FNH N° 1015 (1)

JEUDI 18 MARS 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Gestion de l’eau

«Le Maroc a opté pour une planification anticipative et à long terme»

◆ Le potentiel en ressources en eau rapporté à la population en 2020 est estimé à 620 m 3 /habitant/an. Ce ratio com- munément admis pour comparer les pays entre eux, classe le Maroc parmi les pays à stress hydrique, étant inférieur à 1.000 m 3 /habitant/an. ◆ Pour faire face aux multiples problématiques relatives à la gestion de l’eau et mettre à profit les atouts disponibles, le Royaume a mis en place le projet du Plan national de l’eau 20-50, qui constitue le cadre de référence de la politique nationale de l’eau durant les 30 prochaines années. ◆ Tour d’horizon des principaux enjeux d’un secteur hautement stratégique pour le Maroc, avec Abdelkader Amara, ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau.

proposé les orientations et les solutions pour assurer l’approvisionnement en eau durable du pays. Ces orientations concernent : • La poursuite et le renforcement du déve- loppement de l’offre par la construction des barrages et l’interconnexion entre les diffé- rents systèmes hydrauliques, la promotion des eaux non conventionnelles, notamment le dessalement de l’eau de mer et la réuti- lisation des eaux usées épurées, selon une approche intégrée; • La gestion de la demande en eau qui devrait permettre des économies d’eau et, surtout, une valorisation conséquente des ressources en eau mobilisées. • La préservation des ressources en eau et des écosystèmes et l’amélioration de la gestion des phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier la protection de la population et des biens contre les inonda- tions. F.N.H. : Au regard des chiffres dis- ponibles, peut-on légitimement dire que le Royaume fait face au stress hydrique ? A. A. : Le potentiel en ressources en eau rapporté à la population en 2020 est estimé à 620 m 3 /habitant/an. Ce ratio communément admis pour comparer les pays entre eux classe effectivement le Maroc parmi les pays à stress hydrique, étant inférieur à 1.000 m3/ habitant/an. Le ratio, qui est un indicateur de la rareté de l’eau et de la concurrence entre les différents usages de l’eau, varie d’un bassin à l’autre et diminuera avec le temps proportionnellement à la croissance de la population et sous l’effet du changement du climat.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Aujourd’hui, quelles sont les problématiques aux- quelles le Maroc est confronté en termes de gestion de la ressource hydrique ? Abdelkader Amara : La première problé- matique à laquelle notre pays est confronté reste la limitation des ressources en eau et leur forte irrégularité dans l’espace et dans le temps. Le régime hydrologique est par ailleurs caractérisé par une alternance de séquences d’années de forte hydrauli- cité et de séquences de sécheresse sévère, pouvant durer plusieurs années, comme ça était le cas entre 2015 et 2020. En effet, une série d’années de faible hydraulicité a été observée depuis 2015, entraînant une baisse record des stocks d’eau au niveau des rete- nues de barrages. Le taux de remplissage des retenues de barrages a atteint vers fin novembre 2017 le niveau le plus bas jamais enregistré, soit 34,4%. Cette problématique risque d’être exacerbée à l’avenir sous les effets du changement climatique. La deuxième problématique concerne la forte pression exercée sur les ressources en eau par le développement socioécono- mique, notamment par l’irrigation agricole qui entraîne parfois, dans certaines zones, la surexploitation des eaux souterraines. L’autre problématique concerne la pollution. En effet, malgré les efforts déployés depuis le début des années 2000, notamment en matière d’assainissement liquide en milieu urbain, celle-ci constitue également l’une des principales contraintes de la gestion des res-

sources en eau pour les prochaines années. Pour faire face à ces problématiques et mettre à profit les atouts disponibles, notre pays a opté pour une planification anticipative et à long terme. Nous avons stipulé dans la loi 36-15, une durée de 30 ans minimum pour cette planification. Ainsi, le projet du Plan national de l’eau 20-50 (PNE), qui constitue le cadre de référence de la politique nationale de l’eau durant les 30 prochaines années, a été préparé à cet effet, en concertation avec tous les intervenants dans le secteur de l’eau et présenté à la Commission interministérielle de l’eau le 25 décembre 2019. Ledit projet a pris en considération l’en- semble des problématiques rencontrées et a

Le volume d’eau usée épurée mobi- lisé pour la réutilisation fin 2020 est de l’ordre de 71 Mm 3 .

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