LES MYTHES DE L'ÉCOLOGIE MODERNE

La vision organique asiatique

La pensée chinoise n'a jamais développé de vision mécaniste du monde, et c'est la perspective organiciste, selon laquelle chaque phénomène est lié à tous les autres suivant un ordre hiérarchique, qui a universellement prévalu chez les penseurs chinois. Le principal mot utilisé aujourd’hui en Chine et au Japon pour désigner la « nature » remonte à Lao Zi et s’écrit avec 2 idéogrammes très signifiants : le « soi-même » et « ce qui est correct et tel quel ». La nature englobe tout, y-compris l’humain et sa civilisation. La nature est l’ultime « grand tout » qui existe par soi-même et définit les bonnes règles à suivre. Si, comme c'est effectivement le cas, les Chinois se préoccupent de la déclinaison magnétique avant même que les Européens ne connaissent la polarité, c'est sans doute parce qu'ils furent indifférents à l'idée toute occidentale selon laquelle il était nécessaire, pour qu'un effet se produise, qu'un objet distinct ait un impact sur un autre: en d'autres termes, ils privilégient à priori les théories du champs, et cette prédilection permet d'expliquer également qu'ils soient parvenus si tôt a une conception juste de la cause des marées ».

Joseph Needhama, La science chinoise et l'Occident, Seuil, points sciences, Paris 1969

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker