CAN 2025 - M ONDIAL 2030
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F. N. H. : Quels obstacles les institutions financières marocaines pourraient-elles rencontrer dans ce type de financement ? S. T. : Les principaux défis consistent au manque de liquidités pour des projets de grande envergure. Rappelez-vous que beaucoup de banques locales ont des ratios de fonds propres trop faibles pour financer des projets massifs, limi- tant ainsi leurs engagements. Il y a aussi le risque de surendettement pour des projets non rentables à court terme. Le poids de la dette publique (près de 69% du PIB en 2023) pourrait freiner l’accès à des financements internationaux com- pétitifs. Il y a la complexité des montages financiers, puisque les PPP nécessitent des expertises spécifiques et les projets d’infrastructure à grande échelle néces- sitent des compétences spécifiques en ingénierie financière, des fois malheu- reusement indisponibles localement. Il y a enfin les incertitudes économiques par rapport à la rentabilité de ces projets et à la stabilité macroéconomique cruciale pour rassurer les investisseurs. C’est pour cela qu’un accompagnement technique et une collaboration avec des institutions internationales devraient aider à surmonter ces obstacles.
F. N. H. : Pensez-vous que l’accueil de la CAN et du Mondial pourrait avoir un effet positif sur la capitali- sation boursière des entreprises marocaines ? S. T. : Effectivement, cela pourrait stimu- ler la Bourse certainement, puisqu’il y a d’abord un effet d’entraînement qui serait produit sur les entreprises cotées et faisant partie des secteurs liés à l’or- ganisation de ces événements. Ces der- niers entrainent aussi la confiance des investisseurs, puisque ces événements renforcent l’image du Maroc comme un pays stable et dynamique, attirant ainsi des investisseurs étrangers. La Bourse pourrait enfin refléter la vitalité écono- mique des secteurs en lien avec les événe- ments sportifs et générer de la croissance économique. Il pourrait y avoir donc un impact direct, puisque les entreprises cotées dans les secteurs du BTP, des télé- coms et de l’hôtellerie pourraient voir leurs capitalisations augmenter de 10 à 20%, selon des tendances observées dans d’autres pays. Mais aussi un impact indi- rect lié à l’augmentation globale de la confiance des investisseurs, qui pourrait entraîner une croissance de l’indice MASI de 5 à 10% sur les années entourant ces événements. A titre d’exemple, après la Coupe du monde 2010, l’Afrique du Sud a enregistré une hausse de 12% de la valo- risation des entreprises liées au secteur touristique et hôtelier. Cependant, force est de souligner que cet effet dépendra certainement de la gestion efficace des projets et de la capacité des entreprises à capitaliser sur ces opportunités.
La Bourse pourrait refléter la vitalité économique des secteurs en lien avec les événe- ments sportifs et générer de la croissance économique.
Ces institutions pourraient également jouer un rôle de conseil en accom- pagnant des projets d’investissement pour des partenaires internationaux. F. N. H. : Le partenariat public-privé est essentiel pour mener à bien ces projets. Qu’en pensez-vous ? S. T. : Le PPP est effectivement un levier essentiel, car il permet de répartir les risques entre les secteurs public et privé, rendant les projets plus viables financièrement; mobiliser des fonds importants tout en réduisant la pres- sion sur le budget de l’État; et garantir l’efficacité en s’appuyant sur l’exper- tise et les ressources des deux secteurs. Cependant, le succès des PPP dépend de la transparence, d’un cadre régle- mentaire clair et d’un équilibre dans la répartition des bénéfices entre les partenaires. A titre d’exemple, le Qatar, pour la Coupe du monde 2022, a investi 220 milliards USD, dont une partie impor- tante en PPP pour des infrastructures comme le métro et les stades. Inspiré de ce modèle, le Maroc pourrait struc- turer des PPP représentant 30 à 40% des besoins financiers estimés à 50 milliards de dirhams pour ces événe- ments. Par ailleurs, selon des études de viabilité, en mobilisant les PPP, le Maroc pourrait réduire la charge publique de 15 à 20 milliards de dirhams.
À long terme, les IDE pourraient augmenter le PIB annuel du Maroc de 1 à 2%, une création estimée à 150.000 emplois directs et 500.000 indirects dans des secteurs liés aux événements.
FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°48 32
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