SPÉCIALE EDITION COVID-19
Musique
Certains artistes ont dû vendre leurs instruments, car ils ne pouvaient plus payer leur loyer. Pis encore, satisfaire leurs modestes besoins. Mise en sourdine
S alles vides, musi- ciens réduits au silence, la crise est assourdissante dans le monde de la musique, où chacun cherche comment garder la tête hors de l’eau. Il y a eu un geste, un geste fort, mais il reste beaucoup à faire. Les artistes qui assurent des live band dans les restaurants et bars, sont de petits ensembles et souvent des travail- leurs indépendants. La fermeture de ces endroits est alors catastrophique. Nous avons des amis artistes, musi- ciens et interprètes qui ne peuvent plus payer leur loyer. C’est dur pour eux, la plupart vivent pour ça. Et par ça ! Certains ont même vendu leurs instruments pour subvenir à leurs besoins. Comme dans la plupart des métiers artistiques, la grande difficulté réside dans le fait que les musiciens évo- luent avec des statuts très précaires. « On s’attend à quelque chose mais on ne sait pas encore quoi » ! En outre, la plupart des compositeurs ont besoin de s’isoler pour écrire leur musique. Le confinement rythme naturellement leur vie. Mais celui que leur a imposé la crise sanitaire est loin d’avoir un air de déjà vu. Il s’est doublé d’interrogations fonda- mentales sur l’avenir de leur métier. Et, en plaçant les musiciens d’une symphonie à distance les uns des autres, ils perdraient la cohésion sonore propre à l’orchestre, et cela
Foule hétéro- clite et public déchaîné au fes- tival Mawazine remis aux calen- des grecques.
musique lorsqu’il n’est plus possible de la jouer ensemble : c’est le credo des musiciens en ces temps de crise. Sur les réseaux sociaux, ils continuent de partager leurs musiques. Certains ont développé d’autres formes par peur de tomber dans les oubliettes : captations de spectacles, concerts en direct, shows en réalité virtuelle, tout le monde cherche. La situation actuelle remet aussi en question nos modes de consomma- tion et notre rapport au monde. L’être humain n’est pas assez cynique pour se passer de culture. C’est comme si on disait que demain, on ne pourra plus boire de l’eau. C’est une période fondamentale d’ap- prentissage. C’est une vie à laquelle nous devons tous nous adapter. La résilience est toujours un élément positif de la reconstruction. Ce n’est pas la politique qui fait avancer le monde, mais la science et la culture. Le politique doit faire la synthèse. En attendant, ce qui domine, à tous les niveaux, c’est l’angoisse. ◆
ne voudra plus rien dire. La plupart se sont fait à l’idée qu’ils pourront peut-être recommencer à travailler en juillet. Mais personne ne peut dire, aujourd’hui, quelles seront les conséquences exactes. Il faut savoir que les musiciens pro- gramment leurs concerts parfois des années à l’avance. Si les salles et les festivals restent longtemps en panne, on a peur que les artistes soient obligés de changer de métier. Provisoirement, ils font vivre la
La plupart se sont fait à l’idée qu’ils pourront peut-être recommencer à travailler en juil- let. Mais personne ne peut dire, aujourd’hui, quelles seront les conséquences exactes.
106 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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