- ment, sous l’égide du ministre et en coopération avec les autres ministères. Cette mission s’est activée pour faire connaitre la pertinence de la propo- sition marocaine en tant qu’unique

sée le mois courant, représentera une plateforme idéale pour consolider le dialogue et bâtir des relations solides entre les deux parlements. Saisir toute occasion pour mettre en avant les avancées du Maroc, depuis l’intronisation de SM le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, telle que la participation de Nadira El Guermai, gouverneure et ancienne coordina- trice de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le 10 novembre 2024, à l’événement orga- nisé par le ministère de la Femme de la République du Panama, sous le thème «Les bonnes pratiques gouvernemen- tales pour l’inclusion économique des femmes et leur autonomisation». Cette initiative a rappelé les mesures phares prises par le Maroc dans le domaine de l’autonomisation de la femme. F. N. H. : Quels ont été les moments clés de votre mandat en tant qu’ambassadrice du Maroc au Panama ? Et quelle évaluation faites-vous des relations diplomatiques entre les deux nations depuis votre prise de fonction ? B. B. B. : Les relations entre le Maroc et le Panama ont connu un dynamisme et une évolution remarquables ces dernières années, particulièrement cette année 2024 suite à la décision du soutien du Panama à la propo- sition d’autonomie comme «base unique pour une solution juste et durable au différend», annoncée lors de la visioconférence. Cette dernière s’est tenue le 30 janvier 2024, entre Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étran- ger, et Janaina Tewaney Mencomo, ministre panaméenne des Relations extérieures, et suite à la décision prise par la République du Panama, le 21 novembre 2024, de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo «Rasd», s’inscrivant ainsi en conformité «avec le droit internatio- nal». Et par lequel la République du Panama, privilégiant l’intérêt national et fidèle aux principes fondamentaux de sa politique étrangère, réaffirme sa conviction des objectifs et des valeurs qui guident le multilatéralisme. Ainsi, la République du Panama réitère sa volonté de continuer à soutenir les efforts déployés par le Secrétaire géné- ral et la communauté internationale, dans le cadre des Nations unies, en vue

La République du Panama s’aligne avec une majorité écrasante de la communauté internationale, qui souligne la centralité de l’ONU et de son Conseil de sécurité en particulier, dans la recherche d’une solution politique définitive.

solution à ce conflit régional, solution politique impliquant toutes les parties concernées. Par ailleurs, les échanges ont permis de mieux éclairer sur la légitimité historique et juridique de notre cause nationale. Le Panama a décidé de contribuer à la paix et à la sécurité internationale en appuyant les efforts du secrétaire général de l’ONU et reconnaissant le rôle exclusif du Conseil de sécurité sur la question du Sahara marocain. Il est à souligner le rôle crucial des parlementaires, qui créent des passerelles durables pour consolider la relation bilatérale et ainsi permettre d’impliquer les citoyens dans les enjeux de coopération inter- nationale via leurs représentants. Dans ce sens, la création du groupe d’amitié parlementaire Maroc- Panama, dont l’installation a été réali-

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P OLITIQUE

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d’une solution pacifique, juste, durable et acceptable pour les parties concer- nées par la question du Sahara. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont souligné lors de la visioconférence tenue le 27 novembre 2024, suite au message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, au président de la République du Panama, José Raúl Mulino, l’impor- tance du renforcement du cadre juri- dique de la coopération bilatérale et de l’activation du mécanisme de consulta- tions politiques. Les deux ministres ont convenu, lors de cette visioconférence, de la signa- ture d’une feuille de route de coopé- ration devant structurer, de manière opérationnelle et concrète, les axes et activités de coopération. Le Maroc et le Panama ont réussi à s’imposer en tant qu’acteur majeur dans la dynamique mondiale, et cette nouvelle étape va permettre de renforcer les liens entre les deux nations pour relever conjoin- tement les défis de l’avenir. On peut dire que l’année 2024 a mar- qué un tournant décisif dans notre relation bilatérale et lui ouvre un hori- zon très prometteur. Les deux ministres des Affaires étrangères n’ont pas tardé à donner le tempo au futur immédiat, en fixant les échéances à venir lors de leurs entretiens susmentionnés. F. N. H. : Comment la position stratégique du Panama, en tant que carrefour maritime, favo- rise-t-elle les échanges commerciaux avec le Maroc, et quels secteurs stratégiques peuvent être mis en avant pour stimuler les investisse- ments bilatéraux ? B. B. B. : Le Panama et le Maroc dis- posent de plateformes logistiques de classe mondiale. Au Maroc, le port de Casablanca, Jorf Lasfar, Tanger-Med, et bientôt le Grand Port de Dakhla et Nador West-Med; et au Panama, l’em- blématique canal de Panama. La coo- pération dans le secteur du transport maritime offre un potentiel intéressant, permettant aux deux pays de partager leurs connaissances accumulées au fil

F. N. H. : Quel rôle joue la diaspora marocaine au Panama dans le renforcement des liens entre le Panama et le Maroc ? Quelles initiatives ont été mises en place pour favoriser les échanges cultu- rels et éducatifs entre les deux pays ? B. B. B. : Les Marocains du monde agissent comme une puissance douce et une extension stratégique du Royaume au sein des pays dans lesquels ils résident. Au Panama, la diaspora marocaine contribue de manière active et positive dans le rayonnement de l’image du Maroc et dans le développement de la société panaméenne à travers une implication forte et influente. L’action culturelle de l’Ambassade du Maroc au Panama découle de la recon- naissance du rôle fondamental que joue la culture dans la construction de relations durables entre les com- munautés, les nations et les peuples. Nous considérons que la culture est un puissant moyen de communication qui transcende les barrières linguistiques et favorise l’interaction positive et la coopération internationale. La coopération en matière culturelle est un élément fondamental de la relation bilatérale entre le Maroc et le Panama. La signature de l’accord culturel, qui prévoit l’organisation de réunions, de concerts, d’expositions, de représentations théâtrales, parmi une multitude d’activités, en janvier 2016,

des décennies. Un accord de coopération mutuelle a été signé dans ce sens, entre l’Autorité du canal de Panama et l’Autorité por- tuaire Tanger-Med lors de l’inaugura- tion de l’Ambassade du Royaume du Maroc à Panama City en 2016. Ledit accord a pour objectif de renforcer l’ouverture internationale des deux pays, en facilitant les opérations logis- tiques d’importation et d’exportation de marchandises d’une zone à l’autre et dans le monde entier. En outre, un accord-cadre de coopération a été signé entre la Zone franche Tanger- Med et la Zone franche de Colón, avec comme objectif de renforcer la coopé- ration, notamment au niveau indus- triel, entre les entreprises établies dans les deux zones franches. Il est à souligner qu’il existe de fortes opportunités de coopération dans le domaine du changement climatique et de la sécurité alimentaire entre le Royaume du Maroc et la République du Panama, puisque les deux pays se distinguent par leur leadership en la matière. La coopération dans ce domaine est l’un des points fondamen- taux mentionnés dans la Déclaration conjointe entre les deux pays (30 jan- vier dernier), où les deux parties s’en- gagent à coopérer dans des projets de décarbonation de l’économie.

L’organisation de la Coupe du monde de football 2030 au Maroc, avec l’Espagne et le Portugal, présente des opportunités signi- ficatives pour les investisseurs panaméens dans différents domaines économiques.

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°48 10

F. N. H. : Dans le cadre de la récente annonce d’une nouvelle feuille de route de coopération entre le Maroc et le Panama, quel rôle les investissements directs étrangers (IDE) devraient-ils jouer dans ce partenariat, notamment en vue de la Coupe du monde 2030 ? B. B. B. : Les investissements sont le ciment de la relation économique et commer- ciale. Je considère que l’organisation de la Coupe du monde de football 2030 au Maroc, avec l’Espagne et le Portugal, présente des opportunités significatives pour les investisseurs panaméens dans différents domaines économiques. Le Maroc a lancé un plan d’investissement ambitieux pour la modernisation des infrastructures, y compris la construc- tion et la rénovation des stades, ainsi que l’amélioration des transports et de la connectivité entre les villes hôtes. Dans ce contexte, je dois souligner que le sec- teur d’affaires constitue un pilier essen- tiel dans les relations maroco-pana- méennes. En juin 2022, une délégation panaméenne dirigée par le président du Conseil national de l’entreprise privée (CoNEP), Ruben Castillo, s’est rendue dans notre pays et a tenu des séances de travail avec le président de la CGEM, Chakib Alj, dans le but d’étudier les opportunités d’investissement et de coo- pération dans le domaine des affaires et de recherche des partenaires dans le secteur privé marocain. Ladite délégation s’est également ren- due à Tanger Med, puis à Dakhla. Cette visite a été fructueuse et a eu un grand impact sur le secteur d’affaires pana- méen qui étudie actuellement la possibi- lité d’effectuer une deuxième visite dans notre pays pour achever l’étude de mar- ché marocain. Le Maroc est en train de réformer son cadre financier, y compris l’expansion des marchés de capitaux pour faciliter le financement des projets liés à la Coupe du monde. En cela, une coopération avec le Panama consolidera davantage les relations bilatérales.

Il mentionner, dans ce contexte, la magnifique «Bibliothèque du Roi Mohammed VI», située au Parlatino, qui se dis- tingue par son cachet architectural éminemment marocain et offre une importante plateforme numérique interactive de documentation et de liaison directe avec les parlements nationaux des 23 États membres du Parlatino. convient de En contribuant au développe- ment académique et culturel de l’Amérique latine, des Caraïbes et de l’Afrique, cette bibliothèque est devenue une référence pour la recherche et l’étude dans la région. F. N. H. : La CAN 2025 et le Mondial 2030 seront des événements majeurs pour le Maroc. Quelles actions comptez-vous entreprendre, en tant qu’ambassadrice du Maroc au Panama, pour pro- mouvoir l’image et le rayonnement du Royaume à travers ces événements ? B. B. B. : Le sport devient de plus en plus un outil important pour favoriser la tolérance et le respect. Il a pour but de promouvoir l’autonomisation des femmes, des jeunes, des individus et des communautés. Il est également primordial d’établir des liens entre les pays, en favori- sant la communication, la coopéra- tion et la compréhension mutuelle. L’organisation d’événements de grande envergure, tels que la CAN 2025 et le Mondial 2030, servent de cataly- seurs pour une coopération interna- tionale accrue et une compréhension culturelle plus profonde entre les pays. Située au Parlement d’Amérique latine et des Caraïbes (Parlatino), la «Bibliothèque du Roi Mohammed VI» contribue au développement académique et culturel de l’Amérique latine, des Caraïbes et de l’Afrique.

a jeté les bases d’une collaboration fructueuse dans les domaines éducatif, artistique et culturel. Dans le cadre de cet accord, la mission a réalisé de nom- breux événements, tels que la semaine gastronomique en 2022, le colloque sur la littérature hispano-marocaine dans le cadre de la Foire internatio- nale du livre de Panama. En outre, du 20 au 24 mai dernier, s’est tenue la première rencontre culturelle entre le Maroc et le Panama sous le thème «Le Maroc au Panama : tisser des liens», en collaboration avec le ministère de la Culture et diverses universités et ins- titutions panaméennes. Sans oublier les Journées marocaines de l’artisanat, organisées par la Maison de l’artisan et l’ambassade du Maroc, en partenariat avec le cabinet de la Première dame de la république du Panama et le minis- tère panaméen de la Culture, du 14 au 17 octobre 2024. Une occasion de célé- brer le patrimoine culturel séculaire du Royaume en mettant en exergue un savoir-faire ancestral. Notre mission est de prendre part également à des événements tels que la Foire internationale du livre de Panama. Cela offre un espace pour la promotion de la littérature et des échanges culturels, avec la présence d’un écrivain marocain qui a présenté la littérature hispanique au Maroc.

Rencontre avec le Président de la République du Panama, José Raul Mulino Quintero, à l’occasion de la Fête de l’indépen- dance de son pays.

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I NDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

Le secteur consolide sa dynamique de développement

Ces dernières années, l’agroalimentaire s’est inscrit dans une dynamique permettant la diversification de l’offre et la multiplication d’expériences réussies. Des champions industriels sont nés, qui n’ont pas tardé à devenir des références tant au niveau national qu’à l’export. Toutefois, cette activité est dépendante de plusieurs facteurs, notamment les aléas climatiques et l’instabilité des marchés à l’international.

est très important pour les deux branches. Pour bien maîtriser nos coûts de production, nous visons constamment à assurer un appro- visionnement normal et continu durant tout le cycle de production. Il est primordial de sécuriser le volume nécessaire à un prix inté- ressant et une bonne qualité. Ce sont des ingrédients nécessaires pour rester compétitif et contrer la concurrence étrangère. Notre objectif est de livrer le consomma- teur local dans de bonnes condi- tions. De leur côté, les agriculteurs peuvent vendre leurs produits à des prix intéressants pour ne pas dépendre des spéculateurs», sou- ligne Eyad Sobh, président de la commission du commerce exté- rieur à la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri). «Dans le cadre de l’agrégation, de nombreux groupes agro indus- triels ont scellé des partenariats avec des associations ou des coo- pératives agricoles dans diffé- rentes filières. Cette coopération permet de prodiguer des conseils et d’accompagner les agriculteurs sur le plan technique, tant dans la production que dans le condi- tionnement. In fine, le niveau de la production et de la qualité aug- mente au profit des exploitants et des industriels. Le Plan Maroc Vert a donné une forte impulsion à cette intégra- tion, qui pourrait être améliorée avec Génération Green. Notre rôle est d’augmenter la valeur ajou- tée de la production locale et ne plus exporter les produits agricoles bruts» , ajoute Eyad Sobh. Pour soutenir le secteur, le gou- vernement a lancé différents pro- grammes d’accompagnement

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Génération Green. Il est question de soutenir l’agrégation et avoir une coordination interprofes- sionnelle renforcée. A cet égard, de grands champions industriels ont vu le jour. Ils sont liés, par des partenariats, à des associa- tions ou des coopératives qui leur assurent un approvisionnement adéquat au cours de leur cycle de production. De leur côté, les industriels assurent un accompagnement technique aux exploitants pour les aider à déployer les meilleures techniques pour conserver le sol, utiliser des semences rentables et résistantes à la sécheresse ou d’autres intrants respectant l’en- vironnement. Il s’agit aussi de les initier aux meilleurs moyens pour mieux conserver et condi- tionner leurs produits. Les opé- rateurs s’intéressent de plus en plus à l’utilisation des énergies renouvelables en matière de pro- duction. «Le partenariat du secteur agroa- limentaire et l’amont agricole ntaire l’am

leuron de l’économie, le secteur agroalimen- taire est une branche historique de l’indus-

trie nationale. Il n’a cessé au fil des ans d’enregistrer des réali- sations importantes. Engageant aussi bien le secteur agricole que l’industrie, l’agroalimentaire réa- lise une croissance continue tant au niveau des investissements, de l’emploi, de la création de la valeur ajoutée que de l’export. Le secteur capitalise sur de nom- breux atouts, comme la diversi- té géographique et naturelle du Royaume, la proximité des prin- cipaux marchés, la disponibilité des matières premières, des res- sources humaines qualifiées et à un coût compétitif, et une poli- tique volontariste de l’Etat pour promouvoir le secteur. Il se démarque par une multitude d’acteurs ainsi que de branches qui sont adossées à des filières agricoles (lait, viandes rouges, aviculture, céréales, oléicul- ture…). Ses performances sont le fruit d’une synergie entre le Plan Maroc Vert (PMV) et le plan d’accélération industrielle. Pour soutenir cet élan, l’agroalimen- taire table sur le renforcement de l’intégration entre l’amont et l’aval agricole dans le cadre de

Pour bien maîtriser nos coûts de production, nous visons toujours à assurer un approvisionnement normal et continu durant tout le cycle de production. a Pou produ reru

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I NDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

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tuation du marché des matières premières, des produits semi-finis et finis à l’international constitue un risque majeur en matière d’ap- provisionnement et de stabilité de la chaîne de valeur. Il est donc pri- mordial de bien sceller des parte- nariats fiables pour le long terme. Le secteur doit également renforcer son sourcing à partir des fournis- seurs locaux» , précise Sobh. Par ailleurs, il faut noter que la filière doit faire face à différentes contraintes, comme les aléas cli- matiques qui risquent de per- turber la chaîne de valeur. La sécheresse demeure la principale entrave qui impacte l’amont agri- cole, avec des effets notoires sur l’aval. Plusieurs filières ont vu leur production chuter, et elles étaient contraintes d’importer pour com-

bler le déficit. C’est le cas des oléagineux. Implantée essentiel- lement dans les périmètres irri- gués de Tadla et de Doukkala, cette filière a subi de plein fouet la baisse des réserves des bar- rages de Bin El Ouidane, qui alimente la première région, et celui d’El Massira, qui desserve la seconde. Plusieurs exploitants étaient contraints de migrer vers d’autres activités peu exigeantes en ressources hydriques. Pour les transformateurs industriels, les importations de matières pre- mières reviennent moins chères que l’approvisionnement au niveau local. Le même scénario a touché d’autres branches, mais avec une faible ampleur, comme la filière laitière, celle des viandes rouges et l’oléiculture.

A cause de la sécheresse, les récoltes de la filière des

portant notamment sur la créa- tion d’agropoles, de marchés de gros de dernière génération, des entreprises primo-exportateurs ou de l’innovation pour amélio- rer la compétitivité des entre- prises. Sur ce dernier point, les professionnels du secteur s’ac- tivent pour sceller des accords avec les différents acteurs dans le domaine. « Au sein de la Fédération, nous avons le Centre technique des industries agroalimentaires (CETIA), qui est une association interprofessionnelle créée par la Fenagri et le ministère de l’In- dustrie, avec l’appui de la délé- gation de l’Union européenne à Rabat. C’est un laboratoire dédié aux industries agroalimentaires pour les accompagner en matière de recherche et développement. Il devrait jouer un rôle important pour développer l’innovation et répondre aux aspirations des opérateurs marocains dans ce domaine afin d’améliorer leur compétitivité. Une partie des intrants dont a besoin l’industrie agroalimentaire est importée. C’est une contrainte majeure à laquelle le secteur doit faire face avec intelligence. La fluc-

oléagineux ont chuté, poussant les industriels à s’approvisionner de l’étranger.

Le secteur de l’agroalimentaire génère un chiffre d’affaires annuel moyen de 165 milliards de DH. Une performance appelée à se développer davantage si l’on prend en considération les perspectives de développement existantes aussi bien pour fournir le marché local que pour les débouchés à l’inter- national. L’activité regroupe plus de 2.000 entreprises, et emploie plus de 200.000 personnes, soit 22% de l’emploi formel. Au niveau de l’export, la filière réalise en valeur 43 milliards de DH, l’équivalent de 12% des exportations nationales. Représentant plus de 27% des entreprises industrielles, elle assure 25% de la production et 16% des investissements du secteur. Des indicateurs révélateurs

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CAN 2025 - M ONDIAL 2030

Le Maroc s’apprête à enfiler les crampons pour un marathon d’évènements sportifs de haut vol. Avec la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la co- organisation de la Coupe du monde 2030, le Royaume n’est pas simplement en train de préparer des stades : il bâtit son futur. Et si le ballon rond pouvait réellement transformer le Maroc ? Maroc 2025-2030 Entre sport et essor économique

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et après l’événement. Ce chiffre repose sur les dépenses moyennes prévues des touristes, estimées entre 1.000 et 2.000 dollars par visiteur, incluant l’hébergement, la restauration, les déplacements, le shopping et les loisirs, souligne le document. Qui estime, de plus, les revenus des droits de diffu- sion télévisée et des parrainages à plus de 3 milliards de dollars. Au total, la même source estime les revenus financiers directs et indirects de cet événement entre 8 et 10 milliards de dollars, com- prenant les recettes touristiques, les investissements étrangers, les droits de diffusion et les partena- riats commerciaux. Bref, quand on joue bien ses cartes, même un budget pharao- nique devient un investissement rentable.

rganiser des événe- ments sportifs de l’am- pleur d’une Coupe d’Afrique et d’une

Coupe du monde, ça coûte cher, mais ça laisse des souvenirs impérissables. Les investisse- ments marocains pour ces deux compétitions s’élèveront entre 50 et 60 milliards de dirhams, répar- tis entre infrastructures spor- tives, transport, hébergements et santé. Parmi ces investisse- ments, la construction du Grand Stade Hassan II à Casablanca et l’extension du réseau de train à grande vitesse (Al Boraq) entre Casablanca et Agadir, pour un coût estimé à 5 milliards de dol- lars, illustrent l’ambition du Royaume. Certains crieront au gaspillage, mais les chiffres font taire les cri- tiques. Selon un document de l’Observatoire du travail gouver- nemental et d’Al-Hayat Center, il est prévu que la Coupe du monde 2030 générera une hausse du PIB national de 0,5 à 1% par an, soit environ 3 à 4 milliards de dollars pour la seule année de l’événe- ment. Avec 1,5 million de visi- teurs supplémentaires attendus, les recettes touristiques addition- nelles pourraient varier entre 2 et 3 milliards de dollars pendant

accueillir des hordes de suppor- ters. Par ailleurs, des investisse- ments dans les soins de santé (estimées à 2 milliards de dollars) et le développement de l’infras- tructure de transport (1,5 mil- liard de dollars) renforceront les infrastructures sociales du pays, fait savoir la même source. Mais il ne s’agit pas seulement de construire. Ces événements poussent à une modernisation générale de l’économie maro- caine. Car, avec ces compétitions, le Maroc aura le monde à ses pieds. Littéralement. En 2022, l’épopée des Lions de l’Atlas au Qatar a déjà prouvé l’effet d’un succès sportif sur le tourisme. Plus de 13 millions de visiteurs ont foulé le sol maro- cain en 2023, séduits autant par les prouesses sportives que par l’image d’un Maroc moderne, accueillant et fier de son patri- moine. Alors que dire de l’impact d’un

Le secteur privé dans les starting-blocks

Le grand gagnant de cette effer- vescence ? Le secteur privé, évi- demment. Les banques financent à tout-va, les entreprises de construction voient leurs carnets de commandes exploser et le secteur des télécommunications accélère son virage vers la 5G. Les chaînes d’hôtels, elles, pré- parent leurs meilleurs draps pour

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Avec la CAN 2025 et le Mondial 2030, le sport devient un levier économique, diplomatique et social pour le Maroc.

Au-delà des matchs, ce sera l’oc- casion de renforcer les partena- riats économiques et diploma- tiques. Et après 2030, on fait quoi ? Après 2030, que restera-t-il de ces investissements colossaux ? C’est la grande question. Si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est qu’organiser un événement d’envergure mondiale peut être une bénédiction… ou un far- deau. Tout dépend de ce qu’on en fait après. Pour éviter que les stades flambant neufs ne se trans- forment en éléphants blancs, le Maroc devra s’assurer de leur uti-

lisation à long terme. Tournois internationaux, spectacles cultu- rels, formations sportives : les possibilités sont nombreuses, à condition d’avoir une gestion visionnaire et efficace. Et ce n’est pas tout. L’après- Mondial doit aussi être l’occa- sion de réfléchir à l’économie du sport au Maroc. Les clubs, sou- vent gérés de façon associative, doivent évoluer vers des struc- tures plus professionnelles et autonomes. Si le football maro- cain veut rivaliser sur la scène internationale, il devra adopter des standards de gouvernance modernes, basés sur la perfor- mance et la transparence. Alors, que restera-t-il de ces compétitions une fois le dernier coup de sifflet donné ? Bien plus qu’une succession de matchs. Ce seront des souvenirs gravés dans la mémoire collective, une fierté nationale ravivée et, surtout, un Maroc transformé.

Mondial organisé en partie en terre chérifienne ? Les suppor- ters européens, habitués à tra- verser la Méditerranée pour leurs vacances, n’auront qu’un petit pas à faire pour venir soutenir leurs équipes. Et si l’on en croit les projections, les retombées touristiques ne se limiteront pas à 2030. Elles s’étendront sur une bonne décennie, grâce à la mise en lumière du patrimoine maro- cain et à une promotion culturelle et digitale innovante. Sur le plan diplomatique, le sport a toujours été un outil de soft power, mais pour le Maroc, la Coupe du monde 2030 sera une véritable masterclass en la matière. Co-organiser cet événe- ment avec l’Espagne et le Portugal, c’est bien plus qu’une affaire de football. C’est un symbole d’unité entre deux continents, un dia- logue entre civilisations et une démonstration de l’ouverture du Maroc sur le monde.

Les revenus financiers directs et indirects du Mondial 2030 s’élèveraient à 8-10 mil- liards de dollars, comprenant les recettes touristiques, les investissements étrangers, les droits de diffusion et les partenariats commerciaux. Les rev du liard touris les nus f in ndia s de dol tiques, l roitsd

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CAN 2025 - M ONDIAL 2030

Diplomatie Le sport, un véritable outil de soft power

Lorsque le Maroc a été choisi pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 et pour co-organiser la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, ce n’était pas simplement une reconnaissance de son infrastructure sportive. C’était une affirmation retentissante de son rôle grandissant sur la scène internationale, mêlant diplomatie, développement économique et stratégie géopolitique.

nent. Chaque équipe, chaque délégation, chaque supporter qui foulera le sol maro- cain sera donc un ambassadeur poten- tiel de la coopération maroco-africaine. Déjà, le soutien apporté par de nombreux pays africains à la candidature marocaine pour l’organisation de ces compétitions montre que le football est aussi une affaire de diplomatie. Mais avec le Mondial 2030, le Royaume franchit un cap encore plus impor- tant. Co-organiser cet événement avec l’Espagne et le Portugal est une illustra- tion parfaite de cette volonté de coopéra- tion transcontinentale et pourrait servir à renforcer les relations entre le Maroc et l’Union européenne, particulièrement dans un contexte marqué par des dis- cussions commerciales et migratoires complexes. Ce partenariat positionne le Maroc comme une passerelle naturelle entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe. Avec un pied dans le continent afri- cain et un autre en Europe, le Royaume démontre, de fait, qu’il est possible de bâtir des relations solides basées sur des projets communs. Le football devient alors un prétexte pour des discussions bilatérales et multilatérales visant à ren- forcer les alliances stratégiques. C’est un catalyseur de coopération. Un exemple parlant est celui du Qatar, qui a utilisé la Coupe du monde 2022 pour réaffirmer son poids diplomatique dans le Golfe et dans le monde. Le Maroc pour- rait à son tour se servir de ces événements pour renforcer ses relations avec ses par- tenaires historiques, tout en se rappro- chant de nouveaux acteurs, notamment en Asie et en Amérique latine. Clairement, la CAN 2025 et le Mondial 2030 représentent pour le Royaume une opportunité historique de se position- ner comme un pont entre les continents. Entre diplomatie sportive et renforcement des relations internationales, le Maroc joue donc un match décisif qui pourrait redéfinir sa position dans le concert des nations. Car le défi sera de transformer l’opportunité offerte par ces évènements sportifs en alliances durables, en conso- lidant son rôle de leader africain tout en renforçant ses partenariats avec l’Europe et le monde arabe.

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epuis plusieurs années, le Maroc s’est imposé comme un acteur incontournable dans la diplomatie sportive.

événements comme un levier diploma- tique pour renforcer ses relations avec ses partenaires africains, arabes, européens... Il faut se rappeler, à ce titre, du parcours historique des Lions de l’Atlas jusqu’en demi-finale lors de la Coupe du monde 2022, qui a suscité un engouement pla- nétaire, projetant une image positive du pays. Ce capital sympathie, le Maroc entend évidemment le transformer en influence politique.

En investissant massivement dans des infrastructures modernes, le Royaume s’est positionné comme une destination privilégiée pour les grandes compétitions et une référence africaine en matière d’organisation. L’obtention de la CAN 2025 et la co-organisation du Mondial 2030 viennent couronner ces efforts et consolider son rôle en tant qu’acteur incontournable sur l’échiquier régional et mondial. Organiser des compétitions sportives de cette envergure dépassent largement le cadre des 90 minutes d’un match. Car, au-delà des terrains de football, il s’agit d’une stratégie bien huilée de soft power. Le sport est un langage universel, capable de dépasser les frontières politiques et culturelles. En se positionnant comme un hôte de choix, le Maroc utilise ces

Une passerelle entre l’Afrique et le monde

L’Afrique reste au cœur de la politique extérieure du Maroc. Nombreux sont ceux qui voient le Royaume comme un modèle à suivre, notamment grâce à son rôle actif au sein de l’Union africaine et ses investissements économiques dans des secteurs clés tels que les infrastruc- tures et les énergies renouvelables. La CAN 2025 sera ainsi l’occasion de ren- forcer les liens avec les pays du conti-

A travers la CAN et le Mondial, le Royaume ne joue pas seulement pour la gloire sportive, mais pour une victoire géopolitique.

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