FNH N° 1015 (1)

JEUDI 18 MARS 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Financement vert

◆ L’encours des obligations vertes au Maroc stagne à 4 milliards de DH. ◆ Le cadre réglementaire national pour ce type d’émissions est aux meilleures normes internationales. Un système à revigorer

Par Y. Seddik

Le finance- ment vert est considéré comme le porte-éten- dard de

S i la finance verte constitue un levier important pour relancer et transfor- mer les économies, force est de constater que la dynamique s'est quelque peu estompée au Maroc avant même la survenance de la pan- démie. Avec un peu plus de 4 milliards de dirhams d'obli- gations vertes, le support de financement est considéré par les experts comme le porte- étendard de la finance durable. Les émetteurs qui ont franchi le pas sont Masen, Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire, BMCE BoA, et plus récemment la holding Al Omrane et Casablanca Finance City. Depuis, c’est le calme plat. Il faut dire qu’au Maroc, c’est toute l’industrie de la dette privée qui est moribonde, en témoigne le très faible recours des émetteurs du secteur privé (hors banques) aux émissions obligataires, alors même que les conditions de marché n’ont jamais été aussi avantageuses, avec des taux qui atteignent des niveaux historiquement bas. Pour continuer à capter les financements nécessaires à la reprise des économies à tra-

la finance durable au Maroc.

En plus du rendement/ risque, les investis- seurs insti- tutionnels intègrent également des problé- matiques de durabilité dans leurs équations de base.

vers le monde, les États et les entreprises n'auront d'autres choix que de se remettre à la page et de verdir considérable- ment leur plan de relance. En effet, les investisseurs institutionnels ne raisonnent plus uniquement en termes de notion rendement/risque, mais intègrent également des problématiques de durabilité dans leurs équations de base lorsqu'il s'agit d'arrêter des choix d'investissement. Ainsi, les investissements des inves- tisseurs institutionnels ainsi que l'épargne des ménages seront et doivent être de plus en plus orientés vers des actifs plus verts. Concernant les États, plusieurs experts suggèrent de réorien-

ter les flux de capitaux vers une économie plus durable, d'intégrer systématiquement les sujets de durabilité dans la gestion des risques financiers et de favoriser la transparence et une vision de long terme au sein du secteur financier. Un cadre réglementaire aux meilleurs standards internationaux Les montants levés au Maroc par la voie d’obligations vertes sont appelés à croître. D’une part, parce que l’attrait des investisseurs pour ce type de papier est réel, la plupart des émissions réalisées par les entreprises marocaines ayant été sursouscrites. D’autre part, parce que le cadre

réglementaire national pour ce type d’émissions est aux meil- leures normes internationales. Dès 2016, l’Autorité maro- caine du marché des capitaux (AMMC) publiait le tout premier guide en Afrique sur les green bonds. Un peu plus tard, le régulateur du marché éditait un guide des «Sustainability Bonds» (obligations durables), afin d’encourager le dévelop- pement du marché des instru- ments financiers durables. Cet activisme «vert» a valu à l’AMMC de participer dans des groupes de travail internatio- naux dédiés à la finance verte, notamment en sa qualité de membre et co-président du Sustainable Banking Network. Enfin, ce cadre idéal pour le développement de la finance verte gagnerait néanmoins à être accompagné par des mesures de soutien, comme le renforcement des capacités des acteurs ou encore la mise en place d’une fiscalité inci- tative, afin que cette industrie prometteuse ne soit pas un coup d’épée dans l’eau. ◆

Le projet du panorama des financements climat auMaroc, porté par la CDG et épaulé par l’AFD, a révélé que sur la période 2011-2018, les investissements verts se sont chiffrés à plus de 111,5 Mds de DH. La commande publique représente, à elle seule, près de 74% de ce montant. La production d’énergie, les infrastructures de transport et l’agriculture font partie des secteurs ayant capté les 111,5 Mds de DH investis sur la période. Enfin, les investissements verts tournent autour de 14Mds de DHpar an. Or, au regard des engagements du pays, 74Mds de DHdoivent être investis annuellement. Financements climat : 111,5Mds de DH investis auMaroc

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