FNH N° 1015 (1)

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 18 MARS 2021

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Politique monétaire

◆ Bank Al-Maghrib calibrera son action, mardi prochain, en fonction de l'évolution récente des conditions macroécono- miques du pays. ◆ Selon certains analystes, elle devrait observer une pause dans sa politique monétaire. BAM va-t-elle camper sur sa position ? L a crise économique perdure, et la reprise espérée se fait à deux vitesses, alimentant de nouveau les spé- Par Y. Seddik

d’instruments utilisés pour combler le déficit de liquidité bancaire, avec un recours plus important aux instruments de long terme, en l’occurrence les pensions livrées à long terme (sur 1 mois et 3 mois), les prêts garantis sur 1 an et les opéra- tions de swap de change. BAM avait également libéré intégra- lement le compte de réserve au profit des banques, permettant l’injection de plusieurs milliards de DH dans le circuit moné- taire. Depuis, BAM est en pilotage automatique. Le gardien du Dirham a opté pour le statu quo tant sur la panoplie d'ou- tils anti-crise que sur son taux directeur lors du dernier Conseil de décembre. Pour la recherche de CDG Capital, la transmission de la politique monétaire, en parti- culier la baisse des taux, ne s’est pas complètement reflé- tée sur l’économie réelle. Ahmed Zhani, économiste à CDG Capital, écrit dans une note que «malgré les deux baisses du taux directeur de 75 points de base (PBS) en 2020, la transmission vers les taux débiteurs, particulièrement ceux relatifs aux entreprises, demeure incomplète en liaison

culations autour de la politique monétaire de Bank Al-Maghrib (BAM). Les économistes sont toutefois une minorité à s'at- tendre à ce que l'institut sorte le grand jeu. Très attendu par le marché, le premier Conseil de Bank Al-Maghrib de l’année 2021 se tiendra la semaine prochaine. Une réunion monétaire à forts enjeux, puisqu’elle intervient à mi-chemin entre une année 2020 de crise marquée par une forte dégradation de certains équilibres macroéconomiques et une année 2021 de relance. En 2020, l’institution moné- taire avait dégainé un arsenal de mesures pour permettre à l’économie d’absorber le choc de la pandémie : deux baisses consécutives du taux directeur en mars (-25 pbs), puis en juin (-50 pbs) 2020, avec un élargis- sement du collatéral et une révi- sion des coefficients de décote des actifs. Parallèlement, elle a procédé au changement de son mode d’intervention en termes

Mardi prochain, la Banque centrale décidera lors du premier Conseil de l'année 2021 de reconduire ou de modifier sa politique monétaire.

La trans- mission de la politique monétaire,

nistes à l’horizon de prévision (8 trimestres) sont globalement orientés à la baisse en résultat, entre autres, de la régression prévue de la demande avec la hausse anticipée du chômage. Néanmoins, la recherche estime à ce jour qu’ «il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé au niveau de 1,5% lors de ce pro- chain Conseil, et ce dans l’at- tente d’une transmission com- plète des baisses du taux direc- teur vers les taux débiteurs et d’une reprise de la demande de crédit aussi bien des entre- prises que des ménages». En définitive, si pour CDG Capital il est question d’une pause dans la politique moné- taire de BAM, le discours de certains gérants et analystes diverge. Pour eux, la Banque centrale doit assouplir davan- tage sa politique pour appuyer la reprise économique. Rendez- vous le 23 mars courant pour le verdict. ◆

d’une part, avec la hausse du risque associé à cette catégo- rie de prêt et, d’autre part, la durée nécessaire pour ajuster à la baisse le coût moyen des ressources bancaires afin de préserver la marge d’intermé- diation» . Pourtant, en juin dernier, la Banque centrale affir- mait qu’ «au regard de la conjoncture particulière qui prévaut actuellement, la Banque veillera, plus que par le passé, à la transmission de ses décisions à l’économie réelle et fera le point régulièrement à ce sujet avec le plus haut mana- gement du système bancaire» . Un geste supplémentaire sur le taux bénéfique pour la relance Pour A. Zhani, dans les condi- tions économiques actuelles, une amélioration supplémen- taire des conditions de finan- cement pourrait être bénéfique pour la relance, et ce d’autant plus que les risques inflation-

en particulier la baisse des taux, ne s’est pas complète- ment reflétée sur l’écono- mie réelle.

Suite aux dernières précipitations qui laissent présager une bonne campagne agricole, l’inflationalimentaire a fortement reculé endécembre 2020et janvier 2021 pour s’établir à -1,5% et – 0,8% (déflation). Par conséquent, l’inflation glo- bale ressort nulle à fin janvier 2021, avec une prévision moyenne de 0,6% sur l’année en cours, selon BAM. Une inflation toujoursmaîtrisée

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