FNH N° 1015 (1)

JEUDI 18 MARS 2021 / FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL DÉVELOPPEMENT DURABLE

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Gestion des déchets ménagers

◆ Le recyclage arrive à peine à traiter 10% des produits collectés. ◆ La plupart des décharges sont une menace sérieuse pour l’environnement. Net déphasage entre les textes de loi et la réalité

le taux d’enfouissement des décharges dépasse à peine les 53%. Les limites de la stratégie du Royaume en matière de gestion des déchets ména- gers sont également visibles au niveau du recyclage de ces produits, qui ne dépasse guère les 12% des 12 mil- lions de tonnes collectées annuellement. Pourtant, tout un écosystème a vu le jour à ce niveau, regroupant les col- lecteurs, les trieurs, les semi- grossistes, les recycleurs et les transporteurs. Ces activités opèrent selon des méthodes traditionnelles, qui, pour la plupart, travaillent dans l’informel. Les produits les plus recherchés sont le plastique, le verre, le car- ton, l’aluminium et, dans une moindre mesure, l’acier et le bois. Alors que les produits organiques, qui représentent plus de 80% des déchets ménagers et pouvant être transformés en compost ou fertilisants, ne sont pas recy- clés faute de sites dédiés. Ces dysfonctionnements font de la plupart des décharges publiques une menace sérieuse pour l’environne- ment. Celle de Médiouna est arri- vée à saturation. Outre les odeurs nauséabondes qui affectent les environs du site sur un périmètre de plus de 20 km, la nappe phréatique est contaminée. Les engage- ments des autorités locales pour la construction d’une usine de recyclage n’ont pas été respectés et la fermeture définitive de la décharge est à chaque fois différée. ◆

Des efforts supplémen- taires doivent être fournis pour le tri des déchets et l’organisation du secteur.

ments pour bien encadrer ce domaine, comme la loi 28-00 adoptée en 2006. Ce texte avait pour objectif de lutter contre l’impact nuisible des déchets, la préservation de la santé publique, le respect de la vie sous toutes ses formes (végétale, animale, aquatique, terrestre…), l’intégrité de tous les milieux de vie (eau, air, sol…) et de tous les éco- systèmes et sites naturels et environnementaux. Pour appliquer ces disposi- tions, le Royaume a lancé un Programme national des déchets ménagers et assi- milés (PNDM) doté d’une enveloppe budgétaire de 40 milliards de DH, dont 72%

sont destinés à la collecte des déchets et 14,6% pour le contrôle et l’exécution des décharges contrôlées. L’arsenal législatif a été com- plété par la promulgation de la loi 77-15 stipulant l’inter- diction de la fabrication, de l’importation, l’exportation et la commercialisation des sacs en plastique. Ce pro- gramme n’a pas pu atteindre tous ses objectifs, car sur un total de 74 décharges, seules 24 ont été réhabilitées. 17 plans directeurs provinciaux ont vu le jour sur un total de 67 et seules deux expériences de transformation d’énergie en utilisant le biogaz ont eu lieu. Malgré sa croissance,

Par C. Jaidani

D ans le cadre de sa stratégie de gestion de l’as- sainissement, le Maroc a accordé une attention particulière aux déchets ménagers tant au niveau national, régional que local. Sous l’effet de l’essor démographique, urbanistique et économique, les com- munes à qui incombe cette tâche sont constamment à la recherche de solutions plus pertinentes et plus pratiques. Sur le plan législatif, le pays s‘est doté d’un ensemble de textes de loi et règle-

La gestion des déchets ménagers a connu plusieurs approches qui diffèrent selon les villes. Elle vise uni- quement lapropretédesvillesàtravers leramassagedesordurespourensuites’endébarrasser, sansaucun traitement, dans des zones périphériques telles des bassins et lits d’oueds secs (cas de Mohammedia) ou d’anciennes carrières (casdeMédiouna), ouencorede forêts (casd’Essaouira), loinde lavuedeshabitants. Cette approche a eu pour conséquence la multiplication des décharges sauvages non contrôlées dans les différentes régions du Royaume. Leur impact sur l’environnement est flagrant. L’adhésion de la popula- tion enmatière de respect de l’environnement est faible. Un effort de sensibilisation est à fournir, surtout dans les quartiers populaires et les zonesmarginalisées. 300 décharges sauvages non contrôlées !

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